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TITRE : Est à votre disposition Dissertationum physico-medicarum curiosarum selectiorum, ad sanitatem tuendam maxime pertinentium. (traduction : Dissertation de physique médicale concernant principalement la santé) soit 12 dissertations.

AUTEUR : Friderici Hoffmanni (Frédéric Hoffmann) 1660-1742

ÉDITEUR : Lugduni Batavorum, apud Theodorum Haak

Date d'édition : 1708, ( MD CC VIII )1ère édition, Paris.

Réédition :

Lieu d'impression : La Haye

LANGUE : Latin

 

 

FORMAT : 1 volume complet en deux livrets se répartissant 12 dissertations (p. 303 fin du 1er livre), 17,8 * 12,1cm, Frontispice + 12 pages non chiffrées, + 303 pages + 2p. 2ème partie Frontispice + 4 pages non chiffrées, + 312 pages.

TYPE : Livre en un volume complet.

ISBN : aucun

Droits : libres

Crédit photographique : Le CFDRM.

Identifiant : http://www.cfdrm.fr

Numéro d'archives :

RELIURE :

ILLUSTRATIONS : oui, Frontispice

ETAT : bon et complet, Chaque partie a sa page de titre et pagination séparées. « De Methodo acquirendi Vitam Longam De la méthode d'acquérir une longue vie.»,  « De Medico sui Ipsius Du médecin de soi-même. », « De Temporibus anni Insalubri ».

BIOGRAPHIE & THÈME : Médecine

POIDS :

Résumé :

Description : détail de la page 206 de la Cinésiologie de Dally publiée en 1857 Fiche techniqueoù il nous donne un descriptif du livre d'Hoffmann :

"Cet ouvrage, divisé en deux parties, contient douze dissertations, en 615 pages.

1. — De la méthode d'acquérir une longue vie. / De methodo acquirendi vitam longam.

2. — Du médecin de soi-même. (p.55)

3. — De l'âme, artisan de la santé et des maladies.

4. — Méditations physiques sur la cause des vents, sur les forces et les fonctions du corps humain, et sur le baromètre.

5. — Des saisons insalubres.

6. — Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps. / De motu optima coporis medicina.
Page 206 du livre de
Dally et page 259 du 1er livre de celui d'Hoffmann version latine EO 1708.

7. — Des voyages par rapport à la santé.

8. — De la diète, remède contre les grandes maladies.

9. — De la supériorité du vin du Rhin.

10. — De la méthode d'examiner les eaux salubres.

11. — Des propriétés et de l'usage de la chaleur, à propos des eaux de Carlsbadt Information ouverte dans une nouvelle page.

12. — Du tempérament, base des mœurs et des maladies de tous les peuples.

La première dissertation qui traite de la longévité contient d'abord les principes physiologiques sur lesquels repose le système de médecine de l'auteur. Il y établit ensuite de la manière la plus évidente que l'observance des lois de l'hygiène, la frugalité, l'exercice de l'esprit et celui du corps sont les moyens les plus certains de se préparer une longue vie sans infirmités. Il insiste sur l'importance des mouvements actifs réguliers, et cite un passage de Baglivi (De fibrâ motrice, p. 213), qui rappelle que les pères" de la médecine employaient principalement pour la préservation et la curation des maladies, les bains, les fomentations, les lotions, les onctions, les frictions et tous les autres genres de mouvement qui donnent du ton et de la souplesse aux membres et aux tissus. Il cite ces paroles de Celse : « La meilleure médecine, c'est de n'en point prendre. » Après le traité de Huffland et celui plus récent de M. Flourens, sur la même matière, on lira avec intérêt et avec fruit celui de Frédéric Hoffmann.

La plupart des autres dissertations ont aussi un caractère d'actualité, et certes, elles mériteraient d'être plus connues."

Commentaires : Page 206 de la Cinésiologie de Dally nous avons les titres traduits en français des douze dissertations présentent dans l'ouvrage et la sixième Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps est traduite in extenso de la page 211 à la 243. Il nous parle d'Hoffmann jusqu'à la page 245. L'importance de cet ouvrage pour Dally nous est donné page 243, à la fin de la 6eme dissertation :
"Tel est le traité Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps, premier essai qui, depuis Mercuriali (1530-1606), ait été tenté en Europe pour mettre la gymnastique des anciens en rapport avec les progès de la médecine et avec les moeurs du temps." Un peu plus loin page 254 "Ce fut le premier essai de ce genre qui se fit en Europe ; car nous ne pouvons considérer comme tel l'ouvrage de Sabathier, intitulé Les exercices du corps chez les anciens pour servir à l'éducation de la jeunesse, Paris, 1772, dans lequel il ne s'agit que d'une description des exercices de l'orchestique et de la palestrique, tout-à-fait étrangers à nos moeurs."

Estradère rappelle dans la thèse Du massage TDM Fiche technique, de 1863 page 27 que pour Hoffmann "l'exercice est la meilleure médecine du corps : motus optima medicina corporis."

Schreiber J., écrit dans son Traité pratique de massage et de gymnastique médicale, Ed. Doin, 1884 Paris. TDM Fiche technique
"Dans la thérapeutique d'
Hoffmann, les mouvements et le repos, la diète et l'eau froide ainsi que les préceptes de l'hygiène jouent le rôle principal. Son système renferme des erreurs et des lacunes comme le voulait l'état de la science à cette époque, mais ses préceptes sont encore debout et constituent les colonnes de la science médicale de l'avenir. Il fut le premier qui dit au monde médical : « Le corps humain est une machine soumise aux lois de la mécanique. » Il savait déjà ce qu'enseignait cent ans plus tard l'école suédoise, que la pression sur le nerf phrénique au cou arrête les spasmes du diaphragme. Hotlmann fut le fondateur de la médecine moderne revenue à la simplicité. Dans ses écrits [Dissertationes physico-medicx, 1708) le sixième chapitre du premier volume porte l'épigraphe : « Le mouvement, le meilleur traitement pour le corps ; » dans le premier chapitre du même livre : « Manière de vivre longtemps, » il cite l'aphorisme de Celse : « La meilleure médecine est de ne pas en prendre, »" Ici il s'inspire de Dally page 204.

Il enseigna la médecine, la chimie et l'anatomie à l'Académie de Halle, conjointement avec Georg Ernst Sthal. Hoffmann a été le plus grand des Iatromechanistes et le premier à percevoir que la pathologie est un aspect de la physiologie. Hoffmann a relancé l'usage des bains minéraux, fut un des premiers à décrire l'asthme convulsif avec l'hydropisie, l'appendicite, la chlorose, et la rubéole, a été un observateur attentif des épidémies locales et la métrologie, a écrit des traités notable sur l'hygiène personnelle, la physiologie, la pathologie, l'éthique médicale et la pédiatrie, des ensembles de Consilia et consultations...

– Jacques Ulmann y fait aussi référence page 482 dans De la gymnastique aux sports modernes : histoire des doctrines de l'éducation Ed. Galien 1965 Fiche technique.

Restitution de texte : Complète pour la 6eme dissertation, voir.

 Fiche de repérage (mots clef) : à compléter

Friction

TDM : Traite ou emploie des termes liés au massage. Oui, dans le texte.

Livre en ligne sur :

Provenance : Espagne

Incorporation : mardi 22 juin 2010

Accès à l'emprunt : non, à consulter sur place (Argus de recherche 2800€ dont 1000€ de caution sécurisée).

Statut de l'ouvrage : don

Reconnaissance associative : Ce livre appartenait à la bibliothèque Alain Cabello.

 

 

 

Commentaire des lecteurs Chaque personne ayant procédé à la lecture de ce livre pourra, si elle le souhaite, y faire paraître un commentaire ou un résumé en lien avec le massage.

Nom, lieu et date

 

 

 

 

Commentaire des lecteurs.

Nom, Cabello

Lieu : Paris

Date : lundi 6 février 2012.

La place du massage dans cette thèse de Frédéric Hoffmann : Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps de 1708, sixième dissertation en latin, traduite par Nicolas Dally à la page 211 de sa Cinésiologie de 1857 Fiche technique .

 

Voilà, je viens de terminer cette mise en ligne de la thèse d'Hoffmann et les entrées sur le massage ne sont pas légions. Commençons par la Cinésiologie de Dally et la Description de la page 206 où il nous explique « Il [Hoffmann] insiste sur l'importance des mouvements actifs réguliers, et cite un passage de Baglivi (De fibrâ motrice, p. 213), qui rappelle que les pères" de la médecine employaient principalement pour la préservation et la curation des maladies, les bains, les fomentations, les lotions, les onctions, les frictions et tous les autres genres de mouvement qui donnent du ton et de la souplesse aux membres et aux tissus. »
Il faudrait savoir quelle édition il a utilisé mais à la page 213 de la première édition que nous possédons au CFDRM il n'est nulle part question d'un Baglivi, et même si la thèse est en latin il ne devrait pas être compliqué à retrouvé. Les références aux onctions et aux frictions semblent indiquer qu'elles se trouveraient dans la première thèse "1. — De la méthode d'acquérir une longue vie. / De methode acquirendi vitam longam." dont je ne dispose pas de traduction en français.

 

Pour la sixième qui nous occupe ici "Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps" autant dire que la seule mention claire qui soit citée se trouve à la fin 243, au sujet des exercices physiques [...] Il faut entretenir la transpiration, se tenir dans un lieu où l'on ait chaud, couvrir le corps et l'essuyer s'il est baigné de sueur, changer de linge et faire sur la peau des frictions auprès du feu.

Par contre nous avons à plusieurs reprises la notion de la circulation du sang par le mouvement, l'exercice sportif et même "Parmi ces mouvements nous citerons la promenade en voiture, en litière, en bateau, en chaise-à-porteur." page 236. L'idée est le maintien du bon équilibre des quatre humeurs alors établies dans le corps selon le système humoral de l'époque. Le sang, le flegme ou pituite, la bile jaune et la bile noire ou atrabile doivent circuler. Le principe du massage n'est pas loin et relève de la même intention.

 

 

Restitution de textes : (Partielle de l'ouvrage mais complète de la sixième dissertation : Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps. Terminé ) par Alain Cabello le dimanche 16 octobre 2011, 12:32.
Dernière mise à jour : lundi 6 février 2012 à 18:16.
Je vous restitue la traduction française que nous fait Nicolas Dally à la page 211 de sa Cinésiologie de 1857 Fiche technique de la sixième dissertation en latin de Frédéric Hoffmann : Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps de 1708 « p. 259 du 1er livre. » d'Hoffmann.
Page 206 nous avons les titres traduits en français des douze thèses présentent dans l'ouvrage. Comme à mon habitude, je vous rassemble ci-dessous, la liste des noms propres qu'Hoffmann cite mais aussi les ouvrages auxquels il se réfère ainsi que les habituels liens hypertexts allant vers les six dictionnaires internes du CFDRM.

35 Noms propres cités (En cours): Aristote ; Bacon de Verulam ; Bartholom. de Moor ? ; Claude Bernard ; Blankard ; Borellus ; Celse ; Cicéron ; Dieu ; Diogène Laërte ; Euripide ; Galien ; Hippocrate ; Horst ; Martial ; Maxime ; Meekeren ; Médée ; Morton ; Othon ; Ovide ; Pechlin ; Pitcairn ; Platon ; Plempius ; Pline le jeune ; Plutarque ; Silvaticus ; Socrate ; Spurina ; Sydenham ; Théophraste ; Végèce ; Vespasien ; Vitellius.

 

Bibliographie citée par Frédéric Hoffmann : 20 ouvrages.
Chacun des noms répertoriés plus haut renvoient dans leur grande majorité à des ouvrages mais ci-dessous je ne cite que les noms associés à un titre spécifié dans la présente dissertation.

  1. Ovide, 1er livre des Pontiques, 5ème lettre à Maxime.
  2. Plempius, De sanitate tuenda, p. 284 ; De valetud. tuendâ, p. 200).
  3. Sainte Bible, Sois diligent dans toutes tes actions, et les maladies ne viendront pas en toi.
  4. Claude Pechlin, Observatio-Numphysico-Medicarum Libri Tres, quibus accesit Ephemeris Vulneris Thoracici & in eam Commentarius. (Observation physique medicale) de 1691.
  5. Galien, (/. 4, alphorismes. Commentaire, 13) et (Aphor., 14, comment. 28). ; (l. 2, De sanit. tuendâ) ; (l. 6, Aphor. comment. 28) ; (l. 4, Aphor. comment. 15)
  6. Hippocrate, (1.1, De victu ratione, sect. 4) ; (De salubri diaetâ) ; (Aphor. 1) ; (Aphor. 42, sect. 2) ;
  7. Pline, (l. 1, Epist. 2) - (V. Plin, l. 3, epist. l)
  8. Borellus, (Ilist. et obs. cent. 2, obs. 90) Historiarium et observationum medico-physicarum centuria
  9. Richard Morton, (Exercitat. de phthi, p. 26)
  10. Celse, exprime très-bien cette pensée (2,15, De gestatione) ; (1. 3, c. 22) ; (1. 2, c. 15).
  11. Bartholom. de Moor, tr. de instaurat. medicin, p. 345
  12. F. Hoffmann : De imprud. med., etc., 54
  13. Platon (Républ. III)
  14. Job Van Meekeren (Obs. chir., p. 206, cap.6).
  15. Blankard (Inst. chir.,  cap 26)
  16. Grégoire Horst (V. Oper. med. exercitat. 4, de febr. piitrid. curatione)
  17. Bacon de Verulam (Sermon. fidelium 18)

 

Bas de page

 

Page 211 (Attention, la numérotation des pages correspondent à l'ouvrage de Nicolas Dally, Cinésiologie de 1857 Fiche technique qui nous traduit cette thèse de 1708 EO en latin "Dissertationum physico-medicarum curiosarum selectiorum, ad sanitatem tuendam maxime pertinentium" «p. 259 du 1er livre.» de Frédéric Hoffmann.)

 

Du mouvement considéré comme la meilleure médecine

du corps, / De motu optima coporis medicina. par Frédéric Hoffmann.

 

Celui qui sait regarder et examiner avec soin les secrets de la médecine naturelle est amené à reconnaître que les bases

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de la santé, de la vie et des maladies sont une chose simple, qui ne varie pas et n'a rien de confus (simplex, neque diffusum et varium). On peut donc s'étonner que les médecins aient imaginé tant de remèdes variés et de divers caractères, dans le but de conserver la santé et de combattre les maladies. La nature entretient la vie par des procédés simples; un petit nombre d'opérations lui suffisent pour la conservation de la santé, et les causes des maladies ne sont pas très-nombreuses. Nous pouvons donc admettre avec assez de raison que les remèdes qui peuvent rétablir la santé détruite ne doivent être ni variés ni nombreux. Non-seulement on peut l'admettre, mais j'affirme que cela est vrai, et l'on peut rapporter aux mauvais destins et aux abus de l'art médical le fait, que tout ce fatras de médicaments' et de compositions diverses mentionnés dans les écrits des anciens et dans ceux des modernes, n'a eu d'autre résultat que de rendre l'art de guérir difficile, laborieux, incertain et trompeur. Les médicaments à l'aide desquels le médecin, secondant les efforts de la nature, puisse obtenir des succès, guérir le malade et se faire honneur à lui-même, sont certainement peu nombreux.

Il y a beaucoup de choses qui semblent n'être d'aucune importance et ne pouvoir servir en rien à la guérison des maladies , et à la conservation de la santé, et qui cependant possèdent une puissance incroyable. Telles sont les six choses que l'on appelle non-naturelles (1), dont l'emploi judicieux peut être d'une grande utilité pour la médecine sans médicament.

Notes de Dally (1) Pour comprendre cette dénomination de choses non-naturelles, il faut se rappeler qu'avant les découvertes modernes en anatomie, en physiologie et en pathologie, on distinguait trois sortes de choses relativement à l'homme Les choses naturelles, les choses non-naturelles et les choses contre nature.

Les choses naturelles étaient au nombre de six: les tempéraments, les humeurs (chyle, sang, lymphe, bile, etc..), les esprits vitaux et animaux (fluide nerveux, ether, etc.), les solides et les fluides, les fonctions de la vie organique et animale, les éléments (feu, air, terre, eau).

Les choses non-naturelles étaient aussi au nombre de six: l'air, les aliments solides et les liquides, le mouvement et le repos, le sommeil et la veille, les matières ou humeurs retenues dans le corps et celles qu'il évacue, enfin les passions.

Les choses contre nature étaient les maladies, leurs causes et leurs symptômes.

 

Page 213 (Attention, la numérotation des pages correspondent à l'ouvrage de Nicolas Dally, Cinésiologie de 1857 Fiche technique qui nous traduit cette thèse de 1708 EO en latin "Dissertationum physico-medicarum curiosarum selectiorum, ad sanitatem tuendam maxime pertinentium" «p. 259 du 1er livre.» de Frédéric Hoffmann.)
Nous avons un exemple de leur pouvoir dans l'action du mouvement ou dans l'exercice des membres du corps. Les propriétés du mouvement sont tellement efficaces, si l'on s'en rapporte au témoignage des anciens et à celui de l'expérience, qu'on peut les mettre bien au-dessus de celles des médicaments les plus précieux, non-seulement pour prévenir, mais aussi pour guérir les maladies.

Nous avons entrepris ce travail, afin de chercher, si Dieu nous accorde cette faveur, à débattre à fond cette importante question, et à démontrer, aussi clairement que possible, quelles sont les propriétés utiles ou nuisibles du mouvement, et comment elles peuvent servir à conserver la santé et à guérir les maladies.

Définition et proposition.

1. — Par le terme de mouvement, nous voulons désigner cette action de la volonté par laquelle notre corps, selon le libre arbitre de l'âme, se transporte d'un lieu dans un autre, soit par les forces motrices qui sont en lui, comme la marche, la course, soit par une force motrice extérieure, comme l'équitation, la vectation, etc. (1).

On peut aussi considérer le mouvement comme général, lorsque le corps tout entier est mis en action, ou comme partiel, lorsqu'il n'intéresse qu'une partie déterminée, comme la main, le bras, etc.

Il faut encore tenir compte de la distinction que faisaient les anciens entre le mouvement, l'exercice et le travail (2).

Le terme de mouvement a une signification générique, et il n'y

 

Notes de Dally (1) Cette définition du mouvement n'est pas exactement celle des anciens. Voir le chapitre précédent.

(2) Ils appelaient le mouvement motus ; l'exercice exercitatio, ou mouvement gymnatiique, et le travail labor, c'est-à-dire action pénible, peine, fatigue.

 

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a point d'exercice ni de travail sans mouvement. La promenade, l'équitation modérée, la vectation, les modulations de la voix ou le chant sont de simples mouvements. Le pugilat, la course, le saut, le jeu de balles, sont des exercices; le laboureur, le moissonneur, le jardinier, le chasseur, le maçon ne s'exercent pas; ils travaillent. On voit que les anciens appelaient exercice tout mouvement violent, volontaire, accélérant la respiration, exécuté dans un but réparateur ou hygiénique ; et travail, tout mouvement qui entraîne la fatigue à sa suite, et qui, sans avoir pour but la santé, peut cependant y contribuer (1).

Nous commencerons par dire quelques mots de chacun de ces mouvements, de leurs propriétés utiles ou nuisibles, selon les sujets et les maladies.

Du mouvement par rapport à l'hygiène.

2. — Nous démontrerons d'abord que le mouvement, en général, quelle que soit son espèce, exercice ou travail, est le meilleur agent pour garantir le corps de toute maladie. Nous appuierons cette assertion des témoignages des anciens sages, et l'on verra par là combien le mouvement était estimé et conseillé comme moyen thérapeutique. Ainsi Galien a dit (2, De sanitate tuendâ) : « Il faut placer la santé sous les auspices du travail, et peu après, se mettre à l'œuvre. » Il dit encore (De boni et mali succi cibis) : « Pour la santé, le plus grand danger résulte d'un repos complet, de même que le plus grand bien résulte d'un exercice modéré. » Dans ce même livre, il rappelle le genre de vie qu'il avait adopté pour lui-même , et qu'il avait fait adopter à un de ses amis ; il disserte

 

Notes de Dally (1) L'auteur .a tire ces définitions de Galien (2, De sanitate tuenda) et des citations de Mercuriali ( De arte gymnastica, 2). Elles ne répondent pas complètement à l'idée de° anciens.

 

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à ce propos sur les avantages du mouvement : « Nous nous faisions, dit-il, un devoir de nous exercer et d'éviter entièrement les crudités ; et de cette façon, nous avons vécu depuis un grand nombre d'années, jusqu'à ce jour, exempts de maladies. » Longtemps avant Galien, Aristote (In probl.), répondant à cette question : « Pourquoi est-il de bonne hygiène de diminuer la quantité des aliments, et d'augmenter l'exercice ? La maladie a pour cause, dit-il, la surabondance des excréments qui provient de l'excès de nourriture ou du manque d'exercice. Le grand et vieil Hyppocrate exprime bien mieux cette pensée (1, De victus ratione, sect. 4) « Celui qui mange sans prendre de l'exercice, ne peut se bien porter. » Au même endroit il ajoute : « La santé parfaite résulte d'un juste et constant équilibre entre l'alimentation et l'exercice. » Cet illustre auteur dit aussi (6, De morb. vulgar.) : Ceux qui ne mangent pas jusqu'à satiété et sont diligents dans le travail, se ménagent une excellente santé (1). » Végèce nous apprend que les hommes versés dans l'art militaire estiment que les exercices journaliers contribuent plus que les médecines à l'entretien de la santé des soldats. Aussi Socrate, au rapport de Diogène Laërte, avait pris l'habitude de la danse, sachant bien que l'eau se corrompt, stagnante, et notre corps, oisif et paresseux. Ovide a très-bien exprimé cette pensée dans sa cinquième lettre à Maxime, 1er livre des Pontiques :

Cernis ut ignaviem corrumpant otia corpus ;

Ut vitium capiant, ni moveantur aquae.

 

On nous dit que Médée, par un pouvoir magique, rendait aux hommes la jeunesse et la vigueur. Non, ce n'est point par des charmes qu'elle opérait : Médée était une femme savante qui, par des mouvements gymnastiques convenables, agissant sur des corps mous, efféminés et corrompus par l'oisiveté, les

 

Notes de Dally 1) Sois diligent dans toutes tes actions, et tu ne tomberas pas malade (Eccl. XXXI, 27). Sainte Bible Sois diligent dans toutes tes actions, et les maladies ne viendront pas en toi.

Page 216 (Attention, la numérotation des pages correspondent à l'ouvrage de Nicolas Dally, Cinésiologie de 1857 Fiche technique qui nous traduit cette thèse de 1708 EO en latin "Dissertationum physico-medicarum curiosarum selectiorum, ad sanitatem tuendam maxime pertinentium" «p. 259 du 1er livre.» de Frédéric Hoffmann.)
arrachait aux infirmités d'une vieillesse précoce, et les fortifiait par des exercices exécutés dans des salles chauffées. De là la fable, qu'elle rajeunissait les hommes en les faisant cuire (Plempius, De sanitate tuenda, p. 284) (1).

Nous pouvons aussi invoquer le témoignage des meilleurs écrivains modernes : Claude Pechlin(I) dit (Observ. 34) : « Il n'y a pas de corps moins disposés aux maladies et plus propres à braver les intempéries des saisons, que ceux qui ont été exercés dès l'enfance aux jeux de la palestre, à l'escrime ou à d'autres exercices violents : cette éducation leur a procuré une fermeté, une vigueur qui les met à l'abri des maladies jusque dans un âge avancé, ce qui nous est démontré par de nombreux exemples, » Le célèbre auteur de la Médecine du corps et de l'esprit, nous dit (page 6), qu'il a vu des vieillards octogénaires qui, habitués à la course et à un exercice soutenu, étaient plus agiles que maints jeunes gens prenant leur repas avec passion, et cherchant le sommeil par le repos.

3. — Mais est-il besoin d'invoquer un plus grand nombre d'autorités? L'expérience ne prouve-t-elle pas que les hommes qui travaillent, qui vivent à la campagne, sont plus robustes, plus longévives, et moins exposés aux maladies, que ceux qui se complaisent dans d'inertes loisirs? L'âme s'alanguit aux molles rêveries, et le corps se flétrit aux excès des festins (2).

4. — Mais ici l'expérience et l'autorité ne suffisent point ; la chose mérite d'être étudiée en elle-même. Il faut expliquer par de solides raisons, comment le mouvement et l'exer-

 

Notes de Dally (1) Médée, fille d'Aétes, roi de Colehide, fut enlevée par Jason pendant l'expédition des Argonautes, vers l'an 1380 avant notre ère. Son nom paraît avoir la même origine que celui du médecin, qui vient de "mot grec" soin, remède. — Cette tradition, conservée par Stobée, ne serait-elle pas le souvenir d'une nouvelle introduction de la gymnastique médicale de l'Orient en Grèce ?

(2) Cette pensée est développée dans l'auteur, qui l'emprunte à Plempius : SecuritaUm snporix shnillimum appetere, tub densa umbra latilarc, lenerrimisqiic cbgitatiônïbus. quas tranquillUatem vacant, anitni marcentis oblectare toeporem, et cibis passionibusque, intra miium latcbcax. corpoca iynavta pnllentia sagiaare.

(I) note CFDRM : en fait il ne s'agit pas de Claude Pechlin mais de Pechlin Johann Nicolaus auteur de Observatio-Numphysico-Medicarum Libri Tres, quibus accesit Ephemeris Vulneris Thoracici & in eam Commentarius. (Observation physique médicale) de 1691.

 

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cice sont nécessaires pour conserver le corps, si actif de sa nature, sain et exempt de maladies, et principalement chez ceux qui prennent une nourriture abondante.

Nous supposerons avec les physiologistes que la santé dépend surtout de la circulation et du mouvement égal et progressif des fluides et de l'humeur vitale, universelle et perpétuelle du sang dans les tubules grands et petits du corps. Ce mouvement étant toujours entretenu dans un état parfait, les matières inutiles, superflues, et qui doivent être éliminées, seront évacuées par les voies convenables, et surtout par la transpiration, tandis que les matériaux utiles resteront dans le corps.

5. — C'est ce mouvement circulatoire qui conserve, par la diacrise et la syncrise (1), nécessaires à la vie, le corps et ses parties, et les empêche de se putréfier, de devenir malades et de périr. Il est évident et certain que les maladies proviennent de ce que la circulation du sang est empêchée et de ce que les excrétions n'ont pas lieu ou se font incomplétement.

En considérant donc les choses avec attention, nous verrons que rien ne favorise autant ce mouvement interne du sang et des fluides que le mouvement externe des muscles. Lorsque les muscles, ces instruments propres du mouvement, se contractent, par une action expansive vive et très mobile, sous l'influence de l'âme, et par l'intermédiaire du fluide subtil, élastique qui réside dans le sang et dans les nerfs, il arrive que la constriction rapide des vaisseaux, et surtout des veines, accélère le mouvement progressif du sang, et que le mouvement même des muscles atténue et divise les parties les plus épaisses. Le mouvement des intestins en est augmenté ; la fluidité, la spirituosité, la chaleur deviennent plus considérables ; la trans-

 

Notes de Dally  (1) L'auteur parait entendre par le terme de syncrise le passage d'un globule de sang de l'état liquides l'état solide ; le terme do diacrise exprime l'idée contraire ; ces deux mots correspondent dans le langage moderne à ceux d'assimilation et de désassimilation.

 

Page 218 (Attention, la numérotation des pages correspondent à l'ouvrage de Nicolas Dally, Cinésiologie de 1857 Fiche technique qui nous traduit cette thèse de 1708 EO en latin "Dissertationum physico-medicarum curiosarum selectiorum, ad sanitatem tuendam maxime pertinentium" «p. 259 du 1er livre.» de Frédéric Hoffmann.)

piration et d'autres évacuations de parties superflues, l'évaporation, la division des éléments ont lieu : ainsi le corps se trouve dans les conditions les plus avantageuses.

 

6. — Il est évident que, pour peu qu'il soit énergique, le mouvement externe et volontaire des parties du corps donne au sang un mouvement plus intense, qu'il augmente la spirituosité, la chaleur de ce fluide, et par conséquent, la transpiration ; l'expérience nous démontre que lorsque le corps est refroidi, le mouvement lui communique de la chaleur, active la respiration, provoque une sueur abondante, excite l'appétit et accélère le pouls.

 

7. — De ce que nous avons dit, il résulte évidemment que l'exercice est pour le corps d'une grande utilité, d'un avantage immense, il maintient dans un état d'intégrité parfaite la circulation du sang et l'économie des excrétions, qui sont la base de la vie et de la santé. On ne peut donc pas ne pas le préférer à quelque genre de remède que ce soit.

 

8. — Nous nous demanderons maintenant pourquoi, dans la condition d'une alimentation abondante, un exercice convenable est pour le corps d'une si grande utilité, que, lorsque cet exercice est supprimé, une large voie est ouverte aux maladies les plus graves. La raison de ce fait nous paraît assez facile a saisir, si l'on considère combien une alimentation copieuse engendre de sucs en excès ; ces sucs une fois introduits dans le sang, font obstacle à la circulation, en augmentant la masse de ce fluide. La proportion établie entre la masse et la force motrice est changée, et des sucs pleins de crudité s'amassent dans le sang ; ils sont moins épurés par la circulation et remplissent plus que de raison les vaisseaux qui ne sont plus excités par le mouvement interne et chaud ; ils obstruent les émonctoires, et de tout cela résultent l'intempérie, des obstipations, un mouvement anormal des esprits et des humeurs. Tous

 

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ces désordres sont les origines ordinaires des maladies les plus graves. On sait bien qu'un abdomen dans lequel arrivent toujours de nouvelles matières, est une sentine dangereuse, et que la phlétore, cette mère féconde des maladies chroniques, ne provient que de l'usage immodéré des aliments. Quiconque ne veut pas se confier à l'abstinence et à la diète, moyen à la fois préservatif et curatif des grandes maladies, doit nécessairement avoir recours au mouvement capable d'exciter la circulation du sang, la rendre plus active, et aider ainsi à l'absorption et à l'élimination de tout ce qui est superflu. C'est ce qu'exprime très-bien notre vénérable Hippocrate, lorsqu'il dit (1.1, De victu ratione, sect. 4) : « Le travail consume les matériaux introduits dans le corps ; les aliments et les boissons remplacent au contraire ceux qui ont été chassés au dehors. » En d'autres termes : un mouvement bien ordonné fait cesser ou prévient la pléthore, éloigne les crudités en produisant de la chaleur, et dissipe insensiblement ce qui est superflu. Tant que nous nous livrons à des exercices modérés, les excrétions ordinaires et naturelles suivent leur cours régulier, ce qui doit être rejeté n'est pas retenu dans le corps. C'est ce que Galien exprime en ces termes (Comment. 1, lib. 6, epidem, c. 5) : « Un mouvement un peu violent aide à l'évacuation des humeurs accumulées dans le corps, eu même temps que tout ce qui est crudité, pituite, humeur épaissie, est amené à concoction. »

— On comprend ainsi pourquoi les anciens et Galien (/. 4, alph. Comment., 13) ont dit que l'exercice dessèche et même exténue le corps (Aphor., 14, comment. 28). C'est de là qu'Hippocrate recommande à ceux qui veulent devenir maigres, de s'exercer à jeun (De salubri diaetâ).

 

9. — Un mouvement bien réglé n'entretient pas seulement la santé du corps ; il fortifie aussi l'esprit et lui donne de la vigueur. Telle était l'opinion de Galien, dont l'autorité est si grande : « Toutes les forces de l'âme sont augmentées et revivifiées par l'exercice. » — Il dit aussi (l. 2, De sanit. tuendâ) :

 

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« La chaleur native est maintenue dans les limites de la santé par des exercices modérés du corps et de l'esprit, « Pline dit avec raison (l. 1, Epist. 2) : « Que l'esprit est stimulé par les mouvements du corps. » En effet, on peut très-bien admettre que l'excès des aliments déprime la spirituosité si nécessaire à l'exercice des facultés intellectuelles ; aussi, dit Galien, l'âme appesantie par le sang ne peut atteindre à rien d'élevé.

Théophraste (5, Philosoph.) dit également : « Une nourriture trop abondante, l'usage des viandes, affaiblissent la raison et l'esprit, rendent l'intelligence lente, et donnent un certain air de stupidité. » — Le mouvement corrige ce vice des humeurs et du sang, causé par l'intempérance, il engendre un sang plus pur; il n'est donc pas douteux que l'âme, qui a des rapports si merveilleux avec le tempérament du sang, ne trouve dans le mouvement la meilleure médication. Ainsi, nous avons connu beaucoup de personnes, chez lesquelles l'humidité du cerveau et la surabondance des humeurs avaient engourdi l'esprit, devenir plus intelligentes après l'usage d'une alimentation modérée et d'exercices continus.

Du mouvement par rapport à la thérapeutique.

10 — Arrivons maintenant à la seconde partie de notre dissertation, qui consiste à prouver que le mouvement peut rétablir la santé détruite et guérir les maladies par ses propriétés salutaires. Cette proposition est facile à comprendre et satisfait entièrement la raison. En effet, si le mouvement dissipe la pléthore, rend le corps plus perméable, expulse les excréments et les matières superflues, et dissout les obstructions des viscères, il ne peut pas ne pas être un puissant moyen de guérir, un remède sûr, et tel qu'on ne peut en espérer de meilleur.

 

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11 — L'expérience et la raison la plus solide ne mettent-elles pas dans une complète évidence, que l'efficacité des médicaments pharmaceutiques et chirurgicaux consiste surtout en ce que ces médicaments agissent soit en calmant des fonctions surexcitées et désordonnées, soit en activant celles qui sont paresseuses et incomplètes, tout en mettant en mouvement la masse des humeurs inutiles. On sait très-bien, et nul médecin éclairé ne le niera, que les agents qui excitent la circulation et provoquent une diaphorèse (transpiration) modérée, constituent la médecine la plus sûre et la plus efficace. Or, toutes ces propriétés se rencontrent dans le mouvement, qui, sagement administré, selon la constitution de chaque malade, ne peut être qu'un agent médical utile.

 

12. — D'abord, le mouvement fournit un remède à l'appétit languissant, a l'anorexie ou à toute autre altération des fonctions de l'estomac, provenant d'un amas d'impuretés visqueuses. Le mouvement, augmentant la chaleur du sang, donne plus de liberté à l'influx des esprits vitaux (influx nerveux) dans les tuniques de l'estomac, qui prend de la force, et la digestion s'en accomplit mieux. L'exercice du corps augmente l'appétit; ce fait est d'une expérience si vulgaire, que les anciens sont unanimes à prescrire l'exercice avant le repas.

 

13. — De nombreuses observations recueillies par les meilleurs praticiens, témoignent du danger qu'il y a à boire de l'eau froide lorsque le corps est échauffé par l'exercice. Un grand nombre de personnes sont mortes au bout de peu de temps pour avoir commis cette imprudence; d'autres ont été atteintes d'inflammations incurables de l'estomac et du foie, de phthisie, de fièvre hectique mortelle. Le mouvement, prescrit à temps, peut, en pareil cas, être d'un grand secours. Lorsqu'on effet, le froid a coagulé la gélatine du sang, et que ce liquide ne peut plus circuler, rien ne peut mieux lui rendre sa fluidité que le mouvement et une nouvelle calorification. Les

 

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fermiers et les paysans le savent bien: ils ne permettent pas aux chevaux paralysés de rester en repos; mais ils les fatiguent peu à peu jusqu'à provoquer une forte transpiration. Les habitants de Naples connaissaient autrefois ce traitement, car ils avaient élevé une statue de bronze représentant un grand cheval, autour de laquelle on faisait courir les chevaux malades, et l'on dit que ces animaux recouvraient leur première vigueur.

 

14 — On s'accorde à dire que les fièvres intermittentes sont produites par une oblitération des conduits et par un obstacle apporté a la perspiration cutanée : un suc épais accumulé dans les premières voies et dans le sang, et engendré par les causes que nous avons énumérées, l'intempérance surtout, est la cause qui entretient cet état. Ici, l'indication la plus naturelle est de rendre le corps perspirable, de désobstruer les méats et d'atténuer le suc visqueux. C'est ce que le mouvement peut faire avec le plus grand succès, car il chasse le sang à travers les pores les plus étroits et les vaisseaux capillaires les plus déliés, en sorte qu'il en devient plus atténué et plus pur (1).

 

15. — L'hypochondrie, si commune parmi les savants, les hommes de lettres et les magistrats, par suite de leur vie sédentaire, ne peut être mieux traitée que par un exercice convenable. On produit plus d'effet, et l'on contribue plus à liquéfier le sang et à empêcher les obstructions en employant ce moyen, qu'en prescrivant les meilleurs médicaments. Le célèbre Thomas Sydenham l'a clairement démontré (Diss. epist., de passions hist., p. m. 476), lorsqu'il disserte sur les avantages

 

Notes de Dally (1) Un grand nombre d'auteurs ont aussi constate que les diaphonique s et les mouvements musculaires violenls peuvent, étant administrés avant l'accès, l'empêcher de naître, l'éloigner ou même le supprimer. (Dict. des ici. méd., art. Diaphorétique) Celse, Galien et d'autres médecins anciens conseillaient aussi les frictions dans l'intervalle des accès, et Borellus (Ilist. et obs. cent. 2, obs. 90) les a vues suivies du plus grand succès dans des cas semblables. — Nous avons noté (p. 69) que les Chinois, dès les temps les plus reculés, combattaient aussi cette espèce de maladie par une danse particulière.

 

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de l'équitation, et rappelle qu'un prêtre qui était violemment atteint du mal hypochondriaque, se guérit sans l'emploi d'aucun autre remède que les propriétés du mouvement. C'est ici que se rapportent les voyages que l'on fait aux eaux thermales ou acidulées : le mouvement que l'on se donne pour s'y rendre et pour se préparer à boire les eaux, fait plus pour la santé que les eaux elles-mêmes. Toutes les personnes qui ont été aux eaux doivent reconnaître qu'elles n'ont pas été plus favorables à leur santé, que si elles avaient fréquemment exercé leur corps. C'est par le mouvement que la transpiration et les excrétions alvines sont provoquées au grand avantage des malades. Nous ajouterons ici que chez tous les malades qui sont dans un état de cachexie, chez lesquels les humeurs ne circulent pas, qui sont atteints de gale, de tumeurs œdémateuses, de fluxions rhumatismales diverses, le mouvement bien ordonné produit un grand bien.

 

16. — Il n'est aucune maladie à laquelle l'exercice du corps ne soit plus convenable que les fièvres lentes provenant d'une affection de l'estomac, venues à la suite de fièvres intermittentes guéries trop tôt, ou mal traitées. Dans ce cas, les humeurs visqueuses obstruent les conduits, allument dans le corps un feu qui consume les sucs plus qu'il ne convient. La source de cet incendie (les humeurs visqueuses) se dissipe admirablement par les secousses uniformes du corps, résultant du mouvement du cheval ou de la voiture. Et comme une pareille chaleur lente se produit souvent dans les corps épuisés par une longue maladie ou affaiblis par une hémorrhagie abondante, surtout lorsque l'appétit est peu excité, c'est alors qu'un mouvement convenable est un excellent moyen de traitement, parce qu'il rétablit au moyen de la chaleur qu'il produit, les fonctions digestives affaiblies. Celse exprime très-bien cette pensée (2,15, De gestatione) : « La promenade en voiture est très utile dans les maladies longues et déjà sur leur déclin : elle convient à ceux que la fièvre quarte a quittés, mais qui n'ont

 

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pas encore la force de s'exercer eux-mêmes ; elle réussit également aux personnes chez lesquelles les maladies ont laissé des traces opiniâtres qu'on ne peut effacer autrement. » Richard Mortonm (Exercitat. de phthi, p. 26) assure que ceux qui sont atteints de fièvre lente et même de phthisie, doivent s'exercer chaque jour jusqu'à transpiration modérée, parce la sueur entraîne ces vieux débris de chyle inutile qui remplit les vaisseaux et toute l'économie ; ces saburres expulsées, laissent plus d'espace au chyle nouveau, réparateur, et l'appétit devient plus vif.

 

17 — Le mouvement, et même des exercices un peu énergiques, peuvent être recommandés dans d'autres maladies graves. Celse (2, l 5, De gestatione) le préconise dans la phthisie, les affections de l'estomac, l'anasarque, l'ictère et plusieurs autres maladies qui persistent longtemps, bien que sans état fébrile, comme l'épilepsie et la folie. Ces maladies sont toutes produites par une humeur épaisse et froide qui oblitère les vaisseaux et arrête la circulation du sang, mais qui peut être éloignée par des mouvements convenables. Thomas Sydenham (Dissent, epistol. de passiane hist., p. 4, T6) assure, en parlant de l'équitation, que le mouvement corporel ne convient à personne autant qu'aux phthisiques ; c'est ce qu'il dit en ces mots : « Ce genre d'exercice est aussi utile aux hypochondriaques, qu'aux phthisiques et à ceux qui sont atteints de maladies de langueur. Plusieurs personnes de ma famille se sont guéries de ces maux, d'après mes conseils, en faisant de longues courses à cheval ; et je sais bien qu'en employant, pour les traiter, les médicaments les plus précieux et les meilleures méthodes, je ne leur aurais pas été plus utile que si je les avais continuellement exhortés à se bien porter. » — Stahl confirme l'assertion de Sydenham (Progratnm. propemlic. inaugural, de novo specifico antiphlhmco,equitatione) ; le lecteur trouvera dans cet ouvrage, digne d'être lu et relu, une démonstration évidente et solide de l'efficacité du mouvement dans la phthisie.

 

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18. — L'observation 33e du célèbre Pechlin mérite d'être notée. Il y parle d'un de ses amis, affligé d'une fièvre quarte invétérée. Ce malade, ennuyé des médicaments qu'on lui faisait prendre, se fiant à son courage, prit, au moment même du paroxisme, la résolution soudaine de monter un cheval fougueux, et il s'efforça de le dompter. Après quatre heures de ce violent exercice, les symptômes avaient à peu près disparu, et bientôt le malade fut complètement guéri de sa fièvre, que l'on avait attaquée en vain au moyen des médicaments et des sudorifiques. Ici, l'on peut admettre sans trop de témérité que, par les contractions continues qui furent produites dans tous les muscles, le sang, retenu dans les petites veines où les obstructions ont lieu ordinairement, fut chassé avec plus de force que par les sueurs, et que les humeurs épaisses, recevant aussi une impulsion plus vive, furent en grande partie éliminées par la peau, par les urines ou par les selles.

 

19. — Contre les coliques bilieuses, il n'y a pas de meilleur remède que le mouvement du corps. Sydenham recommande avec raison de faire faire beaucoup de courses à cheval ou en voiture aux personnes chez lesquelles cette affection est passée à l'état chronique. « C'est ainsi, dit-il, qu'on chasse du corps la matière qui entretient la maladie, et le sang toujours agité est épuré continuellement; les intestins eux-mêmes sont excités et fortifiés par l'augmentation de la chaleur native (1). Je ne crains pas d'avouer que, de cette manière, j'ai plus d'une fois guéri radicalement cette espèce de maladie, dont je n'avais pu

 

Notes de Dally (1) On dirait aujourd'hui : la purification du sang a lieu par l'échange qui se fait cnlio les produits gazeux de l'air ou de l'eau, et ceux qui sont dissous dans le sang ; or, c'est la fonction de respiration qui entretient cet échange, et c'est par le mouvement mixte de l'équitation que cette fonction est considérablement activée, en même temps que la plupart des autres fonctions do l'économie. Quant au mouvement passif de la voiture, il agit spécialement en augmentant l'absorptivité. Ces doux mouvements combinés sont donc réellement utiles pour combattre les coliques que l'on attribuait alors à la surabondance de la bile ou à l'altération de ses qualités. — Une frictions en courbe concentrique avec le bout des doigts sur la région des hypochondres, produit le même résultat, et cela presque instantanément, la région abdominale étant d'abord placée dans un état de distension.

 

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me rendre maître par d'autres moyens. » (Sydenh., Op. tned. univers., p. m. 192.)

 

20. — Pour les personnes sujettes aux rhumatismes, aux catarrhes, aux douleurs arthritiques, aux ophthalmies humides, il n'est pas de meilleur préservatif que le mouvement approprié à la nature et au caractère de chacune. L'origine de ces maladies appelées humides, est dans l'accumulation d'un produit d'excrétion humide et séreux, dans un défaut de transpiration et dans la lenteur du cours du sang. Nous rapprocherons de ces maladies les goutteux, dont j'ai connu plusieurs qui ont recouvré la santé par les propriétés des exercices du corps. Galien est aussi de cet avis quand il dit (l. 6, Aphor. comment. 28) : « L'exercice prévient la goutte. » L'expérience de chaque jour confirme cette proposition, et l'on sait que les paysans et les ouvriers sont rarement atteints de cette maladie, à moins qu'il n'y ait chez eux une disposition héréditaire.

 

21. — Enfin, nous ne pouvons passer sous silence le fait que le mouvement favorise l'action d'un grand nombre de médicaments, à tel point que, sans lui, le médicament ne peut, en aucune manière, produire l'effet désiré. On sait que lorsqu'on a administré un vomitif ou un purgatif, l'action du médicament est bien plus puissante si le malade se donne un peu de mouvement ; ceux qui ont été purgés ont un plus grand nombre de selles lorsqu'ils marchent, que lorsqu'ils restent en repos. Galien a dit à ce sujet (l. 4, Aphor. comment. 15) : « Le repos arrête les vomissements, le mouvement les produit. » — Nous avons observé un fait qui confirme cette manière de voir : un homme, de famille noble, était atteint d'une constipation telle, qu'au bout de quinze jours on n'avait obtenu aucun résultat de l'usage de lavements de toutes sortes ; enfin, on se mit à rouler et à agiter violemment le malade dans son lit, et ces mouvements déterminèrent des selles copieuses (1).

 

Notes de Dally (I ) Ce mouvement de roulement était fort usité cher les anciens. — Une concussion générale du corps produit un effet semblable : « Alvus 37 diebus stipata, demùm concusso corpore libéraia (Carolus c. de Caballis, pheonom. med., Venise, 1686).

 

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22. — Les préparations martiales, sèches ou liquides, ne produisent leur effet que lorsque le malade fait, après l'ingestion du médicament, les mouvements prescrits. Les médecins habiles ne négligent pas cette précaution lorsqu'ils administrent ces substances ; ils savent bien qu'elle est indispensable pour que le médicament agisse, et que si le malade reste immobile, le remède peut être nuisible, parce qu'une portion métallique, non dissoute, reste dans l'estomac.

23. — Le quinquina est un moyen incomparable de guérir les fièvres, l'expérience le prouve assez ; et cependant, il perd souvent son efficacité, et produit même des effets contraires, si on ne le donne pas à petites doses répétées, en prescrivant en même temps l'exercice, et c'est en cela que consiste le secret de bien administrer le quinquina. Si on le donne à trop forte dose, l'estomac est surchargé, et comme le médicament n'est pas dissous par le suc de l'organe, il n'a aucun effet; il en est de même de la partie dissoute, et qui a passé dans le sang; le quinquina étant astringent, il obstrue les viscères plutôt qu'il ne les fortifie, ce qui est pourtant le but qu'on cherche à atteindre : conséquemment, il ne favorise ni la circulation du sang, ni l'expulsion des humeurs excrémentitielles.

 

24. — Après la saignée, on peut de toutes manières recommander l'exercice dans un air libre et serein, afin que, par un mouvement régulier, le sang se distribue mieux dans toutes les parties du corps, et que la chaleur affaiblie et la spirituosité soustraite par la perte de sang, soient renouvelées et revivifiées. On peut prévenir ainsi l'accumulation des crudités dans l'estomac, accident qui suit très-souvent les saignées copieuses.

 

25. — Les eaux acidulées et toutes les eaux salubres froides possèdent, tant par leur poids, que par les substances minérales qu'elles contiennent, de puissantes propriétés pour déga-

 

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ger les obstructions invétérées des intestins, et dissoudre les matières visqueuses accumulées dans les vaisseaux. Mais si leur usage n'est pas accompagné d'un exercice suffisant, leurs effets sont souvent nuls, et elles trompent l'espérance du malade et du médecin. Cette eau froide ingérée a besoin d'être échauffée parle mouvement extérieur ; avec l'accroissement de vigueur dans le muscle, elle passe plus tôt et plus vite au travers des méats du corps et des voies rénales.

 

26. — J'ajouterai, enfin, que la plupart des incommodités dont souffrent les femmes dépendent de l'irrégularité du flux menstruel. La suppression du flux menstruel amène de grands désordres dans les organes génitaux, personne n'en doute ; le mouvement peut être ici d'une grande utilité, parce qu'il égalise le cours du sang, et dissout le sang épais qui gonfle et oblitère les veines utérines ; il peut rendre de grands services dans presque toutes les maladies chroniques des femmes. Les femmes doivent cependant s'abstenir d'exercices violents pendant la grossesse. Quoi de plus commun que l'avortement vers le milieu du temps de la gestation, a la suite de mouvements trop violents ? Presque toutes les femmes enceintes étant d'abord pléthoriques, si le mouvement externe vient à agiter la masse trop considérable du sang, les vaisseaux utérins, qui sont alors très-développés, se rompent; une hémorrhagie abondante a lieu et produit l'avortement. Nous ajouterons cependant qu'un exercice modéré, approprié à l'état de la femme enceinte, peut être très-utile, en favorisant la transpiration, en chassant des impuretés séreuses nuisibles à la mère et au fœtus.

Des différentes espèces de mouvements.

27. — Nous venons d'expliquer, en général, l'usage et l'utilité du mouvement pour entretenir la santé, prévenir les ma-

 

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ladies et les combattre. Il nous parait maintenant nécessaire, d'examiner les principaux genres de mouvements, et de noter succintement et clairement quels sont leurs avantages, leurs inconvénients, les maladies et les constitutions auxquelles ils conviennent, et quelles règles on doit observer dans la pratique.

 

Mouvements volontaire ou actifs.

28. — Je commencerai par la promenade à l'air libre, qui est à la portée de tous. Les anciens, et parmi eux Platon, ont mis la promenade au grand air, à la campagne, bien au-dessus de la promenade dans les villes: les chemins agrestes sont plus agréables que les rues pavées, et l'air, aliment naturel des esprits vitaux, est plus serein et plus pur à la campagne. Pline exerçait son esprit par l'étude, et son corps par la promenade et la chasse; il faisait un mille le matin et jouait à la paume ; ce genre d'exercice lui servait à combattre la vieillesse : aussi, à l'âge de soixante-dix-sept ans, il avait la vue et l'ouïe pleines et entières, et le corps dans toute sa force (V. Plin, l. 3, epist. l) (1). La marche est une forme de mouvement modéré q ii convient parfaitement aux hommes de lettres; l'action des muscles y est maintenue en équilibre, et dans un ordre alternatif. Le mécanisme entier étant mis en mouvement et tous les muscles en action d'une manière égale, la circulation des fluides est aussi partout régularisée, les viscères et la constitution toute

 

Notes de Dally (I) L'auteur, attribue ici à Pline le jeune ce que celui-ci dit de Spurina, général romain sous les règnes d'Othon, de Vitellius et de Vespasien. — Du reste, dans les temps anciens, les vieillards surent admirablement conserver leur vigueur par l'usage d'exercices convenables.

A ce propos nous citerons ces paroles de Cicéron :

Resistendum senectuti est, ejusque vitia diligentid compensanda sunt. Pugnandum tanquàm contra morbum, sic contra senectutem.llabenda ratio valetudinis : vtendum exercitationibus modicis : tantum cibi et potionis adhibendum, ut reficiantur vires, non opprimantur. Nec vero corpori soli subveniendum est, sed menti atque animo multò magis : nam haec quoque, nisi tanquam lumini oleum instilles, extinguntur senectute. Et corpora quidem defatigatione et exercitatione ingravescunt ; animi autem exercitando levantur (De senect., 37-38).

Traduction ajoutée par le CFDRM. Roidissons-nous contre la vieillesse ; que l'attention redoublée de notre part, compense les torts qu'elle peut avoir. Traitons-la comme une maladie, contre laquelle il faut lutter. Prenons soin de notre santé, faisons un exercice modéré ; buvons et mangeons pour réparer nos forces seulement, et non jusqu'à les outrer. Mais pourvoyons aux besoins de l'esprit, autant et plus qu'à ceux du corps. C'est une lampe où il faut remettre de l'huile ; sans quoi la vieillesse l'éteint, ces sots vieillards de comédie, ainsi que parle Cécilius, c'est-à- dire, qui sont crédules, oublieux, négligens, ce n'est point leur âge qui les rend tels ; c'est leur paresse, c'est qu'ils ne savent rien faire, c'est qu'ils ne font que dormir.

 

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entière acquièrent de la chaleur et de la force, et leur tonicité s'affermit par suite de la division que le mouvement produit dans la masse du sang. Ce genre de mouvement favorise aussi sans violence les fonctions digestives et les secrétions ; il préserve très-bien tous ceux qui ont des occupations sédentaires, de l'affection hypochondriaque, des crudités, des obstructions intestinales. Nous rappellerons ici le mot de Martial : C'est folie que des hommes jeunes et bien portants se promènent avec les jambes d'autrui (en litière).

 

29. — Après la marche vient la danse paisible et gracieuse. Les écrivains grecs en trouvent l'origine dans les cieux, dans les mouvements des astres, dont l'apparition et la disparition, obéissant aux lois de l'harmonie, leur présentaient l'image d'une danse céleste (V. Corn. Agrippa, De vanitate scientiarum, cap. de saltalione). Modérée, la danse produit des effets semblables à ceux de la promenade ; mais lorsqu'elle est poussée trop loin, de manière à amener d'abondantes sueurs, elle peut produire une fatigue des membres qui ne disparaît qu'au bout de quelques jours. Cependant, il est bon de noter que ce genre d'exercice, quoique parfois excessif, n'est pas toujours dangereux, par cela même qu'il est agréable ; il l'est moins que tout exercice violent qui n'est pas un amusement. Les personnes qui dansent ressentent peu l'action nuisible de cet exercice : « Le plaisir, dit Silvaticus (Controvers. 15, p. 79), empêche de sentir la fatigue, et l'habitude devient telle, que l'excès même de la danse n'est plus nuisible. »

 

30. — La course est un exercice plus violent ; il échauffe et communique aux humeurs un mouvement rapide, il dessèche davantage le corps et l'amaigrit, il dissout les humeurs épaisses et rompt les obstacles qui empêchent le sang de circuler. Mais il faut avoir soin de ne pas la prescrire aux pléthoriques et à ceux qui ont le sang veineux trop épais, surtout s'ils ne sont pas habitués à courir. La course peut agiter beaucoup trop le

 

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sang, et de plus, donner des douleurs de tête, des oppilalions du foie, des hémorrhagies, de l'asthme, des inflammations du poumon. Il me paraît convenir aux fébricitants, lorsque la fièvre a été d'abord intermittente et chronique. Lorsqu'il n'y a pas de cause permanente qui entretienne les obstructions, la course consume rapidement cette humeur visqueuse qui oblitère les méats de la peau, produit des spasmes dans les parties superficielles du corps et provoque des mouvements trop vifs du cœur et des artères, et même la fièvre. Nous en avons une preuve dans les paysans qui, lorsqu'ils sont pris de la fièvre tierce, se mettent à courir jusqu'à ce qu'ils soient excessivement fatigués, et se guérissent promptement ; c'est pourquoi Grégoire Horst (V. Oper. med. exercitat. 4, de febr. piitrid. curatione) conseille aux personnes atteintes de fièvre, de courir, mais sans prolonger trop cet exercice.

 

31. — Nous arrivons maintenant au jeu de paume, que Galien recommande plus que tout autre genre d'exercice, et dont il a fait le sujet d'un petit ouvrage. Cet exercice met en mouvement le corps entier, les jambes, les bras, le cou, la tête, les yeux, le dos, d'une façon rapide et proportionnelle. Mais ces mouvements sont trop violents pour les personnes qui n'en ont pas l'habitude, et l'on ne doit les conseiller qu'à celles qui y sont accoutumées jusqu'à un certain point. II faut toujours recommander aux malades de ne pas prendre de boissons froides lorsqu'ils viennent de courir, car il est arrivé bien des fois que des athlètes sont morts ainsi, et ont été pris d'asthme, de coliques convulsives, d'obstructions graves des viscères, de fièvre hectique et d'hydropisie. Tout le monde ne peut pas jouer à la paume, et des raisons de convenance empêchent bien des gens de se livrer à cet exercice ; ces derniers peuvent jouer dans une chambre en lançant la balle contre la paroi du mur, et la recevant dans la main ou sur une raquette.

 

32. — Les anciens aimaient beaucoup le jeu du disque. Le

 

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disque était une masse de fer, de pierre ou de plomb, que les jeunes gens s'efforçaient  de lancer le plus loin possible, soit verticalement, soit horizontalement. Ce jeu est maintenant abandonné ; on a remplacé le disque par un fer à cheval, par une barre de fer ou par un palet d'airain ((Plem., De valetud. tuendâ, p. 200). Le jeu du disque était pénible et seulement propre aux jeunes gens vigoureux. Il est nuisible aux personnes atteintes d'une maladie des reins ou de la poitrine, mais il fortifie la colonne vertébrale, les articulations du thorax, chez celles dont les organes respiratoires et les membres sont intacts et vigoureux.

 

33. — La voltige est un exercice plus violent, et qui, par conséquent, doit être prescrit avec une réserve encore plus grande. Outre l'excès des flexions variées du corps, et surtout d'extensions nuisible qu'entraîne cet exercice, qui consiste à sauter sur un cheval de bois par devant, par derrière, à droite, à gauche, ces mouvements violents fatiguent les fibres musculaires, et tout le corps se sent briser plus que de raison. il est vrai que les muscles et les tendons se fortifient par la voltige ; mais elle peut produire une luxation de la colonne vertébrale et des ruptures d'organes. Les personnes qui s'y livrent se luxent souvent une articulation et sont fréquemment affectées de hernies et de volvulus. C'est ainsi que la simple extension du fémur peut produire une hernie intestinale, comme l'affirme Job Van Meekeren (Obs. chir., p. 206, cap.6). Blankard (Inst. chir.,  cap 26) met cet exercice au nombre des causes les plus fréquentes d'hydrocèle.

 

34. — Nous parlons maintenant du pugilat, jeu tragique qui peut se terminer par la mort d'un homme. Ce genre d'exercice est laborieux et utile seulement aux hommes robustes et replets ; leurs articulations se fortifient dans cette lutte vigoureuse, les muscles, les tendons et les nerfs acquièrent aussi plus de force, et de même que le corps en devient plus agile,

 

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de même le jugement devient plus vif par l'attention soutenue d'éviter les coups de l'adversaire. Les personnes faibles et de peu de vitalité, sont très vite fatiguées dans cette lutte, et lorsqu'elles choisissent ce genre d'escrime comme moyen de rétablir leur santé, elles s'acheminent vers un abîme. J'ai connu des personnes qui, pour s'être trop adonnées à cet exercice, ont fini par être atteintes de phthisie, de langueur, d'hypochondrie et de faiblesse d'esprit. (1)

 

35. — Nous rangeons parmi les exercices les mouvements professionnels, soit des ouvriers, soit des cultivateurs, comme l'action de battre le blé, de couper du bois, de moissonner, et les autres travaux de l'agriculture. La vigueur et la bonne santé dont jouissent les paysans nous prouvent assez combien ces occupations contribuent à prolonger la vie et à la garantir de toute atteinte. Les humeurs vicieuses sont facilement expulsées par la sueur que ces travaux occasionnent, et l'estomac est tellement fortifié par eux, qu'il digère facilement les aliments les plus crus et les plus indigestes(2). Il faut ajouter que les

 

Notes de Dally (1) Cette observation avait déjà été faite par philosophes et par les médecins de l'antiquité. Ils avaient bien reconnu que si les avantages de la gymnastique sont extrêmes, les abus ne le sont pas moins, et tous condamnaient les exercices qui n'étaient pas dans une exacte proportion avec les facultés du corps et un juste tempérament avec celles de l'âme.
– Aussi
Platon ne voit dans les athlètes de profession, que des gens somnolents, vertigineux, accablés de maladies physiques et morales (Républ. III). – Telle est aussi l'opinion d'Hippocrate (Aphor. 1). Euripide dit qu'il n'y a pas de pires gens que les athlètes. – Plutarque les compare aux lourdes colonnes du gymnase, et prétend que rien n'a plus contribué à la mollesse et à la servitude de la Grèce, que l'art athlétique, qui, passé dans les moeurs de la nation, avait fait de la masse des citoyens de forts et rusés lutteurs, au lieu de vaillants et généreux soldats. – Aussi l'art de athlétique était considéré comme une aberration de la gymnastique vraie et légitime, comme une sorte de gymnastique vicieuse et cacotechnique (Mercur., De art. gymn., I, 13, 14 Fiche technique).
On peut en dire autant de tout exercice du corps dans lequel les mouvements variés ne sont pas bien combinés entre eux, et intimement unis par le lien physiologique. – Nous ne condamnons pas l'exercice de la lutte ; il a ses avantages lorsqu'il est bien combiné avec d'autres exercices, qu'il est très modéré, et ne dégénère point en habitude.

(2) Cette observation est vraie, en thèse générale. Mais à combien de maladies et d'infirmités ne sont pas sujets les cultivateurs, par suite de leurs travaux ? Voyez, par exemple, ceux qui sont chargés de labourer la terre : ils ont tous l'épaule droite démesurément développée ; d'où déviation de l'épine dorsale et toutes les conséquences morbides qui en ré-

 

 

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personnes qui se livrent aux travaux des champs, pour raison de santé, deviennent  plus vigoureux. – Un exemple fera mieux saisir la vérité de cette proposition. Au commencement de son ministère, un pasteur était malade depuis longtemps ; il avait pris en vain beaucoup de médicaments. Il rencontra, enfin, un médecin qui promit de le guérir par des moyens dont l'action serait plus prompte. Et comme il lui disait qu'il ne se servirait d'aucun médicament, le ministre des Évangiles  lui demanda comment il se ferait alors qu'il lui rendît la santé (1). Le médecin lui conseilla d'abord de renoncer à tous les remèdes, puis de s'exercer tous les jours au cerceau (trochus), de manière à se faire suer modérément. Le ministre voulait bien prendre de l'exercice, mais le jeu ne lui plaisait pas. On convint alors de fendre du bois  tous les jours. Le malade se mit à l'oeuvre avec tant de régularité, que son travail était pour ses voisins un moyen de savoir quelle heure il était. L'effet répondit aux promesses : pasteur recouvra la santé et ne fut jamais atteint d'aucune maladie jusqu'au moment de sa mort. (Bartholom. de Moor, tr. de instaurat. medicin, p. 345).

 

36. — Nous dirons aussi quelques mots d'un certain exercice dans lequel les mouvements des membres n'entrent pour rien : c'est celui de la voix. Il est très-utile aux magistrats et aux hommes de lettres, et Plempius a raison quand  il dit (loc. cit.) : « L'habitude de prononcer tous les jours un discours est extrêmement utile, non-seulement pour l'entretient de la santé, mais pour celui des forces. Ce n'est pas qu'il puisse former des

 

Notes de Dally

sultent. – Toutes les professions manuelles dont les mouvements, quelques faibles qu'ils soient, ne se trouvent pas combinés entre eux, de telle sorte qu'ils correspondent aux lois d'équilibre et d'harmonie du mécanisme vivant, en sont les plus grandes puissances désorganisatrices et deviennent les sources les plus abondantes des maladies chroniques héréditaires, – que des habitations humides et peu aérées contribuent encore à développer (Voir précédemment page 185 dans la Cinésiologie de Dally de 1857 Fiche techniquequi nous restitue cette thèse)

(1) Il paraît que l'on croyait alors, comme le peuple se l'imagine encore aujourd'hui, que l'on ne peut guérir qu'au moyen de médicaments pharmaceutiques, comme si ces médicaments possédaient, en eux-même et de leur propre nature, des vertus médicatrices spécifiques. (Voir à ce sujet F. Hoffmann : De imprud. med., etc., 54).

 

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athlètes et donner aux membres une grande force musculaire, mais il communique aux principaux organes de la vie une vigueur toute naturelle. » – L'émission de la voix ayant pour condition une augmentation de mouvements respiratoires, la dilatation et la contraction du poumon s'accélère et le sang passe plus rapidement à travers le coeur et les poumons ; la chaleur du corps est augmentée, le sang est atténué, les veines se débarrassent du sang inutile et les artères s'ouvrent plus libres au fluide réparateur ; tout cela empêche les humeurs superflues de se coaguler  et de former des dépôts. Les physiologistes nous ont appris que la respiration, loin de refroidir le sang, le réchauffe par la collision qu'elle produit en lui. Lorsqu'en effet, le sang passe au travers des innombrables tubes du poumon, l'agitation qu'il éprouve le rend plus chaud et plus vif, et le mouvement de progression dont il est animés augmente (1). On sait bien que les personnes qui parlent en public s'échauffent même en hiver jusqu'à suer. C'est pourquoi Celse a raison de recommander la lecture à haute voix aux personnes qui ont l'estomac faible. Il faut éviter de forcer sa voix et de faire grands efforts, car alors comme dit Plempius (loc. cit.) la lutte qui s'établit entre les forces vitales peut produire des hernies. Il ne faut pas non plus parler ou lire d'une voix forte après avoir beaucoup mangé.

 

Notes de Dally (1) Dans ces dernières années on a changé d'idée à cet égard, depuis que G. Liebig fils et M.C. Bernard ont démontré que le sang qui sort du poumon est moins chaud que celui qui y entre. Le sang le plus chaud est celui de la veine cave.

On reconnaît aujourd'hui que la chaleur animale est produite par tel ou tel actes fonctionnel, mais qu'elle est le résultat des divers actes de combinaison  assimilatrice et de décombinaison désassimilatrice qui caractérise la nutrition, laquelle est une propriété de tous les tissus. –  Si le sang de la veine cave est plus chaude que celui qui sort du poumon, c'est que le sang qui y arrive des intestins, y opère un échange de matériaux plus abondants. –  Ces observations récentes font mieux comprendre la puissance physiologique du mouvement, dont la propriété essentielle est d'activer le phénomène de nutrition, en donnant au mécanisme vivant toute la vitalité et la liberté normale de ses fonctions économiques, d'où résultent nécessairement la santé, la force et toutes les qualités qui constituent véritablement l'homme.

 

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Mouvements communiqués ou passifs.

 

37. — Nous avons maintenant à nous occuper des mouvements communiqués au corps par des forces qui lui sont étrangères ; ces mouvements sont assez doux et conviennent surtout aux personnes dont le corps a été affaibli par une maladie ou tout autre cause. Parmi ces mouvements nous citerons la promenade en voiture, en litière, en bateau, en chaise-à-porteur. On promenait autrefois en litière les personnes affectées de léthargie ou de fluxions des intestins ; on portait sur une chaise celles qui étaient atteintes d'une maladie chronique à forme lente, et même les fébricitants, lorsque la fièvre était à sa période de déclin. Celse conseille aux phthisique de voyager sur mer, à cause du changement d'air et du léger ébranlement que le corps éprouve dans un navire (1. 3, c. 22). Il envoya plusieurs malades d'Italie à Alexandrie, et il prescrivait à ceux à qui cette faiblesse empêchait  de faire ce voyage, de se promener, mais pas longtemps, dans un bateau, et de fuir toutes les affaires qui occupent l'esprit. Il recommande aux hommes obèses, phlegmatiques, à ceux qui sont atteints de la fièvre quarte, la course dans un char (Jonston., In syntagm. m. pr. l. 1, c. 2). Lorsqu'en effet, le corps entier est ébranlé, les viscères sont agités et le sang et les humeurs se meuvent plus rapidement.

38. — L'équitation doit être rangée parmi les mouvements communiqués au corps par une force étrangère. Lorsque cet exercice est pris avec modération, le sang se répand dans tous les membres sans s'y porter avec excès, et tous les groupes de muscles sont mis en mouvement d'une manière proportionnelle. Il résulte de là que le sang est rendu plus subtil et plus fluide, que les humeurs visqueuses et épaisses sont chassées hors des glandes et déposées dans les cavités destinées à recevoir

 

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les excrétions (1). C'est peut-être pour cela que les Anglais prescrivent l'équitation à des malades atteints d'affections graves du colon et du Rectum. Mais je dois faire remarquer ici, comme à l'égard de tous les autres mouvements, qu'il faut graduer la violence de l'exercice, et ne pas faire faire les mêmes efforts à tous les malades sans distinction. L'équitation n'est bonne que pour les personnes qui y sont habituées ; car pour ce qui est des autres, elles les fatigue trop et produit une irritation beaucoup trop forte dans la tête, les poumons, le dos et le siège. Les personnes qui n'ont pas l'habitude du cheval, et celles qui sont atteintes de douleurs néphrétiques, doivent se garder de se livrer à l'équitation, car ce serait jeter volontairement de l'huile sur le feu. On peut craindre, en effet, qu'un calcul anguleux et favorablement situé ne se déplace d'une façon malheureuse, et que la scène ne change au détriment du malade. De tristes exemples nous ont fait voir ce qui en était.

 

Mouvements communiqués ou passifs.

 

39. — Le meilleur médicament, lorsqu'on l'administre sans égard au temps où il convient de le donner, à la dose et au mode de préparation, à l'âge, au tempérament, à l'individualité et au genre de vie du malade, peut causer des accidents graves : il en est de même du mouvement. Si on ne l'administre pas avec prudence, d'une manière convenable,

 

Notes de Dally (1) A ce sujet, l'auteur est plus explicite dans une autre dissertation (De med. simpl. et opt., motu, inœdia atque potu) :
« Parmi toutes les espèces de mouvements, dit-il, l'équitation occupe le premier rang ; la saine raison l'enseigne au médecin, et l'expérience le confirme. En effet, ce mouvement imprimant une succussion régulière à toutes les parties du corps, tant internes qu'externes, active le mouvement et la circulation du sang, principalement dans les vaisseaux mésentériques et dans les viscères de l'abdomen où il est ordinairement ralenti, ouvre les ganglions du méseutère, et donne du ton aux viscères et à l'estomac. Conséquemment, l'équitation est un remède administrable contre l'
hypochondrie, l'hystérie, la cachexie, l'hydropisie et les fièvres lentes. »
L'observation eût été plus complète si l'auteur eût tenu compte de l'activité du cavalier qui dirige son cheval, activité qui ajoute à son état de passivité physiologique général d'un mouvement du centre à la circonférence.

 

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il peut faire plus de mal que de bien. Il nous paraît utile de donner ici quelques règles au sujet de l'administration du mouvement, afin que tout médecin prudent apprennent à distinguer entre l'usage raisonnable et utile et l'abus qui est nuisible.

 

40. —  (Premièrement.) Il faut bien se mettre dans l'esprit que les exercices et les mouvements doux conviennent beaucoup mieux aux personnes faibles, épuisées par une longue maladie, que les exercices violent. Ceux-ci dissipent les dernières forces du malade, et le jettent dans un état de langueur dont il est difficile de le tirer ; c'est ce qui fait dire avec beaucoup de sagesse à Celse (1. 2, c. 15) : « Les exercices doux conviennent aux conditions affaiblies ; les exercices un peu plus forts aux malades qui déjà depuis plusieurs jours sont délivrés de la fièvre, ou à ceux qui éprouvent les premiers symptômes d'une maladie grave, mais sans avoir encore de fièvre, » c'est-à-dire à ceux dont les forces sont encore intactes. On permettra donc les exercices doux, tels que la promenade en voiture, en bateau, aux vieillards, aux enfants, aux malades atteintes de fièvre hectique, aux phthisiques, aux convalescentes. Les corps robustes, pleins de force et qui sont pris à certains moments d'un mal périodique, ont au contraire besoin d'exercice violents, tel que le jeu de paume, le pugilat, la danse, et tous les travaux mécaniques.

 

41. —  (Deuxièmement.) Les personnes charnues, grasses, celles dont le corps est pleins d'humeurs et vaisseaux de sans et de sérosité, ont besoin de mouvement, bien plus que les personnes grêles, épuisées par l'abstinence et les veilles, par les plaisirs vénériens et par le travail d'esprit, ou que les personnes au tempéramment bilieux. Les mouvements violents sont très-nuisibles à ces dernières. Les anciens ont très-bien exprimés cette pensée ; Hippocrate entre autres (lib. De salubri diaeta) nous dit : « Que les personnes charnues doivent mar-

 

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cher vite, et les personnes grêles lentement. » — Il dit dans le même livre : « Les personnes grasses qui veulent maigrir, doivent s'exercer à jeun, et manger que lorsqu'elles se sont essoufflées et fatiguées. »

 

42. —  (Troisièmement.) La question d'âge mérite d'être prise en considération par rapport à notre moyen de guérir. Les petits enfants doivent prendre du mouvement dans leur berceaux ou sur les bras de leurs nourrices. Pour les enfants de trois ou quatre ans, on les promènera dans une petite voiture ; on ne doit pas les habituer à marcher trop tôt, de peur que leurs jambes ne se tordent. A l'âge de sept ans, on leur permettra de l'exercice plus librement, mais sans les laisser aller jusqu'à leurs forces, de peur que leurs membres n'aient à souffrir. On les habituera à jouer aux boules, à la balle, à se promener, etc., et même à monter à cheval, afin de fortifier leur corps et de réjouir leur esprit. Le mouvement ne convient à personne plus qu'aux enfants de cet âge, parce qu'ils mangent ordinairement beaucoup, et qu'ils sont ainsi sujets à l'obstruction des viscères, aux fièvres lentes, hectiques, et à la phthisie ; ces maladies peuvent être prévenues par un mouvement modéré. Les hommes jeunes et d'un âge mûr chez lesquels le sang circule avec force, surtout quand il contient beaucoup de soufre, doivent s'abstenir des exercices violents, du pugilat, lorsqu'ils n'en ont pas l'habitude et de la voltige. L'expérience nous apprend que ces mouvements violents produisent souvent des fièvres inflammatoires, des pleurésies et des péripneumonies. Le jeu de billard, la danse modérée, l'équitation leur conviennent d'avantage, ainsi que les voyages, que recommande l'illustre Bacon de Verulam (Sermon. fidelium 18) ; le mouvement de la marche et le changement de climats sont utiles à la santé. Les vieillards ne doivent ni rester toujours en repos, ni se livrer à des exercices violents ; des mouvements modérés suffisent à l'entretien de leur vie, comme un souffle léger à celui d'une petite flamme. On aura toujours

 

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égard au degré de leur force. Les plus faibles se contenteront de la promenade en litière ou en voiture ; les plus forts feront des promenades modérées. L'influence de l'habitude doit toujours être prise en considération, comme le dit Hippocrate (Aphor. 42, sect. 2). : « Les hommes habitués au travail le supportent mieux, quoique faibles ou vieux, que les hommes jeunes et forts qui n'en ont pas l'habitude. »

 

43. —  (Quatrièmement.) Il faut bien se persuader qu'un malade qui veut se guérir par le moyen du mouvement, ne doit pas se livrer tout-à-coup à des exercices violents, s'il n'y est pas habitué. L'Aphorisme 51, sect. 2, d'Hippocrate confirme notre manière de voir : « Evacuer ou remplir, échauffer ou refroidir, ou d'une façon quelconque, mettre le corps en mouvement avec excès ou subitement, est chose dangereuse. » Ceci s'applique surtout aux mélancoliques et aux pléthoriques : lorsque ces malades se livrent subitement à des mouvements violents et soutenus, ils éprouvent des maux de tête, une lassitude extrême des membres, de la fièvre, ils sont atteints de maladies inflammatoires, de dyspnée. C'est ce que Galien nous apprend (Aphor. l. 3, posit. 20) : « Les exercices peuvent produire chez un homme plein de pituite, de bile jeune ou noire, ou de sang, l'apoplexie ou bien une rupture des vaisseaux du poumon (1). » —  Ce n'est donc que peu à peu que l'on doit procéder aux exercices, en commençant par les plus doux et arrivant graduellement aux plus forts. La raison en est que lorsque le sang épais et abondant est mis en mouvement, il se précipite avec impétuosité vers les parties et peut produire

 

Notes de Dally (1) On sait que les anciens partageaient toutes les humeurs du corps en quatre espèces : le sang, le flegme ou pituite, la bile jaune et la bile noire ou atrabile. Ces quatre humeurs étaient la base de leur grand système humoral. A la prédominance de chacune d'elles, ils faisaient correspondre un des âges, une des saisons, un des tempéraments, un des climats. Tout cela était réglé selon de certaines lois de précision et d'harmonie. Cette doctrine était séduisante, et beaucoup de faits lui servaient d'appui. Mais dès que l'on eu découvert la bile noire n'existait pas, le système s'écroula, et l'on chercha d'autres classifications.

On s'arrêta d'abord aux propriétés physiques et chimiques des humeurs, et on les divisa en liquides, vapeurs, gaz ; en acides, en alcalines et en neutres. Pitcairn en fit deux sec-

 

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des hémorrhagie ou bien des stases inflammatoires spasmodiques.

 

44. —  (Cinquièmement.) Les exercices doivent avoir lieu avant le repas ; c'est que les anciens ont  souvent recommandé dans leurs écrits. Les meilleurs préceptes sont donnés par Celse (l.1, c. 2) : « L'exercice doit toujours précéder les repas ; on en prendra moins si les occupations ont été modérées et les digestions faciles, et davantage si l'on en prend l'habitude et que les digestions soient incomplètes. Parmi les exercices salutaires figure la lecture à haute voix, les armes, la paume, la course et la promenade. Celle-ci présente plus d'avantages quand le terrain est accidenté que lorsqu'il est uni, parce qu'il en résulte une plus grande variété de mouvements, pourvu toutefois que le sujet ne soit pas trop faible. » Tout mouvement violent est nuisible après le repas. Galien dit (De boni et mali succi cibis) : « L'exercice pris avant les repas contribue beaucoup à entretenir la santé, mais tout exercice pris avant le repas est


tions : les humeurs épaisses et ténues. C'est cette classification que
Frédéric Hoffmann à suivit dans cet écrit, dont les principes hygiéniques et thérapeutiques reposent essentiellement sur l'entretien de la normalité des propriétés des humeurs, et sur les moyens de retour à cet état.

Les différentes espèces d'humeurs sont nombreuses : depuis le sang jusqu'au matières fécales, on en compte soixante environ. Elles jouent un très-grand rôle dans l'organisation, et de leur état normal résultent la vie et la santé, comme de leur état normal, la maladie et la mort. Or, c'est pour procurer l'un de ces états et pour éloigner l'autre, que Frédéric Hoffmann considère le mouvement organisé comme la meilleure médecine du corps.
Il s'exprime en ces termes :

 

 Depuis l'époque d'Hoffmann, le système de classification des humeurs à bien changé. Celui de Chaussier a formulé a aussi subi de profondes modifications. Le plus récent se trouve dans la dernière édition du Dictionnaire de Nysten ; Paris, 1854. — Les progrès de la science, loin de renverser la doctrine Hoffmann, ne font réellement que la confirmer davantage.

 

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très nuisible. » —  Après le repas, en effet, l'exercice fait passer trop promptement les aliments de l'estomac dans l'intestin (1) : il résulte de là une accumulation d'humeurs ; un chyle cru et visqueux est porté dans le sang par les vaisseaux lactés, et tout cela produit la cacochimie, des obstructions dans les parties solides, la gale surtout, et la distension des viscères. Galien avait déjà fait cette observation (l. 6, De sanit. tuendâ) : « Chez les hommes qui prennent de l'exercice après le repas, la tête se remplit de vapeurs, et le foie se distendent et devient lourd. » Il dit aussi au livre l. De salubri diaetâ) : « Les exercices auxquels on se livre après le repas sont une cause fréquente de l'obstruction d'un grand nombre de viscères. » —  Une promenade tranquille une ou deux heures après le repas, ne peut faire aucun mal ; elle contribue même à faire arriver promptement le chyle nouveau dans le sang.

 

45. —  (Sixièmement.) Il faut avoir soin, relativement à la quantité ou à la mesure des exercices, de les continuer, si les forces le permettent, jusqu'à produire une intumescence légère du corps, une chaleur égale dans toutes les parties, une certaine coloration, un commencement de fatigue, et qu'une sueur modérée ou même une vapeur chaude s'en exhale. Lorsque l'exercice produit d'autres phénomènes, on doit le suspendre. Hippocrate (Aph. sect. 2) nous dit : « Dans tout mouvement du corps, dès que l'on ressent de la douleur, se reposer soulage immédiatement. » —  Lorsque l'exercice a été poussé trop loin, les parties ténues des sucs nourriciers sont expulsés en si grande quantité, qu'il faut manger et boire pendant plusieurs jours pour réparer cette perte ; les sucs qui auraient suivi doucement leur cours se sont épaissis et se meuvent avec peine. Le défaut d'exercice produit les mêmes maux que l'excès d'exercice. Lorsque en effet nous sommes toujours immobiles, nous respirons moins, et le sang est aussi

 

Notes de Dally (1) Ce fait a été bien souvent confirmé à la suite d'expériences faites sur des animaux.

 

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moins réchauffé ; il résulte de là que les humeurs visqueuses se meuvent plus difficilement, que les aliments et les excréments trop longtemps dans les intestins, s'épaississent et causent des maux infinis et surtout des maladies chroniques (1).

46. —  (Septièmement.) Nous avons encore quelques mots à dire au sujet de l'hygiène des exercices. Lorsqu'on s'y est livré, on ne doit pas travailler ou étudier, de peur que le corps échauffé par le mouvement ne soit exposé subitement à l'action de l'air froid ; il faut encore moins prendre des boissons froides, qui ont souvent produit, dans de pareilles conditions, des maladies chroniques rebelles. Il faut entretenir la transpiration, se tenir dans un lieu où l'on ait chaud, couvrir le corps et l'essuyer s'il est baigné de sueur, changer de linge et faire sur la peau des frictions auprès du feu. Lorsque le mouvement est employé dans un but médical, on ne doit pas manger immédiatement  après avoir pris de l'exercice, et prendre plutôt des boissons qui n'arrêtent pas la transpiration. On peut alors donner au malade du vin trempé, des bouillons, du thé ou bien une infusion de véronique. Ce n'est pas assez de s'exercer une fois ; il faut le faire deux fois par jour au moins, si l'on veut conserver sa santé et prolonger sa vie.

 

Fin

Tel est le traité Du mouvement considéré comme la meilleure médecine du corps, premier essai qui, depuis Mercuriali, ait été tenté en Europe pour mettre la gymnastique des anciens en rapport avec les progès de la médecine et avec les moeurs du temps.

Quelque-unes des autres dissertations dont nous avons donné les titres, page 206, contiennent aussi beaucoup de notions relatives au mouvement et à ses effets physiologiques.

 

Notes de Dally (1) Voir les notes, art. 34, 35 et 36.