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Alain cabello > Un massage obstétrical en Égypte
entre la XVIIe et VIe dynastie chez Edwin SMITH (1822-1906).
Page créée le : mardi 14 novembre
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le : ?, affinée
jusqu'au : mardi 10 juillet 2018,
10:11 ; modifiée le : samedi 21
juill. 2018, 7:48
Mots clefs : Histoire du massage en Égypte
; le massage en Égypte
; Égypte
; Soudan ;
Maghreb
; massage thanato-morbide ; réverso-thanatique ; Vindija en Croatie ; Leipzig ; Saqqarah
Noms propres cités (42) :
–
Les institutionnels - Institut Max-Planck ; CFDRM de Paris ;
– Les hommes
- contemporains : (prérogative éditoriale) Gardiner ; Edwin SMITH
; Georg Moritz Ebers
; James
Henry Breasted
; Sydney-Hervé Aufrère
; Richard-Alain
Jean ; Anne-Marie Loyrette ; Isabelle Régen ; Georg Möller
...
- secondaires en citation : Hippocrate ; Claude Lévi-Strauss ; Louis
Althusser
; Christian Bonnet ; Nicolas
Buire ; Alain Cabello-Mosnier ; Barbara Cartland
; Michael Douglas ; Exbrayat
; Sigmund
Freud
; Alessia Guardasole Jacques Jouanna ; Paul
Kenny
; Bertrand Lançon
; Caroline Magdelaine ; Hélène Rytmann
– Les rois &
personnages : {Amenhotep III ; Ankhmahor
; Khnoumhotep et son frère Niankhkhnoum ; Niousserre
}
– Les dieux : {Jésus-Christ
; Akhet ; Anubis
; Hathor
; Isis
; Khoiak
; Nephtys
; Osiris
; Rê
; Seth
; Shou
; Thot/Thoth
}
Dossier associé
: (Le massage en Egypte dossier collecteur)
Article précédant : Les
superviseurs des manucures du palais 11 juillet 2013
– Article
suivant : N/C
(racc. perso Alt3)
|
En cours de rédaction (ne pas lire) Un massage obstétrical en Égypteentre la XVIIe et VIe
dynastie chez
|
En
juillet 2013 et dans la droite ligne
de l'objet-même du CFDRM, j'avais décidé
de tirer les fils qui me permettrait de remonter à
l'origine de ce papyrus ci-contre que d'aucuns voulaient
voir comme une scène de massage
relativement convaincante au regard des quatre profils
typiques qui se suivaient. C'était tellement
tentant en effet, au regard du peu de masso-bribes
qui nous sont parvenues des profondeurs de l'histoire
et moins encore de celles chatoyantes de l'Égypte
ancienne allant de la période
prédynastique |
|
Mes recherches patientes m'avaient fait croiser cette année le chemin de Richard-Alain Jean grâce auquel j'ai pu rédiger ce petit papier qui s'intitule L'intrigante histoire du papyrus du web... La
question n'est plus de savoir si les égyptiens
se faisaient ou pas masser, mais
bien d'en extraire les preuves matérielles et
de les restituer. Qu'il s'agisse de massages thérapeutiques,
cosmétiques, de massages sans le savoir
par le biais de la toilette, de la sexualité,
tout potentiellement nous intéressait. Il faut
savoir que la nature du toucher, son insistance, sa
rythmique peut constituer un massage là où
d'aucuns n'y verraient qu'un geste
banal de la vie quotidienne. Mais ici cette masso-constituante
peut se préciser jusque dans les tombeaux des
rois, dans le mastaba
|
Quand une image fixe à ce point les projections idéalisées d'une reconnaissance socioprofessionnelle dans une symbolique historique aussi majestueuse que royale, plus rien ne doit venir s'interposer pas même la source. Et c'est bien là que notre image péchait, l'absence de source comme si, l'origine, (l'Égypte), la magie du support, (le papyrus) et ses couleurs, (envoûtantes), suffisaient à eux seuls à prouver l'authenticité de l'archive et l'indéniable pratique que l'on voulait y trouver coûte-que-coûte.
Cela
en disait long sur nos désirs de reconnaissances professionnelles.
Chacun reprenait donc avec hardiesse cette image d'Épinal
orientale, facilitatrice d'expérience,
vade-mecum
de toute technique, partout et tout
le temps nous étions trop heureux d'avoir quelque chose d'enfin
vieux qui puisse nous hisser collectivement quelque part, faisant
de nous des êtres légitimes jusque dans notre exercice
professionnel que nous contestait avec méprit l'Ordre des
kinésithérapeute. Les masseurs
et les masseuses
de relaxation en France ne demandaient pas grand chose
sinon que d'établir le massage dans ses principes de conversité simple et d'échapper
à ces relations synecdotiques
qui font du masseurs une brute épaisse
, un Auvergnat hirsute
; un obèse (allemand)
par nature stupide
; un incompétent reconverti
; un nègre
, un objet sexuel
, bref, un charlatan et
de la masseuse, une hétaïre
loin d'être tout à fait libérée du stigmate originel. Telle était
la caricature qu'avait véhiculé
durant des décennies la carte-postale.
Alors
moi je claudiquais tout autant que les autres dans ce lixiviat informationnel improbable qui me
faisait déambuler entre doutes et appétits de savoir
mais je m'attelais pourtant à une collecte minutieuse et
coûteuse d'archives que je partageais sur le site du CFDRM
que j'avais créé. Cela qui me permettait enfin de
disposer et de mettre à disposition cette petite boîte à outils annonciatrice de sources,
éternellement incomplète mais chaque jour plus précise.
Sommes toutes je ne suis rien de plus qu'un agenceur méticuleux,
qu'un archiviste tout aussi fasciné par ces désordres
de cellulose qu'anxieux devant l'immensité du travail à
accomplir, satisfait par celui qui a déjà été
fait que désespéré par ses relectures, horrifié
par ce qui reste à faire, heureux de s'y coltiner et dans
l'instant effaré à l'idée de n'y parvenir jamais.
Et si un élément m'échappait ? Si quelque chose
de centrale restait machiavéliquement invisible à
mes yeux ?
Après,
je ne veux pas passer mon temps à m'excuser de
ne pas être égyptologue ou
un quelconque chercheur dûment référencé
et lauriérisé selon les règles
de l'art floral universitaire, je me pose juste comme
un obsédé compulsif du texte et du toucher,
du texte touchant et du texte touché ayant lien
avec le massage, à ce qui s'y rapporte
de près ou de loin, et parfois de tellement loin,
qu'il faut le lorgnon de la conciliation pour me l'accorder.
Néanmoins, c'est dans cette syllogomanie |
Un
bas-relief du
mastaba
de Niankhkhnoum
et de son
frère Khnoumhotep
, superviseurs
des manucures du palais sous le règne du roi
Niousserre
, 6ème roi de la Vème
dynastie (-2460-2430) av.
J.-C.
vaudrait davantage que cette
étonnante et très rares couverture d'un roman de paralittérature
présentant un massage ? Bien sûr que non, d'ailleurs,
qui nous empêche de lire consécutivement un papyrus
et un Fleuve noir
? Agents secrets (recherchant) et pharaons (recherchés) prennent
toujours la même position pour se faire masser,
celle du gisant, mort ou relaxé, et ne doutons pas que, dans
les palais comme dans les bordels,
nombres le furent, reste juste à en isoler les traces.
Certains cherchent des momies, moi des moments et vous savez quoi ? le massage en est un mais pas n'importe lequel, il est parmi de ceux qui laissent le moins de traces et c'est cette trace qu'évite d'abandonner le meurtrier pour que son meurtre d'oubli paraisse le plus parfait possible. Seulement ce qui est parfait pour l'un, reste injuste pour la victime, vous savez, cette scène de massage ensevelie sous les millénaires que nous devons pelleter, passer au crible pour en retrouver ne serait-ce qu'un ADN fragmenté à peine exploitable, un message codé laissé par le disparu et c'est là qu'entre en jeu les mornes inspecteurs de mon acabit, soupçonneux, méthodiques, scrupuleux.
_ « Le pauvre n'a laissé aucune trace ! »
_ « Ah oui ? Laissez-moi donc vérifier cela par moi-même... »
Un de mes contacts gentiment accessible, Nicolas Buire, solidaire de mes impuissances chroniques à ne pouvoir répondre définitivement à tout sans erreur, tout le temps et a fortiori à ce papyrus, m'avait mis en contact avec Richard-Alain Jean, mais après L'intrigante histoire du papyrus du web... et Les superviseurs des manucures du palais 11 juillet 2013, voici que Richard-Alain m'interpelle sur une nouvelle entrée sur le massage dans une Égypte vieille ici de 1600 ans avant Jésus-Christ.
La bienveillance de l'homme m'avait tout de suite étonné. Imaginez le gap intellectuel entre masseur de relaxation et égyptologue ? Ne croyez-vous pas que je ne l'ai pas sentit la gêne polie de cette célèbre librairie de textes antiques et organisatrice d'une rencontre à l'occasion du 500e volume de la C.U.F. série grecque dédiée au Pronostic d'Hippocrate avec pour intervenants Jacques Jouanna, Caroline Magdelaine et Alessia Guardasole lorsque parmi les invités inscrits en ligne je débarquais flanqué de mes dreadlocks ? Ou ces libraire spécialisés en livres anciens chez lesquels je venais certain de trouver des ouvrages très anciens sur le massage ?
_
« Le, le, le massage ? Ah non, nous n'avons pas de
livres sur le massage ici monsieur. »
_ «
En êtes-vous seulement sûr ? »
L'Égypte avait du apporter à Richard-Alain assez de surprises et de bizarreries pour que mes questions ne souffrent jamais aucune condescendance mais des réponses précises et suffisamment documentées en tout cas pour moi.
Depuis, il n'est pas rare que, lors de nos échanges, Richard-Alain m'informe spontanément de l'existence d'un ouvrage médical abordant ici le massage et parfois, comme en ce mois de novembre 2017, la conjonction se fait entre son objet de recherche Égypte-médecine et le mien le massage à travers les âges. Sur son blog Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 1er novembre 2017, chapitre « Clinique obstétricale égyptienne - VII. Le diagnostic différentiel : Les tumeurs bénignes. Les tumeurs malignes. Les problèmes hépatiques », le massage y était nommé, probable puisque laissé à sa traduction hiéroglyphique mais néanmoins étayé, formalisé par une gestuelle qui ne pouvait s'effectuer sans son concourt.
- Datation
de l'archive en présence
- Langue
parlée
- Méthodologie
- SECTION
I
: 1er corps hiéroglyphique intègre
- SECTION
I
: 1er corps hiéroglyphique déconstruit et
traduit
- SECTION
II
: 2e corps hiéroglyphique intègre
-
SECTION
II
: 2e corps hiéroglyphique déconstruit et traduit
Je
suis parti à l'origine d'un travail particulièrement
méthodique et scrupuleux alors en court d'élaboration
mené par l'égyptologue
Richard-Alain
Jean
auteur de Histoire
de la médecine en Égypte ancienne, Angers, 1er novembre
2017 : « Clinique obstétricale égyptienne
- VII. Le diagnostic différentiel : Les tumeurs bénignes.
Les tumeurs malignes. Les problèmes hépatiques ».
J'ai isolé la trace de massage indiqué et procédé
à une extraction partielle de données pour élaborer
ce texte ayant trait au massage dans le contexte de l'Égypte
de la XVIIe dynastie (1600
av. J.-C.).
Revoir ce passage (qui a découvert quoi, l'a acheté, traduit et quand.) Le
passage qui nous intéresse provient initialement
d'un papyrus
acheté d'abord par le collectionneur américain
Edwin
SMITH (1822-1906 Le
pLouvre E
32847 traité par
Médecins et magiciens
à la cour du pharaon. Une étude du papyrus
médical Louvre E 32847,
par Thierry Bardinet, Ed. Khéops et musée
du Louvre, Paris, 2018 TDM |
Cette
petite activité de quasar-historique ne fait que mettre en
lumière de façon subreptice la seule entrée
identifiée concernant une forme de massage issue du
chapitre 1.2. de "Les tumeurs bénignes de l’utérus".
Richard-Alain Jean y aborde les fibromes
et l’hématométrie,
c'est-à-dire une rétention
de sang dans l'utérus que le massage pourrait possiblement résorber selon
les médecins/sacerdotes
de l'époque.
Datation de l'archive en présence
Le
papyrus en présence reprend des textes de divers sources
plus anciennes comme il était souvent d'usage de le faire,
il n'est donc pas du tout homogène ce qui ne nous permet
pas de dater l'exemple de massage vulvaire qu'il contient en proposant le nom d'un règne
et sa titulature royale .
Isoler une séquence de massage morcelée comme un ADN tellement ancien qu'une
partie de son code manque c'est toujours mieux que de ne rien avoir.
Alors, comme l'a fait l'Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste
de Leipzig en reconstituant partiellement le genome d'un néandertalien
en collectant des millions de fragments d’ADN récupérés
sur trois os issus de la grotte de Vindija
en Croatie,
devant des expressions aussi ténues de massage, en sommes pour l'instant qu'à poser des marqueurs
exactement comme dans une fouille archéologique. Richard-Alain
Jean
revisite cette tombe de papier, alerte Alain
Cabello Mosnier d'une disposition qui pourrait potentiellement
intéresser son objet de recherche avant de devenir cette
sentinelle HTML relayée par le CFDRM
de Paris, fragile trace dans l'attente d'autres masseurs-copistes
qui le relayeront à leur tour ou la laisseront échapper.
Dans l'item dont nous disposons, c'est-à-dire qui
nous est parvenu, il n'est pas possible de nous aventurer sérieusement
dans une tentative de datation précise puisque des ajouts, de reprises de textes parfois très
anciens sont visiblement venus s'agréger ? polluer ? modifier
? un texte original sans même d'ailleurs que l'écrit
corresponde nécessairement avec l'âge de son support.
Donc sur ce papyrus
médical
notre frise
chronologique se
situerait entre la XVIIe dynastie égyptienne
(1600
av. notre ère.) et la VIe dynastie
(env. 2350-2200 av.
notre ère) voire même nous dit Richard-Alain JEAN à
l'Ancien Empire - soit environ 2700 à 2200 av. notre ère
!!! (peut-être) ce qui nous offre un gap qui se situe entre
750 et 1100 ans d'hésitation. Ne pas parvenir à dater
ne signifie pas que l'on doive renoncer à collecter toujours
davantage d'informations jusqu'à ce que des découvertes
futures ou d'autres recherches permettent de resserrer notre estimation,
de comparaisons en associations, d'intuitions en déductions.
Rapidement et pour simplifier, je ferai la distinction entre la langue parlée et la langue écrite.
A
l'orale l'Égypte vocalise un égyptien d'abord
ancien que la communauté des égyptologues appellera
archaïque évoluant vers un nouveau stade qui
sera qualifié de vieux pour attendre un dernier niveau
qualifié de moyen. Bien sûr les conquêtes,
les échanges commerciaux font bouger les langues qui se priorisent,
se complexifient, adoptent des codes qui ne sont originellement
pas les siens.
A partir de la Basse époque de -750
à -332 avec la conquête par Alexandre
le Grand
, le démotique
prend le dessus,
il donnera alors naissance au copte qui est l'égyptien
chrétien attesté dès le IIe, siècle.
Concernant
la langue écrite ce sont les idéogrammes hiéroglyphiques
que nous connaissons bien qui sont employés mais aussi une
forme plus quotidienne nommée
hiératique du grec grammata hieratika ;
littéralement « écriture sacerdotale »
qu'on simplifiera encore par le démotique.
Bien entendu on ne parle pas que l'égyptien mais aussi l'arabe qui arrive après l'époque chrétienne. L'égyptien chrétien est lui écrit en copte, ainsi, selon la langue, la forme des caractères tracés, le type de formules employées, il est possible de placer, d'estimer la période à laquelle un texte peut avoir été écrit.
Le
hiéroglyphe lui même n'est pas fixé, il bouge,
de découpe selon le mot que l'on veut former. Par exemple
le mot chat se dit « miou » (translittération
: mw) , mais
si l'on veut désigner une des composantes du chat on ne prendra
qu'un des hiéroglyphes ou sa moitié qui, associé
à un autre pourra signifier encore autre chose.
Il faut garder en mémoire que l'oeuvre d'aucun auteur de l'antiquité grecque ou romaine, même parmi ceux gravitant autour de notre ère ne nous est parvenue intacte alors que ces grandes cités disposaient d'une administration formidable et d'une véritable culture de l'écrit et de la trace.
Les livres que nous exhumons ont tellement voyagé, furent tellement réécrits et manipulés pour être lus, qu'ils durent payer un lourd tribu à la dégradations, à l'éparpillements et, lorsque la marge s'étiole, le texte s'en va avec elle, solidaire avec chacun de ses émiettements, tristes spectateurs absents de nos chagrins contemporains.
Évidemment si l'altération pouvait
s'arrêter avec ce que nous en possédons nous nous en
porterions que mieux, mais les livres qui nous parviennent, épuisés,
fragiles, sont loins d'être des sources sûres, ils ne
sont là que parce qu'ils ont été inlassablement
recopiés et naturellement, au gré des saisies, des
erreurs se sont immanquablement glissées, puis d'erreurs
en erreurs...
Et là je ne vous parle que de la réécriture
mais que dire du crime nécessaire de la traduction qui s'avère
être une quasi interprétation entre méconnaissance
de la langue par le copiste et suppositions. C'est Littré
1801-1881 qui nous éclaire le plus dans ses Oeuvres
complètes d'Hippocrate, Ed. Baillière
1839-1861 en 10 volumes TDM * * *
* * lorsqu'il nous décrit les formes les plus inattendues
de bibliothèques dans ces cités parfois si instables
qui n'entreposaient pas comme nous le faisons aujourd'hui des livres
reliés avec un titre, un nom d'auteur. Sur la traduction
par exemple il nous dit combien la translation in extenso
d'un texte d'Hippocrate (vers 460 av.
J.-C- vers 377 av. J.-C), du ionien
,
_qui était le dialecte dans lequel il s'exprimait_ en français,
ne veut plus dire grand chose. D'ailleurs, un même texte d'Hipporcate
issu de deux sources différentes, l'une ayant évolué
et l'autre étant restée intacte peuvent présenter
des différences considérables laissant penser à
un autre texte.
Ensuite venait l'écueil de la censure, les mises à jour au regard de l'époque qui les adaptait ou des intérêts du commanditaire et là, nous ne parlons que d'écrits dont la notoriété de l'auteur lui donnait quelques chances d'être dupliqué et que ces éditions soient suffisamment accessibles pour qu'elles entretiennent l'intérêt de ces médecins. Leur seul alliés fut la permanence des sujets, à savoir la religion, le droit et ici, la médecine qui, pour atténuer le peu de résultat de leurs prescriptions, _prenez juste la maxime d'Hippocrate "Surtout ne pas nuire." ce qui en dit long sur le crédit que l'on pouvait prêter à ces médecins souvent qualifiés de charlatans_ avaient besoin de l'ancestralité de vénérables sacerdotes iconiques. Il n'est pas inutile de rappeler que par la suite ce sont eux (les Ordres des médecins et celui leurs petits soldats kinésithérapeutes) qui ont poursuivit en justice les rebouteux, ancestraux utilisateurs traditionnels du massage justement pour charlatanerie. Et enfin, la pierre lancée dans le jardin bien mal entretenu des uns ne doit pas nous dispenser d'enpierrer le-nôtre et nos massages tous autant liés à une thérapeutique que l'on dit efficace au nom de la sécularité de sa technique mais au méprit de sa réelle connaissance par bien des praticien(ne)s et d'études fiables.
Pour ce qui est de la pratique du massage en Égypte, ne pas avoir grand chose ne signifie pas que nous n'ayons rien et surtout que nous devrions nous contenter de ce que nous avons. L'exemple sur lequel nous allons travailler en est la parfaite illustration, de fait, plus nous zoomons sur un détail historique, sur une chronologie, plus la pixellisation devient forte et l'image floue, mais en collectant patiemment les données nous éclaircissons ce qui hier était encore inconnu.
En
2017, l'achèvement d'une partie des travaux du Grand Musée
égyptien
al-Mathaf
al-Misri al-Kabir a permis l'ouverture au public des collections
de Toutankhamon et ce documentaire de Michael Douglas diffusé
sur France 5 le 17 avril 2018 nous rappelle l'impensable. L'emblématique
Pharaon d'Égypte
dont on aurait pu légitimement penser que chacune des 5398
pièces constituant son royal tombeau avaient toutes été
largement étudiées, mesurées, scanées,
photographiées, documentées présentaient deux
facettes. L'une célèbre et dorée connue de
tous et enfin celle qui n'a jamais quitté la nuit des réserves
muséales et où nombres d'objets n'avaient même
jamais été examinés. Pourtant il s'agit là
d'un roi et quel roi. Qui pourrait imaginer que tout de lui n'a
pas été intégralement et régulièrement
examiné ? Je vous dis cela pour bien mettre en perspective
l'étonnant bazar que cela représente et que même
la part infime offerte à la lumière des fascinations
humaines est loin d'avoir été complètement
révélée, ce qui laisse à l'autre versant
méconnu, un champs de travail gigantesque et insoupçonné
dans lequel, espérons-le, le massage trouvera sa part.
Concrètement, en terme de textes antiques nous avons deux
pôles majeurs de recherches que sont la médecine qui
nous convoque dans ce présent papier et l'hygiène
avec l'art de la toilette (le savonnage
est une forme primitif de massage) et la cosmétique
impliquant les onctions
douces et/ou fricatives.
Les nouvelles technologies permettent également de saisir
des détails passés jusqu'alors inaperçus, des
papyrus réduits en miettes, brûlés peuvent restituer
des hiéroglyphes que l'on pensait perdus. Donc résumons,
nous l'avons vu ce que nous possédons n'a pas encore était
complètement traduit, étudié de façon
définitive même lorsque ce contenu provient des lots
les plus prestigieux. Ensuite, ce que nous connaissons peut encore
révéler bien des informations par les recoupages,
les mises en perspectives nouvelles, des technologies de plus en
plus fines, l'intuition d'un jeune chercheur et enfin, reste l'immense
contenu des sites non exhumés parfois même volontairement.
Les fouilles archéologiques nécessitent de la méthode
et il ne suffit pas d'avoir localisé une zone de recherche
de grand intérêt pour pouvoir l'ouvrir si l'on ne dispose
pas des autorisations, des financements, des équipes afin
que cela soit fait dans de bonnes conditions et encore faut-il savoir
conserver, traduire, mettre en réseau, l'accélération
de la science n'est pas celle des chronologies archéologiques.
Lorsque les sites sont riches, comme à Pompéi
, il peut être décidé
volontairement de laisser aux générations futures
des espaces de recherches parfois prometteurs et de se concentrer
sur ce qui a déjà été mis à jour.
Méthodologie : ce chapitre
1.2. de "Les tumeurs bénignes de l’utérus"
par Richard-Alain Jean présente un bloc-texte
hiéroglyphique que j'ai pris le parti de scinder en deux
sections afin que les allées et venues entre la ligne
correspondante et la traduction soient facilitées. Il y aura
une première partie contextuelle que traitent ces hiéroglyphes
tels que posés sur le blog de Richard-Alain Jean (qu'il
traduira glyphe après glyphe comme l'a fait James
Henry Breasted avant lui). Ensuite je procéderai
aux arrêts sur images plus focus qui intéresseront
directement notre objet de recherche alternés des traductions,
et pour que ces textes soient facilement identifiables, dès
lors que ça concerne le massage, je vous les mettrai
en ROUGE.
Comme
vous le verrez, chaque ligne de hiéroglyphes est divisée
en blocs de registres que vient segmenter une valeur numérale
et là aussi je serai amené à la découper
pour une meilleure compréhension.
Les lignes en grisée
ne concernent pas le massage.
SECTION I : 1er corps hiéroglyphique intègre issu de - 1.2. Les tumeurs bénignes de l’utérus pSmith XX, 13a - XXI, 3b :
Fig 2 : Les tumeurs bénignes de l’utérus pSmith XX, 13a - XXI, 3b.
SECTION I : 1er corps hiéroglyphique déconstruit et traduit - chaque ligne a été défaite de son ou ses groupes précédemment numérotés afin d'en mieux identifier le contexte mais ses formules sont en grisées puisque le texte n'aborde pour l'instant pas du tout le massage puis ensuite, l'idée de préparation intervient : XX, 15b tu prépareras pour elle..., d'abord par un boire buccal, ensuite par un boire vaginal avec l'application d'un médiateur externe thérapeutique qui vient faciliter le contacteurs et agir.
— XX, 13a Si tu examines une femme qui souffre de son "ventre féminin"
XX, 13b et dont les menstrues ne reviennent pas
— XX, 14a et si tu trouves quelque chose "au niveau péri-ombilical"
— XX, 14b tu diras à son sujet : "c'est une retenue de sang dans l'utérus"
— XX, 15b tu prépareras pour elle
XX, 15c Plante-ouam (1) 20 ro (2), huile 1/8 ro, bière douce 40 ro,
(1) Richard-Alain
n'est pas encore en mesure de nous indiquer le type de plante à
laquelle ouam
fait référence : « il faudrait faire une recherche très approfondie
dans la langue elle-même et dans la pharmacopée. » puisqu'en effet, nous sommes là
en présence d'une désignation végétale
vernaculaire en égyptien donc ce n'est pas la peine de se
tourner du côté du Jardin des plantes de Paris pour
obtenir la moindre réponse. Par exemple dans Les Bains
de G.
du
Chou de 1555 TDM (ouvrage
qui parle de massage en
vieux françois) la
cannelle n'est jamais mentionnée que sous son nom latin cassia qui donne en français
la casse
comme croisée à deux reprises dont au verso
de la feuille 10.
Mon contact égypto-sensible,
Nicolas Buire et moi-même, pencherions davantage pour la thèse
de l'inversion classique de consonnes au regard de la proximité
cursive et phonétique de la lettre m et n,
remplaçant Ouam
par ouân qui
signifie genévrier et qu'on utilisait dans diverses formules
de soins funéraires tardifs. La plante-ouam
pourrait donc bien être la plante-ouân, ce genévrier
duquel on tire l'huile de cade
(sefetj per em ouân) du Rituel de l'embaumement, et de la figurine (végétante)
de l'Osiris-Kentymentyou
du mois de Khoiak
(octobre-novembre), qui se formule au tout début
de la saison de la germination-Peret (ou plutôt à la
toute fin de la saison de l'inondation-Akhet
).
On retrouve la plante-ouân dans le Livre
"second" des Respirations (qui ne possède pas de
nom et qui a été uni, par analogie à Thot/Thoth
. Il fait intervenir
une série de matériaux employés pour la fabrication
des sept sarcophages abritant le corps du défunt, dont notre
fameux genévrier-ouân qui est l'émanation de
Rê
, de Shou
et d'Osiris
, et dont le concept attaché est l'illumination
et la bonne senteur. D'après Sydney H. Aufrère*
, les noms d'arbres (les matériaux) correspondent
rigoureusement aux essences qui poussent dans l'air constituée
par le Liban
et l'Anti-Liban
(les textes retrouvés
des Livres des Respirations datent des Ier et IIe siècles
de notre ère). S.H. Aufrère parle du genévrier
d'altitude (Juniperis excelsa
), arbre de montagne. - Alors pourquoi il ne me semble
pas beaucoup m'avancer lorsque je dis que ouam et ouân sont une seule et même plante c'est que non seulement
je n'ai trouvé l'"ouam" que sur le P. Edwin Smith
, mais aussi en raison des risques d'erreurs dont je parlais
plus haut et qui n'épargne aucun d'entre-nous jusqu'au plus
grands lettrés. De plus, le texte original du P. Edwin Smith
a été, sans nul doute, mainte fois remanié
et s'étale sur plusieurs siècles, avant d'être
découvert.
* Sydney-Hervé Aufrère, Thot
Hermès l'Egyptien : De l'infiniment grand à l'infiniment
petit, éditions L'Harmattan, Collection KUBABA, Série
Antiquité XIII, Paris, 2007.
Tout cela n'est que conjectures
et hypothèses, et bien sûr, pour Richard-Alain JEAN, la supposition se subordonne
toujours à l'étude consciencieuse basée sur
une vérification méthodique. Il nous en donne d'ailleurs
un exemple p. 167 avec la confusion qui existe entre pastèque
et melon, ainsi nous fait-il passer de façon édifiante
du grec à l'arabe, de l'hébreu à l'égyptien
en montrant combien même pepo (melon) en latin peut désigner la
pastèque pour Pline. Si je n'avais pas craint d'être
long j'aurais restitué ce passage mais ne me priverai pas
de ce sacerdoce sémantique "Il
faut donc peut-être encore chercher".
(2) En 1911,
l'égyptologue
Georg Möller identifia à
partir de documents du Nouvel Empire, que certains
signes hiéroglyphiques pouvaient raisonnablement servir à
mesurer des volumes de grains notamment l'œil
d'Horus dit Oudjat
. Ro à
translitérer 'r(3)' (prononcer " rA ") correspond
donc à un volume, à une unité de mesure égyptienne,
soit une fraction qui équivaudrait pour nous à 0,060
litre (0,0600625). Par exemple, une mesure jp.t (lire "oïpé"),
comprend 320 r(3) = 320 parties (pour nous : 320 partie de 19,22
litre). Les fractions de "l'œil d'Horus" se déclinent
aussi en parties r(3).
XX, 16a Faire chauffer,
XX, 16b : et faire boire,
XX, 16c : pendant quatre jours
XX, 16d Tu lui feras aussi (une préparation) « évacuatrice du sang » (XX, 16e) : [Donc là on parle en effet d'une "préparation" et en-dessous les composant sont énumérés] :
Fig 3, découpe de la Fig 2
à
savoir : XX, 17a résine, cumin ,
galène
,
myrrhe douce :
Fig 4, découpe de la Fig 2
XX, 17b fais-en une préparation homogène :
Fig 5, découpe de la Fig 2
puis le massage revient :
XX, 17c et enduis-en le « bas-ventre féminin étendu » (f). (Le mot "enduire" est constitué par les deux premiers symboles du registre + le personnage debout.)
Fig 6, découpe de la Fig 2
XX, 17d très souvent.
Il
y a donc ici un net espace dans lequel le massage s'exprime
et se voit clairement et hiéroglyphiquement mentionné,
cela est suffisamment rare pour le noter avec application ; nous
avons un massage manifeste du bas-ventre d'une femme
à des fins thérapeutiques, daté
de la XVIIe dynastie égyptienne (1600
av. J.-C.) et la VIe dynastie
(env. 2350-2200 av.
notre ère) voire même nous dit l'égyptologue
Richard-Alain
Jean à l'Ancien
Empire - soit environ 2700 à 2200
av. notre ère !!! Il n'y a pas de supposition ici, juste
une lecture d'idéogrammes dûment
traduits par un chercheur autorisé.
Ce travail n'est donc pas vaguement déduit d'un texte
pris ici ou là sur la toile et patiemment littérarisé
pour en donner quelque chose de lisible mais a fait l'objet de vérifications
ouvertes à la critique, d'échanges réguliers
avec Richard-Alain qui est une indiscutable
caution intellectuelle dans ce domaine si pointu qui m'échappe.
SECTION II : 2e corps hiéroglyphique intègre : Les tumeurs bénignes de l’utérus pSmith XX, 18a, - XXI, 3a.
Fig 7, Les tumeurs bénignes de l’utérus pSmith XX, 18a, - XXI, 3a.
SECTION II : 2e corps hiéroglyphique déconstruit et traduit : (développé dans le chapitre Sur l'onguent)
XX,
18a Tu placeras une « oreille de hyœnidæ (2)»
sur de la graisse
[Donc là il s'agirait de laisser macérer
l'oreille d'une hyène dans de la graisse destinée
ensuite à masser la vulve présentant
les symptômes de la hématométrie et
autres fibromes.]
XX, 18b après (apparition de) la putridité Fig 8, découpe de la Fig 7
XX, 18c + XXI, 1a tu l'en frotteras, :
correspond à
sjn « frotter » puis
Fig 9, découpe de la Fig
7 [Groupe Gardiner selon
le logiciel JSesh
S29-M17-K1:N35-Aa2:D36]
correspond à
hr k sy
Fig 10, découpe de la Fig 7
Ce qui nous donne : « tu l’en frotteras » = sjn.hr.k sy (littéralement : « frotter » « toi » « quant à » « elle »)
Par
cette traduction je suis bien sûr en situation de retenir
l'emploi de l'inessif en qui en linguistique, comme l'inessif dans implique la pénétration ici par le massage.
(2) Il s'agit de la hyène rayée (Hyaena Hyaena) qui était semble-t-il, la seule espèce connue de la civilisation pharaonique.".
XXI, 1b et enduiras ses
Fig 11, découpe de la Fig
7 [Groupe Gardiner selon
le logiciel JSesh
V28-N35:D36-Aa16:O34-A24]
Soit : hn' & gz (sous-entendu hr.k) (littéralement : « et » « enduire » « toi (ses) » (3)
XXI, 1c « parties vulvaires externes et intermédiaires »
XXI, 1d très souvent.
La formulation, très souvent est aussi l'image verbalisée d'une masso-récurrence.
(3) Ce qui nous donne : « et enduiras (ses) » = hn' gz littéralement : « toi »
(hn' = à lire héna , une préposition qui ici, correspond à = et, puis...)
(gz = « enduire » avec le déterminatif d’action forte A24 )
(sous-entendu hr.k : comme ci-dessus)
(ses = sous-entendu pour la suite = « parties vulvaires externe et intermédiaire »)
Précision : donc, si l'on ne veut isoler que l'expression "« enduire »
avec" il ne faut conserver que la 2eme partie du glyphe
XXI, 1b,
à savoir « gz » [Groupe Gardiner
selon le logiciel JSesh
Aa16:O34-A24]
XXI, 1e Tu déposeras (ensuite)
XXI, 2a de la myrrhe sur de l'encens
XXI, 1e entre ses deux cuisses,
Fig 13 découpe de la Fig 7
XXI, 3a (et) tu feras en sorte que la fumée émise pénètre XXI, 3b dans son vagin.
Fig 14, {sec. xxi 3a} découpe de la Fig 7
Ici la poésie de la traduction est quasi sublime,
elle invite à déposer de la myrrhe mais pas n'importe où, il s'agit
de la déposer sur de l'encens, entre les deux cuisses d'une femme malade, y amener
le feu, le résorber jusqu'à la consummation végétale
et en conduire la fumée à l'intérieure de la
matrice toujours avec le même inessif "dans le vagin" qui semble corroborer le premier
emploi déjà indicateur du principe de pénétration.
Le feu est un purificateur notoire mais là il est comme traduit en fumée comme
si sa mutation s'imprégnait de ses vertus apotropaïques. La clarté de l'intention purificatrice de l'act
semble se nimber des mystères de ses fumigations .
- Sur
la hyène
- Sur
l'oreille
- Sur
la femme
- Sur
la vulve
- Sur l'Hématométrie
- Sur
l'onguent
• L'onguent comme corps gras
• L'onguent comme fumigène
- Sur
le massage
• Le massage oléiforme
• Le massage fumigé
DICTUM « au préalable »
: Alors bien entendu n'étant moi-même pas égyptologue
j'en suis réduit à des déductions illatives
, à des interprétations projectives de pures formes mais ce qui est interprété est déjà une
verbalisation subjective de l'idée que l'on se fait de ce
qu'elle est, de ce qu'elle a pu être, de ce qu'elle a pu drainer
avec elle pour parvenir jusqu'à nous, c'est tout un ensemble
de scénarios, de frames, de scriptes auxquels on va tenter de coller ou
d'aller en fonction des didascalies
conscientes
et inconscientes, quelque part,
en désordre disséminé un peu partout dans notre
culture, dans nos non-dits, en morceau, en attente de l'énoncé
qui lui donnera corps. Si affirmer doit reposer sur des arguments irréfutables,
supposer est une narration d'archiviste, c'est proposer selon
la permission que nous donne l'imagination mais cette imagination
ne procède pas que d'elle-même, elle entre invariable
en résonance avec ce qu'au fond de soi on a toujours su comme
si cela relevait d'une sorte de mémoire d'espèce,
frame.
J'aime beaucoup ce que dit Gershom Scholem
ce grand interpréteur de la mystique cabbalistique : « Les
lettres et les noms ne sont pas seulement des moyens conventionnels
de communication. Ils sont bien plus que cela. Chacun d'eux représente
une concentration d'énergie et exprime une plénitude
de sens qu'il est absolument impossible de traduire, du moins complètement,
en langage humain. » Et bien voilà, hiéroglyphes,
médecine ancienne, dans le receptacle des hommes d'alors
restent une sémiotique mystique
d'interprétant qui étaient à la fois des prêtres,
des religieux, des excerçants à l'écoute des
Dieux et des hommes.
Sur la hyène :
une Hyaena Hyaena ou
hyène rayée .
Il serait dommage de mener ce travail d'étude impliquant
de façon aussi centrale une oreille de hyène plongée
dans un onguent à destination d'un massage sans se demander à quel genre pourrait bien appartenir
cet animal alors que la seule entrée que nous ayons dans
ce texte médical égyptien ne nous donne aucune autre
indication. Il est à noter que dans la classification de Gardiner la hyène est associée à la lettre
E correspondant à la section Mammifères dans laquelle elle est représentée
à la quatre vingt deuxième position =
E82 accompagnée de ce hiéroglyphe
qui se dit
Hétjet.
Fig. Gîza, mastaba de Néfer (Ve/VIe dyn.) : hyène amenée en offrande au mort (© Gizapyramids.org, AEOS_I_5588).
La systématique nous indique que
les hyènes font parties de la famille des hyénidés
, du latin hyaenidae,
qui se divise en deux genres
distincts. D'un côté
nous avons le genre binominal Crocuta crocuta ou hyène tachetée
, _la
seule qui ricane et là bien sûr le sujet est trop sérieux
pour que ce soit elle..._ et de l'autre, nous disposons du genre
"Hyaena" qui forme alors deux espèces,
la Hyaena hyaena dite hyène rayée
et la Hyaena brunnea ou hyène brune
. C'est Isabelle Régen dans Un animal 'bien aimé' des anciens Égyptiens
: la hyène rayée
page 50 qui nous
dit que «...la hyène
rayée (Hyaena hyaena) est, semble-t-il, la seule espèce
de hyène qu’ait connue la civilisation pharaonique. ». Ma conclusion qui est plus assertorique
qu'apodictique
m'enjoins donc à considérer
que notre hyène essorillée devrait donc être,
si je tiens compte du "semble-t-il", une Hyaena hyaena, une hyène rayée.
Bien sûr ça ne change rien au sujet mais en identifiant l'animal en situation nous pourrons peut-être disposer d'éléments supplémentaires nous permettant de faire de futures associations.
Qu'elle est d'ailleurs la représentation de la hyène dans la vie quotidienne en Égypte ancienne ?
Je ne suis bien sûr pas plus autorisé que
cela pour répondre avec justesse à cette question
et loin de moi l'idée de faire de cette herméneutique
une
succession de suppositio impropria (suppositions impropres) mais
je peux quand même m'appuyer sur des textes déjà
existants et tenter de dérouler mes propres relations
de conversité. Il se trouve qu'Isabelle
Régen nous éclaire sur la place qu'a pu occuper cet
animal dans ce que j'appelle le ductus anthropologique égyptien qu'elle reconnaît
naturellement comme étant moins stellaire
que le chacal thérianthrope
ou le scarabée
ce qui la rend moins attrayante.
Pourquoi avoir fait entrer, dans la préparation
d'un onguent destiné à être apposé sur
la vulve d'une femme souffrante, l'image de la hyène et pas
celle du chacal ou de celle d'Isis , la Grande magicienne
et doctoresse propharmacienne [...] à
la croisée du normal et du pathologique, du bien et du mal.
(Jean/Loyrette, Éd. L'harmattan 2010 TDM
, Jean,
Ed. Cybele. 2012 TDM
p.
25) ?
Peut-être y-a-t-il des symboliques que je ne connais
pas dans la théodynamique de cet animal puisque l'égyptologie
n'est pas mon sujet premier mais le chacal étant une représentation
masculine de la divinité
d'Anubis ou Inpou, son association avec le féminin
n'était pas nécessairement la plus justifiée.
Anubis est
le protecteur des embaumeurs et aucun d'eux me semble-t-il,
même parmi les prêtres égyptiens, n'à pu compter dans
ses rangs des femmes. De plus, en égyptien ancien,
la hyène rayée est désignée par un terme
féminin, Hétjet là où le chacal
se dit ounech
et même s'il connaît un féminin
avec ounechet, chacals et chiens-loups sont des réceptacles
de divinités mâles, des projections de la figure masculine
alors que la hyène s'aligne davantage sur le genre féminin.
Ce qui me surprend le plus c'est la dimension
chtonienne qui s'amorce dans ce jeu de figures et
qui n'est sûrement pas à
négliger car nous avons bien une correspondance partitive
de cynocéphalie
égyptienne qui se déploie.
En effet, Inpou (Anubis), dispose d'une partition
génésiaque
à la fois
d'espèce et de nature :
- d'espèce puisqu'il arbore une tête de chacal, animal réputé
impitoyable jusqu'à être qualifié de charognard, c'est-à-dire se nourrissant de cadavres versus embaumeurs, d'une tête de chacal, dis-je, et d'un corps anthropomorphe
pour ne pas dire
d'humain.
- de nature ou d'essence enfin, dans la mesure où
il souligne à la fois une jonction anagogique
entre la vie et la
mort mais aussi
entre l'homme et l'animal coalescent
ou plutôt l'animal
et l'homme puisque la tête est un sommet cynomorphe
et dévoreur
là où le corps s'humanise. Rappelons qu'en Égypte, la pensée ainsi que tout ce qui est de l'ordre
du sensible, de l'émotion est situé dans le coeur et
donc ici localisées dans la partie humaine ce qui tend à
rendre encore plus terrible sa terminaison canine.
Ca c'était pour la figure chacal/humain
d'Anubis mais nous disposons en quelque sorte d'une équivalence
spéculaire
humaine/hyénidé
, puisqu'à cette femme s'ajoute un
attribut organique de hyène par macération. L'anubisation
est donc déduite, elle ne s'opère pas par l'abouchement
d'une oreille directement à la vulve de la patiente mais
propagée en elle par pénétration.
Cet Anubis féminin n'est donc pas complet, pas terminé puisqu'il n'était que volontairement transitoire et probablement prescrit et pratiqué par des prêtres médecins.
Il ne s'agit pas de se focaliser sur un homme-chacal qui aurait trouvé une séduisante correspondance avec une femme-hyène (bon, un peu quand même) mais de trouver un schéma thérapeutique coaxial de préservation, de continuation, la vie vs la mort par antonymie sèche, la maladie vs sa guérison par opposition de conversité, la femme et la hyène, par opposition de complémentarité (l'une ayant besoin de l'autre), où se situe le principe funéraire lorsque l'on sait que dans son déroulé, les huiles étaient des éléments préservatifs ?
Ce
que je voudrais tenter d'établir c'est la fonction distinctive
et cumulative des expressions symboliques, magiques, thérapeutiques
dans une proposition de sens. Lorsque les égyptiens proposent
cette préparation est-ce de l'observation empirique ou cela
engage-t-il d'autres mécanismes, cultuels
, des superstitions ?
La hyène ne contenait-elle pas davantage en elle les principes féminins et de la femme, et de l'oreille et de la vulve ? Nous verrons cela plus bas.
L'homme,
depuis ses origines si fortement liées avec le reste du règne
animal qu'il croisait dans les régions qu'il habitait, à
constitué des affinités électives parfois très
particulières avec certains de ceux-là. Cette présence
animale comme végétale se retrouve dans sa statuaire
zoomorphe ,
dans ses métaphores, dans ses colonnes papyriforme
de Temples égyptiens, dans
ses objets du quotidien comme ces vases à onguents
thériomorphes
de temps en temps réalisés
en défense ou en dent d'hippopotame. Il ainsi était
naturel que les compositions cosmétiques ou thérapeutiques
qu'il y faisait entrer soient elles-mêmes, en partie, issues
de son milieu environnemental écoumène
(animal, végétal,
minéral).
Le texte : SECTION II : 2e corps hiéroglyphique déconstruit et traduit
XX,
18a Tu placeras une « oreille de hyœnidæ (2)»
sur de la graisse.
XX, 18b après (apparition de) la putridité...
Évidemment nous allons d'abord nous interroger sur la place de cette partition animale, pourquoi utiliser l'oreille plutôt qu'un autre organe ?
Déjà, par pure analogie formelle
il est difficile de ne pas voir la troublante similitude
morphologique, elliptique, sinusoïdale quasi panchronique
qu'entretient l'oreille
essorillée d'une hyène et le
vagin blessé
d'une femme, leurs circonvolutions anatomiques et enfin le sang
d'un pavillon de hyénidé
ouvrant une sorte dialogue ménorrhéique
avec sa receveuse
homo sapience sapience. Peut-être qu'une partie de mes assertions
peuvent passer pour des paréidolies
anatomiques mais
après tout nous sommes bien dans une médecine magico-religieuse
de l'interprétation dans laquelle le prêtrisme
médicalisé
traduisait ce que les dieux communiquaient ? Qu'est-ce que l'oreille
d'une hyène pourtant mal considérée peut avoir
de plus ou bien de similaire avec la matrice d'une égyptienne
souffrante, quel passage peut-elle ouvrir pour permettre à
cette femme, hyénidée par l'onguent, d'être entendu des dieux ? Est-ce que la proximité
corticale de l'oreille de cette part animal en lien direct avec
la vie sauvage et les forces
souterraines, si confusément semblables
au vagin, pourraient prétendre, voir, être la clé
de cette intercession
?
Il
faut préciser tout de suite que la hyène ne fait pas
partie du Panthéon égyptien, elle ne fut jamais divinisé,
par contre certains éléments historiographiques nous
laissent penser qu'elle fut domestiquée, voire même
consommée, sachant que cela reste encore discuté par
les archéozoologites,
mais peut-on trouver avec la promiscuité humaine de la domestication
une perspective linéale
qui, en reliant la bête à l'homme relierait l'oreille
et le vagin ? relierait le désir de guérison qu'exige
la douleur et la démarche qui nous fait consulter ? celle
que l'on fait par la consultation des prêtres pour être
soigné par eux, pour qu'ils intercèdent au-près
des dieux ?
L'idée
que cette oreille puisse être source de pouvoir ou soit capable
de transmettre à un corps gras une information organique,
métaphysique, thérapeutique c'est bien imposée
à ces prêtres
à un moment ou à un autre ? Quelqu'un a bien fini
par faire ce lien entre hyène et mal, Homme et animalité,
entre décoction
et soins ? Il y eu bien quelques préparateurs pour formuler
ce baume, pour l'amendé, pour décider que c'était
l'auricule qu'il fallait sectionner, faire macérer, en déduire la période la
plus propice à son désagrègement, à sa décomposition,
à sa propagation dans cette graisse désormais chargée
de principes actifs. Cette solution est alors devenue médicalement
suffisamment commune pour que des scribes en tracent les glyphes
sur un papyrus qui nous est parvenu.
Nous savons que de tout temps et dans toutes
les cultures l'homme a voulu plus ou moins s'extraire de sa condition
animale qu'il partageait avec les autres espèces dont la
chasse constituait un palier magico-anthropologique par lequel passait
divers niveaux d'échanges, alimentaires, culturels, métaphysiques
etc. Il a alors tenté de s'accaparer
l'énergie qui l'environnait, allant jusqu'à ingérer
des d'individus de sa propre espèce par cannibalisme de correspondance.
Si l'acte de manger donnait visiblement de l'énergie au corps
n'était-il pas judicieux de penser que cette énergie
pouvait potentiellement venir de la force vitale de ce que l'on
mangeait comme transmise par une manducation subsumée
? Les végétaux contenaient
l'énergie immobile de la terre, les animaux exprimaient l'énergie
de ceux qui possédaient le mouvement, la prédation,
la vitesse, la stratégie. Manger n'était donc pas
qu'une simple nécessité physiologique mais devenait
une transmission de faculté par absorption.
Chasser l'animal c'était déjà l'avoir vaincu, le domestiquer c'était le dominer en le plaçant dans sa maison, le manger, c'était s'accaparer au moins une partie de ce qu'il était dans la nature, rapide, fascinant, effrayant.
La hyène possédait cette caractéristique, ne pouvait-on pas alors la détourner par emprunt anatomique et l'applique par onction ?
Dans l'antiquité grecque et romaine,
jusqu'à notre plus haut moyen-âge, de la Renaissance
à la Révolution industrielle jusqu'au XXIe
siècle, toutes sortes de produits organiques toutes espèces
confondues, mortes ou vivantes, fraîches, pourries ou
séchées, bouillies, pillées, intègres
ou mélangées, mixions, excréments, larmes, végétaux, minéraux,
gaz, incantations, furent exploités avec une imagination
sans pareille, horrifique , magique, alchimique
, scientifique, pour soulager les patients
du mal qui les rongeait ou de leur bourse qui ne leur serait bientôt
plus vraiment utile. Foi, crédulité, superstitions,
désespoir, amour, sincère engagement professionnel,
empirisme
, observation, raisonnements, déduction,
preuves scientifiques, tous les rouages ont fonctionné pour
arriver à une médecine moderne dont chaque époque
était l'héritière d'hommes illustres dans leur
domaine. Du charlatan au médecin moderne, de l'apothicaire
aux laboratoires pharmaceutiques modernes, la manipulation a toujours
existé. Mensonges, certitudes, marketing, de tout temps le
médicament a fasciné, dévoré, tué,
inféodé
dans la pire des dépendances et
parfois soigner.
Alors bien sûr on peut toujours se
dire que naturellement le soigneur est tributaire de son environnement
et des influences de son époque au point de faire entrer
dans ses compositions pharmacognosie les forces terrestres qu'il pouvait saisir
par la décoction, l'infusion, la macération etc. ce
qui place de fait notre hyène parmi ces forces, elle est
une énergie, une aspiratrice d'animam sanguinis.
Par
exemple nous lisons (JEAN, 2012 TDM p.
22 au sujet du traitement des plaies par la médecine égyptienne
« L'utilisation de miel, de divers onguents
composés et même de viande pouvaient être utiles.
»)
Une formule
de protection tirée
d’un papyrus médico-magique du Nouvel
Empire décrit
le lion,
la hyène et le
chacal (loup africain) comme
"les
premiers des animaux à queue longue,
consommant de la chair et buvant
du sang ».
Régen p. 51.
« Le plus souvent, des parties de l’animal peuvent
être ingurgitées pour des raisons non alimentaires
mais pseudo-thérapeutiques, via des philtres d’amour ou "des décoctions",
en Égypte, au Soudan mais principalement
au Maghreb... » Régen
p. 57. Que puis-je faire d'autre sinon
que d'être assertif et déduire de cette appétence naturelle pour le
sang un mécanisme qui, par association, pourrait donner à
l'oreille le pouvoir d'entendre une hématométrie
et de signifier à
son instinct, à cette part sécable
, de boire celui contenu
dans la rétention ? Rappelons que l'affection dont nous parlons
est précisément une rétention de sang
dans l'utérus qui gagnerait
à être exhaurée
,
bue. Pour rester dans ces sanguinaria,
y aurait-il un infra dialogue cataménial entre menstrues
et rétentions de celles-ci ?
L'oreille de hyène coupée impliquerait donc
que les réflexes de cet animal nécrophage pourraient se propager
au mal lui-même et venir aspirer dans la patiente, par cette
bouche à l'écoute, le sang qu'il cherche déjà
dans la nature.
Peut-être aussi que, ce qui a été coupé serait en capacité de couper à son tour l'affection de la même façon qu'il préexiste encore aujourd'hui chez nous des coupeurs de feu ?
On
peut aussi suggérer que, symboliquement, l'oreille se constituant
de cartilages souples comme des variantes latérales de vagins
soit faite pour être ensemencée par la parole des autres,
par des incantations et que cette "tête parturiente "
accouche de la raison ou encore que celle d'un dieu entende l'intercesseur,
le soignant. Bon, là je m'emporte un peu mais après
tout l'oreille reste la seule partie molle qui combine à
la foi la cynocéphalie
de la hyène dans sa forme chtonienne, manipulable comme une vulve
et la thérianthropisation
symbolique de la malade par onction.
Si
Anubis peut être regardé comme un chacal
anthropomorphe d'émanation divine, alors la hyène
peut être circonscrite à sa cynocéphalie
auriformis
et se comporter comme telle là
où on l'applique ou, pour faire plus simple, si l'on peut
distinguer Anubis par sa tête de chacal, alors l'apicalité
auriculaire de la hyène présente
des numerosa aequalitas « nombreuses similitudes »
avec un sexe auriforme ou subauriforme (
), c'est-à-dire qui en a l'aspect
et être capable de communiquer ensemble.
Dans cette division spéculaire chacal/humain et humaine/hyénidé
nous avons une correspondance qui
se fait avec ce que l'onguent
amène de part de hyène à sa
part de femme sinon en abouchant directement à la vulve un
organe adjonctif sacrifié, en tout
cas en l'apposant par macération successive, longue et comme
un massage onomatopéique
,
répétitif, contre, autour et dans la
matrice en faisant appel à une autre sorte de graisse
génésiaque
, mais afin d'absorber quoi ? L'énergie animale
dévorant une autre énergie animale ?
Enfin il y a une autre figure qui m'interpelle lorsque
l'on observe les chapiteaux hathoriques qui chapeautent
les colonnades de certains temples religieux arborant la
déesse Hathor
nantie de ses oreilles de vache. Alors
Hathor apparaît souvent sous
la forme de ce bovidé ou encore sous celle d'une
femme à cornes et la seule façon pour rendre l'image
parlante pour celui qui la regarde d'en bas c'est de lui donner
des attributs physiques aisément indentifiables. Une femme
sur un chapiteau ça reste une femme,
mais une femme avec des oreilles de vache, c'est Hathor,
néanmoins, j'aimerais bien savoir ce que pourrait
être la théodynamie de l'oreille dans la culture égyptienne
? Là sans doute sont les limites qui font qu'un masseur n'est
pas un égyptologue et qu'un article ne constitue pas encore
un ouvrage complet et fouillé.
(Voir si tu veux apporter un regard ou une précision médicale ou historique pour mesurer mon propos)
Richard-Alain
me dit que la femme était très considérée
dans l'environnement nilotique de ces époques
même si, au regard de la datation imprécise de ce texte,
son statut à pu beaucoup bouger puisque nous allons de l'Ancien
Empire
l’Égypte
antique
soit environ 2700
à 2200 av. notre ère jusqu'à la XVIIe dynastie
1600
ans av. notre ère mais alors
pourquoi l'associer à la hyène que des documents satiriques
sur papyrus et des ostracons
du Nouvel Empire présentent
comme couarde, animée d'une force brute confinant à
la stupidité ? Peut-être parce c'est avant tout un
charognard qui se nourrit de chairs en putréfaction, qu'elle
est spontanément attirée par l'odeur
du sang et de la mort
que l'hématométrie
peut amener par septicémie
.
Je
le dis dans mon chapitre Sur
la hyène, même si la
hyène est peut-être moins stellaire que le chacal d'Anubis,
elle reste à mon sens, une version féminine bien plus
plausible d'Inpou/Inpw
dont-elle possède certaines de ses
facultés cynégétiques
et necrophages
, tous les deux entretiennent une relation
aussi bien avec le sang qu'avec la mort. Je rappelle que Hétjet en égyptien ancien comme
hyène rayée en français sont tout deux féminins,
ce qui ajoute de la force à l'analogie. La hyène est
une femelle qui ici devient quoi ? Une partie ? une fonction ? une
soeur ? une mère qui communique avec une autre femme et lui
prête l'oreille, son oreille pour que les dieux à leur
tour, prêtent là-leur, pour qu'elle/ils entendent le
mal, le désigne, le chasse, et l'efface par matrotrophie
? Quelle part de hyène pénètre dans l'épiderme
de la matrice féminine ? Quelle part de féminin possède
la hyène pour lui mettre ainsi de dévorer sa mère
?
C'est un peu le même procédé que
la différence que fait Claude Lévi-Strauss entre cannibalisme
et omophagie
autrement dit, entre manger quelqu'un pour
ingérer son pouvoir et manger quelqu'un par goût sachant
que les principales sources d'anthropophagies étudiées
étaient plutôt limitées à l'absorption
d'un organe ou d'une région du corps réputée
contenir ce pouvoir. Le pouvoir de l'oreille de hyène est-il
vectoriel, symbolique ? Pourtant cette oreille est bien mangée,
sinon par les voies hautes en tout cas l'est-elle par les voies
basses ?
Dans le cas présent, le cannibalisme
est juste déplacé même si nous sommes en présence
d'un incertae
sedis (de siège incertain) redoutable
puisque Anubis, homme/chacal, maître des nécropoles,
prépare les morts à l'embaumement
et se voit ici remplacé par quoi ? Une femme à laquelle
est adjoint une concoction d'oreille, une hyène essentialisée
qui s'occuperait de quoi ? D'une vulve/nécropole qu'un corps
étranger menacé de septicémie ? Cette femme,
ne devient-elle pas de fait une Anubis par adjonction ?
Anubis
participe avec Isis et Nephtys
à la reconstitution du corps
dispersé d'Osiris, peut-on envisager que cette hyène
fractionnelle ait cette même fonction d'éloignement
de la mort, de reconstitution, de réparation d'un
corps qui se disperse dans la maladie et que l'xéno-baume, au sens grec de
xénos
qui signifie (« étranger,
hôte ») rétablirait dans ses fonctions ?
A
la fin du chapitre Sur
la hyène, j'abordais rapidement ce mimétisme
qui donnait à diverses formes langagières, architecturales,
médicamenteuses, des principes vitaux empruntés au
vivant, à la motilité ,
à la force, aux superstitions et là, nous avons de
nouveau, toute une infra strate
qui s'aménage comme un cannibalisme
par percolation
dans l'ensemble de la sphère
sociale lui donnant une morphologie digestive dont on utilise les
symboles pour s'en emparer à moindre frais. Donc, ce dont
on se gausse au premier abord lorsqu'on les aperçoit dans
leur gangue originelle (macération d'une oreille de hyène)
redevient valides dès lors qu'ils se réactualisent,
s'imposent par la répétition du schème
sans même avoir besoin de
beaucoup changer de lexique (la force de la bête, le sang
réal du lion, la rapidité du guépard, le vénéneux,
le rapide, le mortel, même notre astrologie y puise et bien
d'autres encore). Sur les douze signes
du zodiaque
, huit constituent
un bestiaire : Bélier
,
Taureau
, Cancer
(crabe), Lion
,
Scorpion
, Sagittaire
(Centaure
),
Capricorne
, Poissons
, alors pourquoi l'Égypte ne s'en servirait pas ? Nous aussi
nous nous nourrissons de nos symboles dont nous mangeons la force
en les dotant d'une magie ontologique
qu'on utilise pour s'augmenter à
divers degrés. Ainsi, la première expression de réalité
augmentée
de l'histoire fut-elle probablement, le
symbole.
(Voir si tu veux apporter un regard ou une précision médicale ou historique pour enrichir mon propos)
J'ai tenté de mettre en avant les similitudes morphologico-panchroniques qu'il y a entre l'oreille
des cyénidés/canidés et le sexe féminin mais il y a une
autre corrélation forte, une force casuelle que j'aimerais
souligner avec le couple infernal odeur
/olfaction
(l'organe) à
la fois si nécessaire et propre à la hyène
(celles qui la relie à son groupe social et de son environnement),
mais aussi celles nécessaires et propres au sexe, l'odeur
naturelle de la putréfaction de l'essorillage calquée
sur celle naturelle de la vulve au regard de l'indisposition en
présence.
Section
II XX, 18a Tu placeras une «
oreille de hyœnidæ (2)»
sur de la graisse.
XX, 18b après (apparition de) la putridité...
Ici l'odeur de la dissolution des chairs est donc bien mentionnée,
recherchée, pas de putridité sans odeurs méphitique
.
Je ne veux pas faire d'anachronisme étymologique oiseux mais juste rappeler que smegma signifie « détergent »
en latin et smekhein,
« laver, essuyer, nettoyer ») en grec, c'est-à-dire que cette
texture savonnaire
, caséeuse
serait naturellement
nettoyante, alors comment ne pourrait-on pas envisager que l'odeur,
celle se propageant par la macération, ne puisse pas aussi
se formuler pour
combattre celle d'une tumeur ou d'un lixiviat
physiologique ? La
pourriture de l'une soignant la pourriture de l'autre. Ne traite-t-on
pas les effets d'un venin par l'adjonction d'un autre ? La dose
faisant le poison la voici qui à l'inverse peut faire le
médicament. L'odeur, messager privilégié du
poison dans le règne animal, que l'homme propage par de la
graisse imprégnée de celle d'une oreille qui y a fermenté
et dont l'essence va doucement pénétrer par l'intermédiaire
d'un massage.
Jusqu'au XIXe siècle en France, la crasse, le suint,
l'odeur même du corps jusqu'à l'excrément qui s'entassait devant nos portes étaient considérés
comme préservatifs, protecteurs. Des médicaments qui
contenaient de l'urine et des selles furent formulés, vendus,
consommés comme le rappelle encore cette étrange devanture
aussi massive et brune que la matière qu'elle se propose
d'acheter et de vendre au n° 70 de la rue de la Mairie,
à Montreuill-Bellay (CP 49260) d'une apothicairerie
montrant un homme déféquant. Il en résultait
que certains onguents, pommades étaient alors fait à base de Dia merdis ou (merde
du jour), toujours plus présentable lorsqu'on le dit en latin.
Les contraires s'attirent, la mort qui tue peut être combattue
par des messages de mort qui alors potentiellement soigneraient.
L'odeur ne se constitue comme désagréable, dangereuse,
que pour l'espèce qui ne doit pas la consommer lorsqu'une
autre s'en chargera ce qui implique bien que ce qui est mortel pour
l'une est délicieusement comestible pour l'autre.
Dans la 2e section, capture XXI,
2a, le parfum est bien convié
puisque l'on parle de myrrhe
déposée sur de l'encens que l'on imagine pas réduits à une fumigation déduites de
toute fragrance et XXI, 3a tu feras en sorte que la fumée émise pénètre XXI,
3b dans son vagin. La fumée
n'est alors plus que des végétaux consumés,
modifiés et chargés de nouvelles fonctions, de forces,
d'odeurs qui opèrent une dialectique entre bonne et mauvaise
odeur. A l'époque hippocratique, l'odeur était
déjà un des élément du diagnostique,
celles des haleines, de l'urines,
des transpirations
étaient et furent de tout temps amplement commentées.
(Voir si tu peux apporter un regard ou une précision plus médicale pour mesurer mon propos)
Il
s'agit d'une rétention de sang dans l'utérus souvent
causée par une obstruction des voies utérines dues
soient à une augmentation de volume des parois vaginales
(tension arthérielle), soient un hymen clot. La maladie n'est pas mortelle
mais elle peut tout de même amener de sévères
complications comme des infections et des péritonites
qui là, sont
fatales.
Ce qui est troublant c'est que ce sang des menstrues
empêché dans ses écoulements puisse devenir
source de vie, de fécondation et en même temps source
de mort, (le sang de la vie devient ici celui de la mort) et que
c'est précisément à un organe mort que l'on
demande d'en rétablir le cours en vidant l'organe congestionné
comme une livor mortis . "Le sang quittant la vie, le sang quittant la
mort (la pathologie)", une vie sacrifiée (la hyène)
pour en sauver une autre (la femme).
D'un
point de vue plus médical et pour savoir si le massage
pouvait être de nature à soigner l'hématométrie, nous pensons
qu'en effet, si elle avait pour origine une occlusion hyménéal complète ou microperforée
provoquant une accumulation sanguine, le massage permettait
une perforation par les doigts particulièrement indiquée
à une époque où l'on ne disposait pas des outils
actuels. Si l'hématométrie
provenait d'une hypertension, alors le massage pouvait
tout à fait être indiqué pour relaxer la zone
et produire une détente de nature à relâcher
les fluides corporels.
(Voir si tu peux apporter un regard ou une précision plus médicale pour mesurer mon propos)
Sur l'onguent (en tant que support, dissocié du massage)
Ici il ne s'agit pas d'une passable histoire d'immersion
d'oreille dans une suif quelconque ou de
se contenter d'imaginer l'épanchement sanguin qui aurait
pu plus ou moins volontairement être ajouté mais bien
d'un procédé réfléchi visant à
lui communiquer un contexte immersif
fait de principes actifs organiques, magiques pour qu'ils communiquent
selon les pouvoirs de chacun avec l'organe destinataire. L'oreille
segmentée se désagrège dans une dilaceratio
corporis
thérapeutique,
la pourriture de l'organe recherchée, étudiée
est ici ralentie, modifiée, transmutée par un corps gras cynophile
et cynoactif rendu
magique par les dieux. Anubis avait, dans ses attributions de dieu,
l'embaumement, celui qui en particulier empêchait la putréfaction
des corps, la hyène, elle, devenait une sorte de plénipotentiaire
du soin (solidaire par le sexe hyène/femmes)
destinée à avoir les mêmes effets momentanés
que l'Anubis de référence,
construit pour l'occasion pour la préservation du corps et
l'éradication du mal.
(Voir si tu veux apporter un regard ou une précision pour mesurer mon propos)
Que dit le texte égyptien : SECTION II : 2e corps hiéroglyphique déconstruit et traduit
Préparation de l'onguent :
XX,
18a Tu placeras une « oreille de hyœnidæ (2)
» sur de la graisse.
(L'oreille/graisse sont les médiateurs coaxiaux du message)
XX, 18b après (apparition de) la putridité...
(comme si l'anastomose entre la hyène et la femme se
faisait par la dissolution partielle de l'oreille dont le pourrissement
est l'artefact ex voto.)
L'onguent est central et plurifonctionnel, il provient du sebum/cerumen protecteur d'une
oreille oléifère qui se mélange alors à
un corps gras de
destination, qui sera à son tour généreusement
frotté sur un sexe et dans un sexe, disposant lui-même
de ses propres mécanismes de lubrification internes.
Si
la graisse est en capacité d'absorber les caractéristiques
de l'animal sauvage lorsqu'il est vivant, que peut-elle restituer
de plus lorsqu'il est mort et en décomposition ? Quels sont
les messages, de quoi s'amplifie-t-elle lorsqu'elle s'associe au
pouvoir de la mort qu'elle prend et qu'elle absorbe ? On peut aisément
conjecturer qu'elle dévore la pathologie en s'emparant de
l'instinct prédateur d'un animal lui-même hématophage
et propriétaire de l'oreille dont
on sollicite le pavillon et dont
on disséminera, massage après massage
dans la patiente, des éléments de forces captées.
Ce baume met-il cette femme en situation de hyénisation ? Quelle part de cet animal entre en elle ?
A
chaque application, à chaque passage d'onguent, la hyène
s'immisce un peu plus par et dans la matrice pour faire de cette
femme le réceptacle symbolique d'une cynocéphale auriformis.
L'onguent
par putridité mêle le terrain uligineux de la décomposition à
celui de la substance grasse et à la texture de la vulve,
là encore, le dialogue qui s'opère est intéressant,
il implique odeur/putréfaction & encens, la sanguinité
et enfin une correspondance morphologique et déique.
Si
vous me permettez cette digression La graisse, comme au chant
I écrit aux alentour de 446-474 dans l'Iliade
d'Homère
montre par association, l'importance du
message qu'elle transporte :
"Après qu'ils
eurent prié, ils répandirent les grains d'orge émondés,
Tirèrent la tête des victimes en arrière, les
égorgèrent, les écorchèrent.
Ils
détachèrent les cuisses, les recouvrirent d'une couche
de graisse
Des deux côtés et y placèrent
des morceaux de chair crue."
Utilisation de l'onguent :
XX, 18c + XXI, 1a tu l'en frotteras, (tu répandras sur et dans son sexe cette préparation, ce xéno-baume).
(Voir si tu veux apporter un regard ou une précision pour mesurer mon propos)
Utilisation de la fumigation :
Nonobstant, et cela ne pouvait pas nous échapper,
dans cet exemple précis, le médiateur n'est pas toujours
que lipidique & circum-auriculaire mais peut se faire fumigène,
constituant ce que j'appellerai une capnothérapie,
néologisme qui vient de la racine kapnós
qui en grec ancien signifie (« fumée,
vapeur »). En fait, nous
savons que les égyptiens, les grecs
,
les mésopotamiens
pratiquaient, parmi bien d'autres
arts divinatoires celui de la capnomancie
qui consistait à interpréter
l'ascension des fumées d'une incandescence, leurs couleurs,
leurs densités etc, mais là, nous avons une
variante qui semble donner à la fumée un pouvoir comme
souvent surnaturel, thérapeutique. Cette capnothérapie
fait intervenir la myrrhe et l'encens dans son service et/ou, prescription végétale
qui agit ici comme le ferait une moxibustion
mais à distance. La moxibustion
c'est ce procédé qui consiste à stimuler par
la chaleur des points d'acupuncture
(Chine)
alors que, dans le cas présent,
la chaleur semble se propager au vagin de façon ascendante,
on l'oriente vers lui.
Comme
il y eu l'art de la libanomancie , du grec ancien, líbanos
(« encens »)
et de la lécanomancie
avec l'emploi des parfums suffisamment
fréquents pour être dûment interrogés,
il n'y a aucune raison pour qu'ils n'aient pas été
utilisés pour soigner en se formant autour d'une libanothérapie,
passant ainsi de façon tout à fait naturelle de la
divination aux soins. L'encens eut un rôle majeur en Égypte
comme en Mésopotamie
au point qu'il aurait été
jusqu'à former le nom d'un État
voisin, líbanos, Liban
, géographiquement proche du pays
des Pharaons et de notre registre médical, c'est dire
l'importance de ce procédé.
XXI, 1e Tu déposeras (ensuite)
XXI, 2a de la myrrhe sur de l'encens
XXI, 1e entre
ses deux cuisses, (nous avons là
la localisation de l'endroit où l'encens doit être mis
pour fair effet)
Fig 13 {sec.xxie} découpe de la Fig 7
Puis :
XXI, 3a (et) tu feras en sorte que la fumée émise pénètre XXI, 3b dans son vagin.
Fig 14, {sec. xxi 3a} découpe de la Fig 7
L'intention était-elle d'amplifier
la charge calorifique sur l'organe pour le détendre un peu,
favoriser la pénétration de la graisse et l'écoulement du sang ? Est-ce
une forme primitive, parcellaire de moxibustion égyptienne
? Est-ce que ce sont les propriétés
toxicologiques de la fumée qui étaient recherchées
ou bien ses facultés siccatives qui pouvaient potentiellement participer
à l'assèchement du sang ?
Ici il s'agit bien sur de fumée mais, jusqu'à quand la fumée reste de la fumée ? Il faudrait savoir ce que myrrhe et encens produisent comme suie, sèche ou grasse ? A moins que ce ne soit l'aspect fuligineux qui ait été recherché, qu'il y ait une symbolique quelconque entre suie et noirceur, monde de la nuit et divinité ! La fumée serait-elle un médicament, un relaxant, un médium, un langage, une communication ?
En Europe, la fumigation fut aussi utilisée comme aseptisant
à l'instar du feu purificateur pour combattre les épidémies
pestiques qui
décimaient les peuples. Hippocrate
aussi d'ailleurs propose une fumigation vaginale même si il
est évident qu'une partie de l'héritage des médecines grecques de Cnide et de Cos
vient tout droit d’Égypte. Nous lisons effectivement dans
le tome 8 section 11 chapitre Traitement
du cas où le sperme n'est pas retenu parce que le corps entier
est en cause
, livre 1er p. 47 des Oeuvres
complètes d'Hippocrate par Émile
Littré Ed. Baillière 1839-1861
en 10 volumes TDM * * *
* *
«
...la femme ira auprès de son mari au début, ou,
mieux, quand elles finissent, et plutôt coulant encore que
complètement disparues. Au moment d'aller auprès de
son mari, elle fera quelqu'une des fumigations
aromatiques et astringentes ; la fumigation
se fera par le couvercle et le roseau, le médicament ayant
été jeté sur de la cendre
chaude ; quand le médicament est jeté, elle dispose
le couvercle et le roseau, et, s'asseyant, reçoit la fumigation.
Quand il faut faire la fumigation, elle se
servira de la sonde de plomb, afin que la fumigation
trouve ouvert l'orifice utérin. »
Ou
encore Jean/Loyrette, Éd. L'harmattan 2010 TDM «
Au pméd. Berlin 69. 6, 9-10 et 70. 6, 10-11, la fiente
d’hirondelle figure dans deux préparations de fumigations,
prescrites à l’occasion d’un problème dermatologique
pour le premier, ORL pour le second, tous deux d’étiologies
démoniaques. »
De la même manière, ne prête-t-on pas
au papier d'Arménie des vertus d'asepsie
plus ou moins vérifiées, de purification de l'air
? Les pulverisateurs de
Lucas
Championnière (fils)
sont une brumisation
de formules antiseptiques dans
l'air et ce brouillard n'est autre qu'une fumée
d'eau. La fumée de
par son caractère insaisissables et ondoyant conserve un
caractère mystérieux, angoissant, magique dont les
prémisses ont probablement commencé avec l'avènement
du feu, et c'est ce couple infernal qui fut utilisé lors
des grandes épidémies.
Nous le lisons aussi dans À
propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques
égyptiens conservés au musée du Louvre, par R.-A.
Jean, Éd. Cybele, Paris, 2012 TDM dans
Introduction de Anne-Marie
Loyrette "Pour
les médicaments, nous connaissons déjà un certain
nombre de ressources puisées dans les mondes animal, végétal
et minéral. Divers produits ont été identifiés
après analyses physico-chimiques d’échantillons retrouvés
dans des tombes. La paléobotanique apporte également
des réponses. Ces remèdes servent parfois à
combattre l’infection locale, à réduire l’inflammation
et à favoriser la cicatrisation. Il faudra aussi essayer
de déduire quelles pouvaient être les drogues aptes
à participer à une certaine forme de sédation,
voir à une insensibilisation."
Tant que nous sommes sur
la fumigation vulvaire et donc dans une forme symbolique de massage, je
voudrais faire un focus sur le papyrus de Ebers*
(1837-1898 ) d'abord acheté en 1862 par
Edwin SMITH (1822-1906
)
puis revendu à Georg Moritz Ebers, et qui reste encore aujourd'hui
l'un des plus anciens traité de thérapeutique égyptienne
qui nous soit parvenu puisqu'il daterait du règne d'Amenhotep
III
XIVe
ou XVe siècle
avant notre ère (date variable selon les égyptologues).
Dans
le PDF • Richard-Alain JEAN, « Clinique obstétricale
égyptienne - I X. La surveillance (1) : Les déviations utérines.
Les prolapsus génitaux. Les occlusions intestinales
», dans Histoire de la médecine en Égypte ancienne, Angers,
1er décembre 2017 page 7 chapitre
2. Les prolapsus
génitaux - section 2.1.1. pEbers
795.94, 7-8, nous avons une cette
mention :
7c Un ibis 8a de cire. À placer sur des braises. Pratiquer une fumigation vaginale. (b)
(b)
Rd (=w) 'q hty r k3.t =s « Pratiquer une fumigation vaginale », lit. « faire que la fumée (hty) pénètre dans son vagin (jwf/k3.t) ».
Pourtant
la chair d'animaux terrestres n'était pas la seule à
faire l'objet de fumigation, l'ichtyothérapie
(thérapie par le poisson) était aussi beaucoup pratiquée
comme le relate Jean/Loyrette, Éd. L'harmattan 2010 TDM Chapitre
VII - 7.2.1. p. 121 « La nageoire supérieure du synodonte
est utilisée en fumigation
pour chasser un mort d'une oreille est donné localement contre
la migraine (pEbers
250, 47, 14-15). » et page
121 « ...la cendre
de tête de perche avec du sel, de la sarriette et de l'huile
guérit la matrice, en fumigation elle expulse l'arrière-faix
». Ceci pour illustrer l'importance
de la méthode dans la médecine de cette époque.
* voir l'ensemble des masso-entrées présentes dans le pEbers.
(Voir si tu veux apporter une précision ou mesurer mon propos)
SUR LE MASSAGE
: (en tant que pratique
dissociée du support)
XX, 18c + XXI, 1a tu l'en frotteras, :
correspond à
sjn
« frotter » [Groupe Gardiner
(?)M17-K1:N35-Aa2:D36]
Si l'onguent est central par ses différents stades
de préparation, d'application et par ses effets supposés,
il ne passe jamais que par le toucher et par un toucher essentiellement massant,
actif. Nous avons dans ce texte deux masso-entrées majeures,
la première est horrifique par l'essorillage de la
hyène et l'autre plus poétique avec la fumigation
de la vulve ayant pour entregent
la myrrhe et l'encens
que je me autorisé à envisager comme un massage
fumigé
.
Peut-on
envisager un massage
in verbis et
in factis superposant
incantations et de passes spécifiques ? Dans préface
p. 12 de Sydney-Hervé Aufrère,
La
mère, l'enfant et le lait en Égypte ancienne,
par R-A Jean et
Anne-Marie Loyrette, Ed. L'Harmattan 2010 TDM nous avons cette pratique de la prière énoncée
avant l'intervention pour mettre les dieux dans les meilleures dispositions
possibles et surtout d'obtenir des protections idoines fasse aux
forces maléfiques de Seth
, le dislocateur démonique (représentation ci-contre). Et là nous avons cette étrange articulation
in verbis où
des historiettes narrant des équivalences divines mises en
situation qui viennent interagir en puisant dans folklore égyptien
pour superposer historiolae
et pathologie. (Me dire
si j'ai bien compris ce passage en bas de ta p. 12)
Le
massage est la primo
constituante
d'un soin que la mystique abandonne à une collection de passes
techniques, que la pression
nourrie et de matières et d'intentions, que les doigts apaisent,
que l'oreille offerte aide peut-être à entendre ou
à faire entendre davantage, que le sacerdote
propose, appliquent peut-être et que le ou les Dieux résolvent.
Dans ce passage plurivoque
,
le massage se voit convoqué, il se déroule
selon une méthodologie bien établie. Il faut « frotter » entre les cuisses de la patiente. Il
faut amener le message, l'envoyer vers, y verser le sang d'une hyène
pour libérer celui de la femme et cela, seul le massage le permet.
Oreille, graisse
et main ; massage, messager et véhicule
; prêtre-rédacteur d'ordonnances et dieux ou forces-destinataires.
Ici, le mouvement vulvaire, l'onction des lèvres, la friction
comme un réveil de quelque chose qui ne fonctionne plus abouti
à une inter différenciation dicible ,
d'exprimable comme l'onguent est appeler à s'imprimer
et à s'exprimer à travers le derme intime.
Puis il s'agit ensuite d'établir, au-delà des mots,
tout un lexique de formes, d'approches dans l'espoir de déjouer
les mécanismes du secret, les maux et les dieux restent invisibles
mais l'homme n'en est pas moins le principal interlocuteur des forces
supérieures.
Ici,
nous avons donc très nettement une trace de massage
dans l'Égypte ancienne
et d'un massage cyno-thérapeutique
passant par une graisse cynophile .
Je me demande si l'importance que la graisse avait dans le déroulé sacrificiel dans la culture grecque puis romaine avait la même force en Égypte ?
Le massage
n'est pas que digité mais peut aussi être dans le cas présent
devenir fumigé. La graisse, premier médiateur ou pourrait-on
dire aussi premier messager était entrée avec l'aide
des doigts de l'intervenant mais là, la fumée entre
par sa force ascensionnelle. Les volutes deviennent des doigts
fusiformes qui pénètrent leur message
par libano-massage.
XXI, 1e Tu déposeras (ensuite)
XXI, 2a de la myrrhe sur de l'encens
XXI, 1e entre
ses deux cuisses, (nous avons là
la localisation de l'endroit où l'encens doit être mis
pour fair effet)
Fig 13 {sec.xxie} découpe de la Fig 7
Puis :
XXI, 3a (et) tu feras en sorte que la fumée émise pénètre XXI, 3b dans son vagin.
Fig 14, {sec. xxi 3a} découpe de la Fig 7
Dans la 2e section, XXI, 1e on « dépose XXI, 2a, de la myrrhe
sur de l'encens » comme deux paraboles qui se feraient face ! «
XXI, 3a (et) tu feras en sorte que la
fumée émise pénètre
XXI, 3b
dans son vagin.
» On se croirait dans l'Iliade évidemment
bien postérieure mais là aussi les fumées montent
au ciel comme un messager. Les dieux ne consomment pas les nourritures
terrestres mais bien leur immolation. Mais regardons bien cette
immolation thérapeutique, n'est-elle pas distribuée
par des mains d'hommes,
de prêtres, d'intermédiaires que la combustion rend opérante
? Nous avons là l'image quasi figurative de volutes de fumées
pareilles à des doigts massants que l'on envoie vers la vulve, dans la vulve. Il s'agit
de faire faire aux dieux ce que l'homme propose, le sexe en offrande,
la main comme médiatrice. Cette fumigation thérapeutique
peut ainsi être légitiment observée comme un
massage à
part entière fait pas des doigts de brumes, des smog d'intention.
Une aparté masso-thanato-morbide
|
La
place du massage
dans le bassin nilotique d'alors propose ainsi toute une
combinatoire de sens qui impliquerait une analyse
ex post « après les faits »
du fait massant
que nous pourrions déconstruire comme
suit :
C'est par cette conjonction qui aura vu l'alignement de l'égyptologie médicale de Richard-Alain Jean et la planète massage que je relais sans relâche depuis 2008 au sein du projet CFDRM de Paris qu'aura pu s'entre-ouvrir cette collaboration unique.
Le
massage s'est déployé en Égypte
de bien des façons mais il ne nous est pas possible à
ce jour de vous présenter un traité de massage
glamour sous forme de rouleau ou de bas-relief déroulant
tous les attendus d'une séance telle que nous la voyons aujourd'hui. De fait, il faut
que notre sensibilité quasi sismographique
au massage soit
suffisamment fine pour se déclencher là où
d'aucuns n'y auraient vu qu'un banal geste du quotidien.
Si certains restent facilement identifiables et rendent son exercice aisément identifiable, d'autres en revanche sont à considérer de manière large et symbolique comme nous le faisons au CFDRM de Paris lorsque l'on proclame que le toucher est un proto-massage. Le bain fut source de massages conscients ou non, l'onction par les baumes, les huiles et autres préparations, l'application médicale ou de préservation des morts lors de l'embaumement en composent les principes ordonanciers.
Je suis heureux d'avoir pu susciter cette récurrence de thème et ainsi pu identifier les entrées que nous venons de lister et qui donnent au massage en Égypte davantage de relief.
Ce travail reste bien entendu parcellaire mais c'est la première fois qu'une telle initiative est prise et ne procède non plus de la seule culture ou éclectisme d'un seul mais se trouve dûment vérifiée et discutés par Alain Cabello Mosnier pour le CFDRM et par l'égyptologue Richard-Alain Jean.
Nous l'avons vu, le massage était bien sûr connu et pratiqué en Égypte ancienne si l'on s'en tient au déductif, au figuratif, au scriptural et aux descriptions cliniques recensées ici mais aussi sur L'intrigante histoire du papyrus du web... et dans Les superviseurs des manucures du palais 11 juillet 2013.
Je
ne sais pas combien d'autres propriétés
assignables pareilles à des masso-outils ont pu m'échapper
mais celles que j'ai pu circonscrire me paraissent de nature à
donner de fortes orientations malgré la ruption de mes propositions
thanatiques qui me fascinent par leurs mécanismes et leurs
mystérieuses involutions. La mort et le massage côte
à côte dans une même cavalcade endiablée,
affreuse, glaçante mais impérieusement nécessaire.
Les disciples de Freud ne croyaient pas dans cette pulsion de mort
qu'ils mettaient sur le compte de la dépression sans doute
par facilité, par réflexe intellectuel, ce qui disrupte
dérange, démet une organisation cohérente.
Le doute est cette part de l'homme qui contient
toujours assez d'espoir pour que celui qui n'en a plus puisse en
faire germer un nouveau. Certes, je ne me compare pas à
l'homme, je compare l'idée associée à un secteur,
celui de la psychanalyse reporté comme un pantographe
au massage, à
cette terre de désolation qu'il peut aussi, parfois, devenir.
Alors peut-être qu'à mon tour trouverais-je ma lignée
de sceptiques, qu'importe, tant que l'argument ne s'avise pas à
me dire adepte gothique ou pire, de maître de quelque Ordre
occulte aux nuits de plastiques. L'Égypte
comme le massage ont suffisamment de parts d'ombres bien
réelles qui ne demandent qu'à être éclairer
sans avoir besoin de quelconques ersatz
. Jamais je n'ai eu besoin de la nuit
des autres.
Mes premiers remerciements vont tout d'abord au CFDRM, à cette fabuleuse machine à la fois rhizomique et incommensurablement imparfaite, sans moteur de recherche malheureusement mais qui constitue pour l'heure la seule initiative sérieuse dédiée aux massages du monde.
Reconnaissance à Richard-Alain Jean qui est la ligne rectrice de ce travail dès lors que la pierre accueil l'écriture, la référence ultime sans lequel tout cela ne serait qu'erreurs et suppositions. En effet, que serait cette collection sans quelqu'un d'engagé dans son domaine, écrivain, et dont les livres furent une aide précieuse.
Mention particulière à Nicolas Buire qui fut mon élagueur de prédilection, le premier défricheur dans cette jungle de Dieux, d'entités diverses, de pratiques dans lesquelles je me prenais aisément les pieds là où le masseur préfère utiliser ses mains.
Comme il m'est difficile de me remercier moi-même, (Alain Cabello Mosnier-Bourlioux), qui pourrait néanmoins me dissuader de dire merci à la joie que me procurent toutes ces recherches ? Trouver quelque chose et enfin contempler tout ce travail complice et personnel que procure le plaisir de ne plus ignorer.
– Crédit : tous les emprunts, textes et images issus du travail de Richard-Alain Jean le sont avec l'accord de l'auteur et seraient retirés à sa demande si cela lui semblait utile.
– pEbers.
– pSmith.
– Documentaire de Michael Douglas diffusé sur France 5 le 17 avril 2018
– À propos des instruments
médico-chirurgicaux métalliques égyptiens conservés
au musée du Louvre, par R.-A. JEAN, Éd.
Cybele, Paris, 2012 TDM
– La mère, l'enfant
et le lait en Égypte ancienne, par Richard-Alain
Jean et Anne-Marie Loyrette,
Éd. L'harmattan 2010 TDM
– Source 2 : Isabelle
Régen dans Un animal 'bien aimé' des anciens Égyptiens
: la hyène rayée page 50
_ Source 2 : Sydney-Hervé Aufrère, Thot Hermès l'Egyptien : De l'infiniment grand à l'infiniment petit, éditions L'Harmattan, Collection KUBABA, Série Antiquité XIII, Paris, 2007.
_ Source 3 : (Le massage en Egypte dossier collecteur)
Sources
CFDRM sur les traces de massages en Égypte
– Dictionnaire
des Noms propres http://www.cfdrm.fr/Noms_propres_Lettre_E.htm#Egypte
– Oeuvres complètes d'Hippocrate, par Littré Ed. Baillière
1839-1861 en 10 volumes TDM * * *
* *
– L'Empire romain de 192 à 325, par Christian
Bonnet, Bertrand Lançon, Ed. Ophrys
1998 TDM
– L'Avenir dure longtemps
- suivit de Les Faits
- Autobiographies, par Althusser Ed. Stock 2007 TDM
– Massages
thanato-morbides dans la carte-postale caricaturale, par A Cabello
3/08/2013
– Mission Rangoon pour FX 18, Paul Kenny Ed. Fleuve noir 1973 TDM
– Les
superviseurs des manucures du palais par
Alain
Cabello-Mosnier 2013
– L'intrigante
histoire du papyrus du web... par
Alain
Cabello-Mosnier 2013
Profil facebook de : Richard-Alain
JEAN https://www.facebook.com/medecine.egyptienne
Son blog : Histoire
de la médecine en Egypte ancienne
CFDRM de Paris : Observatoire des massages https://www.facebook.com/CFDRM
Sites
web :
CFDRM de Paris : http://www.cfdrm.fr/
Cabello Alain
http://www.cfdrm.fr/CV_Cabello_Alain.htm
Alain
Cabello Mosnier
mardi 10 juillet 2018
p.152 "En l'Egypte ancienne, aucune fonction n'est neutre et toute proposition médicale se colore d'une aura magicienne transformant le moindre acte médical savalteur en intervention divine et particulière rappelant l'histoire mythologique à laquelle elle se rattache directement."