La
palette : instrument de bois large
et aplati comme la raquette de tennis de table qui en
porte encore aujourd'hui le nom. Il s'agit du diminutif
de pales comme celles de la roue d'un moulin. La palette
devient donc de petite pelle ou pelle à
feu dont l'usage c'est vite associé à
la punition ou à la flagellation.
Estradère,
dans sa thèse, Du massage de 1863
place la palette et autres férule
ou battoir
parmi "l'arsenal
du masseur".
Page 45 :
"La
pression s'exerce chez les uns, tantôt avec la
main à plat, tantôt avec le bord externe
de la main, tantôt avec une férule, une palette,
comme le dit Galien... "
Page 55 :
"L'arsenal des masseurs n'est pas compliqué,
car à peine s'il doit compter quelques instruments
d'un petit volume ; ce sont : la brosse,
le gant, la raclette ou strigil,
la roulette, la palette,
un faisceau
de branches, et accessoirement un corps gras."
Ici
il nous en donne la définition et la décrit.
Page 58 :
"5° Palette, la férule ou battoir . — La palette, que l'on nomme aussi férule,
tapette, battoir, est un instrument de 25
à 30 centimètres de longueur, terminé
à l'une de ses extrémité par un
manche, tandis que l'extrémité opposée
présente un disque de 7 à 10 centimètres
de longueur sur 6 à 7 centimètres
de largeur. Ce disque ovoïde,
terminé à l'une de ses extrémités
par un manche, sert à exercer la percussion sur
les parties très charnues.
Cette palette a été en usage par les
masseurs dès les temps les plus reculés.
Vraiment M. Sarlandières viendrait se déclarer l'auteur
du massage qu'il nomme par percussion, et qui consiste,
dans une certaine forme du massage des anciens, qu'à
remplacer le mot férule ou palette par le mot battoir, car cet instrument ne diffère
en rien de la palette des anciens dont je viens de donner
la description."
Quelques
lignes plus loin : "M. Sarlandières n'est nullement l'inventeur ni du
massage par percussion, ni de la palette que je lui laisserai nommer battoir,
bien que MM. Trousseau
et Pidoux
l'en déclarent."
Page 59 : "Je
ne citerai encore, à l'appui de mon assertion,
que des extraits de l'article Percussion
du Dictionnaire
des sciences médicales
, rédigé par Percy
et Laurent
en 1819, c'est-à-dire vingt-cinq ans avant que
M. Sarlandières n'ait rédigé son Traité du système
nerveux .
« Palette (instrument de percussion), palmula, ferula. — Nous donnons ce nom à une
espèce de spatule en forme de raquette, ayant
un long manche, épaisse seulement de 4 à
5 lignes et faite avec du bois blanc très léger.
L'usage de cet instrument est trop connu, et il nous
a paru important de fixer un moment l'attention des
médecins sur les avantages qu'on peut en tirer
dans un assez grand nombre de circonstances.
« L'emploi de la palette
rentre dans le domaine du massage et malheureusement
cet art n'existe pas en France, et il n'a encore trouvé
ni un maître, ni un apologiste
qui eussent pu l'y naturaliser.
« En attendant, nous allons indiquer
le parti que l'on peut tirer de notre palette et citer
quelques-uns des cas dans lesquels il convient d'y avoir
recours.
« Ce mode de percussion était
familier aux médecins de l'antiquité qui
probablement l'avaient emprunté à certains
aliptes ou orthopèdes dont le métier consistait à
corriger les vis de structure et de conformation chez
les adultes et chez les enfants, ou qui peut-être
l'avaient vu pratiquer dans les promalactérions, endroits particuliers où,
avant d'entrer au bain, on se soumettait à une
sorte de pétrissage tant avec les mains trempées
dans l'eau tiède ou dans un mélange d'eau
de sel, de nitre et d'huile (Celse)
qu'avec des battoirs de diverses formes et de différents
bois, lesquels n'étaient maniés que par
des personnes bien exercées et plus souvent par
des femmes, parce qu'elles ont la main plus douce et
plus légères, dit encore Celse... Galien
a recommandé l'emploi de la palette ou l'acte de la férulation
en plusieurs articles des oeuvres,..."
Page 60 : " ...les anciens, et les médecins
ne dédaignent pas de s'en servir ; c'étaient
ceux de cette classe qui usaient le plus fréquemment
de la Palette,
et l'on sait que Pline
les comparait vulgairement pour cette raison, aux maîtres
d'école : si pedagogis, medicis etiam ferulæ.
Il y avait dans les principales villes
un établissement appelé [mot grec],
où les esclaves
à vendre et ayant quelque difformité trop
apparente, étaient envoyés, aux frais
du maître, pour y subir des épreuves capables
de tromper les acheteurs, ou pour y acquérir
réellement les formes et les agréments
qui leur manquaient. C'est là surtout que la
palette était usitée... Quelques
femmes allaient, mais bien secrètement, chercher
de la fraîcheur et de l'embonpoint dans ces lieux
ordinairement mal famés, et leur mollesse cédant
à la vanité, se prêtait aux coups
de palette qu'il fallait y endurer. Tantôt
c'étaient des fesses plates dont elles voulaient
à toute force faire cesser la défectueuse
dépression ; tantôt c'étaient des
hanches rentrantes ou ravalées,
comme disent nos hippiatres,
qu'il fallait a tout prix rendre saillantes et évasées
: alors la palette allait grand train, et son exercice
n'était interrompu que par la palpation, la contrectation
et toutes les ressources manuelles de la psellaphie, mot
que nous désirerions voir adopter pour exprimer
élégamment ce qu'on y appelle lourdement
et grossièrement le massage,
le massement.
Des hommes usés par les excès
se rendaient, avec les mêmes précautions,
dans ces maisons...
Les Arabes,
héritiers des préceptes de l'ancienne
médecine, ne négligèrent pas celui
de la palette...
Le proverbe, se
battre les flancs, vient
de l'usage où l'on fut autrefois d'exercer, soit
avec les mains, soit avec une pièce de cuir épais,
soit avec une palette quelconque, des percussions en tous
sens sur les hypochondres,
dans les engouements du foie et de la rate. »
Suit l'énumération d'une
foule d'affection dans lesquelles la palette a fait merveilles. Dans certaines
dyspepsies, ils conseillent la percussion avec
une palette modifiée..."
Là
notre palette
peut se faire beaucoup plus sexy et s'habiller comme
Page 61 : "Dans
d'autres circonstances, « la Palette doit le céder à la vessie
enflée, quoique entre les mains d'un homme sage,
qui en userait avec sobriété et précaution,
et qui, au besoin, la couvrirait d'une enveloppe de
peau de satin ou de velours très fin, elle puisse
rivaliser avantageusement avec elle."
Page 62 : Ici nous avons
un travail sur la texture qui recouvre la palette en
fonction de son utilisation. "«
Je fis, à cet effet, confectionner des battoirs
élastiques dont la palette circulaire, de 4 pouces de diamètre,
est adaptée à un manche de 10 pouces de
longueur. Les palette, rembourrées de crin, sont
couvertes de flanelle pour les percussions à
sec, et de feutre ou de caoutchouc pour les percussions
au milieu de la vapeur aqueuse. »
Je laisse le lecteur comparer les deux
textes que je viens de reproduire, et je suis convaincu
qu'il sera de mon avis.
Dans l'article de M. Sarlandières, il est question d'une palette
couverte de caoutchouc. Les anciens ne pouvaient faire
les palettes recouvertes de cette substance qu'ils
ne connaissaient pas, mais ils y suppléaient
par la palette faite avec une vessie enflée.
Quant à la palette recouverte de laine, ou de crin et
de feutre, elle était également connue
des anciens."
Page 70 : Parlant de la
percussion Estradère nous dit : « Elle
s'exerce à l'aide de la main seule, ou bien à
l'aide d'un instrument, tel que la Palette, le Gant,
un linge mouillé, des verges,
etc. [...]
Les modes de percussion sont nombreux,
tels sont : la hachure, le claquement, les vibrations
pointées ou pointillage, les vibrations profondes,
la percussion à poing fermé, enfin le
percussion avec la palette ou tout autre instrument, ce qui comprend
la flagellation. »
Page 71 : Estradère poursuit : « e. Percussion proprement dite. — On se sert communément d'une
ou deux Palettes
avec lesquelles on frappe alternativement avec une rapidité
et une intensité plus ou moins forte.
»
Page 78 : la palette intervient
ici pour le massage du bras : « ensuite il fait, sur toutes ces parties,
[...] la percussion proprement dite, soit avec le poing,
soit avec la palette,... »
Page 79 : la palette
est de nouveau mentionnée dans un descriptif
pour le Massage du membre pelvien.
Page 80 : la palette
est de nouveau mentionnée dans un descriptif
pour le massage de la jambe et du genou.
Page 81 : Même suite
descriptive : « On
pratique ensuite les diverses percussions, la hachure,
le claquement,
les vibrations pointées et profondes,
la percussion avec le poing fermé ou avec
la palette,... »
Page 82 : idem pour le massage
du cou. « ...quelques
percussions
même assez fortes avec la palette,... »
Page 83 : idem pour le massage
du tronc. « ...la
percussion
avec le poing fermé
ou avec la palette, le gant,...
»
Page 103 : Estradère aborde
ici le massage des seins. « On peut également s'aider du
claquement
modéré,
de la percussion avec la palette rembourrée, ou de tout autre
instrument dont la pression et la percussion serait
très douces.
La palette ou battoir en caoutchouc de M. Sarlandières est ici d'une utilité aussi
grande que l'instrument des anciens, que les masseurs
ne connaissent plus, et qui consistait en un manche
à l'extrémité duquel on avait fixé
une vessie remplie d'air. »
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