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Exégèse de

Discours Des
bains et antiques exercitations
grecques et rommaines

Par Alain Cabello

2009, dernière intervention le jeudi 28 juillet 2011

 

Posséder un exemplaire de ces "Discours Des bains et antiques exercitations grecques et romaines" de Guillaume du Choul est tout aussi nécessaire pour une bibliothèque destinée à la collecte d'ouvrages sur le massage, que de produire des travaux plus contemporains, lorsque qu'elle établit dans ses prérogatives, l'étude des textes afférents.

 

Je suis masseur en massage français, telle est ma profession et je suis loin de disposer encore des connaissances sans fin d'un universitaire plein de méthode. Ce n'est qu'une passion toute nue qui se propose afin de satisfaire aux exigences de ces savoirs indéhiscents qui ne se révèlent que lorsque d'autres les libère. Je vous promets de stopper immédiatement mes travaux lorsqu'il me sera donné de lire quelque chose qui m'exonèrera de les produire mais force est de constater que je peux encore me livrer en toute impunité à cette petite délinquance de l'écrit, tant sont rares les critiques qui daignent se pencher sur l'histoire de nos métiers. Bien sûr, il s'agit encore sûrement de ses effets d'optiques de l'ignorance, qui laissent à penser qu'en dehors de ce que l'on connaît, il n'existe rien d'autre, et c'est pour y remédier que je propose d'inaugurer par ce texte ce Centre de Recherche sur les Massages appelé à en rassembler encore bien d'autres dans une structure ouverte à tous.
Ce que j'ai moi-même titré d'exégèse devrait plus justement être qualifié de "commentaires par paragraphes".

Ainsi, d'après ce que nous lisons à tour de site  web, les massages étaient connus de l'antiquité, oui mais de quels massages parle t-on ? Quels sont les porteurs de flambeaux qui nous éclairent tout au long de l'histoire de la réalité de nos massages ?

Le docteur George Berne dans son livre Le Massage de 1894, chez Rueff et Cie Editeurs Fiche technique, présente Guillaume du Choul comme faisant partie de la 5ème période Renaissance du tableau chronologique des massages qu'il propose avec Dujardin-Beaumetz. Sauf erreur, et je rêve de me tromper, ils sont les premiers, en l'état de mes connaissances actuelles, à nous le présenter sous cette forme de tableau.


Guillaume du Choul, Mercurialis et son De Artes gymnastica de 1573Fiche technique, Paullini et Castelli (lexicon medicum) mais avant ceux-la, le grand vide sidéral sur l'ensemble du moyen-âge pour rejoindre en 4ème période les grecs et les romains. Alors, cette absence se justifie d'elle-même par la rareté des données dont on dispose encore aujourd'hui mais au moins ont-ils le mérite d'avoir tenté l'erection de ce tableau. Je suis donc parti de là, et avant de travailler sur ce qui "n'existe pas", il me semblait intéressant de commencer par cet auteur dont on me donnait le nom et la référence de l'ouvrage...

L'objectif de cette ligne de travaux est d'extraire d'un livre proposé par le CFDRM, des exemples, voir des traces de massages, et de remonter les sources indiquées tout en y ajoutant des explications de textes qui semblent utiles tout en participant à tisser ce réseau numérique au sein du CFDRM. Ainsi, saura-t-on ce qu'aura dit ce Guillaume du Choul de nos professions par la lecture suivante que je vous propose, amenée à être, je l'espère, la première d'une longue liste d'écrits plus érudits.

 


Présentation de l'exemplaire ayant servit à mes travaux provenant de la bibliothèque du CFDRM.
G. du Choul publie "Religion des Anciens Romains" en1555 à Lyon composé de trois livres reliés en un volume avec :
- 312 pages pour "Discours de la Religion des Anciens Romains", 56 pages non numérotées pour son indice des matières ;
- 110 pages mais numérotées par feuille, soit 55 pour "Discours de la castrametation des Romains" ;
"Des bains et antiques exercitations grecques et rommaines" sur 20 feuilles.
Neuf pages non numérotées pour la Table des Choses Principales.
Les 5 dernières pages sont vierges.


En fait, Guillaume du Choul que Berne et Dujardin-Beaumetz placent justement à la Renaissance, ne parle pas des massages contemporains à son siècle mais plutôt de ceux que relatent les auteurs grecs et romains. On ne peut donc pas dire qu'il s'agisse de techniques ou de pratiques du 16ème siècle au sens d'un Ambroise Paré qui lui le conseille mais cela ne remet pas en cause la présence de ce passionné d'antiquité dans ce tableau, tant les auteurs sont peu nombreux. Il est simplement navrant de constater qu'avec la proximité qu'il avait avec le moyen-âge il ne cite pas d'écrivains qui lui soient plus proches. Même si l'imprimerie n'existait pas, les bibliothèques devaient bien contenir quelques travaux spécifiques désormais perdus mais encore une fois, le but de Guillaume du Choul n'est ni de parler de ses contemporains, ni de parler du massage. C'est un passionné de l'antiquité qui fera autorité à son époque et les incidentes qu'il fait sur le massage sont toujours pour parler de la vie des grecs et des latins. Nous avons deux approches possible, soit l'utilisation des matériaux immédiatement exploitable parce qu'ils abordent de façon claire le massage, soit par les délicates opérations de déductions. Du Choul parle des huiles, d'épices, d'ingrédients entrant dans les préparations d'un Dioscoride par exemple, il commente cette pratique aujourd'hui inconnu de se sabler le corps après se l'être huilé, seulement. Il nous explique que s'était des unctuors, c'est-à-dire huileurs qui étaient préposés à cette tache, seulement pour ce faire, je suis contraint d'y voir là un massage. Bien sûr c'est un travail critique mais d'un genre sinon nouveau, en tout cas inhabituel que de lire les textes antiques sous l'angle du seul massage, ce qui est ici mon propos.

 

Je vous propose de commenter chaque feuillet, l'un après l'autre, avec les correspondances vers le texte d'origine et le texte que j'ai traduit. Les emprunts de Du Choul seront de couleurs différentes.

 


Qui est Guillaume Du Chou ? Né vers 1496 dans une famille d’hommes de loi lyonnais, son père, marchand, avait épousé le 3 juillet 1494 Philiberte Sève et décédait le 17 novembre 1497. Dans les années 1510, Guillaume étudiait le droit à l’Université de Valence, qui devait sa renommée au régent Philippe Décius. Il fut reçu docteur ès droits, puis pourvu de l'office de bailli Information ouverte dans une nouvelle page des Montagnes du Dauphiné Information ouverte dans une nouvelle page le 11 avril 1522 (n. st.), la cour étant à Lyon. L’année suivante, il fut nommé maître des requêtes ordinaires du dauphin (25 octobre 1523), mais il semble qu’il n’a jamais exercé cette charge. Avant 1522, il épousa Claire Faure, de Valence, qui lui donna un fils, Jean, puis il se remaria le 22 avril 1532 à Paris, avec Madeleine Allegrin, dont il eut un second fils, Claude, et une fille, Madeleine. Guillaume du Choul était le cousin germain du poète Maurice Scève Information ouverte dans une nouvelle page, qui fut témoin au mariage de sa fille le 22 avril 1563. Il était également apparenté à l’humaniste siennois Claudio Tolomei Information ouverte dans une nouvelle page par le mariage de sa cousine Sybille Sève. L'activité de Du Choul comme bailli des Montagnes au service du Roi Henri II est mal connue. En revanche, comme antiquaire, il est documenté en 1536-1538, grâce aux témoignages de lettrés qui avaient suivi la cour à Lyon, puis de 1546 à 1556, période sur laquelle nous sommes renseignés par ses œuvres. Il mourut le 4 novembre 1560. La tradition explique sa vocation d’antiquaire par le déterminisme du sol, puisqu’il résidait au Gourguillon, un quartier de Lyon réputé riche en vestiges archéologiques. Rien ne permet de vérifier cette intuition des biographes lyonnais, mais nous observons que la première manifestation de sa curiosité pour les antiquités se produisit à Valence en 1516, et l’on peut penser que le milieu universitaire n’était pas étranger à cet intérêt. De plus, l’ampleur de son réseau de correspondants en France et en Italie le mettait à même de recevoir de nombreuses pièces que le sol de sa patrie n’aurait sans doute pas suffis à lui fournir. Du Choul ne possédait sans doute ni statues ni inscriptions antiques. Ses collections étaient néanmoins célèbres dès 1537, non seulement pour le médaillier (un des premiers documentés en France) mais encore pour les recueils d’images par lesquels, au dire de ses contemporains, il redonnait vie à l’antique Rome. On comprend donc l’intérêt documentaire de cet ensemble, qui venait compléter une bibliothèque où les publications récentes des antiquaires italiens avaient leur place. D’après un témoignage plus tardif (1555), Du Choul possédait également des coquillages rares, et d’autres objets achetés à grands frais, ce qui montre que ses collections prenaient l’aspect d’un cabinet de curiosités, tel qu'on se le représente généralement pour le XVIIe siècle. L’ensemble consistait en effet en livres imprimés, en manuscrits littéraires (dont peut-être un Boccace florentin du XVe siècle), en estampes, en dessins, en monnaies, médailles et plaquettes, en gemmes et en coquillages.

 

Des bains et

antiques exercitations

grecques et rommaines


Dernier chapitre


Recto de la feuille 2
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français

AU ROY.

"Sire, ces jours passés alors que je suis en votre royale maison de Fontainebleau, je me pris à regarder ce qui a souvent mis les esprits des bons Architectes en admiration et entre choses, votre galerie, ainsi que les personnages qui y sont, faits par telle diligence, qu'ils surent rire du naturel, et à les bien voir l'on penserait que ce fut la nature même."
Du
Choul est ici visiblement invité au château de Fontainebleau, soit sur invitation du Roi, Henri II sans que ce dernier n'y soit pour autant, au contraire de quoi, vu le ton de l'ouvrage, du Choul n'aurait très probablement pas manqué d'en préciser la royale présence à la fois flatteuse et obligeante, soit qu'en tant que Bailly des Montagnes du Dauphiné il ait eu accès, peut-être pas es-qualité mais sur relation, à ce domaine Royal.

Verso de la feuille 2
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français

"Pour ce qui est de votre verger royal (qui est accoutré de chemin spacieux pour se promener) et sur le grand jardin, se voit l'étang, par les bords garni d'une saussaie, qui présente aux regardants une grâce de verdure si grande, que l'on croirait être dans une demeure divine, et que les Dieux sont venus choisir ce lieu, pour inviter les nymphes à la musique."
J'apporte cette partie du texte pour mieux faire la jonction avec la suite mais nous voyons déjà que cette pérégrination n'est pas sans être particulièrement
dithyrambiques et il poursuit un peu plus bas :

"De quoi ne se faut ébahir, car le regard des choses belles a grande force et pouvoir d'attirer à soi le cœur des Dieux. Et entre les autres singularités de votre bâtiment, vos thermes, Sire, et vos bains, sont faits par telle diligence et somptuosité, qu'à les bien regarder, ils peuvent tenir la comparaison avec ceux de M. Agrippe. Par quoi, quand je suis venu à considérer combien cela été beau pour le contentement de l'oeil, utile, et le profit que cela apportait aux anciens pour la santé du corps, je me suis mis au devoir, suivant votre commandement, de vous en donner la connaissance par la lecture de ce petit livre que je vous présente, accompagné du vouloir très humble du Bailly des Montagnes, votre très obéissant serviteur qui vous supplie très humblement de lui faire tant de faveur et de bien, que de le mettre au nombre de ceux que vous tenez en obéissante servitude auprès de vous."

Ainsi dans ce château de Fontainebleau y eu-t-il des thermes et Du Choul fait partie des quelques rares témoins de cette époque à nous en relater la magnificence aujourd'hui encore largement méconnue, même si les choses évolues, et ce livre des Bains de Du Choul n'y est pas étranger. Ce que nous montrent les plans que conserve le musée du château de Fontainebleau, c'est qu'ils se constituaient de trois salles de bains et de quatre salons qui se trouvaient au rez-de-chaussée de la galerie François Ier.
De plus
, pour dater la construction de ces fameux bains, on s'est notamment servi du présent ouvrage de Guillaume Du Choul réputé avoir été édité en 1555 et dont une nouvelle datation le ferait remonter, en tout cas l'écriture de ses Discours Des Bains et antiques exercitations grecques et romaines" à 1538, comme l'écrit Chantal Eschenfelder dans "Les Bains de Fontainebleau : nouveaux documents sur les décors du Primatice".
La date aujourd'hui acceptée comme celle de la construction de ces bains est désormais 1534. Ce livre véritable jalon dans l'histoire du massage, si proche de l'art du bain et de la toilette avec lesquels il entretient une telle proximité, participe-t-il à dater à son tour, ces mes mêmes bains dans lesquels nous apportons au CFDRM tant d'espérances pour retrouver trace de massages.

Peut-on penser que de 1534, date de sa construction et 1697 lorsqu'ils furent transformés en appartements, aucun massage jamais ne fut fait ? Du Choul nomme un certain M. Agrippe que je subodore être Marcus Vipsanius Agrippa à l'origine des fameux thermes romains qu'il compare éxagérément à ceux du Roi dans le but de puiser dans l'antiquité les superlatifs d'élégance qui les accompagnent afin d'en affubler à moindre frais son Prince. Les thermes d'Agrippa mesuraient d'après la Forma Urbis Information ouverte dans une nouvelle page de la ville de Rome, environ 120 m de longueur sur 100 m de largeur, soit 12000m², alors que ceux de Fontainebleau, selon M. Carlier, conservateur au chateau, n'atteignez que 300m² avec 60m de longueur et 5m de largeur. L'utilisation n'était pas la même et ceux d'Agrippa étaient construit au coeur même de Rome contrairement à l'appartement des bains de François 1er qui était plus privatif, mais que Primatice ait travaillé à sa décoration montre l'intérêt que François 1er avait pour cette série de pièces et ce que l'on y faisait. Il ne s'agissaient pas là de simples salons mais de salles de bains, de lieux d'intimité, des plaisirs de la toilette ainsi que des soins qui lui sont attachés mais toujours très inspirés d'antiquité grecque et romaine. M. Carlier que j'ai eu au téléphone m'a également confirmé la présence d'un frigidarium avec arrivée d'eau froide et d'un caldarium avec arrivée d'eau chaude. Nous voyons bien la proximité que la renaissance entretient avec l'antiquité, son histoire, son architecture et son expression artistique au point d'en répliquer l'organisation des bains du Roi de France. Même si nous ne disposons pas d'archives sur le sujet, il est difficilement envisageable que la chaleur du caldarium n'est pas donné lieu à des envies de massages, à des scènes de frictions lors de soins apporté à la peau.

60m 5m 300M cldarium traité de médecinr musée de l'histoire lea médecine


Recto de la feuille 3
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français

 

 

Discours Des
bains et antiques exercitations
grecques et rommaines

 

Ecrit par Guillaume du Choul, Gentilhomme Lyonnais, Conseiller du Roy, et Bally des Montagnes du Dauphiné.

 

"Il faut donc entendre pour le commencement, que les thermes publics furent ordonnées aux anciens Grecs & Romains pour se laver, & pour la santé comme furent les thermes Agrippiniennes, Néroniennes, Domitiennes, Antoniennes, & autres la grandeur & magnificence desquelles se voient par les ruines, qui sont à Rome, lesquelles pouvaient être comparées à l'un des sept spectacles..."

Il faut entendre pour le commencement, que les thermes publics furent ordonnées aux anciens Grecs & Romains pour se laver et pour la santé. D'entrée, l'environnement des bains se veut hygiénique et prophylaxique comme la friction l'est pour réchauffer le corps, hater le sang... Nous verrons un peut plus haut qu'Alexandrinus se prononcera sur la nécessité des bains au bénéfice de la santé et non de la volupté.

Verso de la feuille 3
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français
"du monde : tant elles étaient construites avec labeur, et prodigieuse dépense, enrichies d'une infinité de colonnes de marbre différent, qui avaient été amenées des dernières regions, et quasi de tout le monde : de manière que les montagnes desquelles ont été tirées ces grosses pierres, se plaignent encore aujourd'hui de la puissance des Rommains et la mer pleure encore le grand faix, et de la charge qu'elle a portée. Toutefois devant Agrippa, Neron, Domitien, et Antoine, la chose était bien venue tel point, que les gentilshommes Rommains les faisaient édifier en leurs maisons dont la somptuosité singulière : comme nous l'écrit Cicéron dans ses épîtres à Térentia sa femme, et à Quintus son frère, quand il leur demande qu'ils donnent ordre qu'une cuve soit mise dans ses bains, afin que l'on soit certain en Asie (où il était Proconsul) de la diligence que l'on a à bien édifier les bains dans sa ville Arpinate. Depuis le temps, semblable chose fut continuée comme nous l'enseigne plus clairement Pline le jeune, par la description de sa ville Laurentine de laquelle, outre les autres structures & édifices, il loue le gymnase, ses bains frigidaires, les baptistères, l'unctuaire, l'Hypocauste Image, la piscine chaude, les zetes, le stibade, & l'heliocamine. Hors, parce que tous ces noms sont tirés de la fontaine Grecque, je me mettrai au devoir de les éclairer particulièrement, & de montrer ce qu'en ont maintes fois tiré les gens doctes en admiration. Avec les bains se faisaient des jeux & des exercices souvent entremêlés avec les bains, les disputes des gens doctes & vertueux. Je ne doute pas que l'on trouve ça étrange mais cela fut toutefois observé & consigné par des anciens comme Pollio (Vitruve) l'écrit

Du Choul marque bien dès le départ de son ouvrage l'importance magnifiquement imagée des bains à Rome. "construites avec labeur, et prodigieuse dépense, enrichies d'une infinité de colonnes de marbre différent, qui avaient été amenées des dernières regions, et quasi de tout le monde de manière que les montagnes desquelles ont été tirées ces grosses pierres, se plaignent encore aujourd'hui de la puissance des Rommains et la mer pleure encore le grand faix, et de la charge qu'elle a portée." C'est l'avantage d'être un empire aussi vaste et de commercer sur des spectres aussi larges.  C'est Agrippa qui le premier fit don à la Ville de Rome des thermes qu'il fit construire et le principe s'est répondu comme moyen efficace de montrer sa puissance autant que sa mansuétude tout en redistribuant un peu de sa fortune. Neron, Domitien, Antoine sont quelques uns des plus célèbres qui laissèrent des thermes d'importance. Les constructions étaient de vrais palais contenant des baignoires, des piscines, des fontaines aux robinets d'argents, des mosaïques, toute une statuaire ornant des palestres pour s'entraîner, des portiques pour se promener  et disserter entre amis. "la chose était bien venue à tel point, que les gentilshommes Rommains les faisaient édifier en leurs maisons dont la somptuosité singulière". La salle de bain privé s'installe chez les romains et pour les hommes, même de second rand, exerçant une fonction publique les exposant, nécessitait qu'il rendent l'image, toujours l'image, de posséder, comme tout bon cytoyen romain, des thermes dignes de ce nom. Ainsi, Cicéron Proconsul en poste en Asie, écrit-il à sa femme Térentia et à son frère Quintus que "qu'une cuve soit mise dans ses bains, afin que l'on soit certain en Asie de la diligence que l'on a à bien édifier les bains dans sa ville Arpinate."

C'est par Pline le jeune, et sa description de sa ville Laurentine entrons dans "le gymnase, ses bains frigidaires, les baptistères, l'unctuaire, l'Hypocauste Image, la piscine chaude, les zetes, le stibade, & l'heliocamine de cette ville.

Les romains ne connaissaient pas le savon, il se lavaient avec de la cendre mêlée à de l'huile et ces onguents que l'on retirait avec un strigile que nous verrons plus loin demandaient que l'on développe les méthodes d'entretient du corps. Le frigidaire, comme son nom ne l'indique pas, n'est pas ce mobilier réfrigérant servant à la conservation des aliments qu'il est par la suite devenu, même si son origine vient de là. Le frigidaire est une salle fraîche, ventilée contenant souvent une cuve ou piscine d'eau également froide. Son utilité est tout-à-fait avérée et aujourd'hui encore, les bons hammams disposent d'une pièce fraîche. Il s'agissait de refroidir le corps de la température extérieure de l'Italie ou de l'effort produit après le sport. Pour le romain sortant du caldarium, c'est-à-dire de la pièce chaude, de produire un choc thermique et d'agir sur la peau.

Guillaume du Choul nous livre un peu plus loin l'origine des termes suivant "parce que tous ces noms sont tirés de la fontaine Grecque, je me mettrai au devoir de les éclairer particulièrement" et il poursuit "Avec les bains se faisaient des jeux & des exercices souvent entremêlés avec les bains, les disputes des gens doctes & vertueux." Les thermes ne sont pas les hammams étriqués et racornis qu'ils sont aujourd'hui devenus, notamment dans des villes comme Paris, qui mériterait d'avoir autre chose que ces tesson de bains au regard de ce que furent l'organisation des thermes pensés par les grecs et développés par les romains. Des jeux, des exercices physiques interrompus par des séances de bains, des massages et des disputes, en faite des discutions entre lettrés dont il nous est livré un peu plus loin quelques superbes anecdotes.

"Je ne doute pas que l'on trouve ça étrange mais cela fut toutefois observé & consigné par des anciens comme Pollio (Vitruve) l'écrit...

Recto de la feuille 4
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français
au cinquième livre de son Architecture, & comme encores fait Joseph, parlant du Roy Hérode, quand il dit qu'il avoir édifié à Tripoli & à Damas des bains publiques (qui furent nommés gymnases) & à Bibli (peut-être Byblos Liban) exèdre, forces & portiques. Encore Herodian dans le premier de ses livres, recite que Cléandre (serf de Commode, par lequel il fut poussé si haut, qu'il le fait Capitaine de sa garde & lui donna la super-intendance de la gendarmerie), des grandes richesses qu'il avait amassé, il fait bâtir un gymnase, et une école fort magnifique, pour que chacun s'exerce à la lutte, & aux autres armes ainsi que des bains qu'il donna au peuple, ou l'on pouvait aller se laver sans rien payer. "Voici un nouvel exemple de ces bains sur lesquels écrivit Vitruve que nous retrouverons plus tard, et ce roi Hérode, qu,i selon Joseph, fit édifier à Tripoli et à Damas, des bains publiques qui furent nommés gymnases, et à Bibli exèdre, sores? & portiques. Les bains participent au lien et à la mixité sociale tout en résorbant une partie des problèmes connexes à l'hygiène corporelle.

"Ainsi donc, pour montrer que les Philosophes allaient aux gymnases pour discuter, écoutons Vitruve, qui dit, parlant d'Aristippe, philosophe Socratique, jeté par fortune de mer au port de Rhodes, qu'après qu'il eut vue des figures de Géométrie, commença à crier à ses compagnons qu'ils devaient espérer quelque bonne chose, parce qu'il avait vue la trace des hommes & soudainement s'en alla à la ville de Rhodes, tout droit au gymnase où, après qu'il eut discuter de Philosophie, lui furent faits plusieurs presents. A ce propos sévères les paroles fécondes de l'Orateur Cicéron, qui écrit que les auditeurs du Philosophe, aux gymnases, étaient  bien plus aises de voir le disque que le Philosophe lequel, s'il commençait à disputer de choses graves & ardues, ils le laissait, pour s'aller oindre, au milieu de son oraison. Par ces mots, & par la sentence de ces Auteurs, facilement l'on pourra connaître que les gymnases furent en usage pour l'exercice du corps & de l'esprit & que les bains & gymnases furent une même chose & que la disputation était au

Verso de la feuille 4
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français
nombre des autres exercices, pour garder la bonne santé. Au demeurant nous laisserons/eserions particulièrement les parties de nos thermes & bain, pour après suivre les exercices  du gymnase, de la palestre, & des lieux nécessaires, ou s'exerçaient les palestrites."

Dans ce paragraphe se retrouve bien le rôle central des thermes au sein des villes grecs et surtout sous domination romaine. Les propos de l'érudit étaient parfois tellement fins que les auditeurs préféraient "voir le disque que le Philosophe"... Et pour ce faire, dès qu'"il commençait à disputer de choses graves & ardues, ils le laissaient, pour s'aller oindre, au milieu de son oraison." Au verso de ce deuxième feuillet se trouve donc la première mention d'un massage par onction. Certes, comme le dit Du Choul, cela montre la place que les gymnases furent en usage pour l'exercice du corps & de l'esprit et que la conversation était au nombre des autres exercices pour garder la bonne santé, mais ce témoignage nous apprend aussi, que le massage était suffisamment dans les habitudes des romains, non seulement pour que l'on quitte un échange entre deux philosophes pour lequel, bien de nos contemporains donneraient tout ce qu'ils ont pour pouvoir l'entendre, mais ce massage était assez fréquent et entré dans les moeurs pour que Cicéron le mention... Ce qui est intéressant dans cette formulation c'est la permanence de l'huile dans les exercices physiques mais également le massage incontournable auquel on peu assimiler l'onction. "s'aller oindre", se huiler soi-même en vu de jouer au disque mais il y a derrière cette expression la propension à préférer non plus ici, le disque au philosophe, mais l'huile, et plus encore, l'onction au philosophe. Le plus petit dénominateur commun dans cette phrase n'est ni l'huile, ni le sport mais le massage. Ne plus avoir à mobiliser son esprit pour suivre les pérégrinations de la pensée d'autrui mais se laisser aller au massage de l'onction. Onction ici moins liée aux nécessités du jeu de disque qu'au plaisir lascif de la détente opposée à la réflexion de la conversation. L'échange préféré est celui qui s'établit entre son corps au repos pour être huilé et l'huile en tant qu'émissaire de relaxation ou d'exercice mais passant toujours par le massage.

Nous commencerons par l'Hypocauste Image qui était le lieu ou l'on faisait le feu pour chauffer comme pour le pain, à la façon des fourneaux que l'on voit encore chez les barbiers et les teinturiers. La bouche se nommait Praefurnium, comme l'écrit Caton au livre de la chose rustique, quand il nous enseigne de quelle hauteur & largeur se doit faire la fournaise de la chaux. Toutefois, pour savoir le nom de ces vases, ou pour l'usage des bains, l'eau se gardait, le plus diligent de tous les Architectes, Vitruve, nous l'enseigne, quand il écrit de ces bains la disposition, le lieu, la situation, & la structure ; disant que par dessus l'Hypocauste il faut mettre trois vases d'airain : l'un nommé Caldaire, contenant l'eau chaude : l'autre Tepidaire, pour l'eau tiède : & le troisième Frigidaire, recevant l'eau froide, qui venait par le dessus des thermes tomber dans une cuve de marbre, dont elle descendait par un raccord au vase Frigidaire de l'Hypocauste, puis au Tepidaire, & conséquemment au Caldaire, comme plus clairement le nous montrera la figure ci-après mise.

Dans cette description de l'Hypocauste nous avons une vue d'ensemble de la technicité des chaudières romaines destinaient à chauffer la pièce que Sénèque appelle sudatoire. En fait, il s'agit ni plus ni moins que d'un sauna. Des textes de l'époque romaine disent que la température été parfois tellement élevée, qu'il été difficile d'y entrer ou de se baigner dans les eaux des bassins. A chacun de ces vases correspondait un salle. Le Frigidarium été une pièce fraîche où les romains de cette Italie ensoleillée venaient se rafraîchir mais aussi se baigner dans un bassin, comme nous le verrons à la page suivante, alimenté par l'eau du vase Frigidaire. Le Tepidarium était la pièce tiède contenant son bassin d'eau tiède, le Labrum, avec parfois une pièce tout-à-fait dédiée à ce bain, le Lavacre et enfin, le Caldarium était la pièce chaude.

 

Recto de la feuille 5
Correspondance en vieux français

(Gravure d'un Hypocauste.Image)

 

 

 

Verso de la feuille 5
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français
Toutefois Galien a divisé les bains en quatre lieux séparés : le premier était l'Hypocauste que Sénèque nomme le sudatoire et par la chaleur duquel l'on provoquait la sueur comme nous le faisons dans nos étuves d'aujourd'hui. Le second lieu était le Lavacre, où était la cuve, nommée Labrum qui était ordonnée pour laver tout le corps avec l'eau chaude. Le troisième bain servait pour se laver d'eau froide & au quatrième, ils abattaient la sueur & nettoyaient avec des strigiles Dossier sur le strigile & des éponges. Je crois que l'eau venait par tuyaux des vases dont à parlé Vitruve par les fontaines de bronzes de l'Hypocauste. Ce qui a fait dire audit Galien, au livre troisième, qu'il a garder la bonne santé parce que le bain était divisé en chaud, en tempéré, & en froid : qui sont les trois vases desquels nous avons parlé ci-dessus. Ces lieux servaient anciennement pour quatre choses. La premiere, pour nettoyer le corps : la seconde , pour la chaleur, l'autre pour la santé & la dernière, pour la volupté, comme le dit aussi Alexandrinus [**] qui rejette cette dernière, disant qu'il faut prendre le bain pour se nettoyer, & pour la santé seulement. Le Baptistère se voulait édifié au lieu le plus secret de la maison dont les uns étaient chauds, & les autres froids. Ce que montre Pline ad Apollinarem/par le culte d'Apollon ? dit que le Baptistère grand, & spacieux, se trouvait dans la pièce frigidaire & là, les anciens se plongeaient entièrement pour se laver. C'est l'origine du nom de Baptistere, que nous avons en nos églises où, selon notre religion Chrétienne, sont baptisés les enfants qui reçoivent leurs noms, après qu'ils ont été par trois immersions purgés."...

Les étuves sont les descendants, au moyen-âge, des thermes romains. Ce sont des établissements plus dispersés, appartenant à des particuliers et dans lesquels les histoires de moeurs ne sont pas rares. A Lyon, le procès des étuves de la Pêcherie a donné bien du fil à retordre aux autorités du 12ème siècle. Le CFDRM possède une intéressante thèse de 1943 du Dr. Jean Lacassagne et Alice Picornot  sur cette épisode. Ils mentionnent une fois la pratique du massage mais nous voyons ici dans ce texte de Du Choul, que le sauna, dit sudatoire était connu. Il est évident que le massage ne pouvaient guère disparaître subitement.
Nous avons ensuite une autre forme de massage par l'utilisation d'éponges mais aussi du strigile, sorte de serpe recourbée avec laquelle on raclait l'excédent d'huile et de sueur. Notons les quatre raisons pour lesquelles ces agencements sont utiles : le bain, la chaleur, la santé et la volupté.
Il semble que la différence qu'il y ait entre le
Labrum et le Baptistère soit que le premier été davantage une sorte de vasque alors que le second était un bassin. L'origine de nos Baptistères d'église vient donc de ce bains dans lesquels on s'immergeait complètement.

Recto de la feuille 6
Correspondance en français moderne
Correspondance en vieux français
..." Les piscines au commencement furent des lieux donnés pour tenir le poisson. Depuis, la coutume vint que tous lieux natatoires où l'on pouvait se baigner étaient nommés par les anciens : Piscines, &, quand bien même les Romains les eussent en leurs thermes publics, la piscine servait aussi de Lavacre froid & chaud aux maisons privées, pour nager, & pour se laver : comme nous le savons par Cicéron : qui demandait en ses bains plus grande Piscine, où les bras en nageant ne se fussent point rencontrés. L'Empereur Héliogabale (ainsi que nous lisons en Lampridius) fut si dissolu, qu'il ne voulut que se laver ou nager dans des piscines qui ne fussent teintes de safran, ou d'autre composition bien noble.
Les
Zetes (proto-hammam), comme l'on pourra le savoir par le jeune Pline (qui les a nommées ses délices) étaient des lieux édifiés dans les maisons pour la récréation de l'esprit, & plaisir du corps. Les unes étaient carrées, les autres hexagones, & octogones à savoir

En quelques page nous voyons ainsi que les thermes romains contenaient une piscine, des Baptistères, sortes de grandes cuves, des vasques pour les ablutions, une pièce fraîche, tiède et chaude afin d'habituer le corps à la température avec l'ancêtre du sauna et ces Zetes, qui se situent entre la cabine de repos pour Du Choul et le proto-hammam par le Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins de De François Sabbathier de 1815, qui le nomme, Vaporarium. Ajoutez à cela, le sport, les discutions, les jeux, et le massage, vous aurez une vue d'ensemble de ce pouvaient êtres les thermes.

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à six, & huit pans :  de manière que le soleil y battait tempérément, depuis qu'il se levait, jusque à ce qu'il se couchait, par le cours qu'il fait tout le jour et sur les pans de la partie du midi, les Romains y faisaient mettre des contre-fenêtres pour temperer l'ardeur du soleil, jusqu'à ce qu'il s'en allait. Par ce moyen le lieu, bien architecté, était orné triomphalement, plein de jour, & odorifère, comme une demeure divine & c'est là que s'ébattaient secrètement les anciens romains avec délices & plaisirs. Le lieu était secret & séparé du bruit de la maison, accompagné de plaisant & gracieux vergers, de portiques ou de galerie pour se promener. Des zetes, l'entree n'était permise qu'aux Princes, ou bien au maitre de la maison, qui demeurait en ce lieu, accompagné de sa femmes, de ses amis, de Gentilshommes & demoiselles : & souvent les Princes vertueux y faisaient venir  gens de savoir & de vertu pour parler de bonnes lettres, de la peinture, de l'architecture & autres arts excellents. Par ces moyens jouissaient les Romains de la félicité de ce monde.
Les antiques eurent les
stibades, ainsi nommés pour les herbes que les Grecs nommèrent sibúdus : desquelles les anciens avaient coutume de faire de petits lits de terre couverts de verdure pour avoir de l'ombre & pour repousser, l'été, l'injure du soleil, comme nous le faisons encore aujourd'hui mais, au lieu qu'ils sont fait de bois à la façon de petites chambres ou cabinets couvert de vigne, de jasmin, de smilax, ou autre verdure, ils les édifiaient de marbre blanc environné d'ouvrage topiaire, pour y manger non seulement avec leurs amis, mais encores avec leurs municipes, & étrangers en grande somptuosité de délice.

Le raffinement des grecs et des romains était étonnant, sur ces Stibades, sorte de couches faites de terre et recouvertes de végétation, combien de massage furent pratiqués ? Il ne s'agit pas là d'inventer de fantasques hypothèses qui n'auraient aucune base, mais juste, par rapprochement, d'évaluer la pertinence des possibles. Le massage, loin d'être isolé à quelque privilégiés, se pratiquait partout et par tous. Ces stibades étaient davantage réservés aux personnes aisées, disposant de villa, mais il n'est pas improbable que les thermes en aient contenus et aient servi de lieux de repos mais aussi de massages.

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Heliocaminus était un  lieu incrusté & voûté, & totalement exposé au soleil dont il recevait la chaleur du jour la plus véhémente :  & le seul non Grec nous fait connaître que c'est une fournaise du soleil.
Il se trouvait encores en ces bains le
Spheristere, fait en forme ronde, commode pour le jeu de la paume, & autres diverses exercitations. En ce lieu (comme le recite Tranquillus "Suétone") Vespasien l'Empereur ne faisait autre chose que de frotter ses membres, pour garder sa bonne santé. Les autres principales mentions des bains étaient appelées des Grecs lhgróh.

Zetes, stibades, et à présent Heliocaminus, sorte de kiosque, de galerie chauffée naturellement par les ardeurs du soleil qui, au passage, y laissait des calories. Guillaume Du Choul nous abreuve de propos ayant été tenus par les anciens et dont certains concernaient le massage et les lieux multiples où ils se déroulaient comme cette anecdote sur l'Empereur Vespasien, qui l'air de rien, renseigne favorablement en citant Suétone qui explique que l'Empereur semblait utiliser le Spheristere, c'est-à-dire l'ère de jeux dévolue aux jeux de balles, davantage pour se faire masser que pour y jouer vraiment. Dans Le massage chez les Romains, section Témoignages de l'écrit, au lien de Suétone, le CFDRM rappel fort opportunément, et précisément pour définir le Spheristere, que Diderot et d’Alembert à la page 456 de leur Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers rapportent que "L’empereur Vespasien, par exemple, en avoit un dans son palais ; & c’étoit-là, qu’au rapport de Suétone, il se faisoit frotter la gorge & les autres parties du corps un certain nombre de fois." Cela, pour ceux qui douteraient encore de la proximité lexicale du verbe frotter pour qualifier le massage. Nous voyons que l'Empereur Vespasien se faisait masser très fréquemment et pas seulement dans ses appartements mais aussi partout où le sport rejoignait et la flânerie et le massage, sans oublier ce que nous lirons plus loin, sur le plaisir qu'il avait à se faire épiler les jambes... Nous nous garderons bien sûr de n'y voir qu'une bizzarerie de moeurs influencées par des stéréotypes actuels, alors qu'en réalité le massage semble installé à tous les niveaux de la société.

L'Apodytaire était un lieu ordonné pour se déshabiller & dévêtir avant d'entrer aux bains : où se tenait un officier, nommé des anciens, Capsaire, qui avait la charge de garder les robes & accoutrements de ceux qui venaient de la palestre.

Au plus près de l'Apodytaire était l'Unctuaire, habitation amène & élégante qui se trouvait pleine de délicates & prestigieuses unctions qui était garnie de deux entrées, pour recevoir ceux qui venaient de la palestre.
La troisième maison servait pour se laver d'eau froide (que les Grecs ont nommée
lvtrós). Le Lavacre froid devait avoir le regard sur boreas (que nous appelons le vent de bise) & fuir le soleil du midi. Tout au contraire, se laver d'eau chaude (qui demandait un grand Soleil & plus de chaleur) était mise contre les vents de Nothus, Eurus, & Zephirus. Si la maison était accompagnée des lieux propices pour suer, faite de forme ronde, était nommée des Grecs laponica, (Laconie) pour les Lacedemoniens, desquels l'on recevait à l'entrée, par une allée, le chaud si suave & si doux, que les personnes n'étaient point surprises ni suffoquées de la chaleur. D'aucuns ont voulu ajouter une quatrième demeu-

Ainsi, près de l'Apodytaire, vestiaire tenu par des Capsaires, se trouvait "l'Unctuaire, habitation amène & élégante qui se trouvait pleine de délicates & prestigieuses unctions qui était garnie de deux entrées, pour recevoir ceux qui venaient de la palestre. En fait, il s'agit d'une pièce se composant de parfums et surtout d'huiles en quantité destinées à huiler les sportifs qui allaient à la palestre. L'unctuor, préposé à cette onction devait aussi proposer de nombreux cocktails d'huiles parfumées. Dans cette rome qui faisait commerce d'esclaves, la main-d'oeuvre n'était pas chère et l'on avait donc affecté du personnel à cette tache spécifique ce qui donne du même coup une précieuse information sur les degrés de massage et sur l'utilisation qui été faite des huiles et autres préparations cosmétiques ou thérapeutiques faisant appels aux massages. C'est toute la disposition des thermes jusqu'à ce lavacre froid disposé à la bise fraîche de boeras, qui indiquent la recherche permanente des expériences sensitives. Pour se laver d'eau chaude les installations prévoyaient d'être exposées en plein soleil.

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rance aux thermes, appelée École, ample, & spacieuse pour recevoir ceux, qui étaient vêtus, & qui attendaient des bains leurs familiers & compagnons. En ces thermes l'on trouvait des sièges pour s'asseoir & pour se reposer : les uns faits en forme d'hémicycle, & les autres carrés, pour servir les Romains, qui prenaient le soleil & l'ombre de matin & de soir, tout ainsi que la commodité le requérait. Des sièges dont la forme permet aux romains soit de s'y asseoir, soit de s'allonger dessus selon l'utilisation qu'ils souhaitaient en faire. Combien de ces bancs ont servit de table de massage ? Je rappelle qu'aujourd'hui encore, dans les ruines de Pompéï, une table basse de massage taillée dans un bloc de pierre cerclé de bronze, est toujours visible. Le lieu, ordonné pour les bains, se trouvait triomphant, & l'habitation intérieure pleine d'aménité & l'élégance, claire & resplendissante, & toutes les appartenances illustrées de lumière & de grand jour, de portiques peints au frais pour se promener, & propices pour se réjouir qui dépassaient de magnificence & de beauté, pour leurs colonnes & peintures, toutes les autres habitations. Quand à la decoration du frontispice, il était enrichi de deux statues de marbre, ou de bronze dont l'une était consacrée à Esculape, & l'autre dédiée à la Santé, lesquelles montraient une face élégante & splendide, que les Grecs ont nommée iuruqmiu, que nous disons forme venue & bien proportionnée qui montre par destination des membres la choses belle avec delectation. Les autres parties, nécessaires pour la commodité des bains, sont assez connues par ce que Vitrvue en écrit au cinquième livre de son Architecture. Quant à la cuve, nommée Labrum, la semblance se voit par celles, qui sont devant la Rotonde de Rome (l'une desquelles je représenterai ci-après) & celle de porphyre, qui est en l'église de S. Denis en France. Une petite incidente pour rebondir sur ce frontispice dont parle Du Choul, ornés de deux statues représentant la médecine, la santé, en un mot, le bien-être. Il précise que les bains romains sont assez bien connus et que le célèbre architecte Vitruve en parle dans le tome cinq de son traité d'architecture, nous y reviendrons plus bas.

CVVE

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Emplacement d'une gravure de Labrum.

Il demeure à voir par figure les Strigiles (que nous pouvons nommer des Étrilles à étuves) à ceux qui n'ont vu celui que j'ai présenté à votre majesté (qui est fait selon la description d'Apulée, au commencement du livre second de ses Florides) & par celui de bronze doré que j'ai entre mes mains, fort antique.

STRI

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Emplacement d'une gravure de deux Strigiles.

Et parce que ceux qui verront les strigiles pourront en demander l'usage, il faut qu'ils entendent que les anciens Romains les faisaient porter aux bains par leurs pages, quand ils allaient aux thermes, avec les guttes (comme l'on pourra voir ci-après) pour abattre la sueur, au lieu que nous usons de couvre-chefs : & les faisait faire d'or, d'argent, & de bronze. Strabon, au quinziéme de sa Géographie, recite que les Indiens, entre les autres exercitations, avaient coutume de se polir le corps avec de légères strigiles d'ébène. Les plus délicats des anciens Romains (comme nous lisons en Pline) usèrent d'éponges pour les strigiles : qu'ils faisaient teindre en écarlate, pour leur délices : & souvent, les faisaient blanches, par grande singularité.

Nous l'aurons compris, un strigile est une sorte de lame recourbée comme une faucille et dont le demi cercle épouse le membre sur lequel il passe afin de racler le surplus d'huile. Parfois la lame du strigile se divise en deux pour former une rigole concave destinée à l'évacuation de l'huile. Qui dit strigile dit utilisation d'huile appliquée par massage généralement sous les mains expertes d'un spécialiste de ces onctions, l'unctuor. A ce passage nous apprenons par Strabon, qu'au 15ème volumes de "sa Géographie", les Indiens, entre les autres exercices qu'ils pratiquaient, avaient coutume de se polir le corps avec de légers strigiles d'ébène. Nous avons là un élément historique de plus qui pourra être cité pour des travaux ultérieurs sur la place du massage chez les indiens.

HERVS

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Guttus, ou le gutte, que nous avons vu ci-dessus, fut ainsi nommé, parce que la liqueur (l'huile) en descendait goutte à goutte. Les grands Princes & les plus nobles les avaient de licorne, & la plus grande partie (des possesseurs, les avaient) de verre, ou de corne de buffle. De ce vase usèrent les Romains en leur bains, pour tenir les huiles odoriférantes, desquels, après qu'ils étaient lavés, ils se faisaient oindre, unir, & adoucir la chair : comme l'on pourra voir par la figure, que j'ai emprunté de Fabius, aux simulacres qu'il a faits de la cité de Rome.

La proximité qu'entretient massage et huilage avec l'ensemble des représentations que nous en avons, constituent un témoignage direct sur nos métiers et ici, c'est le contenant qui est montré. Sur la gravure qui nous est proposée nous avons cette gourde à huile également utilisée comme biberon pour les nouveaux-nés, Guttus signifiant, goutte-à-goutte. Les matériaux différaient selon la fortune de la personne massée.

C

BAIN

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Emplacement d'une gravure pleine page :
scène de bain dans un Labrum.Image

 

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Les mixions toutefois & compositions en furent différentes. Car les uns demandaient les huiles composés de fleurs : comme le Rhodinum, qui était de roses, & le Lirinum, des fleurs du lis ou du Cyprus qui a la fleur blanche & bien fort odoriférante. Il vient en plusieurs lieux mais c'est en l'île de Chypre qu'il passe d'odeur suave tous les autres. Les anciens eurent encore entre les huiles, le Baccarin duquel parle Aristophane, l'herbe est nommée Baccar qui porte une fleur de couleur de pourpre dont la racine en quelque chose porte la senteur du cinnamome. Il s'en trouve assez en notre France lequel est appelé vulgairement Cabaret par transposition de lettres. Ils eurent aussi l'huile Gleucin & Myrrhin en grands délices. Le Gleucin se faisait de mou, que les Grecs appellent gleuc, combien que Columelle, au cinquantième chapitre de son treizième livre, le compose de simples odoriférants. Pline a mis cette huile dans les espèces des artificielles, disant, qu'elles sont froides, au vingt-troisième livre de son histoire naturelle, ce qui est encore contre l'opinion de Theophraste & de Dioscoride. Le Myrrhin se composait de myrrhe, & desséchait suffisamment. Nous avons perdu l'usage de telles compositions, parce que la myrrhe, que l'on apporte aujourd'hui d'Alexandrie est entièrement contrefaite & sophistiquée : & en vient bien peu de la vraie en France & en Italie, j'entends de celle que Dioscoride a laissé par écrit, transparente comme la corne de boeuf. Les autres huiles se faisaient des feuilles d'herbes comme ceux qui étaient de marjolaine, de lavande, & de la fleur de vigne sauvage qui furent dits Amaracinum, Nardinum, & Oenanthinum. Les autres se composaient de la racine & écorce des

Nous avons quelques dissensions entre Pline, Dioscoride et Theophraste sur la teneur exacte des ces préparations mais il est étonnant de voir combien elles étaient diverses. Je vous les restitue ici avec le texte suivant afin de bien comprendre le rôle que de telles huiles devaient avoir lors d'un massage.

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arbres comme le Cinnamominum : qui était précieux & de grande dépense, se faisait anciennement avec l'huile de been, le bois du baume, nommé Xylabalsamum, & du squinanthe qui est la fleur du jonc odoriférant, aromatisé, comme recite Dioscoride, avec le cinnamome & le Carpobalsamum (qui est le fruit du baume) en n'y ajoutant quatre fois autant de myrrhe que de cinnamome & du miel autant qu'il suffisait, pour détremper le tout ensemble. Aujourd'hui ce serait chose bien difficile, voir quasi impossible, de faire un tel onguent. Car le vrai cinnamome n'est pas du tout inconnu comme le disent ceux qui vont quérir les épiceries jusqu'au Levant, qui déjà du temps des empereurs (qui étaient obéis partout le monde) était rare & difficile à recouvrer. Pour le cinnamome, l'on prend aujourd'hui la casse odoriférante (que nous appelons cannelle) pour ajouter à la composition de nos onguents. Quand Galien fit le thériaque pour M. Aurelius Antoninus (Marc Aurèle), il ne s'en trouvait point ailleurs qu'au cabinet des Empereurs qui le faisaient garder bien clairement avec leurs prestigieuses choses. Ledit Empereur fit montrer à Galien plusieurs vases de bois remplis de cinnamome, lesquels avaient été mis en son palais les uns du temps de Trajan, & les autres d'Adrian, qui adopta Antonnin Pie, lequel succéda à l'Empire, & recouvra du cinnamome frais qui passait  de bonté & de senteur tous les autres. Depuis, Commode l'Empereur (incommode à tout le monde) se souciant bien peu du cinnamome & du thériaque, laissa perdre tout ce qui était demeuré de bon, & que les bon Empereurs, ses prédécesseurs, avaient amassé depuis longtemps par grande singularité de sorte que, Galien vint à composer le

Les l'Empereurs amassaient dans leurs palais quantité d'épices parfois rarissimes comme nous le dit Du Choul, alors qu'il "étaient obéis partout le monde". Il poursuit "Aujourd'hui ce serait chose bien difficile, voir quasi impossible, de faire un tel onguent." Toutes ces préparations servaient à la cosmétique, la beauté et bien sûr aux massages auxquels l'antiquité n'était pas indifférente.

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thériaque pour l'Empereur Severus, il fut contraint de prendre le plus vieux cinnamome qu'il trouva de reste au palais desdits Empereurs qui était (ainsi comme il dit) fort faible de senteur & de force et il ne passait pas trente ans qu'il avait été apporté à Rome. Quant aux autres huiles, le Narcissin (qui se fait de la fleur de Narcissus, que les Français nomment la fleur de Paques) & l'Irin, de la racine du glaïeul, se faisait au temps de Pline, bon en Pamphilie, mais  meilleure, plus suave, & l'Iris de Florence tiennent aujourd'hui le premier lieu.
L'huile
Rhodin à été toujours la meilleure à Naples & a Capoüe, &, du temps des anciens, à Malte, à cause de la bonté des roses desquelles on fait aujourd'hui la meilleure conserve & la plus belle que l'on puisse trouver, & duquel, comme le recite Possidonius usaient les Carmaniens pour réprimer les vapeurs du vin. Le Nardin se trouvait le meilleur à Rhodes, composé d'huiles Omphacin, de been, bois de baume, fleur du jonc odorant, calame odorifère aromatisés avec l'Amaracus (qui est la marjolaine) coste, amoine, nard, casse odorante, du fruit de baume & de myrrhe. Et ceux, qui le voulaient plus précieux, y ajoutaient du cinnamome qui avait déjà trente ans, au cabinet de Marcus Aurelius Antonius, pour lui faire sa thériaque de laquelle il usait tous les jours. Car, à ce que dit Galien, il ne peut avoir la patience qu'il n'en prit deux mois après qu'il l'eu fait &, à ce que récite Dion en la vie dudict Marc Aurèle, il était si sujet à maladie, qu'il ne prenait rien sur jour, outre ce medicament, qu'était le thériaque &, ne prenait pas tant ce pharmaque pour crain-

L'huile entrait dans de nombreuses préparations comestibles ou non et nous avons ici un superbe florilège des huiles dont disposaient les grecs et les romains. Huiles à base de Narcisse, de racine de glaïeuls, d'Iris de Florence, d'huile de Rhodin de Naples, de Nardin de Rhodes se mélangeaient aux parfums les plus divers que l'on ramenait des conquêtes ou parvenait par la route du commerce.

C3

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crainte qu'il eut d'être empoisonné, que parce qu'il avait l'estomac débile. Il y à longtemps qu'une telle composition n'a été vraiment faite, la retranscription des noms avaient été corrompus par les Arabes. L'huile Balanin, que les Anciens ont ainsi nommé, se faisait du gland unguentaire nommé des Grecs murszalanv. Les parfumeurs l'ont appelé huile de been pace que le fruit a été nommé des Arabes. Sa propriété toutefois porte (bien qu'il soit fort vieux) qu'il ne rancit point. C'est la cause que lesdits Parfumeurs s'en servent, pour incorporer les mixtions qu'ils font pour parfumer gants, faire pommes de senteurs, & patenôtres, avec le musc, ambre, & zybed, & autres senteurs odoriférantes. Ce gland s'apportait autrefois de la région Barbarique (qui est au jugement des doctes, l'Ethiopie en général, ou la Troglodytique qui fait partie de celle-ci) & les Parfumeurs usaient de la liqueur tirée de la chair de son fruit, comme le recite Galien. Et ce n'est pas pour rien si le fruit duquel se prend cette huile a été nommé des Anciens Gland unguentaire parce que sa liqueur est la plus propre & la plus fréquentée des compositions de leurs onguents précieux & odorifères. Ce n'est pas sans raison qu'en toutes les liqueurs unctueuses ne se trouve que l'huile de Been, qui ne soit sujette à rancir, & pour sa vertu particulière, [ces liqueurs unctueuses] détrempent des unguentaires toutes leurs compositions odoriférantes en cette huile de Been, parce qu'ils sont assurés qu'elles se peuvent garder sans craindre l'injure du temps. L'Amaracin était le meilleur en île de Coo (que nous avons depuis nommée Langou) &, selon la diversité & propriété de toutes ces huiles, les Anciens en usèrent en leurs bains, pour garder & entretenir leur bonne santé, &, à

Les anciens étaient confrontés à l'instabilité des huiles, aux influences de l'oxygène et à l'injure du temps. Ainsi, huile de been était-elle l'huile indiquée de toutes les préparations.

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ce que nous lisons ils se faisaient frotter les sourcils & les cheveux, le col & la tête, d'huile de Serpolet (qui est autrement nommée Polliot) dit Serpyllum & les bras de celui de Sisymbre (qui est mente aquatique) & de Cresson, & de l'Amaracin ou Marjolaine, les os & les nerfs. L'Amaracin était le meilleur de tous principalement pour l'hiver, & pour ceux qui habitaient les regions froides. Les plus délicats des Athéniens (comme recite Cephisodorus) se faisaient oindre les pieds d'onguent : & telle était la coutume en Athènes comme il le dit. Nous lisons que les Thoriciens, peuple d'Attique, se frottaient les jambes depuis le genou en bas, & jusqu'à l'extrémité des pieds (*), les joues & les mamelles, (*) : l'un des bras, (*) : les sourcils, & les cheveux, (*) : les genoux & le col, (*). De l'huile Baccarin (duquel nous avons parlé ci-dessus) ont écrit plusieurs Comiques, & principalement Hipponax, quand il a dit (*), dont le sens est : Je me parfume le nez & visage du baccarin. Toutefois Aeschylus a mis la différence du baccarin aux autres onguents, disant ainsi : (*) : c'est à dire, "Je demande le baccarin & les parfums." Par résolution les Acoliens nommèrent (*), les onguents, que les autres Grecs (*) : parce que la plus grand partie de la composition des onguents, se faisait à Smyrne &, ce qu'ils nommèrent Stacte, est fait de la seule myrrhe, comme dit Athenæus. Par ces compositions nous connaissons la grande recommendation, où furent ces huiles à l'endroit des anciens Romains qui veut que les Italiens en ont gardé les noms & usage, jusque à ce jour, & outre ceux-ci, de l'huile Imperial, de l'huile de fleur d'Oranges, de Jasmin, de Benjoin, & du Stirax : mais

Il ne nous échappera pas que les sourcils, les cheveux, le col et la tête étaient frottés d'huile de Serpolet, que les bras étaient quant à eux frictionnés de mente aquatique ou de cresson alors que les nerfs et les os préféraient la marjolaine. Friction, massage, attention donnée jusqu'aux sourcils et d'après Cephisodorus, les plus délicats des Athéniens se faisaient oindre les pieds d'onguent selon une coutume qui avait cour à Athènes. Et voilà, un massage des pieds mentionné en 1555 sur la foie d'un comique grec. La phrase suivant est toute aussi édifiante puisque nous apprenons que les Thoriciens, peuple d'Attique, se frottaient les jambes jusqu'aux pieds, les joues, les mamelles, l'un des bras, les sourcils, et les cheveux.

* Termes en grecques non établit.

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principalement de l'huile Royale nommée des Grecs(*) dont usèrent les Rois des Parthes, comme nous lisons en Pline qui en écrit la composition, & de plusieurs, qui se vendent par les Myropoles & Unguentaires que nous avons nommés Parfumeurs. Les montagnes de Perse portent des noix Persiques, desquelles l'on faisait l'huile pour le Roy, comme dit Amyntas. Et en Carmanie, (auteur Ctesias), était composé l'huile Acanthin de laquelle le Roy du pays se faisait frotter le corps. De l'huile qui a été nommée des Grecs(*) a fait mention Theophrate au livre qu'il a fait des odeurs, affirme qu'il se faisait des olives non encores mures, & amandes. Les autres compositions, sèches & arides (que les Grecs ont nommées(*) servaient, selon Pline, à arrêter & sécher la sueur de ceux qui sortaient des bains, pour après se laver d'eau froide. Je crois que ce peuvent êtres poudres semblables à celles de violettes & de Cypre dont l'on use encore aujourd'hui.
Toutes ces compositions liquides se faisaient avec de l'huiles &, d'autant que l'huile était plus grasse, elles [ces compositions] étaient meilleures & plus utiles. C'est pour cela que l'huile d'amande fut la plus propre & la plus estimée anciennement. En parlant des huiles,
Dioscoride dit que celles qui se font sans y ajouter autre chose que ce que l'on prend du fruit des arbres ou de la semence, sont nommées huiles, & tous les autres, unguent, ceux qui sont composés d'huile, & d'autre matière comme les huiles Rosat, Sansucin, Amaracin, Melin, Telin, Eleatin, Oenanthin, Anetin, Crocin, Megalin, appelé des Grecs(*), comme dit Sosibius, & de l'unguent duquel a parlé Epilycus, dit Sagedes, & de plusieurs autres, que je passerai, n'ayant pas délibéré d'écrire en ce petit Traité si grand nom-

Nous apprenons que les Rois des Parthes ne rechignaient pas contre les huiles qui se vendaient chez les Myropoles, sorte de pharmacie ou chez les Unguentaires, les parfumeurs. Les montagnes de Perse produisent des noix Persiques desquelles l'on faisait de l'huile pour le roi comme le mentionnerait Amyntas, un roi de Macédoine que je ne suis pas parvenu à identifier. Et en Carmanie, région de Perse, c'est Ctesias, médecin grec au service d'Artaxerxès II au Vème siècles avant J-C, qui nous renseignerait sur l'huile Acanthin qui en provenait et de laquelle le roi du pays se faisait masser, "frotter le corps".

Dans ce qui doit être "Recherches sur les plantes" de Theophrate, nous apprenons l'utilisation qui était faites des différentes maturations d'olives pour faire des textures et des saveurs différentes, ce qui nous montre, encore une fois, l'importance des recherches pratiquées dès l'antiquité en botanique. Après cela nous avons un nouvel élément constituant à mon sens un massage et que Du Choul évoquera plus bas avec l'utilisation de ce qu'il appelle "Les autres compositions, sèches & arides [...] servaient, selon Pline, à arrêter & sécher la sueur de ceux qui sortaient des bains, pour après se laver d'eau froide. Je crois que ce peuvent êtres poudres semblables à celles de violettes & de Cypre dont l'on use encore aujourd'hui."...

Je pense que la poudre dont il parle est probablement le Lawsonia Inermis qui est un arbuste connu depuis l'antiquité particulièrement pour ses feuilles séchées et pulvérisées qui donnaient le henné. Toutes sortes de végétaux mais aussi de minéraux sont ainsi pillés afin d'utiliser leur pouvoir absorbant, astreingeant, gommant etc.
Le sable par exemple sera utilisé pour entrer dans la composition du
Céroma constitué de cire et d'huile dont on oignait les sportifs. A Rome, le préposé à cette tâche été appelé Unctor, sorte de masseur sans qualification.
Par contre, ici, il serait intéressant de savoir ce qu'il entend par "Je crois que ce peuvent êtres
poudres semblables à celles de violettes & de Cypre dont l'on use encore aujourd'hui.". Quelle place ces poudres avaient en 1555.

 

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bre de compositions, & encore moins de parler des bains salés, sulphurés, alumineux, bitumineux, ferruginés, & plusieurs autres : & des composés avec des plantes, & fleurs : ni de ceux qui sont faits pour restaurer & remettre les personnes qui sont consumées & exténuées par maladie, remettant ce demeurant aux Médecins. Ainsi, j'ai voulu sommairement écrire sur ceux qui étaient du temps des anciens Grecs, & Romains, qui les fréquentèrent pour conserver la santé, & pour obvier à plusieurs maladies. Car c'est un remède singulier pour les gens de lettres, que le bain si nous voulons croire Galien, au troisième livre, qui l'a fait pour entretenir la bonne santé. Pour obvier à toutes ces grandes dépenses, Athenæus récite que les Lacédémoniens chassaient les vendeurs de toutes ces délicates compositions pace qu'ils perdaient & consumaient inutilement l'huile comme les teinturières des laines corrompaient la blancheur, & Pline dit qu'il est certain que les Romains n'en firent pas moins, après la défaite du Roy Antiochus, & que l'Asie fut suppéditée, l'année depuis que la cité de Rome fut fondée, cinq cens soixante cinq, &, alors que Publius Licinius Crassus & L. Julius Cesar étaient Censeur, fut fait un edict pour que personne ne vendit huiles & unguents exotiques, ainsi furent nommées les étrangères & peregrines compositions. Or, pour montrer en quelle reputation elles étaient, je réciterai en passant, les paroles de l'Empereur Vespasien à un jeune adolescent, bien parfumé qui le venait remercier d'un magistrat dont il avait été pourvu, auquel il dit, tout fâché "J'aimerai mieux que tu sentisses les aux", faisant revo-

Nous voyons que les bains étaient utilisés aussi pour "garder la santé" et que Galien ne le pratiquait que pour cela. Bain de souffre, bain d'alun, de bitume ou ferreux, on y ajoutait volontiers des huiles, et autres compositions dont le prix était tel qu'on en interdisait la vente aux marchands ambulants de peur sans doute d'acheter à prix d'or des produits frelatés.

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quer les lettres de l'office, qu'il lui avait donné. En cela le sage Empereur fuyait la mouche à miel qui ne peut endurer la senteur et qui pique aigrement ceux qu'elle sent parfumés. Suivant aussi l'opinion de Cicéron, les odeurs qui sentent la terre, sont plus gracieuses que celles qui tiennent l'odeur du safran. Par la lecture de ce que nous avons dit ci-dessus, l'on connaîtra les grandes dépenses que firent les Romains, à bien édifier leurs bains où ils ne gardèrent ni moyen ni mesure. Ce qui se voit par les ruines des thermes d'Antonin, & de Dioclétien, à Rome où se trouvent colonnes de marbre de couleur différentes & lieux infinis appropriés à plusieurs usages qui étaient entretenus curieusement par les anciens qui se lavaient quasi tous les jours, en provocant la sueur, pour entretenir leur bonne santé. Ce que montre Sénèque en ses Épîtres à Lucilius, quand il dit que Scipion l'Africain, qui s'était retiré volontairement à Linterne, en une maison qui était construite de pierres carrées, avait en sa ville un bain étroit & obscur, lequel ne lui eut point semblé chaud sans qu'il eut été obscur, & en ce petit bain l'horreur de Carthage Scipion lavait son cors lassé, après qu'il avait travaillé tout le jour en ses oeuvres champêtres & rustiques. Depuis, les Romains tournèrent les bains en délices, & firent les thermes pour aider à la digestion crue de l'estomac. Ce qui a fait dire à Pline, châtiant une si mauvaises façon de faire, que pour cette cause en son temps avaient ordonné les bains chauds les Médecins qui avaient persuadé aux Romains que la concoction & digestion de la viande se faisait par ce moyen dedans l'estomac et combien qu'au sortir des bains ils se trouvassent si mal, qu'ils

C'est par les écrits de Cicéron que nous retrouvons trace des dépenses que les Romains engageaient à l'édification de leurs bains pour lesquels "ils ne gardèrent ni moyen ni mesure". Ce qui se voit par les ruines des thermes d'Antonin, & de Dioclétien, à Rome où se trouvent colonnes de marbre de couleur différentes & lieux infinis appropriés à plusieurs usages qui étaient entretenus curieusement par les anciens qui se lavaient quasi tous les jours, en provocant la sueur, pour entretenir leur bonne santé. Nous avons là un très bel exemple de prescription médicale qui rendait les thermes quasi vital pour le bon fonctionnement de l'estomac à tel point que Pline lui-même semble s'en émouvoir.

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se faisaient porter, par trop croire les médecins, tous vifs en leurs sepultures. Pour les bons Capitaines & Empereurs Rommains, nés au labeur, furent ordonnés les bains, & non pour délices dont usa depuis le peuple de Romme. Car ils furent à la fin si communs que les Princes se lavaient avec le peuple & Hadrien fut le premier, lequel, en se lavant un jour aux bains, & regardant un vieux soldat (qu'il avait autrefois connu en la gendarmerie) qui se frottait le dos contre les murailles, après avoir entendu de lui que c'était par nécessité, lui donna serviteurs & argent par grand libéralité. Une autrefois, plusieurs gens-d'armes vinrent aux bains, pour ainsi provoquer la libéralité du Prince, alors, Hadrien leur commanda, dans un grand rire, que chacun frotta son compagnon.

Ce passage est particulièrement intéressant lorsque l'on sait que c'est un Bailly des Montagnes du Dauphiné, au service du Roi, qui écrit que les bains "furent à la fin si communs que les Princes se lavaient avec le peuple" ce qui semble être l'appréciation d'un âge d'or lors duquel l'Empereur déambulait nu au côté des citoyens romains et des esclaves. L'anecdote d'Hadrien fut beaucoup reprise comme l'illustration de cette proximité permettant aux Princes de voire au quotidien la vie du peuple et en même temps la grande libéralité de ce régnant mais elle donne aussi l'idée que se laver seul était le lot des plus pauvres. Les thermes grouillaient d'hommes, de femmes, d'esclaves, de personnes qui louaient leurs services pour laver, frictionner, masser, masturber qui le souhaitait. Néanmoins, nous avons là une anecdote qui nous renseigne sur la permanence de ces massages.

Ci-après nous avons tout le descriptif des thermes de l'époque jusqu'à la page .

Nous avons assez demeuré sur les Bains, Thermes, & Lavacres. Nous écrirons présentement sur les Gymnases, & les Palestres que les Grecs firent pour exerciter les jeunes gens, les uns à lutter, à jouer de l'épée, à la pique, & les autres à sauter, à tirer de l'arc, à lancer le dard à piquer les chevaux, à voltiger, à courir au stade, & à toutes autres militaires exercitations. Et pour inciter les jeunes enfants à la vertu, ils faisaient dresser statues aux Gymnases, pour la mémoire de ceux qui étaient parvenus à la sommité de ces exercitations & disciplines, lesquelles statues reposaient sur base insculpées & gravées des inscriptions & excellence de leurs exercices. En ces Palestres devaient êtres mis les jeunes enfants (comme dit Aristote, au huitième des Politiques) pour les rendre plus forts & plus robustes. Encores Platon ne réprouvait point que les vier-

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ges s'exercitassent toutes nues à jeter le Disque, à courir, à lutter, son opinion était que non seulement les jeunes filles, mais encores les femmes d'age, lutteraient avec les hommes pour entreprendre, avec la patience de ces labeurs, choses ardues & difficiles. Ce que Xénophon a montré en la politie des Lacédémoniens [1] qui dit que Lycurgus pensa que les esclaves suffiraient pour faire les robes, & accoutrements, & que les femmes libres (qui vaqueraient à faire des enfants) exerciteraient leurs corps comme les hommes cuidant que de tous deux les enfants se feraient plus robustes & plus forts, fuyant l'opinion des Grecs. Cicéron ne réprouve point toutes choses, quand il écrit que ceux, qui donnèrent la façon de vivre aux Républiques de Gréce, voulurent fortifier le corps des jeunes hommes, avec le labeur. Ce que les Spartiates avaient traduit aux femmes lesquelles aux autres villes vivaient serrées dedans les murailles délicieusement. Par-quoi Properce, perdu d'impatience d'amour, se plaignant que les filles romaines n'étaient point veuves publiquement, loue la Palestre Spartiane, avec une véhémence d'amour & fureur de jeunesse, tout ainsi :

Multa tuœ, sparte, miramr jura palæstæ,
Sed mage virginei tot bona gymnasii.
Quod non infames exercet corpore laudes
Inter luctantes nuda puella viros,
Cum pila veloceis fallit per brachia jactus,
Increpat & verfi clavis adunca trochi,
Pulverluentaque ad extremas stat fœmina metas,
Et patitur duro vulnera Pancratio,

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Nunc ligat ad cœstum gaudentia brachia loris,
Missile nunc disci pondus in obe rota,
Gyrum pulsat equis, niveum latus ense revincit,
Virgineumque cavo protegit ære caput.

Traduction en français des Élegies de Properce Information ouverte dans une nouvelle page que nous propose J. Grenouille en 1834

Élégies XIV.
Sur les jeux de Sparte

Heureuse Lacédémone ! nous admirons tes exercices guerriers, mais surtout les nombreux avantages des jeux où se forment tes jeunes filles.
Elles ne recherchent point des éloges qui les déshonorent, lorsqu'elles paraissent nues au milieu des lutteurs, pour lancer rapidement de leurs mains délicates une balle trompeuse, ou pour faire tourner une roue bruyante sous la verge crochue qui l'agite.
On les voit tour-à-tour attendre le signal, couvertes de poussière, à l'extrémité de l'arène, souffrir les blessures du cruel Pancrace,

attacher à leurs bras un ceste qui fait leur gloire,
balancer en cercle le disque pesant qu'il faut lancer,
aiguillonner les flans d'un coursier généreux... Lire la suite

Pour retourner à notre propos, les Princes fréquentaient non seulement les Gymnases, par plaisir & pour connaître les bons Athlètes, mais aussi pour ouïr les disputations des philosophes, & de ceux qui disputaient autres facultés & disciplines. Par-quoi fallait  qu'en ces Palestres fussent diverses habitations, grandes places, & Portiques : que nous avons nommés galeries) & aux Portiques Exèdres spacieuses : qui étaient lieux semblables aux écoles publiques ou mieux, aux chapitres des cloîtres de nos Religions, & là étaient sièges ordonnés ou étaient assis les Philosophes & ceux qui prenaient plaisir à disputer. Outre les Exèdres se trouvaient des Peristyles carrés (qui étaient garnis & environnés de colonnes, qui avait douze cent pieds de tour) pour se promener, que les Grecs nommèrent (*). L'un des Portiques, & celui, qui regardait sur la région du midi, était double, pour éviter que le vent ne porta la pluie jusqu'au dedans. De ce double portique tenait le milieu l'Ephebeum qui était la place ou les adolescents avaient des sièges pour étudier, comme nous pourrions dire des sièges extrémez des chaires[***] ecclésiastiques. Et devaient avoir ce Portique plus de longueur, la troisième partie, que de largeur. Au plus presestoyent lieux ordonnés pour le service de ceux, qui s'exercitaient [s'entraînaient] en la Palestre comme le Corycée (qui était le jeu de la grosse bale, nommé Corycum) & conistere : qui servait à tenir la poudre de ceux, qui luttaient à force de bras : & aux Géométriciens,

* Termes en grecques non établit.

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pour designer, en étudiant, leurs figures. Entre ces portiques il y avait de petits bois, jardins & vergers, plantés en quinconce ou à la ligne, dont les arbres étaient lauriers, cyprés, palmes, myrrhes, pins, sabines, jeneures, cèdres, tamaris, houx, bovis, & oliviers qui sont tous arbres qui ne se dépouillent point de leurs feuilles, & rendent pour cela les vergers plaisants & donnaient aux Athletes & à ceux qui les regardaient, outre l'ombre, senteur & verdure, confort & consolation. Parmi ces arbres se faisaient promenoirs & hypèthres ambulations que les Grecs ont nommés (*) & que nous pouvons interpreter découvertes & sous le soleil, auxquelles l'hiver, (quand le temps était cler & beau, & le ciel serin), les Athletes, appelés Xystiques pour le Xyste, qui était couvert, descendaient pour se promener, exciter, & courir. Après le Xyste était le stade, lieu de la course qui était  fait de telle manière que chacun, à son plaisir, pouvait regarder courir les Athletes qui étaient, comme dit Julius Pollux, tous ceux qui s'exercitoyent au Gymnase de la Palestre.
Après que nous avons connaissance des habitations diverses de la Palestre, il faut exposer, à cette heure, qui étaient les noms de ces Athlètes. Et premièrement nous écrirons de ceux, qui de célérité passait tous les autres, lesquels les Grecs nommèrent (*), c'est-à-dire, Coureurs qui couraient légèrement & longuement & avaient la force & le pouvoir, en courant, de pousser & retenir leur adversaire. De ces coureurs les uns étaient
Stadiodromes (parce qu'ils couraient au stade) & les autres Diaulodromes qui redoublaient leur course, c'est à savoir que, quand ils avait couru jusqu'aux metes[3], retournaient, d'où ils étaient partis.

* Termes en grecques non établit.

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Des Dolichodromes couraient six courses au stade, toutefois il est à présumer que c'étaient ceux qui le plus longuement continuaient une course, & les Athletes qui se exerçaient nus à la lutte, qui furent nommés Palestiques. Telle coutume de montrer au Gymnase le corps nu, & de le frotter d'huile, vient des Lacedemoniens, ainsi que nous le lisons en Thucydide. Les autres ajoutèrent de la terre avec l'huile & telle composition fut depuis nommée Ceroma qui servait pour fortifier les nerfs & les membres (parce que l'huile mollifie le corps & lui donne force & vigueur) selon Pline qui dit : Duo sunt liquores corporibus humanis gratissimi, intus vini, foris olei : arborum è genere ambo prœcipui, fed olei necessarius, C'est-à-dire, qu'il y a deux liqueurs gracieuses pour le corps humain, le vin pour le dedans, & l'huile pour le dehors, l'huile est toutefois fort nécessaire. Encore parlant ledit Pline d'Auguste Cesar, qui s'enquérait de Romulus Pollio son hôte (qui avait passé cent ans) du moyen qu'il avait tenu, pour garder la vigueur & force de son corps, il lui répondit, Intus mulso, foris oleo, qui nous fait connaître, que l'huile de sont temps a été meilleure pour les parties extérieures, que pour les intérieures. Anciennement l'on servait l'huile à la premiere table, comme l'on fait encore aujourd'hui. Celle-ci se trouvait d'autant plus en grande estime qu'elle était la plus blanche, comme à-present nous appelons huile vierge cette huile dont a parlé Antiphanes, auteur Grec, qui l'a nommé, huile Samique. La renommée dure encore de Democritus Abderites qui avait délibéré de donner fin à sa longue vieillesse & pour ce faire, journellement il rapetissait son manger, après quoi il fut prié par ses femmes domestiques de se laisser point mourir aux

Sur ce recto de feuille 16 nous avons tout d'abord ce texte de Thucydide que je n'ai pas encore identifié "Telle coutume de montrer au Gymnase le corps nu, & de le frotter d'huile, vient des Lacedemoniens, ainsi que nous le lisons en Thucydide" Puis il poursuit avec la decription du Ceroma destiné à "fortifier les nerfs & les membres (parce que l'huile mollifie le corps & lui donne force & vigueur) selon Pline qui dit : Duo sunt liquores corporibus humanis gratissimi, intus vini, foris olei : arborum è genere ambo prœcipui, fed olei necessarius, C'est-à-dire, qu'il y a deux liqueurs gracieuses pour le corps humain, le vin pour le dedans, & l'huile pour le dehors, l'huile est toutefois fort nécessaire."
Le Ceroma était une préparation faite d'huile et de cire mêlées ensemble, avec laquelle on oignait le corps des lutteurs avant de les frotter de sable fin comme nous le dit Martial Épigramme VII, 32). On avait comprit que l'huile, appliquée sur le dehors, lui donnait force & vigueur par la friction. Là nous avons une très belle entrée sur le massage et un intéressant développement sur les vertus de l'huile notamment sur la longévité de Romulus Pollio.

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jours, qui étaient consacrés à Cérès ce qu'il accorda, commandant qu'on lui apporta un vase plein de miel, qu'il mangea & par ce moyen prolongea sa vie jusqu'à ce que les Céréales (jours consacrés à la Déesse) fussent passés. Et interrogé de ses amis, comment un homme en santé pourrait vivre longuement ? Il leur fit réponse, s'ils usaient du miel par le dedans, & de l'huile par le dehors. Ce propos servent les paroles de Themistocles qui se mit en colère contre son argentier qui lui rendait compte de la dépense d'une bien petite somme d'argent qu'il avait emplié pour acheter de  l'huile, & regardant les assistants qui s'ébahissaient bien fort de son épargne, il commença à leur dire qu'ils avaient mal entendu la cause de son courroux, qui était parce que son cuisinier lui faisait trop manger d'huile assez mauvaise pour le dedans du corps de l'homme.  Quant aux olives, on les servait anciennement à la seconde table desquelles les unes étaient nommées des Grecs(*), & des Latins drupe, quand les bacs (comme témoigne Pline) commençaient à noircir. Diphilus a dit qu'elles sont de bien petit nourrissement & engendre douleur de tête, & que les noires sont pernicieuses à l'estomac. Les plus saines & les meilleures sont celles qui ont été nommées des anciens (*). Les autres qui sont confites avec le fenouil ont été dites (*) & celles, qui étaient pilées dans un mortier furent appelées des Athéniens, (*), comme le récite Athenaeus. Quoi que disent les Grecs, les Romains usèrent des olives depuis le commencement de table jusqu'à la fin comme dit Martial :

Hæc, quæ Picenis venit subducta trapetis,
Inchoat atque eadem finit oliva dapes.

* Termes en grecques non établit.

Ici nous avons cette redondance avec la page précédente au sujet de la bienfaisance de l'utilisation de "l'huile par le dehors." Je laisse au lecteur la suite mise en grise sur l'olive qui est très amusante.

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Plusieurs autres espèces ont été nommées de Macrobe & Pline : comme les Africaines, Liciniene, Sergianes, Salentines, & Royales. Et certainement de toutes les olives la plus grosse est meilleure pour manger, que la petite, qui est plus convenable pour faire l'huile : comme Columelle l'escrit au sixiéme liure de la chose rustique. A l'olive firent cest honneur les Rommains, qu'ils en coronnerent ceux qui triomphoyent en leurs petis triomphes : & la Grece coronnoyt les visiteurs à Olympe d'olivastre. Les Atheniens en leurs monnoyes accompaignerent la chevesche (consacrée à Minerve) d'une branche d'olive : comme plus amplement nous en monstrons la figure au liure de noz Antiquités de Romme. Aucuns ont voulu
dire que l'huile servoyt pour rendre le corps des
Palestrites plus lubriques, & pour prendre les bras avecques une plus grande difficulté : toutefois les Grecs (qui furent les premiers inventeurs de tous vices) le tournoyent à luxure, en le publiãt aux Gymnases : & l'huile, qui servoyt pour les Athletes, fut à la fin mxtionné de choses odoriferentes : si nous voulons croire Pline : qui dit que aucuns mesloyent aux Gymnases senteurs avecques l'huile, mais plus utiles & de moindre valeur. Apres que les Luitteurs sestoyent faits oindre, ils estoyent arrousés & couverts d'une poudre, ou sable (qui estoyt nommé Aphé) pour aider â fortifier le corps. Ce que nous enseigne Lucain : quand il dit, en parlant du combat d'Hercules & d'Anteus : Auxilium membris calidas insundit arenas 1. Qui nous fait cognoistre que les Luitteurs & Pugiles combattaient avec la poudre dont est venu le proverbe, que l'on disait entre les Grecs (*) : qui veut dire

1 Auxilium membris calidas insundit arenas : arrose d'huile ses membres nerveux. Livre IV de Lucain Lapharsale Ouvrage en ligne sur un autre site.
* Termes en grecques non établit.

Dans ce recto de feuillet 17 il est passionnant de lire, après l'intérêt vraiment très surprenant pour l'huile d'olive, nous avons ce glissement quasi originel du mot lubrique. Ce mot vient du latin lubricus, il signifie glissant, "avec de l'huile" et ici Guillaume Du Choul dit " l'huile servait pour rendre le corps des Palestrites plus lubriques, & pour prendre les bras avec une plus grande difficulté,..." Les Palestrites sont en fait les athlètes qui fréquentaient la palestre pour lutter et l'utilisation de l'huile ou de ce fameux Ceroma que nous avons vu plus haut servait à rendre le corps moins facile à saisir mais là nous avons un jugement de valeur qui ajoute sans ambage que "les Grecs (qui furent les premiers inventeurs de tous vices), le tournaient à luxure, en le publiant aux Gymnases & l'huile, qui servait pour les Athletes, fut à la fin mixtionnée de choses odoriférentes." Nous apprécierons la parenthèse à la charge des Grecs inventeurs de tout vices et cette huile d'abord technique qui finie par devenir généreusement parfumée. Pline nous dit qu'au contraire n'y était joint aucun parfum et que les huiles étaient de moindre valeur.
Ici on peu dire, au vu de la complexité du protocole, du raffinement des huiles et de part la présence de personnel dédié à ce service, que le massage était monnaie courante.

Auxilium membris calidas insundit arenas "arrose d'huile ses membres nerveux." Livre IV de Lucain Lapharsale Ouvrage en ligne sur un autre site. :
Ici nous avons une élégante entrée sur l'art du
massage entre Hercules & d'Anteus mais qui ne se livre pas tout de suite puisque le terme arroser semble nous éloigner de notre recherche. Pourtant, l'aspersion constitue bien un massage en soi puisqu'elle implique un contact et là, il s'agit bien de s'arroser avec de l'huile. Ce passage relaté par Guillaume du Choul nous vient du Livre IV de Lucain Lapharsale Ouvrage en ligne sur un autre site. "L'un, selon l'usage des jeux olympiques, arrose d'huile ses membres nerveux ; l'autre, ne se croyant pas assez fort, s'il ne touchait que du pied sa mère, se couvre d'un sable brûlant et secourable."

 

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emporter la victoire sans s'être mis en besogne, sans peine & sueur, ne se présentant personne au combat. Ce que nous lisons dans Pausanias : qui parle de Dioreus Athlete : qui avoyt esté victorieux à Olympe (*): que Pline a interpreté sans poudre (c'est-à-dire, sans que nul se presentast pour l'attendre, & sans qu'on le mist en peine de prendre la poudre pour faire  son devoir) quand il escrit, au trentecinquiéme de l'Histoire naturelle, qu'Alcimachus avoyt peint ou portrait Dioxypus : qui estoyt demeuré victorieux à Olympe, sans avoir combatu : que les Grecs avoyent dit (*), & à Némée (*) (c'est-à-dire, de force apres avoir conbatu) pour le nom de la poudre : qui estoyt nõmée (*): dont est venu au Gymnase le nom de Conistere : duquel nous avons fait mention ci-dessus qui servoyt pour garder la poudre palestrique : laquelle fut de si grande curiosité aux anciens, qu'ils la faisoyent venir d'Aegypte : comme recite Tranquillus, quand il monstre l'indignation du peuple de Romme contre Néron : qui avoyt fait venir, au temps de la famine publique, un navire, chargé de ceste poudre, pour les Athletes de la court. Son usage nous enseigne Pline : qui escrit, que la difference estoyt bien petite de la poudre Puteolane à la plus subtile partie du sable du Nil : non qu'elle servist pour resister aux ondes de la mer, comme la poudre de Pussol : mais bien pour esseminer les corps des Athletes en la Palestre : & d'Aegypte la faisoyt venir à Rõme Patrobius liberte de Nero. Leonatus, & Meleager, Capitaines d'Alexandre le Grand (comme il dit) la faisoyent porter apres eux avecques leur bagage. Les pyctes ou Plectiques, que les Latins nomment Pugiles, combattaient à coups de poing &, en frappant leur adversaires

* Termes en grecques non établit.

Là, c'est la place donnée à la poudre en application sur un corps huilé qui nous intéresse. D'ailleurs, selon la façon dont cette poudre était apposée sur le corps soit par aspersion, saupoudrage soit par massage. Voir Dossier : emploi de la poudre en massage.

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comme dit Cicéon second des Tusculanes, ils se plaignaient en jetant les Cestes, non par faute de courage, ou pour douleur qu'ils sentissent, mais parce qu'avec le cri & la voix ils avaient le cœur plus grand, & donnaient le coup plus véhément. Et, pour venir au combat, ils s'accoutraient les bras & les mains de Cestes, qui étaient faits de cuir de buffle, remplis de plomb par dedans. De ce combat, Virgile en écrit la façon au cinquième des Æneides qui en donnera aux lecteurs la connaissance, avec la figure retirée de l'antique, que j'ai fait peindre ci-après.

 

E    2                                                      COM

Verso de la feuille 18
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Page recouverte d'une gravure

 

Combat des Cestes entre
Dares & Antellus, selon la description
Virgile.

 

(GRAVURE)

 

 

 

Recto de la feuille 19
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Les Pancratiastes étaient Lutteurs & Pugiles tout ensemble, & les Discoboles Image jetaient une boule ronde de pierre ou de cuivre, percée par le milieu, appelée le Disque &, d'autant que celui qui le jetait était plus fort, il le recevait de plus haut à force de bras. Quant aux sailleurs, ils portaient en leurs mains, pour mieux saillir, des Altères qui étaient petites masses, ou boules de plomb, faites à la façon d'un cercle qui avait la moitié plus de longueur que de largeur & ils avaient des boucles pour y mettre les mains à l'aise, comme dedans un bouclier. Le lieu, dont partaient les Sailleurs, les Grecs le nommèrent (*), & la mesure (*), & le saut (*), c'est-à-dire, fossé, parce que le saut le plus souvent se faisait à sauter sur un fossé, pour servir à l'entraînement militaire, & pour garder l'ennemi à la guerre, en sautant un fossé, de se sauver. Tous ceux, qui s'exercitaient en ces cinq espèces de jeux (c'est à savoir : à courir, à lutter, à saillir, à ruer la barre de fer, & aux Cestes (furent nommés des Grecs (*), & des Latins Quinquertiones desquels Pline à parlé en parlant de Myron qui avait un discobole, Minerve, les Penthales Delphiques, & les Pancratiastes. Les autres exercitations furent différentes. Car les unes étaient lentes, & les autres robustes & légères tout ensemble. La robuste, de laquelle les Grecs s'exercitoyent violemment sans célérité, fut par eux nommée (*), & la violente (*). La bonne façon était de monter par une corde à force de bras & de telle entraînements étaient donnés aux jeunes enfants par ceux qui voulaient les préparer à la force. Car il est certain, si l'on monte par une corde à force de bras, que c'est un robuste, & valide exercitation, outre toutefois la célérité : & si est meilleure celle, qui se faisait en jetant

E    3                                                      les

* Termes en grecques non établit.

Verso de la feuille 19
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les Altères, ou bien de tenir en un lieu le pied ferme, & à la main une pomme qui ne se puisse ôter comme le faisait Milon de Crotone, pour montrer une grande ostentation de force. Et Sostratos de Sicyone, Athlete Pancratiaste, était si fort, que Pausanias récite qu'il fut surnommé Acrochersites parce qu'en prenant son adversaire avec les mains, il le froissait de telle sorte, qu'avant que de le laisser, il le contraignait à mourir. Au contraire, les exercitations légères étaient sans force & violence, comme (*) & (*) : dont (*) se faisait en marchant sur le bout des pieds & remuant continuellement les mains, l'une par devant en haut, & l'autre par derriere en bas, & (*), quand en la sixième partie d'un Stade appelée (*), on courait s'avançant & reculant alternativement sans se tourner ça ni là, à chaque course on gagnait quelque avancement jusqu'à ce qu'on fut venu au bout. La Pile ou la Paume utilisaient la petite Bale, l'Harpastum est la grosse Bale, ou Pelote et la Sciamachie qui est un combat umbratile, que nous disons le jeu de l'escrime, lequel les Lanistes & Maitres-d'épée montrent & enseignent aujourd'hui par tout le monde) & le Phenis étaient toutes exercitations légères desquelles a parlé Galien, au second livre, qu'il a fait pour garder la bonne santé. Le jeu de Phenis était (comme dit Alexandrinus), quand celui qui tenait une balle faisait semblant de la jeter à celui de ses compagnons qui le regardait, toutefois, il la jetait à un autre, & fut ce jeux nommé Phenis du nom de l'inventeur qui était nommé Phenestius) ou bien (*) : qui signifie décevoir, parce que ce jeu n'était autre chose que de tromper son compagnon. Les exercises qui étaient composées, comme nous avons dit de la robuste & de la légère, était jeter le Disque ( qui est une

* Termes en grecques non établit.

Recto de la feuille 20
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grosse pierre ronde & percés au milieu) sauter sans se reposer, & jeter incessamment une grosse barre de fer. Si  ceux qui s'exerçaient ainsi se reposaient, cela faisait la différence de l'exercitation continuelle à l'interposée qui nous fait connaître la variété de ces exercices qui servaient les uns pour les os, comme la course : (*), & la sciamachie pour les bras & les mains. Ceux, qui demandaient l'exercitation du corps, faisaient mettre les Altères devant eux l'espace d'une aune. Ils se tenaient au milieu sans remuer les pieds d'une place, en pliant le corps ils les dressaient, pour les mettre l'une en la place de l'autre & par ce moyen ils exerçaient tout le corps avec ces mouvements qui furent tous introduits & trouvés des Grecs pour entretenir leur bonne santé. Les gens de lettres s'entraînaient à lire à haute voix[6] ce que les Latins ont nommé affa voce. Pittacus, Roi des Mytiléniens, avait une étrange façon de s'exercer qui était de tourner une meule & tel exercice il trouvait bon pour sa santé. Les autres tiraient de l'eau, & portaient & coupaient du bois, ce que j'ai vu faire souvente fois à l'un des plus doctes homme de notre Europe. Il ne se trouve chose qui tant entretienne la bonne santé que l'exercitation. C'est le vrai bain que le labeur, qui ne passe point la sueur, car le labeur trop grand est mauvais. Par-quoi suffit à plusieurs personnes la promenade, aller doucement à pied depuis la ville jusqu'aux champs.
Pour satisfaire aux Lecteurs je me suis mis au devoir de mettre par écrit les entraînements Gymniques desquelles usèrent les Grecs, car les Romains eurent autres jeux pour passer le temps comme les
Circeses, le jeu de Troye (que nous appelons le tournoi) &, pour l'exercitations, Portiques & Déambulations, pour se promener. Aussi sans

* Termes en grecques non établit.

Verso de la feuille 21
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difficulté il n'est choses au monde, qui tant maintienne & garde le corps. Celse nous enseigne faire de l'exercice avant de manger, et que celui qui moins a travaillé, doit d'autant plus s'entraîner, au contraire  de l'homme qui est las & fâché, doit faire moindre, & le prendre plus gracieusement. Car, pour commodément s'exerciter, lire haut, manier les armes, jouer à la paume, courir, se promener, & plutôt sous le soleil qu'à l'ombre, sont toutes choses qui gardent la bonne santé que les Philosophes ont estimé entre la félicité & bien divin. Ledit Celse écrit que l'homme qui est sain, & qui porte bien, & qui vit en liberté, ne doit point obliger sa vie aux lois  des Médecins. Il est nécessaire qu'il prenne une différente façon de vivre, une fois demeurant aux champs, l'autre à la ville, à la campagne, aller par eau à la chasse, se reposer quelque fois, mais le plus souvent s'exerciter. Car il ne se trouve chose, qui tant rend hébété le corps que la paresse, qui hate la vieillesse alors que le labeur rend la longue jeunesse. Il profite encore de ne fuir point la diversité des viandes desquelles le peuple mange. Il convient se trouver aux festins & d'autres fois s'en retirer & manger deux fois le jour plus tôt qu'une, bien que Cicéron, aux Questions Tusculanes, écrit que Platon voulait reprendre la vie des  Italiens parce qu'ils mangeaient deux fois le jour, ce qui est contre l'opinion du-dit Celse qui dit que le plus salutaire est de largement diner, & souper sobrement, &, de la meilleure opinion, il s'en faut rapporter aux Physiciens & Médecins.

Fin des Bains & antiques exercitations.

 [2]

[1] Xenophon à écrit "La République des Lacédémoniens" dans laquelle il aborde "le mythe de Lycurgue"
[2]
[3] Nous n'avons pas défini le sens de ce mot. Il ne semble pas correspondre au mètre qui n'était pas en vigueur au 16em siècle lorsque ce livre fut écrit.
[4] En fait il s'agit de la pouzzolane déjà connue de Vitruve comme liant au mortier romain et pour sa résistance à l'eau. Le terme « pouzzolane » vient de la ville italienne de Pouzzoles, encore parfois appelée Putéoles, riche en sable volcanique, situé au pied du Vésuve au nord du golfe de Naples.
[6]

[*] G. du Choul nous parle d'un certain M. Agrippe que je ne suis pas parvenu encore à identifier.
[**] Je n'ai pas encore identifié exactement de quel Alexandrinus il s'agit.
[***] Du Choul utilise le terme de "chores". Nous pensons qu'il s'agit de chaire. Corps s'écrivant pareil en vieux et nouveau français.
Au vue de la construction de la phrase, je pense qu'il est plus juste de dire "Les gens de lettres s'entraînaient en lisant à haute voix" sans quoi je ne saisi par trop le lien qu'il y aurait entre récitation et entraînement.
 

 


 

 

 

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