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Page créée le : mercredi 7 mars 2012
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SUITE CHRETIENNE

Dieu, le premier des masseurs

Ou, comment Adam fut-il le premier des massés ?

Par Alain Cabello-Mosnier.
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Rédigé à Paris le : Mardi 18 décembre 2007

 

SUITE CHRETIENNE

Dieu, le premier des masseurs

Ou, comment Adam fut-il le premier des massés ?


Ainsi l'on peut dire avec certitude que le premier des masseurs était un homme et pour parer à toute levée de boucliers des féministes comme des masculinistes, il s'agit de beaucoup plus qu'un homme, puisque je parle de Dieu. Dieu comme le premier des masseurs.

Évidemment c'est un postulat, pour l'athée que je suis, qui ne résout en fait rien puisque la précision que je me fait fort de présenter, s'amuse déjà de ce paradoxe qui me fait m'excuser de cette affirmation sexiste faisant de l'homme un Être supérieure à la femme, pour poursuivre dans cette hiérarchisation et présenter Dieu comme un non Être supérieur aux deux précédents... Ce que j'en donne est bien-sur l'image religieuse traditionnelle que l'on a, même si pour ma part, cette entité paternelle forcément irréprochable, que dis-je, parfaite, qui déciderait de mon devenir au vue de mes actes terrestres me fait m'interroger sur la place de mon libre-arbitre et me fait dire "quel culot". Il n'en reste pas moins que le but de ces travaux est plus sérieusement et à mon niveau, de construire une sorte de lecture parallèle de la genèse.
Il est voué à l'échec de vouloir absolument se dissocier de sa culture, ou d'une partie de celle-ci, effaçant d'un revers de main des siècles d'histoire sous le seul prétexte d'incompatibilités structurelles entre sensibilités et convictions. C'est un non-sens. Ce qui fut écrit avant moi est écrit à jamais, humanité existante ou plus... Quel que soit notre devenir cette chosification est là, laissant à mon esprit le choix de l'expliquer, et pour cela prendre le plus possible mes distances pour se faire. Alors bien-sur je suis en permanence dans cette culture judéo-chrétienne qui me nourri, m'hydrate, me renforce, me constitue aussi. Je dis aussi, tant que je suis partie prenante dans ce monde globalisant, moderne, aux économies inter-dépendantes, monde fait de sciences, de nouvelles technologies, d'hommes, de femmes et de cette quête de l'avenir pétrie de dualité. La dualité, nous y voilà donc, ce besoin de créer un autre à son image qui soit son alter-ego par déconstruction, son mimème intussusceptionné par insufflation.
Si Dieu est le père, la terre en est sans conteste la mère de laquelle l'Elohim Tout-Puissant modela à son sixième jour, Adam-anthropos. L'homme Adam qui s'arracha de lui-même son véritable alter-ego, Eve, la femme.
Marcel Jousse écrit dans son livre L'anthropologie du geste - La manducation de la parole, chez Gallimard 1975, Fiche technique page 123 ce magnifique :

"Cette loi de l'intussusception par gestes analogiques est stupéfiante de simplicité naturelle et de profondeur insoupçonnée. On ne se lasse pas d'observer les irradiations gestuelles qui se mettent en mouvement dès qu'un mimodrame est bien ordonné. Ainsi dans ce mimodrame de la création de l'Adam-terreux hors de l'adâmâh-terre par le Tout-Puissant, d'après son mimème et selon son analogème, on voit d'abord le modelage global de la poussière, ensuite le soufflage nasal et enfin la respiration gutturale de la nâfshâ-gorge.
C'est tout... et c'est c'est tout! Ce n'est pas long et cela fait toute l'anthropologie mimismologique palestinienne. En plus, cela donne un module prototype pour "ordonner" les autres mimodrames d'après ce mimème et selon cet analogème."


"Cette loi de l'intussusception par gestes analogiques" Jousse parle de ce qui descend de Dieu pour le façonner. Il prends le terme intussusception à la biologie animale et végétale qui exprime les processus liés à l'alimentation permettant ainsi à ces identifiés biologiques de se développer. Il signifie par l'intussusception l'ensembles des intrants, des apports intellectuels mais aussi spirituels passants par le geste mimismologique (c'est à dire répété). Le geste emprunté à autruit, lui-même mémoire inconsciente d'enseignements très anciens, que l'homme exprime par le mouvement. Ce texte exerce sur un second plan une attraction fascinante sur le lien supposé qu'il y a entre créateur et créé et masseur et massé, avec tout ce que cela implique de mimodrame génésiaque. Je ne tente pas de faire glisser un métier dans ce livre génial, je voudrais juste très imparfaitement expliquer combien le geste anthropologique du masseur est un cumule de mimèmes sans cesses rejouer, par ce qu'il va chercher dans l'intimité du tactile, et que ce tactile est lui-même un langage qui s'accomplit depuis le début de sa création.

Jousse saisi à merveille le mimodrame originel qui oeuvrera aux destinés des massages qui sont à leur tour les mimèmes et les analogèmes de cet Elohim créateur d'anthropos. Il se rejoue depuis, le même "modelage", massage de poussière devenu les fils de cet Adam-terreux par des mains qui à leur tour redeviendront poussière. Nous partageons avec les paysans cette communion avec la terre, eux avec la terre terrestre, nous avec la terre modelée en hommes. Nous sommes des paysans du corps, travailleurs et reteneurs de massages mimodramatiques, modelant le premier des hommes et rejouant la création à ses débuts. Nous les masseurs, sommes des hommes de la terre, des terreux, des ramasseurs de peau.

Le massé est un modelé, c'est un âdâmâh-terre devenant Adam-terreux auquel le masseur-Elohim insuffle une sorte de vie tactile sans lequel il n'y aurait aucune vie. C'est un amas de glaise aussi neutre et inconnu que de la terre qu'on prendrait dans ses mains et que le masseur/créateur va modeler pour lui donner du sens par intussusception mimismologique et anthropologique. Jousse le dit lui-même, il existe toute une hiérarchie de l'Abba, du Berra et de ceux qui vinrent ensuite pour former les sachants. Mon athéisme ne me fait pas pour autant mettre le masseur à la place de Dieu dans cette étude mais le positionne comme simple re-joueur perpétuel du premier des gestes qui passe par une intention, celle d'animer. Au début le sujet est terre, inertie de laquelle on ne perçoit que le minimum anthropologique puis soudain l'âdâmâh-terre devient. L'émotion, le resentie est sûrement ce qu'Adam à perçu de ce Père omniprésent, omnipotent et omniscient le modelant et l'animant par insufflation. C'est ce que cet Adam-terreux continue de d'entrevoir par le massage, c'est ce que l'enfant reçoit mimismologiquement de sa mère quand le geste se fait. Ce re-jeux dans le massage, se récite  à l'insu même des personnes mais aucun d'entre-nous ne peut échapper à sa culture et même si l'homme créé de la boue, semble au cartésien que je suis, inconcevable, je ne peux pas m'échapper comme ça sans emporter avec moi des bribes incompréhensibles mais bien présentes de christianisme que j'enseigne malgré moi comme une plante in-déhiscente qui finie toujours par essaimer sans le savoir. La boue n'est jamais très séduisante mais les paysans du corps que nous sommes savent ce que veut dire exister.
Ainsi, Dieu fut le premier des masseurs/modelants car pour façonner un adam-terreux, pour amalgamer l'âdâmâh-terre en une forme qui soit à l'image de, il faut la pétrir, la meuler, la compresser, la masser enfin dans un act qui soit plus que du simple façonnage. Cet Être doit devenir, et même si pour nous les masseurs du monde cet Être est déjà devenu, c'est bien à la terre matricielle qu'il retournera, nous avec lui afin que se renouvelle les espoirs d'humanité jusqu'à l'avènement que les textes anciens nous  promettent.

Ce façonnage d'Adam de la main-même de Dieu, ce "modelage" fait de Dieu le premier des masseurs, sur Adam devenant du même coup le premier des massés pour une scène constituant le premier des massages.

Nous voyons bien les analogies, les parallèles plus qu'évidentes qui assemblent massage, paysanisme et déisme dans ce mythe primitif de la création qui subsistent dans tous nos gestes mimant. Les terminologies, les gestes mais aussi et surtout l'intention d'animer, de donner de l'âme à chacun de ses passages sur se corps terreux, reformulent, rejouent l'intention première de Dieu. Ne parle t-on pas de donner de la vie à un massage ? De lui donner une âme ? Ce terme modelage que je combat dans ses finalités législative en France qui tant à nous l'imposer comme le seul utilisable et employable, ne me fait pas oublier ses correspondances, correspondances écrites avec Dieu par le biais des caractères les plus anciens qui soit, le Geste.
L'étymologie est un des moyens qui nous donner pour récupérer le sens premier non algerbrosé du terme. Cet Adam qui pour le profane n'est rien d'autre qu'un prénom mais reste quand même l'homme premier à être créé au sixième jour sur décision divine prend tout son relief originel lorsque l'on se rapproche de son sens. Adam vient de ED "siège de la terre" et DAM le "siège de l'âme". L'homme Adam et tous autant que nous soyons contiennent pour un temps donné la conjonction de la terre et de l'âme par intussusception et insufflation créatrice. Le massage est une étymologie, un retour momentané rendu possible par la conjonction de deux connexions originelles, l'homme et l'homme tentant de rejouer ce dialogue primitif, ce duo, cette dualité qui nous fait émerger de la terre au début du massage pour y retourner par sa fin.

Massage, manus, la main, un vol
Cette main perdue, tendue, modelante, intussusceptionnante et mimismologique par laquelle passent tant de choses s'est momentanément tarie, retirée dans une sorte de drame collectif, une fraction d'histoire ou la Leix devenue celle des hommes se ré-écrit à coups de traductions, de glissements de sens, d'altérations ethniques empêchant le modeleur de modeler au plus prêt de ses origines massante. Le masseurs de France ne devient plus, l'instant d'une sorte d'hésitation législative le modelant mais le soignant, le rectificateur, le réparateur des imperfections de l'accès à l'arbre de vie. Cette interruption, cette apnée étymologique nous plonge dans l'algerbrose joussinienne, condamnant ceux qu'il appelait les latinicistes à la mort progressive du sens. Mais le sens étymologique n'est pas le sens intussusceptionné de Dieu frontalement attaqué par l'agerbrose des hommes. Le soin, isolé de ses racines anthropologiques, assèche le sachant qui s'est éloigné de la création. Réparer le corps en oubliant ses origines et la vitalité du touché devenu codifié par d'autres que l'Adam-terreux enseigné par Dieu, c'est fouler la Leix, vouloir la ré-écrire à son avantage. Ce modelage d'un Être ressemblant, improvisé en Golem momentané, autoritaire et patriarcal, ne suffit pas pour égaler l'original, et le souffle de la légitimité médicale ne peut avoir la puissance nécessaire à son animation. Ainsi, cet être mal formé non intussusceptionné et dénué de tout enseignement mimismologique par la répétition éternelle des gestes du créateur pour formé cette intussusception anthropologique est voué à l'échec. Dans le filigrane même de ce texte, le sens laïc et ce qu'il contient de déterminisme n'est pas absent. Ce disynchronisme entre le Geste initial et le geste soignant est une allégorie de l'arbre aberrant que l'homme tente de redessiner comme si le soin était le père du geste et non un de ses descendants. Cet homme, petit Dieu décrété, tente à son tour de faire le monde à son image en oubliant la Dyade conscient/inconscient qui par nature s'oppose et se complète mais à ceci-prêt que l'homme n'y accède que très difficilement et rend ses expéditions extrêmement périlleuse pour l'ensemble de la création.

Selon cette approche originelle que nous livre la Genèse, Dieu a forcément massé l'homme pour le créer, dans ses mains, d'après son mimème et selon son analogème. L'Elohim ne pouvait pas créer cet Être découlant de lui sans le prendre dans ses manus sanctis, sans le former paume contre paume, sans cette rencontre des jeux mimismologiques et étymologiques, qui font se rencontrer la main créatrice de Dieu et celle de l'acte créateur et modelant. Ce n'est pas que Dieu n'est pas la capacité de créer comme bon lui semble l'Adam-terreux mais que pour le créer il à choisi une mise en sens nourrie à son image. Dieu masseur, livreur d'hommes qui décidèrent cette prise de distance nécessaire au Je, à l'affirmation de soi, au libre-arbitre que me donne envie d'écrire cette histoire du mouvement et plus encore, du Geste. Ce Geste anthropologique qui différencie précisément l'homme des autres animaux dans ce qu'il à de plus pensé que le mouvement ne le suppose.

Mon athéisme se distingue par la contenu même que j'octroie à cette intussusception illustrative par laquelle Dieu, non content de modeler cette terre, de la nourrir de son souffle vital d'après son mimème et selon son analogème, produit parallèlement sa descensus spiritus sancti (descente du Saint-Esprit). L'homme n'est plus seulement l'élus mais devient carrément le lieu, le sanctuaire mais aussi une sorte d'avatar du nous divin perpétuellement puni pour avoir pris ses distances avec le père. La punition est ainsi toujours la dissolution dans la mort sur laquelle je me pencherais bien volontiers dans un article prochain. La mort, le dernier des massage...

Mardi 18 décembre 2007
Cabello Alain