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CV de Pehr Henrik Ling
: né le 15
novembre 1776 (1777, Georgii p.
5)
au presbytère de la paroisse
de Ljunga, dans le Smaland en Suède,
il décède le 3 mai 1839 à l'âge
de 62 ans. Il est considéré comme
« le père de la gymnastique suédoise
» de laquelle s'inspire « le massage
suédois. » Il sera nommé
par le Roi Bernadotte Professeur et
Chevalier de l'ordre de l'Etoile du Nord. |
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Pehr
Henrik Ling commence sa carrière comme Maître d'Armes,
c'est-à-dire escrimeur avec tout ce que cela suppose en terme
de prise de positions corporelles et de maîtrise du mouvement.
Dès la fin de ses études en 1797 il entreprend un
périple de sept ans qui le mènera à Danemark
où il étudie et enseigne les langues modernes à
l'Université de Copenhague . Sur le bateau, il rencontrera Ming,
un chinois passionné d'arts martiaux et de Tuina
avec lequel il développera une complicité qui ne restera
pas sans influences sur ses techniques de combats et de gymnastique.
Ming le suivra en Allemagne, à Paris, en Angleterre où
ils se sépareront mais ses capacités d'athlète
et de gymnaste le feront remarquer.
Désargenté,
il rentre en Suède en 1804 pour intégrer
quelques mois plus tard l'université d'Upsala
comme
Maître d'Armes et alors qu'il souffre d'une paralysie rhumatismale au bras, il met à profit
ses connaissances et développe des manipulations et des mouvements
qu'il pratique quotidiennement. Constatant l'efficacité de
sa méthode, il décide de la faire reconnaître
en suivant le cursus de formation de médecin. Dally dans Cinésiologie de 1857 ,
cite Ling à plusieurs reprises et lui réserve un chapitre
page 141/156 dans lequel il dit "Deux émigrés
français avaient ouvert à Copenhague une salle
d'escrime. Ling,
qui étudiait alors à l'université de cette
ville, fut un de leurs élèves les plus assidus ; c'était
en 1804."
Pehr
Henrik Ling
se passionne pour la mythologie nordique qui partage avec la culture
germaniques cet attrait pour le corps et ce sont sans doute les
travaux du Révérent Père Amiot,
avec la publication en 15 volumes de : Mémoire concernant
l'histoire, les sciences, les Arts, les moeurs, les usages des Chinois
(par les missionnaires de Pékin), Paris, 1776-1789, qui vont
le décider à reprendre à son compte les cinq
planches du tome IV parues en 1779 ,
disponibles au CFDRM et illustrant les exercices préconisés
au chapitre "Notice du Cong-Fou
des Bonzes Tao-sée"
pages 441/451. Remaniées, il en fera la base
de son enseignement gymnastique mais ses influences seront nombreuses
comme ce passage de Dally, page
149 où il dit "L'idée
suédoise est née au contact de l'idée française.
L'art de l'escrime, qui faisait partie de la gymnastique militaire
des anciens, et dont la noblesse en France conservait fidèlement
les belles traditions, était fondé sur des règles
qui expliquaient avec précision quels et quels muscles sont
mis en jeu dans la pose, dans le mouvement, dans son point de départ
et dans son point d'arrêt, pour produire tel ou tel effet
déterminé, soit l'attaque, soit la défense.
Or, c'est le principe même de ces règles que Ling appliqua
à chaque organe en particulier et à l'organisme vivant."

Pehr Henrik
Ling
ne dispose d'aucun écrit connu sur le massage comme
sur la gymnastique, il se contentera de proposer ses propres planches
pratiques reprenant parfois fidèlement celle de l'édition
d'Amiot sans jamais citer
ses sources. C'est cet oubli qui sera le plus mis en avant,
pourtant, certains lui reprochèrent aussi d'avoir récupéré
les travaux d'un certain Nachtigall
(1777-1847) élève de l'Allemand Guths-Muts,
fondateur de la méthode danoise. Dally nous dit dans Cinésiologie de 1857 ,
pages
141/142 "Il y avait alors un établissement
de [p.142] gymnastique annexé à l'École militaire
de Copenhague , dirigé par un homme distingué,
Nachtigall,
qui, depuis longtemps, essayait aussi de rappeler l'art dans les
voies de la vérité."
C'est Estradère
médecin consultant auprès de l'établissement
thermal de Bagnères-de-Luchon avec Du massage – son histoire
ses manipulations publié en 1863 "disponible au
CFDRM"
qui le premier dénonce cette appropriation, Dans cet ouvrage
(these), pages 44 et 45, Estradère se fait le pourfendeur
de la méthode suédoise ou plutôt de son soit-disant
inventeur, Pehr
Henrik Ling en rappelant les travaux du Révérent
Père Amiot publiés dans le tome IV
en 1779, s'inspirant des planches du chapitre V Notice
du Cong-Fou
des Bonzes Tao-sée" . "Je ne m'étendrai
pas d'avantage sur la gymnastique suédoise ; ce serait
sortir de mon sujet que de venir prouver ici que tous les mouvements
que Ling a indiqué sont décrits dans "Cong-Fou
des Tao-Séè". La gymnastique
à la maison à la chambre et au jardin suivant la méthode
suédoise de E. Angerstein – docteur en médecine – et
G. Ekler – professeur en gymnastique
sans oublier Georges
Berne, dans son livre Le Massage
de 1894 également disponible , page
13 : "Le système de Ling est
absolument semblable à celui des Tâo-Sse" et il
rajoute sans concession, "mais il est moins complet. Son mérite
est d'avoir remis en honneur une méthode thérapeutique
absolument abandonnée depuis des milliers de siècles."
le dénonce aussi. Ainsi, Ling n'a fait que remettre au goût du jour les exigences
d'un siècle en pleine ébullition en actualisant une
des plus anciennes techniques de mouvements thérapeutiques
en méthode de gymnastique dans laquelle le massage prendra
toute sa place. La "gymnastique médicale et orthopédique
suédoise" laissera progressivement la place au "massage
et gymnastique médicale suédoise".
En
1812 selon N.
Dally,
p. 143 "il s'adressa au ministre de l'instruction publique
de Suède, afin d'obtenir l'appui du gouvernement. On lui
répondit : Nous avons assez de jongleurs et de saltimbanques,
sans en mettre encore à la charge de l'Etat. Cependant
Ling insista et obtint enfin ce qu'il désirait : une ordonnance
royale créa, en 1813, l'Institut
central de gymnastique
de Stockholm." Ce sera le Roi de Suède, Bernadotte
, qui le nommera à la tête
de la direction de l'Institut royal de gymnastique de Stockholm
où il finit d'élaborer
sa méthode qu'il décomposera comme suit : - La
gymnastique pédagogique - La gymnastique militaire
- La gymnastique médicale - La gymnastique esthétique.
Il sera aussi nommé par le Roi, Professeur et Chevalier de
l'ordre de l'Étoile du Nord.
Le
rôle de Ling
reste tout de même considérable tant il s'est avéré
que son attrait pour ces mouvements d'un autre temps conservaient
tout leurs attraits et entraient en résonance avec les attentes
du bouillonnant 19ème siècle. Ce qui a probablement
été un déclencheur c'est cette décision
Royale qui lui donne les moyens de sa méthode comme nous
le décrit Dally p.143/144 avec les locaux mis à sa
disposition et la pratique qui se généralisera "dans
la maison des Orphelins, dans celle des Aliénés, dans
plusieurs hôpitaux et dans l'Armée." Une technique
découverte ou redécouverte ne change rien si personne
ne s'en empare et c'est ce que feront le Dr
Philippe
Tissié, qui passe abusivement pour être
le premier, en 1898, à l'avoir introduite en France, sous
oublier Amoros à Paris, Clian en suisse, Jahn à Berlin,
et tous les autres comme Hjalmar-Fredrik
son fils (1820-1886), ainsi que ses élèves Liedbeck,
Georgii,
Dally
et Massmann. Ce dernier publiera (P.H.
Ling Schriffen über Leibesübungen) sur la méthode
Ling à Magdebourg en1847, Georgii sera à
l'origine en 1845 de la kinésithérapie
qu'il formera à partir du massage
suédois, des pratiques des rebouteux, de l'électrothérapie
inventée par A.
Tripier en 1855 et la mécanothérapie créée
par le Dr Zander
en 1857. Il publiera Kinésithérapie,
ou traitement des maladies par le mouvement selon la méthode
de Ling Ed. Baillière, 1847 TDM . Mais la méthode suédoise reste
prioritairement de la gymnastique et c'est le Dr
Johan Georg Mezger
(1838-1909) qui proposera son "système de massage
suédois" en rassemblant autour de lui une base documentaire
afin d'isoler les techniques employées par le Dr Ling correspondant
aux pratiques de massage standard. Ces techniques du "massage
Suédois" étaient : l'Effleurage
(balayages
lents et glissés), "le Petrissage"
(pression et soulèvement des muscles), "les Frictions"
(Frottements en mouvements fermes, profonds et circulaires), "le
Tapotement" (mouvements de percussions à mains ouvertes,
ou fermées ou pressions alternatives légères),
la Vibration (secouer, ou faire
onduler/vibrer des muscles spécifiques) qui devaient s'appliquer
dans une approche considérant le patient dans son ensemble
approche kholiste.
Toujours Georges
Berne, dans son livre Le Massage nous propose un Tableau des différentes techniques
utilisables preuve de cette nécessité à
poser en Europe les constituants du massage.
Mezger
rétablit la filiation étroite avec les techniques
de massage chinois
(tuina) et sa philosophie.
Ling
exercera à l'Université de Lund (en 1886) en Suède,
puis à l'Ecole Militaire de Karlsberg de 1817 à
1825. Malgré les oppositions des tenants d'une médecine
plus conventionnelle, Ling est élu en 1831 à l'Académie
médicale suédoise et en 1835 à l'académie
suédoise , l'équivalent de l'Académie
française pour ses "mâles poésies".
Il meurt quatre ans plus tard le 3 mai 1839 à l'âge
de 62 ans peut-être des conséquences de la phthisie
pulmonaire dont-il souffrait. Il aurait étudié
les massages afin de guérir ses rhumatismes mais cela
reste à confirmer, car si la gymnastique lui fut effectivement
d'un grand secours et l'inspira dans sa méthode, nous avons
pas encore au CFDRM de textes concernant le massage.
"La
cinésie lui apparaissait comme
un instrument de l'éducation de l'homme, il lui supposait
pour but l'idée même de l'humanité ;
et aux connaissances anatomique et physiologiques, elle devait joindre
une philosophie de la nature, une connaissance philosophique de
l'homme et de l'univers." Dally, Cinésiologie Ed. Librairie Centrale des Sciences, de 1857 p.143.
Annexes
: Dally dans sa Cinésiologie Ed. Librairie Centrale des Sciences, de 1857
Page
129/130 nous restitue cette retranscription de bribes
de textes provenant de Monuments thérapeutiques et exercices
des Indiens par l'Athenœum
de Berlin (Vol. I, 4° partie, avril 1854) "Ce
que nous pouvons surtout remarquer, c'est la manière dont
les Indiens se préparent à ces combats, et qui rappelle
les mouvements isolée de la méthode curative de Ling ; (ajoutons : et Page
130 aussi ceux de la méthode
grecque dans la tripsis ou friction
préparatoire et dans l'apothérapie qui se faisant après chaque série d'exercices
et à la fin de l'exercice complet)."
"... je considère cependant les formes de
mouvements imaginées par Ling comme un complément
utile de notre arsenal thérapeutique." Berend p.
289 de la restitution de Dally qu'il tempère en note
de bas de page en disant "Qu'a donc fait Ling, en définitive
? Il a coordonné, d'une manière habile et savante,
les rapports que Frédéric
Hoffmann avait indiqué."
Communiqué du CFDRM : N'hésitez pas à nous communiquer
toute information susceptible d'alimenter ce dossier.
Bibliographie :
Pas de publications connues sur le massage. – Traité sur l'escrime à la baïonnette,
Stockholm, 1838 par Ling mais il aurait été écrit
en 1807, Dally dans sa Cinésiologie Ed. Librairie Centrale des Sciences, de 1857 pages
143, 145 et surtout 149 en parle et corrèle
escrime et gymnastique.
– Traité sur la gymnastique sans appareil, Stockholm,
1836 qui tous les deux seront publiés par ordre du roi
pour servir de règlement à l'armée et aux écoles
militaires.
– Traité sur les principes de la gymnastique, par
Ling à Upsal , 1834-1840 achevé après sa mort
Traité sur la gymnastique sans appareil, par Georgii
et Liedbeck.
– Traité sur les exercices
corporels, traduit du suédois par
Massman, Magdebourg, 1847, p. 79. Cité par Dally le cite dans sa Cinésiologie de 1857
pages 188 & 285, il l'appelle aussi (Les
exercices du corps) et nous en donne un
extrait issu de la page 64, voir p.
284.
Bibliographie associée
:
– Kinésithérapie, ou traitement des maladies
par le mouvement selon la méthode de Ling par Georgii Ed. Baillière, 1847 TDM .
Les
élèves recensés de Ling : Liedbeck, Georgii, Branting et Massman.
Auteurs ayant cité : Pehr Henrik Ling
Georges Berne Le
Massage,
p. 13
et probablement plus loin Estradère, Du massage de 1863 
Dally dans sa Cinésiologie Ed. Librairie Centrale des Sciences, de 1857 
Travaux numériques
Dico interne : Pehr
Henrik Ling
Classification
des massages Georges Berne
Le Massage de 1984 p. 13.
Version papier disponible :
Version numérique disponible : |
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