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Page créée le : jeudi 11 juillet 2013, terminée
le : mercredi 24 juillet 2013, modifiée
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: dimanche 22 juill. 2018, 20:08
Mots clefs : Histoire du massage en Égypte
; le massage en Égypte
; prêtre-médecin ; massage ; masseur ; pédicure ; manucure ; réflexologie ;
CFDRM de Paris
; Richard-Alain
Jean ; Thierry Benderitter ; Alain
Cabello ; Khnoum ; Niousserre
; Hatchepsout
; Niankhkhnoum ; Khnoumhotep ; Ikhékhi ; Ankhmahor
; Grèce ; Égypte ; Estradère ; Alpinus ; Claude-Étienne
Savary ; Adama-terre ; Marcel Jousse
Dossier associé : L'intrigante
histoire du papyrus du web...
Article précédant : L'intrigante
histoire du papyrus du web... 5 juillet 2013
– Article suivant : Infirmiers
et masseurs à l'époque gréco-romaine par Laurent Galopin
et commenté
par A. Cabello.
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Avant toute chose, j'aimerais que nous n'oublions pas, en parcourant cette page, que nous ne nous n'allons pas évoluer dans un musée ou sur le site follement original d'une sépulture, nous nous déplaçons à l'intérieure d'une vraie tombe contenant de vrais gens, deux personnages de la petite histoire quotidienne de l'Égypte. Même si nous sommes sur le web, le respect doit être notre priorité. Il ne s'agit pas d'une curiosité mais d'un travail. Le mastaba de Niankhkhnoum et de Khnoumhotep Commençons
par aborder le mastaba
Thierry
Benderitter nous la dit située sous la chaussée
qui joint le temple de la vallée d'Ounas (dernier
roi de la Vème dynastie La façade aveugle occupe le nord du mastaba sur environ 14 m de long sur 4 m de haut. À son extrémité Est, se trouve un portique à piliers qui sert d'entrée. Les noms et titres des propriétaires de la tombe sont inscrits symétriquement sur l'architrave et sur les face extérieures des deux piliers, Niankhkhnoum à droite, Khnoumhotep à gauche. Sa
date exacte de construction ne nous est pas connue,
mais de fait, étant située sous la chaussée
d'Ounas, elle est forcément antérieure
au règne de ce pharaon, on l'estime avoir été
creusée sous le règne du roi Niousserre
Fig. 1 Même tombe mais aussi même métier pour ces deux personnages occupant un rôle officiel au sein de l'organisation royale. Le portail qui se détache au centre de la photo ci-dessus se constitue de deux piliers centraux que sécurisent aujourd'hui trois portes métalliques et d'un bandeau supérieur l'architrave sur lesquels sont gravés symétriquement les Noms et Titres des défunts en présence. Sur l'architrave est sculpté deux inscriptions horizontales, partant toutes deux du milieu et se lisant de droite à gauche ou vis et versa. L'inscription à main droite de l'architrave se lit ainsi : "Le superviseur des manucures du palais, l'administrateur du roi, Niankhkhnoum". La
vignette de droite nous permet de distinguer les détails
de la colonne de droite du portail et il reprend les
mêmes éléments : "Le
confident du roi de son métier manucure, superviseur des manucures du palais
royal, l'administrateur du roi, Niankhkhnoum".
Il s'agit de deux personnages dont la nature du lien reste incertaine, amants, amis, frères utérins ou adoptifs, rien ne nous permet de le savoir avec certitude mais ce qui intéresse le CFDRM de Paris c'est leur place réelle sur l'échiquier du massage car c'est elle que nous traquons. Justement on parle de la "Tombe des coiffeurs", probablement au regard de la diversité des coiffures qu'arborent les personnages présent dans cette sépulture ainsi que leurs épouses sachant que l'on connaît la proximité qu'on entretenu l'art de la coiffure avec celui du massage.
Khnoum, un guide pour deux frères, deux frères pour une tombe La
tombe de Niankhkhnoum
et de Khnoumhotep
est particulièrement vaste et assez inhabituelle
puisqu'elle dispose d'une partie maçonnée
et d'une autre creusée dans la roche mais ce
n'est pas tout. Ce qui est très beau dans cette
histoire c'est que ces deux hommes, peut-être
frères, peut-être jumeaux, peut-être
même amants au vue de la nature des représentations
(l'un n'empêchant pas l'autre dans l'Égypte
ancienne), sont en tout cas enterrés ensemble
mais là, où nous nous rapprochons de l'incessante
procession de nos doigts de mains comme celles qui servirent
à Dieu
pour modeler
Adam par l''argile de l'Adama-terre.
Les deux patronymes (Niankhkhnoum et de
Khnoumhotep) contiennent une évocation
à Khnoum
A
ce sujet, j'avais déjà produit un petit
texte intitulé Dieu, le premier des masseurs
le 18/12/2007 à la suite de l'époustouflante
expérience que j'avais fait en lisant un ouvrage
de L'anthropologie
du geste, - La manducation
de la parole, par Marcel
Jousse, chez Gallimard 1975, Donc là, la probabilité pour que ces deux personnages se soient adonnés au massage est d'autant plus forte que leur nom est celui d'un dieu-masseur.
Une masso-homosexualité possible Un de mes contacts, grand amateur d'égyptologie, me dit qu'ils ne sont pas forcément des frères utérins mais que l'on peut envisager une fraternité plus symbolique, voir charnelle et dont la fusion les auraient uni jusque dans la mort. Il ne semble pas avéré que leur nom soit celui de leur famille et cela permet l'hypothèse que l'amitié, la spiritualité les ait mené à arborer un nom en association avec leurs valeurs comme avec leurs sentiments réciproques. Khnoum est aussi lexicalement proche de "khenem" qui peut aussi signifier "unir" "réunir" "aimer". Ici, je voudrais spécifier plusieurs choses, la première au sujet de ce que l'on présente comme une homosexualité "supposée", je réponds qu'elle n'est jamais "supposée" que par les gens qui sont encore certains d'appartenir à une seule... Je crois personnellement que l'homo sapiens sapiens à plus besoin de nommer les cadres qui la définissent dans son groupe d'appartenance que sa sexualité ne l'éprouve lorsqu'on la voit faire si peu de cas de l'actualité des moeurs de l'espèce qui l'abrite. La sexualité n'est pas une norme NF d'étanchéité et encore moins le mariage que l'on nous oppose pour ces deux personnages. L'autre jour j'écrivais que si notre peau était aussi étanche que nos orientations sexuelles étaient certaines, nous aurions tous de l'eau dans les poumons et du shampooing derrière les yeux. Non, ce qui m'intéresse ici ce-sont les vocables "unir" "réunir" "aimer". Ces mots sont ceux du massage. Unir le corps, réunir ce que nous laissons se disperser de nous dans la ville et enfin aimer toucher un des points de fusion du sens qui va au-delà d'une communication tégumentaire. Se comprendre autour d'un sujet, par-delà la sexualité, la nudité d'un corps, la relative fraîcheur de l'instant, c'est comprendre. Parmi
les formes d'homosexualité, il y en a une que
je n'ai lu nulle part les concernant et dont la pratique
n'était pourtant pas rare en tout cas au sein
des familles royales pour conserver la qualité
du sang, l'inceste. Il est ainsi envisageable que les
deux frères l'aient été par le
sang ou par l'adoption et qu'une amitié sexuelle
se soit faite jour. On sait par exemple qu'Hatchepsout
Illustration du photographe ©1999 Greg Reeder Khnoum
Dans
l'histoire moderne des publications sur la coiffure,
nombre d'entre-elles stipulent l'utilisation du massage parmi les
soins du cuir chevelu. Rien ne nous dit que les anciens
égyptiens le pratiquaient corrélativement
à cet art, mais ce qualificatif n'en est pas
moins associé, sinon une corporation, en tout
cas à des hommes répondant au titre honorifique
de "Superviseur des manucures du palais royal". On peu d'ailleurs
en déduire que s'ils ont souhaiter l'afficher
en façade de tombeau, c'est que le statut social
correspondant devait être des plus prestigieux
ne serait-ce que pour construire pareil monument. Il
est déjà particulièrement saisissant
de voir à une si lointaine époque mentionner
le terme de manucure, pourtant, il semble contenir dans
ses attributions celle de la coiffure et il serait fort
étrange que le massage ait échappé à
leurs casquettes de gardien des corps royaux. Parmi
les rapprochements possible, le savonnage de la tête
déduit de sa nécessité hygiénique
constitue bien un massage ; le plaisir du peignage ne
lui est pas non plus complètement étranger.
Le massage fut pratiqué en Égypte,
ce n'est pas la pratique que l'on remette en doute dans
cette région mais son utilisation à cette
période car son emploi est avéré
dans des textes anciens comme nous le rappelle
Estradère.
En mai 2010 je vous avez recopié
le texte intégral de sa thèse Du massage de
1863 TDM
Superviseur des manucures du palais royal Mais que regroupe cette activité de "Superviseur des manucures du palais royal" ? Ce n'était pas qu'un titre, celui-ci correspondait aussi à une fonction. Ils étaient nécessairement attachés à la maison royale, ainsi, ont-ils eu sous leurs ordres tout l'aréopage que constitue le personnel préposé à la toilette quotidienne, aux bains, aux soins des cheveux, à l'habillement réservé au pharaon et de ses proches, si tant est d'ailleurs qu'ils aient exercé ensemble. En effet, en l'absence de date d'inhumation il est aussi permis d'envisager que l'un soit mort avant l'autre et que par reconnaissance, par tradition, ou plus probablement par déclenchement des mécanismes de la charge héréditaire, le frère ait pris la suite à la même fonction héritant du même titre. Si la direction bicéphale été avérée, frères ou pas, peut-être n'ont-ils pas exercés sur les mêmes sites ou en tout cas dans les mêmes appartements, que l'un ait été spécialement attaché exclusivement au Pharaon et le deuxième, le plus jeune, à sa famille élargie, ou encore qu'ils aient grimpés les échelons progressivement et se soit rencontré sur place en devenant amant. On peut se poser raisonnablement la question, le Pharaon partageait-il son personnel avec les membres de sa famille ? Et cette famille située au sommet de l'échiquier du pays, aurait-elle admis être traitée par un personnel sans direction ? L'organisation pouvait-elle être manager par un seul homme ? Quelle meilleure équipe pouvait-on avoir en en confiant la charge à deux frères et/ou deux amants ? L'homosexualité dans ce milieu, même s'ils étaient mariés pouvait représenter une forme de garantie de moeurs.
sociales,
religieuses. Ici nous quittons la VIe
dynastie
et descendons à la Ve
nous enfonçant toujours plus profond dans les
strates de l'histoire jusqu'à ce que nous atteignons
enfin le roi Niousserre
Dès que les portes métalliques de l'entrée nord sont franchies nous arrivons sur un vestibule dont le mur sud visible de l'extérieur à l'origine, présente Les tables d'offrandes et La formule d'offrande qui contient mention de manucures. La formule d'offrande (paragraphe emprunté avec autorisation
à http://www.osirisnet.net de Thierry Benderitter) Le
texte se lit ainsi : "Offrande que le
roi offre à Anubis, qui est dans ses bandelettes,
qui préside à la Nécropole, afin
qu'il accorde une tombe dans le cimetière de
l'ouest, à un âge avancé, aux deux
seigneurs honorés par le grand Dieu (Osiris).
Offrande invocatoire de pain, bière, viande et
gibier. À la fête de Thot, à la
fête Ouag, au commencement de l'année,
à la fête de Sokar, à la grande
fête, à la fête de la flamme, à
la fête de la préparation de la flamme,
à la fête de la procession de Min, à
la fête du mois Sadj, à la fête du
mois, la fête de mi-mois et à toutes les
fêtes, et à chaque jour de chaque saison
de l'année. Ainsi donc, sur ce bandeau avons-nous l'expression d'une fonction inscrite ici dans une optique sacerdotale dont un des attributs à pu être le massage.
La première chambre : manucures et pédicures publiques. Il s'agit d'une pièce extrêmement travaillée et colorée à laquelle on accède par une porte ouverte dans le mur nord pour y entrer et deux autres pour la quitter afin de s'enfoncer un peu plus dans la tombe. Elle mesure approximativement 1,8 m nord-sud et 3,6 m est-ouest, sa hauteur est d'un peu moins de 4 m. Lorsqu'on y entre on se retourne afin de faire face à la scène qui nous intéresse telle que ci-dessous. De fait, ce panneau, de part la présence du passage se divise en trois parties formant trois jeux de registres distincts. Le pan le plus étroit à gauche de notre face-à-face, un deuxième qui court comme un fronton et troisième qui retiendra toute notre attention sur le côté droit (est), approximativement deux fois plus large que le gauche. Ci-dessous, détail du bandeau de la 1ère chambre. Description
du registre de la 1ère chambre (à
notre droite quand on lui fait face) Donc, la partie droite commence à hauteur de porte et contient cinq sous-registres, probablement qualifiés comme tels par Thierry Benderitter en raison de leur moindre ampleur. Nous partons du haut vers le bas. Les quatre premiers ont ceci d'étonnant qu'ils contiennent des scènes particulièrement originales, qui se déroulent sur la place publique, ils ont sensiblement la même hauteur sachant que celui qui va nous occuper est celui du haut, juste sous le grand bandeau principal. Le cinquième, près du sol mesure le double des autres. Sur ce montage ci-dessous je vous propose la superposition de cette très émouvante scène quotidienne figée dans la tombe de deux manucures et son négatif que quelqu'un de scrupuleux à pris soin de rédiger nous permettant ainsi de nous y retrouver. Je vous ais lié les deux vues par des flèches afin que cela prenne sens. •
Ce bandeau présente une scène qui a du
être très familière aux défunts,
avec des manucures,
pédicures et barbiers
exerçant ici non pas dans une scène d'intérieure
mais en plein air, au marché. À droite, les deux couples de circonstance immortalise une manucure et une pédicure. fig. D, la représentation rare d'un homme assis de face, jambes croisées, regardant l'observateur, tandis que sa tête est tournée vers son manucure. Pendant ce temps, un scribe attend patiemment son tour. La fig. E implique une pédicure et vous remarquez juste au-dessus, la griffe et l'oeil de la profession. Arrêtons-nous un instant sur cette scène. Ce qui est amusant c'est que nous avons une sorte de portrait de personnage assis tenant un portait de personnage assis tenant un portait... Le manucure royal mentionnant son titre de manucure royal partout dans sa tombe jusqu'à la représenter via une scène de manucure populaire.
L'anti-chambre, (paragraphe
emprunté avec autorisation à http://www.osirisnet.net page 4 de Thierry Benderitter) «
C'est la première des pièces creusées
dans la roche que précède un vestibule
donnant lui-même sur une cours intérieure.
D'une hauteur de 2,05 m, et d'une largeur de 2,25 m,
elle a une longueur de 7,6 m. Par rapport aux autres
parties construites, le plafond paraît soudain
extrêmement bas. Dans un premier stade de construction, la pièce se terminait probablement à l'emplacement de ce qui a été ensuite la double entrée vers les chapelles d'offrande. Sur le mur Est - section Nord, est délimitée par Khnoumhotep (debout à gauche) et Niankhkhnoum (assis à droite) • Khnoumhotep, à gauche est accompagné par son aîné, Ptahshepses, qui tient la canne de son père ; à nouveau il apparaît nu (comme sur le vestibule d'entrée de cette pièce). Derrière, un serviteur tient un parasol a long pied au-dessus du défunt. • Niankhkhnoum est installé sur une litière portée par six serviteurs, avec au milieu d'eux un nain nommé Khednes. Le nain est nu et il porte un coffre à vêtements sur ses épaules. Deux hommes précèdent les porteurs, un barbier, puis un prêtre funéraire, avec un chien en laisse. Ce chien un sloughi (?), semble être le chien favori du défunt, il est appelé Hekenen. Derrière Niankhkhnoum trois hommes superposés, celui du milieu est nu et porte un sac sur ses épaules, ce qui indique un rang inférieur parmi les serviteurs. Les deux autres sont prêtres funéraires, celui du haut étant aussi manucure et l'autre aussi barbier. » Ici donc, mur Est - section Nord, nous avons un troisième intervenant également manucure. –
Mur Est- section Sud «
• Niankhkhnoum est à l'extrémité
Sud. Il est accompagné par "son
fils, le juge et scribe, Hem-ra" , qui a
sa petite taille habituelle et tient la canne de son
père ; bizarrement, il est nu.
La joute des bouviers, des barbiers et manucures Mur Ouest – section Nord Encore
une fois, pas de certitudes pour que les manucures du
palais royal de Niousserre
Sur cette scène, nous assistons à une sorte de joute peut-être poste-funèbre avec les amis de retour de l'enterrement mais ce qui la rend intéressante au vue de notre mission c'est qu'il est précisé qu'il s'agit de bouvier, de barbier et de manucure.
La fausse porte de Niankhkhnoum • Entre les deux jambages, une fausse entrée dessert le serdab. Le rouleau est inscrit de son nom, avec en dessous : "le superviseur de manucures du palais, confident du roi, Niankhkhnoum". La fausse porte de Khnoumhotep •
Le linteau au-dessus porte le même texte, cette
fois pour Khnoumhotep, débutant à l'extrémité
droite et se terminant au centre. • Entre les deux montants, une fausse entrée vers le serdab, pour que le défunt puisse revenir vers les vivants. Son nom est inscrit sur la petite ronde bosse, avec au-dessous : "le superviseur des manucures du palais, confident du roi, Khnoumhotep".
(paragraphe
emprunté avec autorisation à http://www.osirisnet.net page 4 de Thierry Benderitter) Voilà, j'ai tenté par ce papier de spécifier la place supposée du massage dans ce nouveau mastaba et il reste un extraordinaire travail à faire sur l'utilisation de l'huile, des onguents dans l'Égypte ancienne.
Remerciements : – Richard-Alain Jean
qui s'est vraiment très gentiment rendu disponible
et je renvoie vers son ouvrage À
propos des instruments médico-chirurgicaux métalliques
égyptiens conservés au musée du
Louvre, Ed. Cybele, Paris,
2012 TDM
– Le Mastaba de Niankhknoum et Khnoumhotep, par Thierry Benderitter et son site http://www.osirisnet.net – À propos des instruments médico
-chirurgicaux égyptiens, par Richard-Alain JEAN
Ed. Cybele, Paris, 2012 TDM Sources CFDRM sur les traces de massages en Égypte Profil facebook
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