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Page créée le : vendredi 18 janvier 2013
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Chronique n°1

Vie Parisienne, la place du massage dans la sexualité.

 

Par Alain Cabello-Mosnier.
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CFDRM
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Rédigé à Paris le : jeudi 17 janvier 2013

Revue : La vie Parisienne ou le challenge d'un masseur.

Mais qu'est-ce qui fait qu'un masseur dirigeant un des rares instituts de massage de relaxation à Paris qui soit tenu par un professionnel masculin qui de plus est chercheur en massage, puisse accepter de paraître dans la revue la Vie parisienne sans être happé à cette thématique des corps sur papier ?

Car enfin, le Massage-Français fait tout pour se dissocier de la sexualité, (ce n'est pas du tantrique), la Vie parisienne fait du sexe son sujet ; je suis un ayatollah du massage et mon éthique au quotidien est monastique alors que beaucoup ne voit dans le massage que son versant érotissant que je comprends mais je remarque à peine ; l'Institut alain cabello dispense un Massage-Français de très grande qualité pouvant aller jusqu'à 6h d'affilée sur la même personne, la revue dans laquelle je pourrais m'exprimer devrait donc nécessairement être de contenu...
Et pourtant, j'adore l'idée de m'adresser aux lecteur(rice)s de la Vie parisienne, mais pourquoi ? La détestation viscérale de la hiérarchisation des genres par la sexualité. Et puis, le diocèse de Paris a bien installé une Chapelle Sainte Rita dans le quartier de Pigalle, c'est bien parce que les gens qu'il y trouve valent mieux que l'image qu'on en a ...

Ceux qui y touchent et ceux qui n'y toucheraient pas !

La question liminaire qu'il faudrait se poser c'est, « Un lectorat abonné à une revue à contenu sexuel est-il pour autant addict à la sexualité ? » Je considère que si c'est l'espèce qui explore à sa façon les possibilités de la reproduction, c'est bien la nature-même du vivant et de ses stratégies de duplication qui fait du sexe sous toutes ses formes une addiction. En un mot, c'est le vivant le responsable, pas l'espèce. Pourquoi persiste-t-on à ne voir le sexe que dans les supports qui nous rassure de voir ? Pas un seul interstice de la vie ne dispose pas d'une part d'exhibition permanente de la sexualité, la mode, l'art du maquillage, les boites de nuits, la chaleur de la peau, les odeurs...
Posons maintenant la question à l'envers.
Un lectorat abonné à une revue « sans contenu sexuel » est-il pour autant sans sexualité ? Y pense-t-il moins que ceux ou celles lisant la Vie parisienne ? Et surtout, ce dernier, lecteur ou lectrice scoptophile (voyeur) ne lirait-il donc que cela ? Des absorbeurs sans discontinue de sexe ?

On voit bien que c'est par trop binaire pour être vrai. Simone de Beauvoir disait du manichéisme, dans Le deuxième sexe Ed. Gallimard 1949, tome 2 Fiche technique, page 490 "Le manichéisme rassure l'esprit en supprimant l'angoisse du choix..."
Ne pas choisir, voilà le rêve contrôlé de la stabilité du vivant devenant le cauchemar de celui ou de celle qui veut que sa vie lui appartienne le plus possible.
Je pense vraiment que ce que le cerveau prend est valable quel que soit le support. Un avis reste un contenu.
Ne pas écrire dans la
Vie parisienne à cause de ce qu'elle est « revient à ne pas la lire pour ce qu'elle n'est pas », une diseuse de contenu dont l'objet serait contraire à ce que l'esprit nous suggère ou plutôt ce qu'on souhaite lui suggérer pour des raisons de convenances sociale.
C'est la permanente dichotomie qui existe et que je rencontre dans mon travail de masseur intervenant sur des corps nus lors de ce Massage-Français globaliste dans lequel le sexe et l'anus peuvent être massés, c'est-à-dire le moment de séparation entre le pulsionnel qui exige assouvissement et le cérébral qui mesure, coordonne et oriente la raison raisonnable. Toute construction sociale implique des montages comportementaux qui aboutissent à des contraintes de groupe. La pulsion dit « je veux tout, tout de suite et maintenant » et le cerveau partenaire de cet ensemble humain lui répond « Oui, mais attention aux conséquences. ». La sexualité est une inter-réfraction de soi entre le perçu et l'admis.
Plus l'espèce se complexifie, plus elle doit faire d'allées et venues entre les trois cerveaux qui se superposent dans un crâne humain, le reptilien, ancêtre de l'ère où nous étions des reptiles, le mammalien qui est celui des mammifères et le néo-cortex qui constituent la dernière couche de l'encéphale organisé chez l'homo sapiens sapiens. La pulsion se doit de communiquer avec la raison qui elle-même se doit d'écouter ses instincts.

Qu'elle serait donc la conséquence d'écrire ou de lire une revue abordant le sexe dans ses pages ? Pauvreté de la nature ou du lecteur ? Et si la Vie parisienne faisait anthropologiquement partie intégrante d'un système plus grand qui serait la résultante de la place de la sexualité aujourd'hui chez l'homme, à ce stade de son évolution sociale ? Où est mon corps ? Que faire avec la sexualité, la mienne et celle des autres ? Jusqu'où aller et pourquoi ? Bingo, c'est exactement l'objet de mes recherches en tant que masseur.

J'écris dans une revue qui affiche la couleur sur un métier, « masseur », et les diverses techniques ou pratique « massages » qui demandent que soit établit leur spectre des couleurs de la sexualité que l'on rencontre lors d'une séance.
Le massage implique une intéraction entre deux personnes et un mécanisme économique qui le comptabilise.
Il n'y a pas de raison d'avoir peur d'un format qui pose la question du corps lorsque l'on en fait son métier et ce, quel que soit l'aboutissement.

Le toucher est un proto-massage, ainsi, tout ce qui passe par lui en devient invariablement un.

Le toucher est un proto-massage, ainsi, tout ce qui passe par lui en devient invariablement un. C'est juste son élaboration qui change. C'est ce que je cherche à faire comprendre à chacun d'entre-nous et particulièrement aux praticien(ne)s du massage au sein de ce Centre de recherche sur les massage sur lequel je travaille. Il n'y a plus de raison de séparer les professionnel(le)s du sexe, engeance annoncée de la profession, des masseur(se)s établit, eux-mêmes distingués entre ceux exerçant à domicile ou chez eux de ceux installés en institut comme moi mais immédiatement disqualifiés par les kinésithérapeutes dont la profession s'est abusivement octroyée le terme de massage et de masseur. Un anulingus, une caresse contiennent autant de matière massante que des années de formation en shiatsu, c'est juste le prisme qui change et dont la multiplicité des facettes décuples les possibilités de perceptions. Pour être masseur il suffit juste d'être vivant et d'aimer toucher l'autre, la différenciation des genres se fera par la spécificité de ce toucher et non par la stigmatisation des pratiques.
En horizontalisant les pouvoirs, en abandonnant la pyramide des échanges pour celle du dialogue avec les corps par le corps s'établit ainsi la dialectique du vivant.

Par exemple en Massage-Français organique nous massons tout, le sexe est travaillé par acupression, le sphincter anal sera massé par l'introduction de la première phalange afin de mettre la génitalité des formes à égale distance des organes. Vous vous rappelez que dans mon premier papier, je vous parlais de la nécessité de ne pas réduire le sexe à sa fonction génitale ou urinaire sans quoi nous serions dans une sorte de posture anti-corporelle ? Ca ne signifie pas que l'amour, le sexe, affectif ou prostitutionnel soient la négation de l'autre, ils cohabitent en chacun d'entre-nous sous la forme que la conscience, l'éducation et/ou la culture veulent bien nous les proposer mais en Massage-Français, la valeur sera celle de la conductivité des organes. Si la Révolution française a fait de nous des hommes devenus des citoyens libres et égaux en droit, alors notre corps doit à son tour entamer sa mue et exiger l'égalité des organes au bénéfice du corps comme du massage.

La sur-représentation du pénis-monarque comme omniprésent, omniscient et omnipotent est un marqueur inconscient de la position de tel organe par rapport à tel autre sur le corps tout en révélant ses déséqulibres. Le corps n'a pas de centre et le sexe ne peut être son axe.

Le corps nu couché dans la sexualité tel que le propose la Vie Parisienne est le même que celui qui s'exprime en massage. Des gens sont nus, massé(e)s des heures et la finalité est à 98% la même alors-même que je ne la pratique pas. Je m'explique. Le corps a ses propres exigences que l'éducation complique mais qu'une séance re-libère. Quelle que soit la finalité du massage, prostitutionnelle ou se suffisant de sa seule technique rencontre l'invariable mécanique du désir. L'homme ou la femme qui s'ouvre sous les d'un tiers détenteur supposé des règles sacrée de l'érotisme. Le Massage-Français déconstruit à chaque séance cette dynamique pour n'en retenir que l'implication politique, social du corps. C'est du féminisme et du masculinisme appliqué au massage.
Les gens se couchent devant moi mais moi je me lève devant eux, et leurs yeux refermés sur ces instants rares dans la vie d'un homme m'oblige descendre avec eux dans le pays de leur propre sensations. Masseurs ou masseuses sont des Arianes du voyage, des guides qui décident eux-même de la longueur du fil permettant à Thésée mythologique d'affronter le Minotaure gigantesque qui circule dans l'imagination de chacun. Le sexe fait peur autant qu'il fascine et peu d'entre-nous savent aller à sa rencontre sans détruire. L'art du massage c'est l'art d'être deux et de le rester en acceptant d'avoir comme ciel au-dessus de soi la présence bienveillante de l'autre, guide attentif de ce qu'en réalité je découvre avec lui. Je suis ton alter-égo, je suis ton masseur(se) d'un soir.

La Vie parisienne est un des yeux d'Argos parmi cent autres, un monde possible dans l'imaginaire de chacun(e). C'est une manière de chevaucher le corps, celui d'un homme, d'une femme, d'un(e) transexuel(le), d'un(e) homosexuel(le) en le donnant en pâture à d'autres dans les tentures papiers d'une revue. Et bien le massage est ici, dissimulé mais bien présent et c'est à cela que sert, un chercheur en massage au CFDRM de Paris.

Jeudi 17 janvier 2013
Cabello Alain