exemple de massage dans un contexte funéraire
à l'onguent de pierre divine
En cours de rédaction, ne pas lire.
Fig. 1 Photo dans le domaine public du recto
de la tablette MMA 55.144.1.
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : jeudi 28 janvier 2021
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Présentation
Une nouvelle fois je vous propose dans
le cadre d'un travail bien plus général
une page d'étude qui ne saurait être définitive sur
la présence du massage dans la tablette hiéroglyphique
(MMA 55.144.1) Ier
siècle av. È.-C..
et le IIe
ap. È.-C.
(332–30).
Il s'agit d'un matériel funéraire
issu de la tombe de Horpaa, prêtre à Hermopolis
et fils de Djehutyhor.
Je le répète, cette démarche
n'a pas de ni scientifique, ni égyptologique
et n'a de valeur que pour la systhématique qu'elle
constitue visant à lister consciencieusement
ce qui peut l'être en terme de masso-contenu restituable.
Dans le cas présent c'est le principe
d'application d'un onguent qui m'a interpellé puisqu'il n'est
guère possible de s'attendre à avoir à
travers toutes l'Égypte ancienne le descriptif exhaustif
d'un massage clairement constitué (il en manque
toujours un morceau), donc nous en sommes réduit
à continuellement re-suivre le fil des noms masso-compatibles
en provenance de divers supports égyptologiques
identifiables. Dans cet exemple ci, je suis parti de
la mention d'un onguent qui m'a d'autant plus intéressé
qu'il se présentait dans un contexte mythologico-funéraire lui-même objet de pratiques
divines se livrant à la fois à des manipulations
techniques, des utilisations d'enduits, des applications
graisseuses susceptibles de dégager un massage,
soit-il peu conventionnel.
La source
François
René Herbin est égyptologue, auteur d'une
thèse en 1991 qui portait sur Le livre de
vivre tout au long de l'éternité - transcription,
traduction et commentaire du pap. Leyde t 32 et des
versions parallèles ,
puis il sera chargé de recherche au CNRS en 2002.
Pour ce présent article je m'appuie sur La
tablette hiéroglyphique MMA 55.144
en 2012 dont la disponibilité en ligne aura facilité
cette initiative donc qu'il en soit chaleureusement
remercié. Bien-sûr je fais toujours
appelle à Richard-Alain Jean
pour vérifier certaines de mes allégations
et m'assurer de leur pertinence.
François
René Herbin présentait son ouvrage comme
suit :
"Étude
de la tablette en calcite MMA 55.144.1, portant sur
chacune de ses faces neuf lignes d’un texte religieux
écrit en caractères hiéroglyphiques.
Elle est au nom d’un certain Hor-p(a)-âa fils
de Djehouty-her, qui occupait comme son père
d’éminentes fonctions dans le clergé de
Thot à Hermopolis, probablement à l’époque
ptolémaïque. L’un comme l’autre sont inconnus
par ailleurs dans la documentation locale. L’originalité
de l’inscription, qui intègre quelques extraits
du Livre de parcourir l’éternité,
réside dans la manière dont est traitée
la relation entre le défunt et Osiris, en associant
étroitement le titulaire de la tablette aux rites
de renaissance du dieu au mois de Khoiak."
C'est
donc à partir de cette publication que je peux
à mon tour avancer ma modeste pièce sur
l'échiquier archimorphe de cette histoire passée
faite de rois, de dames, de fous.
Évidemment, François René Herbin
ne pouvait pas y voir l'objet de toutes mes obsessions
mais après tout, qui s'intéresse au massage
à ce niveau ? Et pourtant, nous y trouvons mention
d'onguent
ou plus précisément de pierre
d'onguent...
La
tablette MMA 55.144.1
MMA c'est l'abréviation de Metropolitan
Museum Art de New York (département d'égyptologie)
et 55.144.1, du
numéro de collection correspondant à cette
mini table de calcite. Elle mesure 24cm de long,
2,5 de large et 0,8 avec un large trou sur le côté
à des fins de suspension. Son sens de lecture
va de gauche à droite sur neuf lignes gravées,
niellées noir et séparées à
l'ocre rouge de chaque côté. Son sujet
est une suite de formules funéraires sur le recto
et de résurrection par le massage sur
le verso.
Elle fut rédigée à l'intention
du scribe Horpaa "Hor-p(a)-âa (r-p()-) (Harpôs) fils
de Djehouty-her (Dwty-hr) présenté ici avec ses titres
sacerdotaux associés à Thoth d'Hermpolis
. Il était le fils de Djehutyhor qui
avait également d'importantes fonctions sacerdotales
à Hermopolis. Le texte montre une séquence
de courtes phrases religieuses, dont certaines sont
extraites du Livre dit de Traversing
Eternity.
Drioton
en avait proposé une traduction qui s'est avérée
semble-t-il par trop sommaire et assez largement erronée
à l’antiquaire Abemayor en 1939 avant qu'elle
ne gagne le MET
en 1955 par le biais de la fondation Rogers. La provenance
déclarée est inconnue, mais les titres
qu’on y lit rendent très probable une origine
hermopolitaine. Quant à la date possible de sa
rédaction, les indices paléographiques
que l'on trouve permettent de la situer à l’époque
ptolémaïque, voire à l’époque
romaine, entre le Ier siècle av. È.-C.. et le IIe
ap. È.-C. (332–30),
sans qu’on puisse, en l’absence de tout autre critère,
fournir plus de précision.
Masso-contenu
du verso
Fig. 2 Photo dans le domaine public du verso
de la tablette MMA 55.144.1.
Les
réflexions que je vous propose sont toutes tirées
de la lecture et des traductions que François
René Herbin nous donne du verso de cette tablette
hiéroglyphique MMA 55.144
présentée ci-dessus. Avant de commencer
il faut savoir que c'est la seule tablette que le CFDRM
ait pu marquer du sceau du massage, fut-il funeste,
en effet, si l'artéfact
nous intéresse ce n'est que parce que
son dos dispose d'un masso-contenu thanato-morbide
d'intérêt. Commençons
par le sujet de ce côté-ci de l'objet,
au verso. Il s'agit d'une scène funéraire
où le recto semble plutôt dédié
au mort pris comme un Osiris et
le verso aux différentes interventions des dieux
nécessaires pour que le défunt retrouve
vie dans l'au-delà par divers procédés
dont la friction ou tout du moins, par le passage d'une préparation
sur le corps décédé.
Nous sommes donc dans une dynamique funéraire
où le mort se voit placé dans une nature
osirienne recevant comme le dieu les attributs et visites
de différents autorités divines. C’est
d’abord le don de Routy (divinité léonine du
panthéon égyptien associée au lion),
le « double lion », du souffle de vie, ayant
pour conséquence de rendre au mort une énergie
sous la forme d'un taureau
rajeuni. (On sait d'ailleurs que dans le pLouvre
E 32847,
tel qu'étudié par Thierry Bardinet, Ed.
Khéops et musée du Louvre, Paris, 2018
TDM p. 65
la graisse de taureau est utilisée sous Amenhotep II 1424-1398 av. È.-C.) dans diverses
masso-applications.) Vient ensuite
l’évocation du réveil du dieu ou de son
avatar Horpaa
sur son lit duquel il voit des déesses-Chepeset
; les « belles Renenet » qui l’adorent
en jouant du sistre. Puisqu'elles participent du réveil
d’Osiris, elles ne peuvent être que convoquées
pour celui du défunt supposé suivre le
même chemin.
Horpaa est
allongé sur son lit d’apparat (nmt) et là les
détails du rite nous sont communiqués.
Il s'agit de protéger le corps de l'homme t mais
aussi celui de sa momie "le mouvement et la
parole lui sont dès lors acquises par le recouvrement
de ses facultés physiques (l.2-3), et rajeuni
par la restitution de ces fonctions fondamentales, sa
vie est « renouvelée »"
Parmi les innombrables actes apotropaïques distribués
par incantations, amulettes, textes, prières
indispensables, nous avons l'intervention des dieux
et c'est celles de la déesse-vache
dite Ahet-ouret,
mère du soleil.
Plus
factuellement l'inscription du verso de la tablette
que nous passons en revue dit : « Ihet-ouret,
mère de Rê, elle te pare de son vêtement
et nourrit ton corps ; elle te place sur ses cuisses,
et ton corps est pourvu de l’onguent
de pierre divine. ».
Elle
s'approche donc du mort traité à la manière
d'un véritable Osiris, le pare (smn),
le nourrit (rr), le place sur ses cuisses et pourvoit son
corps de l’onguent-'t-nr destiné à
le régénérer. Donc déjà
là on ne peut s'empêcher de retenir l'aspect
maternel du soin. Déesse-vache, primordiale,
à mamelles, qui prend le mort sur les genoux, le répare,
le réveille, le nourrit et surtout, le masse.
Cette
déesse est une "vache", ce qui replace
l'Homme dans une continuité animale à
laquelle il se soumet. Ce Panthéon égyptien
est riche de personnages à têtes ou à
corps de diverses espèces et là, c'est
une déesse-vache qui devient masseuse,
qui place sur ses cuisses l'homme qu'elle doit oindre
(= masser) en faisant pénétrer
(= masser) cet
onguent de pierre divine
dans la peau d'un Osiris par destination. Le corollaire
de cela suppose qu'en nous plaçant sur un autre
plan plus symbolique, mystique, nous observons l'accomplissement
d'un massage
de déesse fait sur un dieu, dans un contexte
mortuaire (Massage thanato-morbide),
mais aussi de résurrection après la mort
puisqu'il rétablit l'apparence du vivant, en
tout cas, de ce côté-ci de l'au-delà
(Massage réverso-thanatique).
On peut d'ailleurs se demander dans quelle proportion
le massage des morts auxquels procèdent
encore quelques pays africains pourrait trouver une
lointaine affiliation avec l'Égypte ? Plus généralement,
l'autre sujet plus vaste encore qu'il nous faudrait
traiter et sur lequel nous commençons à
collecter des données, c'est quelle est la place
du massage dans le funéraire couvrant
toutes les différentes strates de l'embaumement,
allant du traitement du corps lui-même par la
friction,
l'imprégnation,
jusqu'à ses représentations et ses continuités,
cercueil à sa mesure, fait pour lui, à
sa taille, et la statuaire que l'on continue parfois
à enduire
d'huile régulièrement comme un culte rendu
au défunt ou aux dieux qui l'entourent.
Là,
Ahet masse Horpaa dans la
mort. Elle l'entoure de ses soins ; toucher,
caresser, indirectement c'est déjà
masser mais là elle ajoute un onguent intermédiaire
qu'elle passe sur le corps mort de Horpaa qui se formule
alors comme une sorte de Pietà égyptienne
perpétuellement rejouée à l'antique.
La question qui se pose à chaque fois c'est quel
est l'élément du rituel qui permet la
bascule entre massage et non massage ou
quels sont de ces éléments qui, combinés
entre eux, activent le massage ou l'empêche,
le stop ou lui permet de redémarrer ? Donc
il faudrait se poser la question de ce qui formule le
massage, est-ce que c'est le toucher, le mouvement,
l'intention, le produit utilisé, son emploi ou
tous ensemble ? Idem pour les textures, plus un
corps gras, huileux, facilite le déplacement
de la main, annule les frottements,
plus il devient un facilitateur, un conducteur de toucher.
Par contre, plus il gagne en viscosité, se dirige
vers un état solide, et moins il devient malléable
et potentiellement massoïde.
Il colle, il poisse, il ralentit, il immobilise, l'esprit
du massage se dégrade pour ne conserver que
ce que l'immobilité concède puisqu'il
ne disparaît tout de même pas complètement
à mon sens complètement, restent les effets
de pressions
sur la zone que le geste couvre, où il c'est
arrêté par la perception
même de la chaleur de la main, le poids des matériaux
sur la peau, l'échange qui s'opère, même
dans l'immobilité, c'est encore du massage,
un massage suspensif, présentiel, résiduel.
Description
de l'onguent 't-nr
Ce
texte nous parle d'un onguent
de pierre divine mais qu'est-ce que c'est,
quelle en serait la préparation, la texture ?
François
René Herbin répond page 307 qu'il s'agit
d'un composé "de bitume
(mnnn), de divers aromates, d’or
et d’argent
ainsi que de six variétés de pierres
précieuses à l’état pulvérulent,
dont la recette se lit par deux fois au temple d’Edfou
1.
Lié à la momification, il est cité
principalement dans des contextes funéraires
ou rituels. Dans le cas présent, il symbolise,
probablement en rapport avec sa couleur noire, la régénération
du dieu. Une autre mention de ce produit se lit dans
la chapelle osirienne ouest n°1 à Dendara
,
où figure une procession de divinités
ayant fonction de suivre la renaissance d’Osiris lors
des rites de Khoiak ;
parmi elles, Neith de Saïs ,
en tant que « mère du dieu » (mwt-nr) s’adresse à
Osiris en des termes qui rappellent singulièrement
ceux de la tablette : « Je suis venue à
toi, je nourris ton corps, (je) te pare de vêtements,
et ta momie est pourvue de l’onguent de pierre divine
»."
1
Cf. par ex. Edfou II, 213, 1 : «
L’onguent de pierre divine est pour décorer
tes bandelettes et pour parfaire ton corps, éternellement
»
Dendara X, 413, 14 (discours de Chesemou
à Osiris): « Prends
pour toi l’onguent de pierre
divine avec toutes ses humeurs, tu es momifié,
tu es oint ; reçois
pour toi l’onguent de pierre divine pour revêtir
tes membres »
Papyrus Salt 825, XVIII, 2-3 (éd.
Derchain, p.144) : « Faire qu’il repose
à l’intérieur d’une momie en bois
d’arbre-?menduite
d’onguent de pierre divine ».
A
partir de quand peut-on décemment affirmer qu'enduire
un mort, sa momie, son cercueil, constituent un massage
ou plutôt un ensemble de massage ? Est-ce
que le fait d'appliquer
une préparation à base de bitume
en constitue un ? Pour moi cela ne fait aucun doute
et c'est pour démontrer cela que ce papier est
rédigé. Le toucher est un proto-massage
et masser ce n'est pas seulement relaxer mais
c'est aussi une bienveillance par la main qu'octroie
nécessairement celle qui embaume.
L'objectif
est de préserver le corps de la dégradation
de la mort et pas seulement pas l'enduiment de quelques
formules appliquées par un embaumeur spécialisé,
là c'est la déesse en personne qui intervient.
C'est elle qui masse, qui imprègne
les bandelettes de cette solution, la fait pénétrer.
Sans préservation terrestre, pas de préservation
divine, donc non seulement notre homme aura été
massé ici-bas par ses préparateurs,
mais il le sera encore et encore par le rappel de ces
formules notées jusque dans sa tombe.
Je
me pencherai dans un autre papier (si je trouve le temps)
sur chacun des stades de l'embaument dont certaines
parties pourraient raisonnablement constituer un massage thanato-morbide,
mais pour l'heure, je me contenterai de lister les assertions
qui me semblent pertinentes. Appliquer,
faire pénétrer,
imprégner
sont des termes résolument assimiliables
au massage. Embaumer c'est masser pour
l'éternité en superposant des opérations
de sufacage dont la répétition est un
massage. Il y a quelques années avais
écris cet aphorisme qui disait « Si
l'on ne peut pas rendre le massage
éternel, alors rendons-le inoubliable. »
Et bien en Égypte, le massage fut gage
d'éternité.
Ce
massage s'exprime ici dans un contexte clairement
funéraire mais ce n'est pas parce que la mort
est convoqué
il
redevient un massage réverso-thanatique
EN
TRAVAUX
jqr,
'iqér', "excellent, compétent"
La
"compétence" était une qualité
très valorisée par les Anciens Égyptiens,
notamment par les maîtres scribes et certains
artisans qui encourageaient leurs disciples à
rechercher l'excellence à tout prix !
Remerciements :
– Voilà,
je remercie l'égyptologue François René
Herbin pour La tablette hiéroglyphique MMA
55.144
en 2012 dont la gracieuse disponibilité en ligne
aura facilité cette initiative.
– Je remercie bien-sûr
comme toujours la disponibilité de Richard-Alain Jean
qui, alors même que je ne suis pas un universitaire
a toujours répondu à mes demandes d'éclaircissement.
Sources
– François René Herbin La tablette hiéroglyphique MMA 55.144
en 2012
Sites &
blog
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de : Richard-Alain
JEAN https://www.facebook.com/medecine.egyptienne ; http://medecineegypte.canalblog.com Alain Cabello-Mosnier https://www.facebook.com/alain.cabellomasseur CFDRM
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Benderitter :
http://www.osirisnet.net/mastabas/niankhkhnoum_khnoumhotep/niankhkhnum_khnumhotep_05.htm http://www.cfdrm.fr CFDRM
de Paris : http://www.cfdrm.fr/ Cabello
Alain http://www.cfdrm.fr/CV_Cabello_Alain.htm
Alain
Cabello-Mosnier lundi 8 février
2021 |