Des
bains et
antiques
exercitations
grecques
et rommaines
Dernier chapitre
Recto
de la feuille 2
Correspondance
en français moderne
Correspondance
en vieux français
AU ROY.
"Sire,
ces jours passés alors que je suis en votre royale
maison de Fontainebleau, je me pris à regarder
ce qui a souvent mis les esprits des bons Architectes
en admiration et entre choses, votre galerie, ainsi
que les personnages qui y sont, faits par telle diligence,
qu'ils surent rire du naturel, et à les bien
voir l'on penserait que ce fut la nature même." Du Choul
est ici visiblement invité au château
de Fontainebleau, soit
sur invitation du Roi, Henri II sans que ce dernier
n'y soit pour autant, au contraire de quoi, vu le ton
de l'ouvrage, du Choul n'aurait très probablement
pas manqué d'en préciser la royale présence
à la fois flatteuse et obligeante, soit qu'en
tant que Bailly des Montagnes du Dauphiné il
ait eu accès, peut-être pas es-qualité
mais sur relation, à ce domaine Royal.
Verso
de la feuille 2
Correspondance
en français moderne
Correspondance
en vieux français
"Pour
ce qui est de votre verger royal (qui est accoutré
de chemin spacieux pour se promener) et sur le grand
jardin, se voit l'étang, par les bords garni
d'une saussaie, qui présente aux regardants une
grâce de verdure si grande, que l'on croirait
être dans une demeure divine, et que les Dieux
sont venus choisir ce lieu, pour inviter les nymphes
à la musique."
J'apporte cette partie du texte pour mieux faire la
jonction avec la suite mais nous voyons déjà
que cette pérégrination n'est pas sans
être particulièrement dithyrambiques
et il poursuit un peu plus bas :
"De
quoi ne se faut ébahir, car le regard des choses
belles a grande force et pouvoir d'attirer à
soi le cœur des Dieux. Et entre les autres singularités
de votre bâtiment, vos thermes, Sire, et vos bains, sont faits
par telle diligence et somptuosité, qu'à
les bien regarder, ils peuvent tenir la comparaison
avec ceux de M. Agrippe. Par quoi, quand je suis venu
à considérer combien cela été
beau pour le contentement de l'oeil, utile, et le profit
que cela apportait aux anciens pour la santé
du corps, je me suis mis au devoir, suivant votre commandement,
de vous en donner la connaissance par la lecture de
ce petit livre que je vous présente, accompagné
du vouloir très humble du Bailly des Montagnes,
votre très obéissant serviteur qui vous
supplie très humblement de lui faire tant de
faveur et de bien, que de le mettre au nombre de ceux
que vous tenez en obéissante servitude auprès
de vous."
Ainsi dans ce château
de Fontainebleau y eu-t-il des thermes et Du Choul
fait partie des quelques rares témoins de cette
époque à nous en relater la magnificence aujourd'hui
encore largement méconnue, même
si les choses évolues, et ce livre des Bains
de Du Choul n'y est pas étranger. Ce que nous
montrent les plans que conserve le musée du château
de Fontainebleau, c'est qu'ils se constituaient de trois
salles de bains et de quatre salons qui se trouvaient
au rez-de-chaussée de la galerie François
Ier. De plus, pour dater la
construction de ces fameux bains, on s'est notamment
servi du présent ouvrage de Guillaume Du Choul
réputé avoir été édité
en 1555 et dont une nouvelle datation le ferait remonter,
en tout cas l'écriture de ses Discours
Des Bains et antiques exercitations grecques et romaines"
à 1538, comme l'écrit Chantal
Eschenfelder dans "Les Bains
de Fontainebleau : nouveaux documents sur les décors
du Primatice". La date aujourd'hui acceptée
comme celle de la construction de ces bains est désormais
1534. Ce livre véritable jalon dans l'histoire
du massage, si proche de l'art du bain et de la toilette
avec lesquels il entretient une telle proximité,
participe-t-il à dater à son tour, ces
mes mêmes bains dans lesquels nous apportons au
CFDRM
tant d'espérances pour retrouver trace de massages.
Peut-on penser que de 1534,
date de sa construction et 1697 lorsqu'ils furent transformés
en appartements, aucun massage jamais ne fut fait ?
Du Choul nomme un certain M. Agrippe que je subodore être
Marcus Vipsanius Agrippa à l'origine des
fameux thermes
romains qu'il compare éxagérément
à ceux du Roi dans le but de puiser dans l'antiquité
les superlatifs d'élégance qui les accompagnent
afin d'en affubler à moindre frais son Prince.
Les thermes d'Agrippa mesuraient d'après la Forma Urbis de la ville de Rome, environ 120 m
de longueur sur 100 m de largeur, soit 12000m²,
alors que ceux de Fontainebleau,
selon M. Carlier, conservateur au chateau, n'atteignez
que 300m² avec 60m de longueur et 5m de
largeur. L'utilisation n'était pas la même
et ceux d'Agrippa étaient construit au coeur
même de Rome contrairement à l'appartement
des bains de François 1er qui était plus
privatif, mais que Primatice
ait travaillé à sa décoration montre
l'intérêt que François 1er avait
pour cette série de pièces et ce que l'on
y faisait. Il ne s'agissaient pas là de simples
salons mais de salles de bains, de lieux d'intimité,
des plaisirs de la toilette ainsi que des soins qui
lui sont attachés mais toujours très inspirés
d'antiquité grecque et romaine. M. Carlier que
j'ai eu au téléphone m'a également
confirmé la présence d'un frigidarium
avec arrivée d'eau froide et d'un caldarium
avec arrivée d'eau chaude. Nous voyons bien la
proximité que la renaissance entretient avec
l'antiquité, son histoire, son architecture et
son expression artistique au point d'en répliquer
l'organisation des bains du Roi de France. Même
si nous ne disposons pas d'archives sur le sujet, il
est difficilement envisageable que la chaleur du caldarium n'est pas
donné lieu à des envies de massages, à
des scènes de frictions lors de soins apporté
à la peau.
60m
5m 300M cldarium traité de médecinr musée
de l'histoire lea médecine
Recto
de la feuille 3
Correspondance
en français moderne
Correspondance
en vieux français
Discours Des bains et antiques exercitations
grecques et rommaines
Ecrit
par Guillaume du Choul, Gentilhomme Lyonnais,
Conseiller du Roy, et Bally des Montagnes du Dauphiné.
"Il faut donc entendre pour le commencement,
que les thermes
publics furent ordonnées aux anciens Grecs &
Romains pour se laver, & pour la santé comme
furent les thermes Agrippiniennes, Néroniennes,
Domitiennes, Antoniennes, & autres la grandeur &
magnificence desquelles se voient par les ruines, qui
sont à Rome, lesquelles pouvaient être
comparées à l'un des sept spectacles..."
Il
faut entendre pour le commencement, que les thermes
publics furent ordonnées aux anciens Grecs &
Romains pour se laver et pour la santé. D'entrée,
l'environnement des bains se veut hygiénique
et prophylaxique comme la friction l'est pour réchauffer
le corps, hater le sang... Nous verrons un peut plus
haut qu'Alexandrinus se prononcera
sur la nécessité des bains au bénéfice
de la santé et non de la volupté.
Verso
de la feuille 3
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français "du monde
: tant elles étaient construites
avec labeur, et prodigieuse dépense, enrichies
d'une infinité de colonnes de marbre différent,
qui avaient été amenées des dernières
regions, et quasi de tout le monde : de manière
que les montagnes desquelles ont été tirées
ces grosses pierres, se plaignent encore aujourd'hui
de la puissance des Rommains et la mer pleure encore
le grand faix, et de la charge qu'elle a portée.
Toutefois devant Agrippa, Neron, Domitien, et Antoine, la chose était bien venue tel
point, que les gentilshommes Rommains les faisaient
édifier en leurs maisons dont la somptuosité
singulière : comme nous l'écrit
Cicéron dans ses épîtres à
Térentia
sa femme, et à Quintus
son frère, quand il leur demande
qu'ils donnent ordre qu'une cuve soit mise dans ses
bains, afin que l'on soit certain en Asie (où
il était Proconsul) de la diligence que l'on
a à bien édifier les bains dans sa ville
Arpinate.
Depuis le temps, semblable chose
fut continuée comme nous l'enseigne plus clairement
Pline le jeune, par la description de sa ville Laurentine
de laquelle, outre les autres structures
& édifices, il loue le gymnase, ses bains
frigidaires,
les baptistères,
l'unctuaire,
l'Hypocauste
, la
piscine chaude, les zetes, le
stibade,
& l'heliocamine.
Hors, parce que tous ces noms sont
tirés de la fontaine Grecque, je me mettrai au
devoir de les éclairer particulièrement,
& de montrer ce qu'en ont maintes fois tiré
les gens doctes en admiration. Avec les bains se faisaient
des jeux & des exercices souvent entremêlés
avec les bains, les disputes des gens doctes
& vertueux. Je ne doute pas que
l'on trouve ça étrange mais cela fut toutefois
observé & consigné par des anciens
comme Pollio (Vitruve)
l'écrit
Du
Choul marque bien dès
le départ de son ouvrage l'importance magnifiquement
imagée des bains à Rome. "construites
avec labeur, et prodigieuse dépense, enrichies
d'une infinité de colonnes de marbre différent,
qui avaient été amenées des dernières
regions, et quasi de tout le monde de manière
que les montagnes desquelles ont été tirées
ces grosses pierres, se plaignent encore aujourd'hui
de la puissance des Rommains et la mer pleure encore
le grand faix, et de la charge qu'elle a portée."
C'est l'avantage d'être un empire aussi vaste
et de commercer sur des spectres aussi larges. C'est
Agrippa
qui le premier fit don à la Ville de Rome des
thermes
qu'il fit construire et le principe s'est répondu
comme moyen efficace de montrer sa puissance autant
que sa mansuétude tout en redistribuant un peu
de sa fortune. Neron, Domitien, Antoine
sont quelques uns des plus célèbres qui
laissèrent des thermes d'importance. Les constructions
étaient de vrais palais contenant des baignoires,
des piscines, des fontaines aux robinets d'argents,
des mosaïques, toute une statuaire ornant des palestres
pour s'entraîner, des portiques pour se promener
et disserter entre amis. "la
chose était bien venue à tel point, que
les gentilshommes Rommains les faisaient édifier
en leurs maisons dont la somptuosité singulière".
La salle de bain privé s'installe chez les romains
et pour les hommes, même de second rand, exerçant
une fonction publique les exposant, nécessitait
qu'il rendent l'image, toujours l'image, de posséder,
comme tout bon cytoyen romain, des thermes dignes de
ce nom. Ainsi, Cicéron Proconsul en poste en
Asie, écrit-il à sa femme Térentia
et à son frère Quintus
que "qu'une cuve soit mise dans
ses bains, afin que l'on soit certain en Asie de la
diligence que l'on a à bien édifier les
bains dans sa ville Arpinate."
C'est
par Pline le jeune, et
sa description de sa ville Laurentine
entrons dans "le gymnase, ses
bains frigidaires, les baptistères,
l'unctuaire,
l'Hypocauste
, la
piscine chaude, les zetes, le
stibade,
& l'heliocamine
de cette ville.
Les romains ne connaissaient pas le savon,
il se lavaient avec de la cendre mêlée
à de l'huile et ces onguents que l'on retirait
avec un strigile
que nous verrons plus loin demandaient que l'on développe
les méthodes d'entretient du corps. Le frigidaire,
comme son nom ne l'indique pas, n'est pas ce mobilier
réfrigérant servant à la conservation
des aliments qu'il est par la suite devenu, même
si son origine vient de là. Le frigidaire
est une salle fraîche, ventilée contenant
souvent une cuve ou piscine d'eau également froide.
Son utilité est tout-à-fait avérée
et aujourd'hui encore, les bons hammams disposent d'une
pièce fraîche. Il s'agissait de refroidir
le corps de la température extérieure
de l'Italie ou de l'effort produit après le sport.
Pour le romain sortant du caldarium,
c'est-à-dire de la pièce chaude, de produire
un choc thermique et d'agir sur la peau.
Guillaume du Choul nous
livre un peu plus loin l'origine des
termes suivant "parce
que tous ces noms sont tirés de la fontaine Grecque,
je me mettrai au devoir de les éclairer particulièrement" et il poursuit "Avec
les bains se faisaient des jeux & des exercices
souvent entremêlés avec les bains, les
disputes des gens doctes &
vertueux." Les thermes ne sont pas les hammams étriqués
et racornis qu'ils sont aujourd'hui devenus, notamment
dans des villes comme Paris, qui mériterait d'avoir
autre chose que ces tesson de bains au regard de ce
que furent l'organisation des thermes pensés
par les grecs et développés par les romains.
Des jeux, des exercices physiques interrompus par des
séances de bains, des massages et des disputes,
en faite des discutions entre lettrés dont il
nous est livré un peu plus loin quelques superbes
anecdotes.
"Je ne doute
pas que l'on trouve ça étrange mais cela
fut toutefois observé & consigné par
des anciens comme Pollio (Vitruve)
l'écrit...
Recto de la feuille 4
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français au cinquième
livre
de son Architecture, & comme encores fait Joseph,
parlant du Roy Hérode,
quand il dit qu'il avoir édifié
à Tripoli & à Damas des bains publiques
(qui furent nommés gymnases) & à Bibli
(peut-être Byblos Liban) exèdre, forces & portiques. Encore
Herodian dans le premier de ses livres, recite
que Cléandre (serf de Commode,
par lequel il fut poussé si
haut, qu'il le fait Capitaine de sa garde & lui
donna la super-intendance de la gendarmerie), des grandes
richesses qu'il avait amassé, il fait bâtir
un gymnase, et une école fort magnifique, pour
que chacun s'exerce à la lutte, & aux autres
armes ainsi que des bains qu'il donna au peuple, ou
l'on pouvait aller se laver sans rien payer. "Voici un nouvel exemple de ces bains
sur lesquels écrivit Vitruve que nous retrouverons
plus tard, et ce roi Hérode, qu,i selon Joseph,
fit édifier à
Tripoli et à Damas, des bains publiques qui furent
nommés gymnases, et à Bibli exèdre,
sores? & portiques. Les bains
participent au lien et à la mixité sociale
tout en résorbant une partie des problèmes
connexes à l'hygiène corporelle.
"Ainsi
donc, pour montrer que les Philosophes allaient aux
gymnases pour discuter, écoutons Vitruve, qui dit, parlant d'Aristippe,
philosophe Socratique, jeté
par fortune de mer au port de Rhodes, qu'après
qu'il eut vue des figures de Géométrie,
commença à crier à ses compagnons
qu'ils devaient espérer quelque bonne chose,
parce qu'il avait vue la trace des hommes & soudainement
s'en alla à la ville de Rhodes, tout droit au
gymnase où, après qu'il eut discuter de
Philosophie, lui furent faits plusieurs presents. A
ce propos sévères les paroles fécondes
de l'Orateur Cicéron,
qui écrit que les auditeurs
du Philosophe, aux gymnases, étaient bien
plus aises de voir le disque que le Philosophe lequel,
s'il commençait à disputer de choses graves
& ardues, ils le laissait, pour s'aller oindre,
au milieu de son oraison. Par ces
mots, & par la sentence de ces Auteurs, facilement
l'on pourra connaître que les gymnases furent
en usage pour l'exercice du corps & de l'esprit
& que les bains & gymnases furent une même
chose & que la disputation était au
Verso de la feuille 4
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français nombre
des autres exercices, pour garder la bonne santé.
Au demeurant nous laisserons/eserions
particulièrement les parties
de nos thermes
& bain, pour après suivre les exercices du
gymnase, de la palestre, &
des lieux nécessaires, ou s'exerçaient
les palestrites."
Dans
ce paragraphe se retrouve bien le rôle central
des thermes au sein des villes grecs et surtout sous
domination romaine. Les propos de l'érudit étaient
parfois tellement fins que les auditeurs préféraient
"voir le disque que le Philosophe"...
Et pour ce faire, dès qu'"il
commençait à disputer de choses graves
& ardues, ils le laissaient, pour s'aller
oindre,
au milieu de son oraison."
Au verso de ce deuxième feuillet se trouve donc
la première mention d'un massage par onction.
Certes, comme le dit Du Choul, cela montre la
place que les gymnases furent en usage pour l'exercice
du corps & de l'esprit et que la conversation était
au nombre des autres exercices pour garder la bonne
santé, mais ce témoignage nous apprend
aussi, que le massage était suffisamment dans
les habitudes des romains, non seulement pour que l'on
quitte un échange entre deux philosophes pour
lequel, bien de nos contemporains donneraient tout ce
qu'ils ont pour pouvoir l'entendre, mais ce massage
était assez fréquent et entré dans
les moeurs pour que Cicéron le mention... Ce
qui est intéressant dans cette formulation c'est
la permanence de l'huile dans les exercices physiques
mais également le massage incontournable auquel
on peu assimiler l'onction. "s'aller
oindre",
se huiler soi-même en vu de jouer au disque mais
il y a derrière cette expression la propension
à préférer non plus ici, le
disque au philosophe, mais l'huile, et plus encore,
l'onction au philosophe. Le plus petit dénominateur
commun dans cette phrase n'est ni l'huile, ni le sport
mais le massage. Ne plus avoir à mobiliser son
esprit pour suivre les pérégrinations
de la pensée d'autrui mais se laisser aller au
massage de l'onction. Onction ici moins liée
aux nécessités du jeu de disque qu'au
plaisir lascif de la détente opposée à
la réflexion de la conversation. L'échange
préféré est celui qui s'établit
entre son corps au repos pour être huilé
et l'huile en tant qu'émissaire de relaxation
ou d'exercice mais passant toujours par le massage.
Nous commencerons par l'Hypocauste
qui
était le lieu ou l'on faisait le feu pour chauffer
comme pour le pain, à la façon des fourneaux
que l'on voit encore chez les barbiers et les teinturiers.
La bouche se nommait Praefurnium, comme l'écrit Caton
au livre
de la chose rustique, quand il
nous enseigne de quelle hauteur & largeur se doit
faire la fournaise de la chaux. Toutefois, pour savoir
le nom de ces vases, ou pour l'usage des bains, l'eau
se gardait, le plus diligent de tous les Architectes,
Vitruve,
nous l'enseigne, quand il écrit de ces bains
la disposition, le lieu, la situation, & la structure
; disant que par dessus l'Hypocauste il faut mettre
trois vases d'airain :
l'un nommé Caldaire, contenant l'eau chaude : l'autre
Tepidaire, pour l'eau tiède : & le troisième
Frigidaire, recevant l'eau froide, qui venait par
le dessus des thermes
tomber dans une cuve de marbre, dont elle descendait
par un raccord au vase Frigidaire de l'Hypocauste, puis au Tepidaire, & conséquemment
au Caldaire, comme plus clairement le nous montrera
la figure ci-après mise.
Dans
cette description de l'Hypocauste nous avons une vue
d'ensemble de la technicité des chaudières
romaines destinaient à chauffer la pièce
que Sénèque
appelle sudatoire.
En fait, il s'agit ni plus ni moins que d'un sauna.
Des textes de l'époque romaine disent que la
température été parfois tellement
élevée, qu'il été difficile
d'y entrer ou de se baigner dans les eaux des bassins.
A chacun de ces vases correspondait un salle. Le Frigidarium
été une pièce fraîche où
les romains de cette Italie ensoleillée venaient
se rafraîchir mais aussi se baigner dans un bassin, comme nous le verrons à la
page suivante, alimenté par l'eau du vase Frigidaire.
Le Tepidarium
était la pièce tiède contenant
son bassin d'eau tiède, le Labrum,
avec parfois une pièce tout-à-fait dédiée
à ce bain, le Lavacre et enfin, le Caldarium
était la pièce chaude.
Recto de la feuille 5
Correspondance en vieux français
(Gravure
d'un Hypocauste.)
Verso de la feuille 5
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français Toutefois
Galien
a divisé les bains en quatre
lieux séparés : le premier était
l'Hypocauste que
Sénèque
nomme le
sudatoire et par
la chaleur duquel l'on provoquait la sueur comme nous
le faisons dans nos étuves
d'aujourd'hui. Le second lieu était
le Lavacre, où était la cuve, nommée
Labrum
qui était ordonnée
pour laver tout le corps avec l'eau chaude. Le troisième bain servait pour se laver d'eau froide
& au quatrième, ils abattaient la sueur &
nettoyaient avec des strigiles
& des éponges. Je crois
que l'eau venait par tuyaux des vases dont à
parlé Vitruve
par les fontaines de bronzes de l'Hypocauste.
Ce qui a fait dire audit Galien,
au livre troisième, qu'il
a garder la bonne santé parce que le bain était
divisé en chaud, en tempéré, &
en froid : qui sont les trois vases desquels nous avons
parlé ci-dessus. Ces lieux servaient anciennement
pour quatre choses. La premiere, pour nettoyer le corps
: la seconde , pour la chaleur, l'autre pour la santé
& la dernière, pour la volupté, comme
le dit aussi Alexandrinus [**]
qui rejette cette dernière,
disant qu'il faut prendre le bain pour se nettoyer,
& pour la santé seulement. Le Baptistère
se voulait édifié au
lieu le plus secret de la maison dont les uns étaient
chauds, & les autres froids. Ce que montre
Pline ad
Apollinarem/par
le culte d'Apollon ? dit
que le Baptistère grand, & spacieux, se trouvait
dans la pièce frigidaire
& là, les anciens se plongeaient
entièrement pour se laver. C'est l'origine du
nom de Baptistere, que nous avons en nos églises
où, selon notre religion Chrétienne, sont
baptisés les enfants qui reçoivent leurs
noms, après qu'ils ont été par
trois immersions purgés."...
Les
étuves sont les descendants, au moyen-âge,
des thermes
romains. Ce sont des établissements plus dispersés,
appartenant à des particuliers et dans lesquels
les histoires de moeurs ne sont pas rares. A Lyon, le
procès des étuves de la Pêcherie
a donné bien du fil à retordre aux autorités
du 12ème siècle. Le CFDRM possède une
intéressante thèse de 1943 du Dr. Jean Lacassagne
et Alice Picornot sur cette épisode.
Ils mentionnent une fois la pratique du massage
mais nous voyons ici dans ce texte de Du Choul, que le sauna,
dit sudatoire était
connu. Il est évident que le massage ne pouvaient guère disparaître
subitement. Nous avons ensuite une autre forme de
massage par l'utilisation d'éponges mais aussi
du strigile, sorte de serpe recourbée avec laquelle
on raclait l'excédent d'huile et de sueur. Notons
les quatre raisons pour lesquelles ces agencements sont
utiles : le bain, la chaleur, la santé et la
volupté. Il semble que la différence
qu'il y ait entre le Labrum
et le Baptistère
soit que le premier été davantage une
sorte de vasque alors que le second était un
bassin. L'origine de nos Baptistères
d'église vient donc de ce bains dans lesquels
on s'immergeait complètement.
Recto de la feuille 6
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français ..."
Les piscines au commencement furent des lieux donnés
pour tenir le poisson. Depuis, la coutume vint que tous
lieux natatoires où l'on pouvait se baigner étaient
nommés par les anciens : Piscines, &, quand
bien même les Romains les eussent en leurs thermes publics, la piscine servait aussi de
Lavacre
froid & chaud aux maisons privées,
pour nager, & pour se laver : comme nous le savons
par Cicéron : qui demandait en ses bains plus
grande Piscine, où les bras en nageant ne se
fussent point rencontrés. L'Empereur Héliogabale
(ainsi que nous lisons en Lampridius)
fut si dissolu, qu'il ne voulut que
se laver ou nager dans des piscines qui ne fussent teintes
de safran, ou d'autre composition bien noble. Les
Zetes
(proto-hammam), comme l'on pourra
le savoir par le jeune
Pline (qui les a nommées
ses délices) étaient des lieux édifiés
dans les maisons pour la récréation de
l'esprit, & plaisir du corps. Les unes étaient
carrées, les autres hexagones, & octogones
à savoir
En
quelques page nous voyons ainsi que les thermes romains
contenaient une piscine, des Baptistères,
sortes de grandes cuves, des vasques pour les ablutions,
une pièce fraîche, tiède et chaude
afin d'habituer le corps à la température
avec l'ancêtre du sauna et ces Zetes, qui se situent
entre la cabine de repos pour Du Choul et le proto-hammam
par le Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs
classiques, grecs et latins de De François Sabbathier
de 1815, qui le nomme, Vaporarium. Ajoutez à
cela, le sport, les discutions, les jeux, et le massage,
vous aurez une vue d'ensemble de ce pouvaient êtres
les thermes.
Verso de la feuille 6
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français à
six, & huit pans : de manière que le
soleil y battait tempérément, depuis qu'il
se levait, jusque à ce qu'il se couchait, par
le cours qu'il fait tout le jour et sur les pans de
la partie du midi, les Romains y faisaient mettre des
contre-fenêtres pour temperer l'ardeur du soleil,
jusqu'à ce qu'il s'en allait. Par ce moyen le
lieu, bien architecté, était orné
triomphalement, plein de jour, & odorifère,
comme une demeure divine & c'est là que s'ébattaient
secrètement les anciens romains avec délices
& plaisirs. Le lieu était secret & séparé
du bruit de la maison, accompagné de plaisant
& gracieux vergers, de portiques
ou de galerie pour se promener. Des
zetes, l'entree n'était permise qu'aux Princes,
ou bien au maitre de la maison, qui demeurait en ce
lieu, accompagné de sa femmes, de ses amis, de
Gentilshommes & demoiselles : & souvent les
Princes vertueux y faisaient venir gens de savoir
& de vertu pour parler de bonnes lettres, de la
peinture, de l'architecture & autres arts excellents.
Par ces moyens jouissaient les Romains de la félicité
de ce monde. Les antiques eurent les stibades, ainsi nommés pour les herbes
que les Grecs nommèrent sibúdus
: desquelles les anciens avaient coutume de faire de
petits lits de terre couverts de verdure pour avoir
de l'ombre & pour repousser, l'été,
l'injure du soleil, comme nous le faisons encore aujourd'hui
mais, au lieu qu'ils sont fait de bois à la façon
de petites chambres ou cabinets couvert de vigne, de
jasmin, de smilax, ou autre
verdure, ils les édifiaient de marbre blanc environné
d'ouvrage topiaire, pour
y manger non seulement avec leurs amis, mais encores
avec leurs municipes, &
étrangers en grande somptuosité de délice.
Le raffinement
des grecs et des romains était étonnant,
sur ces Stibades, sorte de couches faites de terre
et recouvertes de végétation, combien
de massage furent pratiqués ? Il ne s'agit pas
là d'inventer de fantasques hypothèses
qui n'auraient aucune base, mais juste, par rapprochement,
d'évaluer la pertinence des possibles. Le massage,
loin d'être isolé à quelque privilégiés,
se pratiquait partout et par tous. Ces stibades étaient
davantage réservés aux personnes aisées,
disposant de villa, mais il n'est pas improbable que
les thermes
en aient contenus et aient servi de lieux de repos mais
aussi de massages.
Recto de la feuille 7
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français Heliocaminus était un lieu incrusté & voûté,
& totalement exposé au soleil dont il recevait
la chaleur du jour la plus véhémente :
& le seul non Grec nous fait connaître
que c'est une fournaise du soleil. Il se trouvait
encores en ces bains le Spheristere, fait en forme ronde, commode pour le
jeu de la paume, & autres diverses exercitations.
En ce lieu (comme le recite Tranquillus
"Suétone") Vespasien l'Empereur ne faisait autre chose que
de frotter ses membres, pour garder sa bonne santé.
Les autres principales mentions des bains étaient
appelées des Grecs lhgróh.
Zetes,
stibades,
et à présent Heliocaminus, sorte de kiosque, de galerie chauffée
naturellement par les ardeurs du soleil qui, au passage,
y laissait des calories. Guillaume Du Choul nous
abreuve de propos ayant été tenus par
les anciens et dont certains concernaient le massage
et les lieux multiples où ils se déroulaient
comme cette anecdote sur l'Empereur Vespasien,
qui l'air de rien, renseigne favorablement en
citant Suétone qui
explique que l'Empereur semblait utiliser le Spheristere, c'est-à-dire
l'ère de jeux dévolue aux jeux de balles,
davantage pour se faire masser que pour y jouer vraiment.
Dans Le massage chez les Romains, section Témoignages de l'écrit,
au lien de Suétone, le CFDRM rappel fort opportunément,
et précisément pour définir le
Spheristere, que Diderot et d’Alembert à la page
456 de leur Dictionnaire raisonné des sciences,
des arts et des métiers rapportent que "L’empereur
Vespasien, par exemple, en avoit un dans son palais ;
& c’étoit-là, qu’au rapport de Suétone,
il se faisoit frotter la gorge & les autres parties
du corps un certain nombre de fois." Cela, pour
ceux qui douteraient encore de la proximité lexicale
du verbe frotter pour qualifier le massage. Nous voyons
que l'Empereur Vespasien se faisait masser très
fréquemment et pas seulement dans ses appartements
mais aussi partout où le sport rejoignait et
la flânerie et le massage, sans oublier ce que
nous lirons plus loin, sur le plaisir qu'il avait à
se faire épiler les jambes... Nous nous garderons
bien sûr de n'y voir qu'une bizzarerie de moeurs
influencées par des stéréotypes
actuels, alors qu'en réalité le massage
semble installé à tous les niveaux de
la société.
L'Apodytaire
était un lieu ordonné
pour se déshabiller & dévêtir
avant d'entrer aux bains : où se tenait un officier,
nommé des anciens, Capsaire, qui avait la charge de garder les robes
& accoutrements de ceux qui venaient de la palestre.
Au plus près de l'Apodytaire était
l'Unctuaire, habitation
amène & élégante qui se trouvait
pleine de délicates & prestigieuses unctions
qui était garnie de deux
entrées, pour recevoir ceux qui venaient de la
palestre.
La troisième maison servait pour se laver d'eau
froide (que les Grecs ont nommée lvtrós). Le Lavacre
froid devait avoir le regard sur
boreas (que nous appelons le vent de bise) &
fuir le soleil du midi. Tout au contraire, se laver
d'eau chaude (qui demandait un grand Soleil & plus
de chaleur) était mise contre les vents de Nothus,
Eurus,
& Zephirus. Si
la maison était accompagnée des lieux
propices pour suer, faite de forme ronde, était
nommée des Grecs laponica, (Laconie)
pour les Lacedemoniens,
desquels l'on recevait à l'entrée,
par une allée, le chaud si suave & si doux,
que les personnes n'étaient point surprises ni
suffoquées de la chaleur. D'aucuns ont voulu
ajouter une quatrième demeu-
Ainsi,
près de l'Apodytaire, vestiaire
tenu par des Capsaires, se trouvait
"l'Unctuaire,
habitation amène & élégante
qui se trouvait pleine de délicates & prestigieuses
unctions
qui était garnie de deux entrées,
pour recevoir ceux qui venaient de la palestre. En fait, il s'agit d'une pièce
se composant de parfums et surtout d'huiles en quantité
destinées à huiler les sportifs qui allaient
à la palestre. L'unctuor, préposé
à cette onction devait aussi proposer de nombreux
cocktails d'huiles parfumées. Dans cette rome
qui faisait commerce d'esclaves, la main-d'oeuvre n'était
pas chère et l'on avait donc affecté du
personnel à cette tache spécifique ce
qui donne du même coup une précieuse information
sur les degrés de massage et sur l'utilisation
qui été faite des huiles et autres préparations
cosmétiques ou thérapeutiques faisant
appels aux massages. C'est toute la disposition des
thermes
jusqu'à ce lavacre froid disposé à
la bise fraîche de boeras, qui indiquent la recherche
permanente des expériences sensitives. Pour se
laver d'eau chaude les installations prévoyaient
d'être exposées en plein soleil.
Verso de la feuille 7
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français rance aux
thermes, appelée École, ample, & spacieuse
pour recevoir ceux, qui étaient vêtus,
& qui attendaient des bains leurs familiers &
compagnons. En ces thermes l'on trouvait des sièges
pour s'asseoir & pour se reposer : les uns faits
en forme d'hémicycle, & les autres carrés,
pour servir les Romains, qui prenaient le soleil &
l'ombre de matin & de soir, tout ainsi que la commodité
le requérait. Des
sièges dont la forme permet aux romains soit
de s'y asseoir, soit de s'allonger dessus selon l'utilisation
qu'ils souhaitaient en faire. Combien de ces bancs ont
servit de table de massage ? Je rappelle qu'aujourd'hui encore,
dans les ruines de Pompéï, une table basse
de massage taillée dans un bloc de pierre
cerclé de bronze, est toujours visible.
Le lieu, ordonné pour
les bains, se trouvait triomphant, & l'habitation
intérieure pleine d'aménité &
l'élégance, claire & resplendissante,
& toutes les appartenances illustrées de
lumière & de grand jour, de portiques peints
au frais pour se promener, & propices pour se réjouir
qui dépassaient de magnificence & de beauté,
pour leurs colonnes & peintures, toutes les autres
habitations. Quand à la decoration du frontispice,
il était enrichi de deux statues de marbre, ou
de bronze dont l'une était consacrée à
Esculape, &
l'autre dédiée à la Santé,
lesquelles montraient une face élégante
& splendide, que les Grecs ont nommée iuruqmiu, que nous disons forme venue & bien
proportionnée qui montre par destination des
membres la choses belle avec delectation. Les autres
parties, nécessaires pour la commodité
des bains, sont assez connues par ce que Vitrvue
en écrit au cinquième
livre de son Architecture. Quant à la cuve, nommée
Labrum,
la semblance se voit par celles,
qui sont devant la Rotonde de Rome (l'une desquelles
je représenterai ci-après) & celle
de porphyre, qui
est en l'église de S. Denis en France. Une petite incidente pour rebondir sur
ce frontispice dont parle Du Choul,
ornés de deux statues représentant la
médecine, la santé, en un mot, le bien-être.
Il précise que les bains romains sont assez bien
connus et que le célèbre architecte Vitruve
en parle dans le tome cinq de son traité d'architecture,
nous y reviendrons plus bas.
CVVE
Recto de la feuille 8
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français
Emplacement
d'une gravure de Labrum. |
Il demeure
à voir par figure les Strigiles
(que nous pouvons nommer des Étrilles à étuves) à ceux qui n'ont vu celui que
j'ai présenté à votre majesté
(qui est fait selon la description d'Apulée,
au commencement du livre second de
ses Florides) & par celui de bronze doré
que j'ai entre mes mains, fort antique.
STRI
Verso de la feuille 8
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français
Et parce que ceux qui verront les strigiles
pourront en demander l'usage, il faut qu'ils entendent
que les anciens Romains les faisaient porter aux bains
par leurs pages, quand ils allaient aux thermes, avec les guttes
(comme l'on pourra voir ci-après)
pour abattre la sueur, au lieu que nous usons de couvre-chefs
: & les faisait faire d'or, d'argent, & de bronze.
Strabon, au
quinziéme de sa Géographie, recite que
les Indiens, entre les autres exercitations, avaient
coutume de se polir le corps avec de légères
strigiles d'ébène. Les plus délicats des anciens Romains (comme nous lisons
en Pline) usèrent d'éponges pour
les strigiles : qu'ils faisaient teindre en écarlate,
pour leur délices : & souvent, les faisaient
blanches, par grande singularité.
Nous l'aurons compris, un strigile est
une sorte de lame recourbée comme une faucille
et dont le demi cercle épouse le membre sur lequel
il passe afin de racler le surplus d'huile. Parfois
la lame du strigile se divise en deux pour former une
rigole concave destinée à l'évacuation
de l'huile. Qui dit strigile dit utilisation d'huile
appliquée par massage généralement sous les
mains expertes d'un spécialiste de ces onctions,
l'unctuor. A ce passage nous apprenons par Strabon,
qu'au 15ème volumes de "sa
Géographie", les Indiens, entre les
autres exercices qu'ils pratiquaient, avaient coutume
de se polir le corps avec de légers strigiles
d'ébène. Nous avons là un élément
historique de plus qui pourra être cité
pour des travaux ultérieurs sur la place du massage
chez les indiens.
HERVS
Recto de la feuille 9
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français
Guttus, ou le gutte, que nous avons vu
ci-dessus, fut ainsi nommé, parce que la liqueur
(l'huile) en descendait goutte à goutte. Les
grands Princes & les plus nobles les avaient de
licorne, & la plus grande partie (des possesseurs,
les avaient) de verre, ou de corne de buffle. De ce
vase usèrent les Romains en leur bains, pour
tenir les huiles odoriférantes, desquels, après qu'ils
étaient lavés, ils se faisaient oindre,
unir, & adoucir la chair : comme l'on pourra voir
par la figure, que j'ai emprunté de Fabius,
aux simulacres qu'il a faits de la
cité de Rome.
La
proximité qu'entretient massage et huilage
avec l'ensemble des représentations que nous
en avons, constituent un témoignage direct sur
nos métiers et ici, c'est le contenant qui est
montré. Sur la gravure qui nous est proposée
nous avons cette gourde à huile également
utilisée comme biberon pour les nouveaux-nés,
Guttus signifiant, goutte-à-goutte. Les matériaux
différaient selon la fortune de la personne massée.
C
BAIN
Verso de la feuille 9
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français
Emplacement
d'une gravure pleine page : scène
de bain dans un Labrum. |
Recto de la feuille 10
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français Les mixions toutefois & compositions
en furent différentes. Car les uns demandaient
les huiles composés de fleurs : comme le Rhodinum, qui était de roses, & le
Lirinum,
des fleurs du lis ou du Cyprus
qui a la fleur blanche & bien
fort odoriférante. Il vient en plusieurs lieux
mais c'est en l'île de Chypre qu'il passe d'odeur
suave tous les autres. Les anciens eurent encore entre
les huiles, le Baccarin
duquel parle Aristophane, l'herbe est nommée Baccar qui
porte une fleur de couleur de pourpre dont la racine
en quelque chose porte la senteur du cinnamome.
Il s'en trouve assez en notre France
lequel est appelé vulgairement Cabaret par transposition
de lettres. Ils eurent aussi l'huile Gleucin
& Myrrhin en
grands délices. Le Gleucin se faisait de mou,
que les Grecs appellent gleuc, combien que Columelle,
au cinquantième chapitre de
son treizième livre, le compose de simples odoriférants.
Pline
a mis cette huile dans les espèces des artificielles,
disant, qu'elles sont froides, au vingt-troisième
livre de son histoire naturelle, ce qui est encore contre
l'opinion de Theophraste
& de Dioscoride.
Le Myrrhin se composait de myrrhe,
& desséchait suffisamment. Nous avons perdu
l'usage de telles compositions, parce que la myrrhe,
que l'on apporte aujourd'hui d'Alexandrie
est entièrement contrefaite
& sophistiquée : & en vient bien peu
de la vraie en France & en Italie, j'entends de
celle que Dioscoride a laissé par écrit,
transparente comme la corne de boeuf. Les autres huiles
se faisaient des feuilles d'herbes comme ceux qui étaient
de marjolaine, de lavande, & de la fleur de vigne
sauvage qui furent dits Amaracinum,
Nardinum, & Oenanthinum.
Les autres se composaient de la racine
& écorce des
Nous
avons quelques dissensions entre Pline, Dioscoride et
Theophraste
sur la teneur exacte des ces préparations mais
il est étonnant de voir combien elles étaient
diverses. Je vous les restitue ici avec le texte suivant
afin de bien comprendre le rôle que de telles
huiles devaient avoir lors d'un massage.
Verso de la feuille 10
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français arbres comme le Cinnamominum
: qui était précieux
& de grande dépense, se faisait anciennement
avec l'huile de been,
le bois du baume,
nommé Xylabalsamum,
& du squinanthe qui est la fleur
du jonc odoriférant, aromatisé, comme
recite Dioscoride, avec le cinnamome & le Carpobalsamum
(qui est le fruit du baume)
en n'y ajoutant quatre fois autant
de myrrhe que de cinnamome & du miel autant qu'il
suffisait, pour détremper le tout ensemble. Aujourd'hui
ce serait chose bien difficile, voir quasi impossible,
de faire un tel onguent. Car le vrai cinnamome n'est
pas du tout inconnu comme le disent ceux qui vont quérir
les épiceries jusqu'au Levant, qui déjà
du temps des empereurs (qui étaient obéis
partout le monde) était rare & difficile
à recouvrer. Pour le cinnamome, l'on prend aujourd'hui
la casse odoriférante
(que nous appelons cannelle) pour ajouter à la
composition de nos onguents. Quand Galien fit le thériaque
pour M. Aurelius
Antoninus (Marc Aurèle),
il ne s'en trouvait point ailleurs qu'au cabinet des
Empereurs qui le faisaient garder bien clairement avec
leurs prestigieuses choses. Ledit Empereur fit montrer
à Galien plusieurs
vases de bois remplis de cinnamome, lesquels avaient
été mis en son palais les uns du temps
de Trajan, &
les autres d'Adrian,
qui adopta Antonnin
Pie, lequel succéda à
l'Empire, & recouvra du cinnamome frais qui passait
de bonté & de senteur tous les autres.
Depuis, Commode l'Empereur
(incommode à tout le monde) se souciant bien
peu du cinnamome & du thériaque,
laissa perdre tout ce qui était
demeuré de bon, & que les bon Empereurs,
ses prédécesseurs, avaient amassé
depuis longtemps par grande singularité de sorte
que, Galien vint
à composer le
Les
l'Empereurs amassaient dans leurs palais quantité
d'épices parfois rarissimes comme nous le dit
Du Choul, alors qu'il "étaient obéis partout le
monde". Il poursuit "Aujourd'hui
ce serait chose bien difficile, voir quasi impossible,
de faire un tel onguent." Toutes ces préparations
servaient à la cosmétique, la beauté
et bien sûr aux massages auxquels l'antiquité
n'était pas indifférente.
Recto de la feuille 11
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français thériaque
pour l'Empereur Severus, il fut contraint de prendre le plus vieux
cinnamome qu'il trouva de reste au palais desdits Empereurs
qui était (ainsi comme il dit) fort faible de
senteur & de force et il ne passait pas trente ans
qu'il avait été apporté à
Rome. Quant aux autres huiles, le Narcissin
(qui se fait de la fleur de Narcissus,
que les Français nomment la fleur de Paques)
& l'Irin, de
la racine du glaïeul, se faisait au temps de Pline, bon en Pamphilie,
mais meilleure, plus suave,
& l'Iris de Florence tiennent aujourd'hui le premier
lieu. L'huile Rhodin
à été toujours
la meilleure à Naples & a Capoüe,
&, du temps des anciens, à
Malte, à cause de la bonté des roses desquelles
on fait aujourd'hui la meilleure conserve & la plus
belle que l'on puisse trouver, & duquel, comme le
recite Possidonius
usaient les Carmaniens
pour réprimer les vapeurs
du vin. Le Nardin
se trouvait
le meilleur à Rhodes, composé d'huiles
Omphacin, de
been,
bois de baume, fleur du jonc odorant, calame
odorifère aromatisés
avec l'Amaracus (qui
est la marjolaine) coste,
amoine,
nard, casse odorante, du fruit de baume & de
myrrhe. Et
ceux, qui le voulaient plus précieux, y ajoutaient
du cinnamome qui avait déjà trente ans,
au cabinet de Marcus
Aurelius Antonius, pour lui faire
sa thériaque de laquelle il usait tous les jours.
Car, à ce que dit Galien,
il ne peut avoir la patience qu'il
n'en prit deux mois après qu'il l'eu fait
&, à ce que récite Dion
en la vie dudict Marc Aurèle,
il était si sujet à
maladie, qu'il ne prenait rien sur jour, outre ce medicament,
qu'était le thériaque
&, ne prenait pas tant ce pharmaque
pour crain-
L'huile
entrait dans de nombreuses préparations comestibles
ou non et nous avons ici un superbe florilège
des huiles dont disposaient les grecs et les romains.
Huiles à base de Narcisse, de racine de glaïeuls,
d'Iris de Florence, d'huile de Rhodin
de Naples, de Nardin de Rhodes
se mélangeaient aux parfums les plus divers que
l'on ramenait des conquêtes ou parvenait par la
route du commerce.
C3
Verso de la feuille 11
Correspondance en français moderne Correspondance en vieux français crainte qu'il eut d'être empoisonné,
que parce qu'il avait l'estomac débile. Il y
à longtemps qu'une telle composition n'a été
vraiment faite, la retranscription des noms avaient
été corrompus par les Arabes. L'huile
Balanin,
que les Anciens ont ainsi nommé,
se faisait du gland unguentaire
nommé des Grecs murszalanv. Les parfumeurs l'ont appelé huile
de been
pace que le fruit a été nommé des
Arabes. Sa propriété toutefois porte (bien
qu'il soit fort vieux) qu'il ne rancit point. C'est
la cause que lesdits Parfumeurs s'en servent, pour
incorporer les mixtions qu'ils font pour parfumer gants,
faire pommes de senteurs, & patenôtres, avec le musc,
ambre,
& zybed, & autres senteurs odoriférantes.
Ce gland s'apportait autrefois de la région Barbarique (qui est au jugement des doctes, l'Ethiopie
en général, ou la Troglodytique qui fait
partie de celle-ci) & les Parfumeurs usaient de
la liqueur tirée de la chair de son fruit, comme
le recite Galien. Et
ce n'est pas pour rien si le fruit duquel se prend cette
huile a été nommé des Anciens Gland
unguentaire parce que sa liqueur est la plus
propre & la plus fréquentée des compositions
de leurs onguents précieux & odorifères.
Ce n'est pas sans raison qu'en toutes les liqueurs unctueuses
ne se trouve que l'huile de Been, qui ne soit sujette
à rancir, & pour sa vertu particulière,
[ces liqueurs unctueuses] détrempent des unguentaires
toutes leurs compositions odoriférantes en cette
huile de Been, parce qu'ils sont assurés qu'elles
se peuvent garder sans craindre l'injure du temps. L'Amaracin
était le meilleur en
île
de Coo (que nous avons depuis
nommée Langou)
&, selon la diversité & propriété
de toutes ces huiles, les Anciens en usèrent
en leurs bains, pour garder & entretenir leur bonne
santé, &, à
Les
anciens étaient confrontés à l'instabilité
des huiles, aux influences de l'oxygène et à
l'injure du temps. Ainsi, huile de been était-elle
l'huile indiquée de toutes les préparations.
Recto de la feuille 12
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français ce que
nous lisons ils se faisaient frotter les sourcils & les cheveux, le col
& la tête, d'huile de Serpolet
(qui est autrement nommée
Polliot) dit Serpyllum
& les bras de celui de
Sisymbre
(qui est mente aquatique)
& de Cresson, & de l'Amaracin
ou Marjolaine, les os & les nerfs.
L'Amaracin était
le meilleur de tous principalement pour l'hiver, &
pour ceux qui habitaient les regions froides. Les plus
délicats des Athéniens (comme recite Cephisodorus)
se faisaient oindre les pieds d'onguent : & telle était la coutume
en Athènes comme il le dit. Nous lisons que les
Thoriciens,
peuple d'Attique, se frottaient les jambes depuis le genou en bas, &
jusqu'à l'extrémité des pieds (*),
les joues & les mamelles, (*) : l'un des bras, (*)
: les sourcils, & les cheveux, (*) : les genoux
& le col, (*). De l'huile Baccarin
(duquel nous avons parlé ci-dessus)
ont écrit plusieurs Comiques, & principalement
Hipponax,
quand il a dit (*), dont le sens
est : Je me parfume le nez & visage du baccarin.
Toutefois Aeschylus a
mis la différence du baccarin aux autres onguents,
disant ainsi : (*) : c'est à dire, "Je demande
le baccarin & les parfums." Par résolution
les Acoliens nommèrent
(*), les onguents, que les autres Grecs (*) : parce
que la plus grand partie de la composition des onguents,
se faisait à Smyrne
&, ce qu'ils nommèrent
Stacte, est fait de la seule myrrhe, comme dit Athenæus.
Par ces compositions nous connaissons
la grande recommendation, où furent ces huiles
à l'endroit des anciens Romains qui veut que
les Italiens en ont gardé les noms & usage,
jusque à ce jour, & outre ceux-ci, de l'huile
Imperial, de l'huile de fleur d'Oranges, de Jasmin,
de Benjoin, &
du Stirax : mais
Il
ne nous échappera pas que les sourcils, les cheveux,
le col et la tête étaient frottés
d'huile de Serpolet,
que les bras étaient quant à eux frictionnés
de mente
aquatique ou de cresson alors que les nerfs et les
os préféraient la marjolaine. Friction,
massage, attention donnée jusqu'aux sourcils
et d'après Cephisodorus,
les plus délicats des Athéniens se faisaient
oindre les pieds d'onguent selon une coutume qui avait
cour à Athènes. Et voilà, un massage
des pieds mentionné en 1555 sur la foie d'un
comique grec. La phrase suivant est toute aussi édifiante
puisque nous apprenons que les Thoriciens,
peuple d'Attique, se frottaient les jambes jusqu'aux
pieds, les joues, les mamelles, l'un des bras, les sourcils,
et les cheveux.
* Termes en grecques non établit.
Verso de la feuille 12
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
principalement de l'huile
Royale nommée des Grecs(*) dont usèrent
les Rois des Parthes,
comme nous lisons en Pline
qui en écrit la composition,
& de plusieurs, qui se vendent par les Myropoles
& Unguentaires
que nous avons nommés Parfumeurs.
Les montagnes de Perse portent des noix Persiques, desquelles
l'on faisait l'huile pour le Roy, comme dit Amyntas.
Et en Carmanie,
(auteur Ctesias), était composé l'huile
Acanthin de
laquelle le Roy du pays se faisait frotter le corps. De l'huile qui a été
nommée des Grecs(*) a fait mention Theophrate
au livre qu'il a fait des odeurs,
affirme qu'il se faisait des olives non encores mures,
& amandes. Les autres compositions, sèches
& arides (que les Grecs ont nommées(*) servaient,
selon Pline, à
arrêter & sécher la sueur de ceux qui
sortaient des bains, pour après se laver d'eau
froide. Je crois que ce peuvent êtres poudres semblables à celles de violettes
& de Cypre dont
l'on use encore aujourd'hui. Toutes ces compositions
liquides se faisaient avec de l'huiles &, d'autant
que l'huile était plus grasse, elles [ces compositions]
étaient meilleures & plus utiles. C'est pour
cela que l'huile d'amande fut la plus propre & la
plus estimée anciennement. En parlant des huiles,
Dioscoride dit
que celles qui se font sans y ajouter autre chose que
ce que l'on prend du fruit des arbres ou de la semence,
sont nommées huiles, & tous les autres, unguent, ceux qui sont composés d'huile,
& d'autre matière comme les huiles Rosat,
Sansucin, Amaracin,
Melin,
Telin,
Eleatin,
Oenanthin, Anetin,
Crocin,
Megalin,
appelé des Grecs(*), comme
dit Sosibius,
& de l'unguent duquel a parlé Epilycus,
dit Sagedes, & de plusieurs autres, que je passerai,
n'ayant pas délibéré d'écrire
en ce petit Traité si grand nom-
Nous
apprenons que les Rois des Parthes
ne rechignaient pas contre les huiles qui se vendaient
chez les Myropoles,
sorte de pharmacie ou chez les Unguentaires,
les parfumeurs. Les montagnes de Perse produisent des
noix Persiques desquelles l'on faisait de l'huile pour
le roi comme le mentionnerait Amyntas,
un roi de Macédoine que je ne suis pas parvenu
à identifier. Et en Carmanie,
région de Perse, c'est Ctesias,
médecin grec au
service d'Artaxerxès
II au Vème siècles avant J-C, qui
nous renseignerait sur l'huile Acanthin
qui en provenait et de laquelle le roi du pays se faisait
masser, "frotter le corps".
Dans
ce qui doit être "Recherches sur les plantes"
de Theophrate, nous
apprenons l'utilisation qui était faites des
différentes maturations d'olives pour faire des
textures et des saveurs différentes, ce qui nous
montre, encore une fois, l'importance des recherches
pratiquées dès l'antiquité en botanique.
Après cela nous avons un nouvel élément
constituant à mon sens un massage et que
Du Choul évoquera
plus bas avec l'utilisation de ce qu'il appelle "Les autres compositions, sèches
& arides [...] servaient, selon Pline, à arrêter & sécher
la sueur de ceux qui sortaient des bains, pour après
se laver d'eau froide. Je crois que ce peuvent êtres
poudres
semblables à celles de violettes & de Cypre
dont l'on use encore aujourd'hui."...
Je
pense que la poudre dont il parle est probablement le
Lawsonia Inermis qui est un arbuste connu depuis l'antiquité
particulièrement pour ses feuilles séchées
et pulvérisées qui donnaient le henné.
Toutes sortes de végétaux mais aussi de
minéraux sont ainsi pillés afin d'utiliser
leur pouvoir absorbant, astreingeant, gommant etc.
Le sable par exemple sera utilisé pour entrer
dans la composition du Céroma constitué de cire et d'huile dont
on oignait
les sportifs. A Rome, le préposé à
cette tâche été appelé Unctor, sorte de masseur sans qualification. Par contre, ici,
il serait intéressant de savoir ce qu'il entend
par "Je crois que ce peuvent êtres poudres semblables à celles de violettes &
de Cypre dont l'on use encore aujourd'hui.".
Quelle place ces poudres avaient en 1555.
Recto de la feuille 13
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
bre de compositions, &
encore moins de parler des bains salés, sulphurés,
alumineux,
bitumineux,
ferruginés,
& plusieurs autres : & des
composés avec des plantes, & fleurs : ni
de ceux qui sont faits pour restaurer & remettre
les personnes qui sont consumées & exténuées
par maladie, remettant ce demeurant aux Médecins.
Ainsi, j'ai voulu sommairement écrire sur ceux
qui étaient du temps des anciens Grecs, &
Romains, qui les fréquentèrent pour conserver
la santé, & pour obvier
à plusieurs maladies. Car
c'est un remède singulier pour les gens de lettres,
que le bain si nous voulons croire Galien,
au troisième livre, qui l'a
fait pour entretenir la bonne santé. Pour obvier
à toutes ces grandes dépenses,
Athenæus
récite que les Lacédémoniens
chassaient les vendeurs de toutes
ces délicates compositions pace qu'ils perdaient
& consumaient inutilement l'huile comme les teinturières
des laines corrompaient la blancheur, & Pline
dit qu'il est certain que les Romains
n'en firent pas moins, après la défaite
du Roy Antiochus, &
que l'Asie fut suppéditée,
l'année depuis que la cité
de Rome fut fondée, cinq cens soixante cinq,
&, alors que Publius
Licinius Crassus & L. Julius
Cesar étaient Censeur, fut fait un edict pour
que personne ne vendit huiles & unguents exotiques,
ainsi furent nommées les étrangères
& peregrines compositions. Or, pour montrer en quelle
reputation elles étaient, je réciterai
en passant, les paroles de l'Empereur Vespasien
à un jeune adolescent, bien
parfumé qui le venait remercier d'un magistrat
dont il avait été pourvu, auquel il dit,
tout fâché "J'aimerai mieux que tu
sentisses les aux", faisant revo-
Nous
voyons que les bains étaient utilisés
aussi pour "garder la santé" et que
Galien
ne le pratiquait que pour cela. Bain de souffre, bain
d'alun, de bitume ou ferreux, on y ajoutait volontiers
des huiles, et autres compositions dont le prix était
tel qu'on en interdisait la vente aux marchands ambulants
de peur sans doute d'acheter à prix d'or des
produits frelatés.
Verso de la feuille 13
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
quer les lettres de l'office,
qu'il lui avait donné. En cela le sage Empereur
fuyait la mouche à miel qui ne peut endurer la
senteur et qui pique aigrement ceux qu'elle sent parfumés.
Suivant aussi l'opinion de Cicéron, les odeurs qui sentent la terre, sont
plus gracieuses que celles qui tiennent l'odeur du safran.
Par la lecture de ce que nous avons dit ci-dessus, l'on
connaîtra les grandes dépenses que firent
les Romains, à bien édifier leurs bains
où ils ne gardèrent ni moyen ni mesure.
Ce qui se voit par les ruines des thermes d'Antonin,
& de Dioclétien, à Rome où se trouvent colonnes
de marbre de couleur différentes & lieux
infinis appropriés à plusieurs usages
qui étaient entretenus curieusement par les anciens
qui se lavaient quasi tous les jours, en provocant la
sueur, pour entretenir leur bonne santé. Ce que
montre Sénèque
en ses Épîtres à
Lucilius, quand il dit que Scipion l'Africain, qui s'était retiré
volontairement à Linterne, en une maison qui était construite
de pierres carrées, avait en sa ville un bain
étroit & obscur, lequel ne lui eut point
semblé chaud sans qu'il eut été
obscur, & en ce petit bain l'horreur de Carthage
Scipion lavait son cors lassé, après qu'il
avait travaillé tout le jour en ses oeuvres champêtres & rustiques. Depuis, les Romains tournèrent
les bains en délices, & firent les thermes
pour aider à la digestion crue de l'estomac.
Ce qui a fait dire à Pline, châtiant une si mauvaises façon
de faire, que pour cette cause en son temps avaient
ordonné les bains chauds les Médecins
qui avaient persuadé aux Romains que la concoction
& digestion de la viande se faisait par ce moyen
dedans l'estomac et combien qu'au sortir des bains ils
se trouvassent si mal, qu'ils
C'est
par les écrits de Cicéron
que nous retrouvons trace des dépenses que les
Romains engageaient à l'édification de
leurs bains pour lesquels "ils
ne gardèrent ni moyen ni mesure".
Ce qui se voit par les ruines des thermes d'Antonin,
& de Dioclétien,
à Rome où se trouvent colonnes de marbre
de couleur différentes & lieux infinis appropriés
à plusieurs usages qui étaient entretenus
curieusement par les anciens qui se lavaient quasi tous
les jours, en provocant la sueur, pour entretenir leur
bonne santé. Nous avons là un très
bel exemple de prescription médicale qui rendait
les thermes
quasi vital pour le bon fonctionnement de l'estomac
à tel point que Pline lui-même semble s'en
émouvoir.
Recto de la feuille 14
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
se faisaient porter, par trop
croire les médecins, tous vifs en leurs sepultures.
Pour les bons Capitaines & Empereurs Rommains, nés
au labeur, furent ordonnés les bains, & non pour délices dont usa
depuis le peuple de Romme. Car ils furent à la
fin si communs que les Princes se lavaient avec le peuple & Hadrien fut le premier, lequel, en se lavant
un jour aux bains, & regardant un vieux soldat (qu'il
avait autrefois connu en la gendarmerie) qui se frottait
le dos contre les murailles, après avoir entendu
de lui que c'était par nécessité,
lui donna serviteurs & argent par grand libéralité.
Une autrefois, plusieurs gens-d'armes vinrent aux bains,
pour ainsi provoquer la libéralité du
Prince, alors, Hadrien leur commanda, dans un grand
rire, que chacun frotta son compagnon.
Ce
passage est particulièrement intéressant
lorsque l'on sait que c'est un Bailly
des Montagnes du Dauphiné, au service du Roi,
qui écrit que les bains "furent
à la fin si communs que les Princes se lavaient
avec le peuple" ce qui semble
être l'appréciation d'un âge d'or
lors duquel l'Empereur déambulait nu au côté
des citoyens romains et des esclaves. L'anecdote d'Hadrien
fut beaucoup reprise comme l'illustration de cette proximité
permettant aux Princes de voire au quotidien la vie
du peuple et en même temps la grande libéralité
de ce régnant mais elle donne aussi l'idée
que se laver seul était le lot des plus pauvres.
Les thermes
grouillaient d'hommes, de femmes, d'esclaves, de personnes
qui louaient leurs services pour laver, frictionner,
masser,
masturber
qui le souhaitait. Néanmoins, nous avons là
une anecdote qui nous renseigne sur la permanence de
ces massages.
Ci-après
nous avons tout le descriptif des thermes de l'époque
jusqu'à la page .
Nous avons assez demeuré sur les
Bains, Thermes, & Lavacres.
Nous écrirons présentement
sur les Gymnases, & les Palestres que les Grecs firent pour exerciter les
jeunes gens, les uns à lutter, à jouer
de l'épée, à la pique, & les
autres à sauter, à tirer de l'arc, à
lancer le dard à piquer les chevaux, à
voltiger, à courir au stade, & à toutes
autres militaires exercitations. Et pour inciter les
jeunes enfants à la vertu, ils faisaient dresser
statues aux Gymnases, pour la mémoire de ceux
qui étaient parvenus à la sommité
de ces exercitations & disciplines, lesquelles statues
reposaient sur base insculpées
& gravées des inscriptions
& excellence de leurs exercices. En ces Palestres
devaient êtres mis les jeunes
enfants (comme dit Aristote, au huitième
des Politiques) pour les rendre
plus forts & plus robustes. Encores Platon
ne réprouvait point que les
vier-
Verso de la feuille 14
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
ges s'exercitassent toutes
nues à jeter le Disque, à courir, à
lutter, son opinion était que non seulement les
jeunes filles, mais encores les femmes d'age, lutteraient
avec les hommes pour entreprendre, avec la patience
de ces labeurs, choses ardues & difficiles. Ce que
Xénophon a montré en la politie
des Lacédémoniens
[1]
qui dit que Lycurgus
pensa que les esclaves suffiraient
pour faire les robes, & accoutrements, & que
les femmes libres (qui vaqueraient à faire des
enfants) exerciteraient leurs corps comme les hommes
cuidant
que de tous deux les enfants se feraient
plus robustes & plus forts, fuyant l'opinion des
Grecs. Cicéron ne réprouve point toutes choses,
quand il écrit que ceux, qui donnèrent
la façon de vivre aux Républiques de Gréce,
voulurent fortifier le corps des jeunes hommes, avec
le labeur. Ce que les Spartiates
avaient traduit aux femmes lesquelles
aux autres villes vivaient serrées dedans les
murailles délicieusement. Par-quoi Properce,
perdu d'impatience d'amour, se plaignant
que les filles romaines n'étaient point veuves
publiquement, loue la Palestre
Spartiane,
avec une véhémence
d'amour & fureur de jeunesse, tout ainsi :
Multa
tuœ, sparte, miramr jura palæstæ,
Sed mage virginei tot bona gymnasii.
Quod non infames exercet corpore laudes
Inter luctantes nuda puella viros, Cum
pila veloceis fallit per brachia jactus,
Increpat & verfi clavis adunca trochi,
Pulverluentaque ad extremas stat fœmina
metas, Et patitur duro vulnera Pancratio,
Recto de
la feuille 15 Correspondance en vieux français
Nunc
ligat ad cœstum gaudentia brachia loris,
Missile nunc disci pondus in obe rota,
Gyrum pulsat equis, niveum latus ense revincit,
Virgineumque cavo protegit ære caput. |
Traduction
en français des Élegies
de Properce que nous propose J. Grenouille
en 1834
Élégies
XIV. Sur les jeux de Sparte
Heureuse Lacédémone
! nous admirons tes exercices guerriers,
mais surtout les nombreux avantages des
jeux où se forment tes jeunes filles.
Elles ne recherchent point des éloges
qui les déshonorent, lorsqu'elles
paraissent nues au milieu des lutteurs,
pour lancer rapidement de leurs mains délicates
une balle trompeuse, ou pour faire tourner
une roue bruyante sous la verge crochue
qui l'agite. On les voit tour-à-tour
attendre le signal, couvertes de poussière,
à l'extrémité de l'arène,
souffrir les blessures du cruel Pancrace,
attacher à leurs
bras un ceste
qui fait leur gloire, balancer en cercle
le disque pesant qu'il faut lancer,
aiguillonner les flans d'un coursier généreux...
Lire la suite |
Pour retourner à notre propos,
les Princes fréquentaient non seulement les Gymnases,
par plaisir & pour connaître les bons Athlètes,
mais aussi pour ouïr les disputations des philosophes,
& de ceux qui disputaient autres facultés
& disciplines. Par-quoi fallait qu'en ces
Palestres fussent diverses habitations, grandes
places, & Portiques
: que nous avons nommés galeries) & aux Portiques
Exèdres spacieuses : qui étaient lieux
semblables aux écoles publiques ou mieux, aux
chapitres des cloîtres de nos Religions, &
là étaient sièges ordonnés
ou étaient assis les Philosophes & ceux qui
prenaient plaisir à disputer. Outre les Exèdres
se trouvaient des Peristyles carrés (qui étaient garnis
& environnés de colonnes, qui avait douze
cent pieds de tour) pour se promener, que les Grecs
nommèrent (*). L'un des Portiques, & celui,
qui regardait sur la région du midi, était
double, pour éviter que le vent ne porta la pluie
jusqu'au dedans. De ce double portique tenait le milieu
l'Ephebeum qui était la place ou les adolescents
avaient des sièges pour étudier, comme
nous pourrions dire des sièges extrémez des
chaires[***] ecclésiastiques. Et devaient avoir
ce Portique plus de longueur, la troisième partie,
que de largeur. Au plus presestoyent lieux ordonnés pour le service
de ceux, qui s'exercitaient [s'entraînaient] en
la Palestre comme le Corycée (qui était le jeu de la grosse
bale, nommé Corycum) & conistere : qui servait à tenir la poudre de ceux, qui luttaient à force
de bras : & aux Géométriciens,
* Termes en grecques non établit.
Verso de la feuille 15
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
pour designer, en étudiant,
leurs figures. Entre ces portiques il y avait de petits
bois, jardins & vergers, plantés en quinconce
ou à la ligne, dont les arbres étaient
lauriers, cyprés, palmes, myrrhes, pins, sabines, jeneures, cèdres, tamaris, houx, bovis, & oliviers qui sont tous arbres
qui ne se dépouillent point de leurs feuilles,
& rendent pour cela les vergers plaisants &
donnaient aux Athletes & à ceux qui les regardaient,
outre l'ombre, senteur & verdure, confort &
consolation. Parmi ces arbres se faisaient promenoirs
& hypèthres ambulations que les Grecs ont nommés
(*) & que nous pouvons interpreter découvertes
& sous le soleil, auxquelles l'hiver, (quand le
temps était cler & beau, & le ciel serin),
les Athletes, appelés Xystiques pour le Xyste, qui était couvert, descendaient
pour se promener, exciter, & courir. Après
le Xyste était le stade, lieu de la course qui
était fait de telle manière que
chacun, à son plaisir, pouvait regarder courir
les Athletes qui étaient, comme dit Julius
Pollux, tous ceux qui s'exercitoyent
au Gymnase de la Palestre.
Après que nous avons connaissance des habitations
diverses de la Palestre, il faut exposer, à cette
heure, qui étaient les noms de ces Athlètes.
Et premièrement nous écrirons de ceux,
qui de célérité passait tous les
autres, lesquels les Grecs nommèrent (*), c'est-à-dire,
Coureurs qui couraient légèrement &
longuement & avaient la force & le pouvoir,
en courant, de pousser & retenir leur adversaire.
De ces coureurs les uns étaient Stadiodromes (parce qu'ils couraient au stade) &
les autres Diaulodromes qui redoublaient leur course, c'est à
savoir que, quand ils avait couru jusqu'aux metes[3], retournaient, d'où ils étaient
partis.
* Termes en grecques non établit.
Recto de la feuille 16
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
Des Dolichodromes couraient six courses au stade, toutefois
il est à présumer que c'étaient
ceux qui le plus longuement continuaient une course,
& les Athletes qui se exerçaient nus à
la lutte, qui furent nommés Palestiques. Telle coutume de montrer au Gymnase
le corps nu, & de le frotter d'huile, vient des Lacedemoniens, ainsi que nous le lisons en Thucydide.
Les autres ajoutèrent de la terre avec l'huile
& telle composition fut depuis nommée Ceroma qui servait pour fortifier les nerfs
& les membres (parce que l'huile mollifie le corps
& lui donne force & vigueur) selon Pline qui dit : Duo
sunt liquores corporibus humanis gratissimi, intus vini,
foris olei : arborum è genere ambo prœcipui,
fed olei necessarius,
C'est-à-dire, qu'il y a deux liqueurs gracieuses
pour le corps humain, le vin pour le dedans, & l'huile
pour le dehors, l'huile est toutefois fort nécessaire.
Encore parlant ledit Pline d'Auguste
Cesar, qui s'enquérait de Romulus
Pollio son hôte
(qui avait passé cent ans) du moyen qu'il avait
tenu, pour garder la vigueur & force de son corps,
il lui répondit, Intus
mulso, foris oleo, qui
nous fait connaître, que l'huile de sont temps
a été meilleure pour les parties extérieures,
que pour les intérieures. Anciennement l'on servait
l'huile à la premiere table, comme l'on fait
encore aujourd'hui. Celle-ci se trouvait d'autant plus
en grande estime qu'elle était la plus blanche,
comme à-present nous appelons huile
vierge cette huile dont
a parlé Antiphanes, auteur Grec, qui l'a nommé, huile
Samique. La renommée dure encore de Democritus Abderites qui avait délibéré
de donner fin à sa longue vieillesse & pour
ce faire, journellement il rapetissait son manger, après
quoi il fut prié par ses femmes domestiques de
se laisser point mourir aux
Sur
ce recto de feuille 16 nous avons tout d'abord ce texte
de Thucydide
que je n'ai pas encore identifié "Telle
coutume de montrer au Gymnase le corps nu, & de
le frotter d'huile, vient des Lacedemoniens, ainsi que nous le lisons en Thucydide" Puis il poursuit avec la
decription du Ceroma destiné à "fortifier
les nerfs & les membres (parce que l'huile mollifie
le corps & lui donne force & vigueur) selon
Pline qui dit : Duo
sunt liquores corporibus humanis gratissimi, intus vini,
foris olei : arborum è genere ambo prœcipui,
fed olei necessarius,
C'est-à-dire, qu'il y a deux liqueurs gracieuses
pour le corps humain, le vin pour le dedans, & l'huile
pour le dehors, l'huile est toutefois fort nécessaire."
Le Ceroma
était une préparation faite d'huile
et de cire mêlées ensemble, avec laquelle
on oignait
le corps des lutteurs avant de les frotter de sable fin comme nous le dit Martial
Épigramme
VII, 32). On avait comprit que l'huile, appliquée
sur le dehors, lui donnait force & vigueur
par la friction. Là nous avons une très
belle entrée sur le massage et un intéressant
développement sur les vertus de l'huile notamment
sur la longévité de Romulus
Pollio.
Verso de la feuille 16
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
jours, qui étaient
consacrés à Cérès ce qu'il accorda, commandant qu'on lui
apporta un vase plein de miel, qu'il mangea & par
ce moyen prolongea sa vie jusqu'à ce que les
Céréales (jours consacrés à la Déesse)
fussent passés. Et interrogé de ses amis,
comment un homme en santé pourrait vivre
longuement ? Il leur fit réponse, s'ils usaient
du miel par le dedans, & de l'huile par le dehors. Ce propos servent les paroles de Themistocles qui se mit en colère contre son
argentier qui lui rendait compte de la dépense
d'une bien petite somme d'argent qu'il avait emplié
pour acheter de l'huile, & regardant les assistants
qui s'ébahissaient bien fort de son épargne,
il commença à leur dire qu'ils avaient
mal entendu la cause de son courroux, qui était
parce que son cuisinier lui faisait trop manger d'huile
assez mauvaise pour le dedans du corps de l'homme. Quant
aux olives, on les servait anciennement à la
seconde table desquelles les unes étaient nommées
des Grecs(*), & des Latins drupe, quand les bacs (comme témoigne
Pline)
commençaient à noircir. Diphilus a dit qu'elles sont de bien petit nourrissement
& engendre douleur de tête, & que les
noires sont pernicieuses à l'estomac. Les plus
saines & les meilleures sont celles qui ont été
nommées des anciens (*). Les autres qui sont
confites avec le fenouil ont été dites
(*) & celles, qui étaient pilées dans
un mortier furent appelées des Athéniens,
(*), comme le récite Athenaeus. Quoi que disent les Grecs, les Romains
usèrent des olives depuis le commencement de
table jusqu'à la fin comme dit Martial
:
Hæc,
quæ Picenis venit subducta trapetis, Inchoat
atque eadem finit oliva dapes.
* Termes en grecques non établit.
Ici
nous avons cette redondance avec la page précédente
au sujet de la bienfaisance de l'utilisation de "l'huile par le dehors." Je
laisse au lecteur la suite mise en grise sur l'olive
qui est très amusante.
Recto de la feuille 17
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
Plusieurs autres espèces
ont été nommées de Macrobe
& Pline : comme les Africaines, Liciniene, Sergianes,
Salentines, & Royales. Et certainement de toutes
les olives la plus grosse est meilleure pour manger,
que la petite, qui est plus convenable pour faire l'huile
: comme Columelle l'escrit au sixiéme liure de la
chose rustique. A l'olive firent cest honneur les Rommains,
qu'ils en coronnerent ceux qui triomphoyent en leurs
petis triomphes : & la Grece coronnoyt les visiteurs
à Olympe d'olivastre.
Les Atheniens en leurs monnoyes accompaignerent
la chevesche (consacrée à Minerve) d'une branche d'olive : comme plus amplement
nous en monstrons la figure au liure de noz Antiquités
de Romme. Aucuns ont voulu dire que l'huile servoyt
pour rendre le corps des Palestrites
plus lubriques, & pour prendre les bras avecques
une plus grande difficulté : toutefois les Grecs
(qui furent les premiers inventeurs de tous vices) le
tournoyent à luxure, en le publiãt aux Gymnases :
& l'huile, qui servoyt pour les Athletes, fut à
la fin mxtionné de choses odoriferentes : si
nous voulons croire Pline : qui dit que aucuns mesloyent
aux Gymnases senteurs avecques l'huile, mais plus utiles
& de moindre valeur. Apres que les Luitteurs sestoyent
faits oindre, ils estoyent arrousés & couverts
d'une poudre, ou sable (qui estoyt nommé Aphé) pour aider â fortifier le corps.
Ce que nous enseigne Lucain : quand il dit, en parlant du combat
d'Hercules
& d'Anteus
: Auxilium
membris calidas insundit arenas 1. Qui nous fait cognoistre que les Luitteurs
& Pugiles combattaient avec la poudre dont est
venu le proverbe, que l'on disait entre les Grecs (*)
: qui veut dire
1 Auxilium membris calidas insundit arenas : arrose d'huile ses membres nerveux. Livre
IV de Lucain Lapharsale * Termes en grecques non établit.
Dans
ce recto de feuillet 17 il est passionnant de lire,
après l'intérêt vraiment très
surprenant pour l'huile d'olive, nous avons ce glissement
quasi originel du mot lubrique.
Ce mot vient du latin lubricus, il signifie glissant,
"avec de l'huile" et ici Guillaume Du Choul dit " l'huile servait pour rendre le corps
des Palestrites
plus lubriques, & pour prendre les bras avec une
plus grande difficulté,..." Les Palestrites
sont en fait les athlètes qui fréquentaient
la palestre
pour lutter et l'utilisation de l'huile ou de ce fameux
Ceroma
que nous avons vu plus haut servait à rendre
le corps moins facile à saisir mais là
nous avons un jugement de valeur qui ajoute sans ambage
que "les Grecs (qui furent les
premiers inventeurs de tous vices), le tournaient à
luxure, en le publiant aux Gymnases & l'huile, qui
servait pour les Athletes, fut à la fin mixtionnée
de choses odoriférentes." Nous apprécierons
la parenthèse à la charge des Grecs inventeurs
de tout vices et cette huile d'abord technique qui finie
par devenir généreusement parfumée.
Pline
nous dit qu'au contraire n'y était joint aucun
parfum et que les huiles étaient de moindre valeur.
Ici on peu dire, au vu de la complexité du protocole,
du raffinement des huiles et de part la présence
de personnel dédié à ce service,
que le massage était monnaie courante.
Auxilium membris calidas
insundit arenas "arrose d'huile
ses membres nerveux."
Livre IV de Lucain Lapharsale : Ici nous avons
une élégante entrée sur l'art du
massage
entre Hercules
& d'Anteus mais qui ne se livre
pas tout de suite puisque le terme arroser semble
nous éloigner de notre recherche. Pourtant, l'aspersion
constitue bien un massage
en soi puisqu'elle implique un contact
et là, il s'agit bien de s'arroser avec de l'huile.
Ce passage relaté par Guillaume du Choul
nous vient du Livre IV de Lucain
Lapharsale
"L'un, selon l'usage des jeux olympiques, arrose
d'huile ses membres nerveux ; l'autre, ne se croyant
pas assez fort, s'il ne touchait que du pied sa mère,
se couvre d'un sable brûlant et secourable."
Verso de la feuille 17
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
emporter la victoire sans
s'être mis en besogne, sans peine & sueur,
ne se présentant personne au combat. Ce que nous
lisons dans Pausanias : qui parle de Dioreus
Athlete : qui avoyt esté victorieux
à Olympe (*): que Pline a interpreté sans poudre
(c'est-à-dire, sans que nul
se presentast pour l'attendre, & sans qu'on le mist
en peine de prendre la poudre pour faire son devoir)
quand il escrit, au trentecinquiéme de l'Histoire
naturelle, qu'Alcimachus
avoyt peint ou portrait Dioxypus : qui estoyt demeuré victorieux
à Olympe, sans avoir combatu : que les Grecs
avoyent dit (*), & à
Némée
(*) (c'est-à-dire, de force
apres avoir conbatu) pour le nom de la poudre : qui
estoyt nõmée (*): dont est venu au Gymnase
le nom de Conistere : duquel nous avons fait mention ci-dessus
qui servoyt pour garder la poudre palestrique : laquelle fut de si grande curiosité
aux anciens, qu'ils la faisoyent venir d'Aegypte : comme
recite Tranquillus, quand il monstre l'indignation du peuple
de Romme contre Néron : qui avoyt fait venir, au temps de la
famine publique, un navire, chargé de ceste poudre,
pour les Athletes de la court. Son usage nous enseigne
Pline : qui escrit, que la difference estoyt bien petite
de la poudre Puteolane à la plus subtile partie du sable
du Nil : non qu'elle servist pour resister aux ondes
de la mer, comme la poudre de Pussol
: mais bien pour esseminer
les corps des Athletes en la Palestre
: & d'Aegypte la faisoyt venir
à Rõme Patrobius liberte de Nero. Leonatus,
& Meleager, Capitaines d'Alexandre
le Grand (comme il dit)
la faisoyent porter apres eux avecques leur bagage.
Les pyctes
ou Plectiques, que les Latins nomment Pugiles, combattaient à coups de poing
&, en frappant leur adversaires
* Termes en grecques non établit.
Là, c'est la place donnée à
la poudre en application sur un corps huilé qui
nous intéresse. D'ailleurs, selon la façon
dont cette poudre était apposée sur le
corps soit par aspersion, saupoudrage soit par massage.
Voir Dossier
: emploi de la poudre en massage.
Recto de la feuille 18
Correspondance en français moderne
Correspondance
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comme dit Cicéon second
des Tusculanes, ils se plaignaient en jetant les Cestes, non par faute de courage,
ou pour douleur qu'ils sentissent, mais parce qu'avec
le cri & la voix ils avaient le cœur plus grand,
& donnaient le coup plus véhément.
Et, pour venir au combat, ils s'accoutraient les bras
& les mains de Cestes, qui étaient faits
de cuir de buffle, remplis de plomb par dedans. De ce
combat, Virgile en écrit la façon
au cinquième des
Æneides qui
en donnera aux lecteurs la connaissance, avec la figure
retirée de l'antique, que j'ai fait peindre ci-après.
E
2 COM
Verso de la feuille 18
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Correspondance
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Page recouverte d'une gravure
Combat
des Cestes
entre Dares & Antellus,
selon la description Virgile.
(GRAVURE)
Recto de la feuille 19
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en vieux français
Les Pancratiastes étaient Lutteurs & Pugiles tout ensemble, & les Discoboles jetaient
une boule ronde de pierre ou de cuivre, percée
par le milieu, appelée le Disque &, d'autant
que celui qui le jetait était plus fort, il le
recevait de plus haut à force de bras. Quant
aux sailleurs,
ils portaient en leurs mains, pour mieux saillir, des
Altères qui étaient petites masses, ou
boules de plomb, faites à la façon d'un
cercle qui avait la moitié plus de longueur que
de largeur & ils avaient des boucles pour y mettre
les mains à l'aise, comme dedans un bouclier.
Le lieu, dont partaient les Sailleurs, les Grecs le
nommèrent (*), & la mesure (*), & le
saut (*), c'est-à-dire, fossé, parce que
le saut le plus souvent se faisait à sauter sur
un fossé, pour servir à l'entraînement
militaire, & pour garder l'ennemi à la guerre,
en sautant un fossé, de se sauver. Tous
ceux, qui s'exercitaient en ces cinq espèces
de jeux (c'est à savoir : à courir, à
lutter, à saillir, à ruer la barre de
fer, & aux Cestes
(furent nommés des Grecs (*), & des Latins
Quinquertiones desquels Pline à parlé en parlant de
Myron
qui avait un discobole, Minerve, les Penthales Delphiques,
& les Pancratiastes. Les autres exercitations furent différentes.
Car les unes étaient lentes, & les autres
robustes & légères tout ensemble.
La robuste, de laquelle les Grecs s'exercitoyent violemment
sans célérité, fut par eux nommée (*), &
la violente (*). La bonne façon était
de monter par une corde à force de bras &
de telle entraînements étaient donnés
aux jeunes enfants par ceux qui voulaient les préparer
à la force. Car il est certain, si l'on monte
par une corde à force de bras, que c'est un robuste,
& valide exercitation, outre toutefois la célérité
: & si est meilleure celle, qui se faisait en jetant
E 3 les
* Termes en grecques non établit.
Verso de la feuille 19
Correspondance en français moderne
Correspondance
en vieux français
les
Altères, ou bien de tenir en un lieu le pied
ferme, & à la main une pomme qui ne se puisse
ôter comme le faisait Milon
de Crotone, pour montrer une
grande ostentation de force. Et Sostratos
de Sicyone, Athlete Pancratiaste, était si fort, que Pausanias récite qu'il fut surnommé
Acrochersites parce qu'en prenant son adversaire
avec les mains, il le froissait de telle sorte, qu'avant
que de le laisser, il le contraignait à mourir.
Au contraire, les exercitations légères
étaient sans force & violence, comme (*)
& (*) : dont (*) se faisait en marchant sur le bout
des pieds & remuant continuellement les mains, l'une
par devant en haut, & l'autre par derriere en bas,
& (*), quand en la sixième partie d'un Stade
appelée (*), on courait s'avançant &
reculant alternativement sans se tourner ça ni
là, à chaque course on gagnait quelque
avancement jusqu'à ce qu'on fut venu au bout.
La Pile
ou la Paume utilisaient la petite Bale, l'Harpastum est la grosse Bale, ou Pelote et la
Sciamachie qui est un combat umbratile, que nous disons le jeu de l'escrime,
lequel les Lanistes
& Maitres-d'épée montrent & enseignent
aujourd'hui par tout le monde) & le Phenis étaient toutes exercitations
légères desquelles a parlé Galien, au second livre, qu'il a fait pour
garder la bonne santé. Le jeu de Phenis était
(comme dit Alexandrinus), quand celui qui tenait une
balle faisait semblant de la jeter à celui de
ses compagnons qui le regardait, toutefois, il la jetait
à un autre, & fut ce jeux nommé Phenis
du nom de l'inventeur qui était nommé
Phenestius)
ou bien (*) : qui signifie décevoir, parce que
ce jeu n'était autre chose que de tromper son
compagnon. Les exercises qui étaient composées,
comme nous avons dit de la robuste & de la légère,
était jeter le Disque ( qui est une
* Termes en grecques non établit.
Recto de la feuille 20
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
grosse pierre ronde &
percés au milieu) sauter sans se reposer, &
jeter incessamment une grosse barre de fer. Si ceux
qui s'exerçaient ainsi se reposaient, cela faisait
la différence de l'exercitation continuelle à
l'interposée qui nous fait connaître la
variété de ces exercices qui servaient
les uns pour les os, comme la course : (*), & la
sciamachie pour les bras & les mains. Ceux,
qui demandaient l'exercitation du corps, faisaient mettre
les Altères devant eux l'espace d'une aune. Ils
se tenaient au milieu sans remuer les pieds d'une place,
en pliant le corps ils les dressaient, pour les mettre
l'une en la place de l'autre & par ce moyen ils
exerçaient tout le corps avec ces mouvements
qui furent tous introduits & trouvés des
Grecs pour entretenir leur bonne santé. Les gens
de lettres s'entraînaient à lire à
haute voix[6] ce que les Latins ont nommé
affa
voce. Pittacus, Roi des Mytiléniens, avait une étrange façon
de s'exercer qui était de tourner une meule &
tel exercice il trouvait bon pour sa santé. Les
autres tiraient de l'eau, & portaient & coupaient
du bois, ce que j'ai vu faire souvente fois à
l'un des plus doctes homme de notre Europe. Il ne se
trouve chose qui tant entretienne la bonne santé
que l'exercitation. C'est le vrai bain que le labeur,
qui ne passe point la sueur, car le labeur trop grand
est mauvais. Par-quoi suffit à plusieurs personnes
la promenade, aller doucement à pied depuis la
ville jusqu'aux champs. Pour satisfaire aux Lecteurs
je me suis mis au devoir de mettre par écrit
les entraînements Gymniques desquelles usèrent
les Grecs, car les Romains eurent autres jeux pour passer
le temps comme les Circeses, le jeu de
Troye (que nous appelons le
tournoi) &, pour l'exercitations, Portiques & Déambulations, pour se
promener. Aussi sans
* Termes en grecques non établit.
Verso de la feuille 21
Correspondance en français moderne Correspondance
en vieux français
difficulté il n'est
choses au monde, qui tant maintienne & garde le
corps. Celse nous enseigne faire de l'exercice avant
de manger, et que celui qui moins a travaillé,
doit d'autant plus s'entraîner, au contraire de
l'homme qui est las & fâché, doit faire
moindre, & le prendre plus gracieusement. Car, pour
commodément s'exerciter, lire haut, manier les
armes, jouer à la paume, courir, se promener,
& plutôt sous le soleil qu'à l'ombre,
sont toutes choses qui gardent la bonne santé
que les Philosophes ont estimé entre la félicité
& bien divin. Ledit Celse écrit que l'homme
qui est sain, & qui porte bien, & qui vit en
liberté, ne doit point obliger sa vie aux lois
des Médecins. Il est nécessaire
qu'il prenne une différente façon de vivre,
une fois demeurant aux champs, l'autre à la ville,
à la campagne, aller par eau à la chasse,
se reposer quelque fois, mais le plus souvent s'exerciter.
Car il ne se trouve chose, qui tant rend hébété
le corps que la paresse, qui hate la vieillesse alors
que le labeur rend la longue jeunesse. Il profite encore
de ne fuir point la diversité des viandes desquelles
le peuple mange. Il convient se trouver aux festins
& d'autres fois s'en retirer & manger deux fois
le jour plus tôt qu'une, bien que Cicéron, aux Questions Tusculanes, écrit que Platon voulait reprendre la vie des Italiens
parce qu'ils mangeaient deux fois le jour, ce qui est
contre l'opinion du-dit Celse qui dit que le plus salutaire
est de largement diner, & souper sobrement, &,
de la meilleure opinion, il s'en faut rapporter aux
Physiciens & Médecins.
Fin
des Bains & antiques exercitations.
[2]
[1] Xenophon à écrit "La République
des Lacédémoniens" dans laquelle
il aborde "le mythe de Lycurgue" [2] [3] Nous n'avons
pas défini le sens de ce mot. Il ne semble pas
correspondre au mètre qui n'était pas
en vigueur au 16em siècle lorsque ce livre fut
écrit. [4] En fait
il s'agit de la pouzzolane déjà connue
de Vitruve comme liant au mortier romain et pour sa
résistance à l'eau. Le terme « pouzzolane »
vient de la ville italienne de Pouzzoles, encore
parfois appelée Putéoles, riche en sable
volcanique, situé au pied du Vésuve au
nord du golfe de Naples. [6]
[*] G. du Choul nous parle d'un certain M. Agrippe que
je ne suis pas parvenu encore à identifier.
[**] Je n'ai
pas encore identifié exactement de quel Alexandrinus il s'agit. [***] Du Choul
utilise le terme de "chores". Nous pensons
qu'il s'agit de chaire. Corps s'écrivant pareil
en vieux et nouveau français. Au vue de la
construction de la phrase, je pense qu'il est plus juste
de dire "Les gens de lettres s'entraînaient
en lisant à haute voix" sans quoi je ne
saisi par trop le lien qu'il y aurait entre récitation
et entraînement. |