CFDRM > Livres de la bibliothèque du CFDRM Livres de la bibliothèque > Tous les livres du XIXe siècle > fiche technique de : Les Français peints par eux-mêmes, encyclopédie morale du dix-neuvième siècle, tome 3, Paris, Ed. Curmer 1842
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Non acquis

TITRE : Est à votre disposition Les Français peints par eux-mêmes, encyclopédie morale du dix-neuvième siècle, tome 3/8, (massage chez les Mozabites)

AUTEUR : ?.

ÉDITEUR : L. Curmer.

Date d'édition : 1840/1842.
Régime politique du contexte de l'ouvrage (en France) : monarchie de Juillet (1830-1848) Information ouverte dans une nouvelle page.  

Réédition :

Lieu d'impression : Paris, France.

LANGUE : Français.

FORMAT : 1 vol. sur 8 (456 pages).

Type : livre en huit volumes.

ISBN :

Droits : domaine public.

Crédit photographique :

Identifiant :

Numéro d'archives :

RELIURE :

ILLUSTRATIONS : _

ETAT : neuf.

BIOGRAPHIE & THÈME : encyclopédie.

POIDS :

Résumé :

Quatrième de couverture :

 

Description : SOMMAIRE :

Commentaires : Traite de massage chez les Mozabites pages 252, 253 et 254 à plusieurs reprises voir restitution.

Fiche de repérage (mots clef) : à compléter

Massage, Frictions, Bains, .
Algérie, Mozabites,

TDM : Traite ou emploie des termes liés au massage : oui, aborde le massage.

Masso-contenu :

Livre en ligne : Google-Livres édition de 1842.

Provenance :

Incorporation :

Accès à l'emprunt : non acquis.

Statut de l'ouvrage :

Reconnaissance associative :

L'ALGÉRIEN FRANÇAIS.

Page 252

Les Mozabites (Maure d'Algérie) étant propriétaires ou régisseurs de tous les bains maures de l'Algérie, c'est ici le lieu d'offrir a nos lecteurs une peinture de ces établissements, qui ne sont pas l'une des moindres curiosités du pays que nous avons pris a tâche de faire connaître, en esquissant les types humains dont ils offrent la réunion.

Ces bains de vapeur sont disposés dans des caveaux pratiqués ad hoc sous une de ces maisons mauresques que nous avons décrites plus haut. Le baigneur est introduit dans la cour intérieure, qui occupe le centre de l'édifice, et qu'entoure une colonnade le long de laquelle sont étendues, sur une petite estrade, des nattes en paille de riz. C'est là que chacun se déshabille (maslak) et dépose sur la natte où il a fait élection de domicile, ses vêtements, l'argent ou les bijoux dont il est porteur, à moins qu'il ne préfère les remettre au propriétaire du bain, qui les dépose dans une case ouverte. Cette confiance, qui pourra sembler extrême, n'a pourtant rien de téméraire, car il est sans exemple que le moindre vol ait jamais été commis dans l'intérieur de ces établissements.

Après cette opération préliminaire, un jeune garçon mozabite s'approche de vous, vous attache au-dessus des hanches une pièce d'étoffe bleue (pestemal), vous met sur la tête une serviette et aux pieds des babouches en bois ; puis il vous conduit par une galerie doucement échauffée dans une grande pièce souterraine (Beit-el-Harara) où règne continuellement une température de trente ou quarante degrés, entretenue par une vapeur d'eau tellement dense, que le baigneur pense étouffer en pénétrant dans cette brûlante et nébuleuse atmosphère. Les dalles qui revêtent le sol de ce caveau sont polies a tel point par l'humidité constante qui les imprègne, que les plus grands efforts d'équilibre sont nécessaires au baigneur pour arriver sans accident jusqu'à une grande table ronde en pierre ou en marbre (göbek tasi) qui occupe le centre de l'étuve. Là, chacun s'assied ou se couche, suivant qu'il le juge convenable, et passe quelques minutes haletant comme un poisson tiré de l'eau ; mais au bout de ce temps, la transpiration s'établit, les pores de la peau s'ouvrent et lui livrent passage, la poitrine se dilate, et les poumons fonctionnent en toute liberté. On passe alors dans un autre caveau contigu où, après vous avoir fait signe de vous étendre sur la dalle, le baigneur mozabite procède à l'opération du massage, laquelle consiste

Page 253 à presser et à frictionner en tons sens les membres et le corps du patient, à lui faire craquer avec un bruit formidable toutes les articulations des bras, des jambes, des mains, et jusqu à celles des côtes et de la colonne vertébrale. Pendant cette besogne étrange, le Mozabite entonne sur un ton nasillard une chanson vraiment sépulcrale, dont la triste monotonie rappelle les chants lugubres de notre office des morts. La sensation qu'éprouve le baigneur durant le travail du massage est difficile a définir : c'est une prostration voisine de l'anéantissement, produite par l'influence énervante de la vapeur, mais à laquelle se mêle un sentiment de bien-être réel, une sorte de béatitude ineffable due peut-être à la présence du fluide magnétique que dégagent les tractions et les passes du masseur.

Après une demi-heure de cet exercice, pendant lequel le Mozabite vous tourne et vous retourne, tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre (car le baigneur lui-même n'a pas la force de se mouvoir), le masseur et un de ses camarades qui vient s'adjoindre à lui munissent leur main droite d'un gant de poil de chameau et vous étrillent des pieds à la tête durant cinq ou six bonnes minutes. Cette nouvelle friction a pour objet d'alléger le corps de toute la transpiration qui s'en est échappée et qui s'est condensée à la sortie des pores, de même que les secousses imprimées aux articulations ont pour but de donner plus d'élasticité et de liberté aux membres. Les masseurs vous soumettent ensuite à un savonnage complet, et enfin une dernière ablution d'eau tiède termine la cérémonie.

Le baigneur se relève alors et rentre dans l'étuve, soutenu par les deux Mozabites. Là, il est essuyé avec le soin le plus minutieux, couvert de linges chauds et revêtu en outre d'un ample costume bédouin ; on le ramène ensuite dans la pièce d'entrée, où on le couche sur un matelas ; puis on étend sur lui force couvertures de laine, qui achèvent d'absorber toute l'humidité du corps. Pendant cette sieste voluptueuse que le baigneur prolonge autant qu'il le juge à propos, l'un des Mozabites lui apporte une pipe pleine d'excellent tabac et une tasse de café noir et épais, qui sont toutes deux fort bien venues.

En se retirant de ces bains, on se sent littéralement plus léger qu'on n'y était entré ; le corps est plus agile, les membres plus souples, le jeu des articulations plus libre et plus facile. L'on éprouve en même temps une douce langueur qui ne paralyse nullement l'action des propriétés vitales ; et tout ce bien-être, tout ce surcroît de vie et de santé, ce Mozabite vous le donne, pipe et café compris, pour la modique rétribution d'un franc cinquante centimes ! Convenez que ce n'est guère la peine de s'en passer. Aussi, les bains maures sont-ils très-fréquentés, non-seulement par la population mahométane, mais par tous les Européens de nos établissements d'Afrique qui ne tardent pas à reconnaître leur supériorité hygiénique sur le classique bain français. Dans l'étuve des femmes, le service du massage est fait par de jeunes négresses aux gages du maître mozabite, et ne diffère en rien de l'opération compliquée dont nous venons de rendre compte. Un feu plus éternel que celui de Vesta alimente et renouvelle sans cesse, dans ces établissements qui rappellent les étuves antiques, si chères aux matrones romaines,

Page 254 la masse de vapeur d'eau requise pour le service des bains. Aussi le public y est-il admis à toutes les heures du jour et de la nuit, et cette circonstance ne contribue pas peu à augmenter les bénéfices, déjà considérables, de l'entrepreneur mozabile.

 

 

Commentaire des lecteurs Chaque personne ayant procédé à la lecture de ce livre pourra, si elle le souhaite, y faire paraître un commentaire ou un résumé en lien avec le massage.

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