SUITE CHRETIENNE
Ou, comment Adam fut-il le premier des massés ?
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : Mardi 18 décembre 2007
SUITE CHRETIENNE
Ou, comment Adam fut-il le premier des massés ?
Ainsi l'on peut dire avec certitude que le premier
des masseurs était un homme et pour parer à
toute levée de boucliers des féministes
comme des masculinistes,
il s'agit de beaucoup plus qu'un homme, puisque je parle
de Dieu.
Dieu comme le premier des masseurs.
Évidemment
c'est un postulat,
pour l'athée que je suis, qui ne résout
en fait rien puisque la précision que je me fait
fort de présenter, s'amuse déjà
de ce paradoxe qui me fait m'excuser de cette
affirmation sexiste faisant de l'homme un Être
supérieure à la femme, pour poursuivre dans
cette hiérarchisation et présenter Dieu
comme un non Être supérieur aux deux précédents...
Ce que j'en donne est bien-sur l'image religieuse traditionnelle
que l'on a, même si pour ma part, cette entité
paternelle forcément irréprochable, que
dis-je, parfaite, qui déciderait de mon devenir
au vue de mes actes terrestres me fait m'interroger
sur la place de mon libre-arbitre et me fait dire "quel
culot". Il n'en reste pas moins que le but
de ces travaux est plus sérieusement et à
mon niveau, de construire une sorte de lecture parallèle
de la genèse.
Il est voué à l'échec de vouloir
absolument se dissocier de sa culture, ou d'une partie
de celle-ci, effaçant d'un revers de main des
siècles d'histoire sous le seul prétexte
d'incompatibilités structurelles entre sensibilités
et convictions. C'est un non-sens. Ce qui fut écrit
avant moi est écrit à jamais, humanité
existante ou plus... Quel que soit notre devenir cette
chosification est là, laissant à mon esprit
le choix de l'expliquer, et pour cela prendre le plus
possible mes distances pour se faire. Alors bien-sur
je suis en permanence dans cette culture judéo-chrétienne
qui me nourri, m'hydrate, me renforce, me constitue
aussi. Je dis aussi, tant que je suis partie prenante
dans ce monde globalisant, moderne, aux économies
inter-dépendantes, monde fait de sciences, de
nouvelles technologies, d'hommes,
de femmes
et de cette quête de l'avenir pétrie de
dualité. La dualité, nous y voilà
donc, ce besoin de créer un autre à son
image qui soit son alter-ego par déconstruction,
son mimème intussusceptionné par
insufflation.
Si Dieu est le père, la terre en est sans conteste
la mère de laquelle l'Elohim Tout-Puissant modela
à son sixième jour, Adam-anthropos.
L'homme Adam qui s'arracha de lui-même son véritable
alter-ego, Eve, la femme. Marcel
Jousse écrit dans son livre L'anthropologie
du geste - La manducation
de la parole, chez Gallimard 1975, page 123 ce magnifique
:
"Cette
loi de l'intussusception
par gestes
analogiques est stupéfiante de simplicité
naturelle et de profondeur insoupçonnée.
On ne se lasse pas d'observer les irradiations gestuelles
qui se mettent en mouvement dès qu'un mimodrame
est bien ordonné. Ainsi dans ce mimodrame de
la création de l'Adam-terreux hors de l'adâmâh-terre
par le Tout-Puissant, d'après son mimème
et selon son analogème,
on voit d'abord le modelage
global de la poussière, ensuite le soufflage
nasal et enfin la respiration gutturale de la nâfshâ-gorge.
C'est tout... et c'est c'est tout! Ce n'est pas long
et cela fait toute l'anthropologie mimismologique
palestinienne. En plus, cela donne un module prototype
pour "ordonner" les autres mimodrames d'après
ce mimème et selon cet analogème."
"Cette loi de l'intussusception par gestes
analogiques" Jousse parle de ce qui descend
de Dieu
pour le façonner. Il prends le terme intussusception
à la biologie animale et végétale
qui exprime les processus liés à l'alimentation
permettant ainsi à ces identifiés biologiques
de se développer. Il signifie par l'intussusception
l'ensembles des intrants, des apports intellectuels
mais aussi spirituels passants par le geste mimismologique
(c'est à dire répété). Le
geste
emprunté à autruit, lui-même mémoire
inconsciente d'enseignements très anciens, que
l'homme exprime par le mouvement. Ce texte exerce sur
un second plan une attraction fascinante sur le lien
supposé qu'il y a entre créateur et créé
et masseur
et massé, avec tout ce que cela implique
de mimodrame génésiaque. Je ne tente pas
de faire glisser un métier dans ce livre génial,
je voudrais juste très imparfaitement expliquer
combien le geste
anthropologique
du masseur est un cumule de mimèmes sans
cesses rejouer, par ce qu'il va chercher dans l'intimité
du tactile,
et que ce tactile est lui-même un langage qui
s'accomplit depuis le début de sa création.
Jousse
saisi à merveille le mimodrame originel qui oeuvrera
aux destinés des massages
qui sont à leur tour les mimèmes et les
analogèmes de cet Elohim créateur d'anthropos.
Il se rejoue depuis, le même "modelage",
massage de poussière devenu les fils de
cet Adam-terreux
par des mains qui à leur tour redeviendront poussière.
Nous partageons avec les paysans cette communion avec
la terre, eux avec la terre terrestre, nous avec la
terre modelée en hommes. Nous sommes des paysans
du corps, travailleurs et reteneurs de massages
mimodramatiques, modelant le premier des hommes
et rejouant la création à ses débuts.
Nous les masseurs, sommes des hommes de la terre,
des terreux, des ramasseurs de peau.
Le
massé est un modelé, c'est un âdâmâh-terre
devenant Adam-terreux auquel le masseur-Elohim
insuffle une sorte de vie tactile sans lequel il n'y
aurait aucune vie. C'est un amas de glaise aussi
neutre et inconnu que de la terre qu'on prendrait dans
ses mains et que le masseur/créateur va
modeler pour lui donner du sens par intussusception
mimismologique
et anthropologique.
Jousse
le dit lui-même, il existe toute une hiérarchie
de l'Abba, du Berra et de ceux qui vinrent ensuite pour
former les sachants. Mon athéisme ne me fait
pas pour autant mettre le masseur à la
place de Dieu dans cette étude mais le positionne
comme simple re-joueur perpétuel du premier des
gestes qui passe par une intention, celle d'animer.
Au début le sujet est terre, inertie de laquelle
on ne perçoit que le minimum anthropologique
puis soudain l'âdâmâh-terre devient.
L'émotion, le resentie est sûrement ce
qu'Adam à perçu de ce Père omniprésent,
omnipotent et omniscient le modelant et l'animant par
insufflation. C'est ce que cet Adam-terreux continue
de d'entrevoir par le massage, c'est ce que l'enfant
reçoit mimismologiquement de sa mère quand
le geste se fait. Ce re-jeux dans le massage,
se récite à l'insu même
des personnes mais aucun d'entre-nous ne peut échapper
à sa culture et même si l'homme créé
de la boue, semble au cartésien que je suis,
inconcevable, je ne peux pas m'échapper comme
ça sans emporter avec moi des bribes incompréhensibles
mais bien présentes de christianisme que j'enseigne
malgré moi comme une plante in-déhiscente
qui finie toujours par essaimer sans le savoir. La boue
n'est jamais très séduisante mais les
paysans du corps que nous sommes savent ce que veut
dire exister. Ainsi, Dieu
fut le premier des masseurs/modelants
car pour façonner un adam-terreux, pour amalgamer
l'âdâmâh-terre en une forme qui soit
à l'image de, il faut la pétrir,
la meuler, la compresser, la masser enfin dans
un act qui soit plus que du simple façonnage.
Cet Être doit devenir, et même si pour nous
les masseurs du monde cet Être est déjà
devenu, c'est bien à la terre matricielle qu'il
retournera, nous avec lui afin que se renouvelle les
espoirs d'humanité jusqu'à l'avènement
que les textes anciens nous promettent.
Ce
façonnage d'Adam de la main-même de Dieu,
ce "modelage"
fait de Dieu le premier des masseurs, sur Adam devenant
du même coup le premier des massés pour
une scène constituant le premier des massages.
Nous
voyons bien les analogies, les parallèles plus
qu'évidentes qui assemblent massage, paysanisme
et déisme dans ce mythe primitif de la création
qui subsistent dans tous nos gestes mimant. Les terminologies,
les gestes mais aussi et surtout l'intention d'animer,
de donner de l'âme à chacun de ses passages
sur se corps terreux, reformulent, rejouent l'intention
première de Dieu. Ne parle t-on pas de donner
de la vie à un massage ? De lui donner
une âme ? Ce terme modelage que je combat dans
ses finalités législative en France qui
tant à nous l'imposer comme le seul utilisable
et employable, ne me fait pas oublier ses correspondances,
correspondances écrites avec Dieu par le biais
des caractères les plus anciens qui soit, le
Geste.
L'étymologie est un des moyens qui nous donner
pour récupérer le sens premier non algerbrosé
du terme. Cet Adam
qui pour le profane n'est rien d'autre qu'un prénom
mais reste quand même l'homme premier à
être créé au sixième jour
sur décision divine prend tout son relief originel
lorsque l'on se rapproche de son sens. Adam vient de
ED "siège de la terre" et DAM le "siège
de l'âme". L'homme Adam et tous autant que
nous soyons contiennent pour un temps donné la
conjonction de la terre et de l'âme par intussusception
et insufflation créatrice. Le massage
est une étymologie, un retour momentané
rendu possible par la conjonction de deux connexions
originelles, l'homme et l'homme tentant de rejouer ce
dialogue primitif, ce duo, cette dualité qui
nous fait émerger de la terre au début
du massage pour y retourner par sa fin.
Massage,
manus, la main, un vol Cette main perdue,
tendue, modelante, intussusceptionnante et mimismologique
par laquelle passent tant de choses s'est momentanément
tarie, retirée dans une sorte de drame collectif,
une fraction d'histoire ou la Leix devenue celle des
hommes se ré-écrit à coups de traductions,
de glissements de sens, d'altérations ethniques
empêchant le modeleur de modeler au plus prêt
de ses origines massante. Le masseurs
de France ne devient plus, l'instant d'une sorte
d'hésitation législative le modelant
mais le soignant, le rectificateur, le réparateur
des imperfections de l'accès à l'arbre
de vie. Cette interruption, cette apnée étymologique
nous plonge dans l'algerbrose joussinienne, condamnant
ceux qu'il appelait les latinicistes à la mort
progressive du sens. Mais le sens étymologique
n'est pas le sens intussusceptionné de Dieu frontalement
attaqué par l'agerbrose des hommes. Le soin,
isolé de ses racines anthropologiques,
assèche le sachant qui s'est éloigné
de la création. Réparer le corps en oubliant
ses origines et la vitalité du touché
devenu codifié par d'autres que l'Adam-terreux
enseigné par Dieu,
c'est fouler la Leix, vouloir la ré-écrire
à son avantage. Ce modelage
d'un Être ressemblant, improvisé en Golem
momentané, autoritaire et patriarcal, ne suffit
pas pour égaler l'original, et le souffle de
la légitimité médicale ne peut
avoir la puissance nécessaire à son animation.
Ainsi, cet être mal formé non intussusceptionné
et dénué de tout enseignement mimismologique par
la répétition éternelle des gestes
du créateur pour formé cette intussusception
anthropologique est voué à l'échec.
Dans le filigrane même de ce texte, le sens laïc
et ce qu'il contient de déterminisme n'est pas
absent. Ce disynchronisme entre le Geste initial et
le geste soignant est une allégorie de l'arbre
aberrant que l'homme tente de redessiner comme si le
soin était le père du geste et non un
de ses descendants. Cet homme, petit Dieu décrété,
tente à son tour de faire le monde à son
image en oubliant la Dyade conscient/inconscient qui
par nature s'oppose et se complète mais à
ceci-prêt que l'homme n'y accède que très
difficilement et rend ses expéditions extrêmement
périlleuse pour l'ensemble de la création.
Selon
cette approche originelle que nous livre la Genèse,
Dieu a forcément massé l'homme
pour le créer, dans ses mains, d'après
son mimème et selon son analogème. L'Elohim
ne pouvait pas créer cet Être découlant
de lui sans le prendre dans ses manus sanctis, sans
le former paume contre paume, sans cette rencontre des
jeux mimismologiques et étymologiques, qui
font se rencontrer la main créatrice de Dieu et
celle de l'acte créateur et modelant. Ce n'est
pas que Dieu n'est pas la capacité de créer
comme bon lui semble l'Adam-terreux mais
que pour le créer il à choisi une mise
en sens nourrie à son image. Dieu masseur,
livreur d'hommes qui décidèrent cette
prise de distance nécessaire au Je, à
l'affirmation de soi, au libre-arbitre que me donne
envie d'écrire cette histoire du mouvement et
plus encore, du Geste. Ce Geste
anthropologique qui différencie précisément
l'homme des autres animaux dans ce qu'il à de
plus pensé que le mouvement ne le suppose.
Mon
athéisme se distingue par la contenu même
que j'octroie à cette intussusception
illustrative par laquelle Dieu,
non content de modeler cette terre, de la nourrir de
son souffle vital d'après son mimème
et selon son analogème,
produit parallèlement sa descensus spiritus sancti
(descente du Saint-Esprit). L'homme n'est plus seulement
l'élus mais devient carrément le lieu,
le sanctuaire mais aussi une sorte d'avatar
du nous divin perpétuellement puni pour avoir
pris ses distances avec le père. La punition
est ainsi toujours la dissolution dans la mort sur laquelle
je me pencherais bien volontiers dans un article prochain.
La mort, le dernier des massage...
Mardi
18 décembre 2007 Cabello
Alain |