CFDRM > Les poursuivis en justice

Ensembles des pièces d'archives attachées aux procès intenté à M. Eugène Molteno(t) de 1831 à 1838.

Lire : Orléans et Montargis au début de la monarchie de Juillet, par Louis Nottin de 1931 Fiche technique
(voir bibliographie apparentée sur les procès) 

 

Archives générales de médecine, Volume 1; de 1838
Dans ces archives disponibles sur Google livres, page 383, le procès de M. Eugène Molteno est relaté.

Restitution de texte partielle : ci-dessous De l'extension du massage...

 

"De l'extension du massage et de la percussion cadencée dans le traitement des contracture» musculaires.

 

Vers 1« mois de juin 1833, le tribunal de police correctionnelle d'Orléans eut à s'occuper d'une affaire assez piquante et qui attira momentanément l'attention du public. Un charlatan, nommé Molteno, eut l'heureuse idée d'apporter du soulagement aux personnes trop nombreuses qui implorent vainement chaque jour l'assistance d'une thérapeutique rationnelle. Il eut recours au massage ; ce moyen n'est pas nouveau ; il est fort en usage dans l'Orient, mais chez nous on l'emploie rarement. Les pratiques qu'il employait étaient assez insolites pour qu'il s'attirât beaucoup de chalands. Il visita la fille d'un conseiller de préfecture ; elle était, disait-on, en butte à une gastrite aiguë : il la massa, et en trois jours elle passa de la mort à la vie. Une jeune personne, de quinze à seize ans, souffrait aussi d'une gastrite; Moltenot, sur le rapport de la mère, employa le massage avec beaucoup de réserve et de convenance, la demoiselle guérit parfaitement. La femme d'un notaire, également atteinte d'une gastrite, fut traitée par le sieur Moltenot ; il la massa, il élargissait les parois de l'estomac et suivait le» nerfs dans foules leurs correspondances, tout en usant de la plus grande décence, le mari était présent ; la dame fut débarrassée de ses maux. Un avoué à la cour royale, après avoir passé toute une nuit dans un cataplasmes gigantesque, fut massé et guéri de malaises qu'il ne put définir. Les cures de Moltenot se multiplièrent, sa fortune s'en accrut sans doute ; les médecins d'Orléans songèrent cependant à l'arrêter dans l'exploitation de son industrie, et le tribunal, après quelque hésitation, le condamna à 30 fr. d'amende et aux dépens, attendu l'exercice illégal de la médecine. Qu'on n'aille pas croire que le massage ait été condamné ; le masseur eut seul à se plaindre de la sévérité du tribunal.

Le massage est permis comme l'homœopathie, comme le magnétisme animal et tant d'autres pratiques, dont nous avons à enregistrer chaque jour les merveilles sans pouvoir convaincre nos lecteurs ni nous convaincre nous-mêmes. La Revue médicale du mois de janvier dernier contient une note, signée d'un médecin célèbre, d'un professeur distingué, d'un praticien répandu, de M. Récamier, toute en faveur de l'extension, du massage et de la percussion cadencée. Il y est question de 13 cas, peu détaillés il est vrai, dans lesquels cette pratique aurait eu plein succès. Un juge de paix est guéri d'une douleur atroce par le massage cadencé ; chez une jeune fille, affectée de constipation opiniâtre, de rétention d'urine et de contractures des membres thoraciques et pelviens du côté gauche, le massage cadencé par le doigt introduit dans le rectum dissipe la constipation et la rétention d'urine ; la liberté des mouvements est rendue par le massage des membres. Les torticolis ne savent point résister à ce mode de traitement ; les coliques nerveuses d'une dame se calment dès que sa femme de chambre consent à s'asseoir doucement sur son ventre.... Lire la suite, Dossier Récamier.

 


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La gazette médicale de Paris

P11 serait, je pense, inutile de chercher à démontrer, au moyen de nouveaux détails, ce qui semble résulter de l'évidence des faits ; savoir : que les deux cas précédents d'amaiirosc n'étaient point de la nature de celles qui dépendent d'une affection viscérale (imauroses sympathiques ), de celles qui résultent d'une congestion , d'une irritation ou même d'une inflammation des organes nerveux nécessaires à l'œil; mais qu'ils tenaient à la paralysie des nerfs ou membranes nerveuses des organes visuels ; paralysie qui, au dire des ophtalmologues, atteint d'une manière plus ou moins complète le nerf optique, la rétine, ou même la choroïde. Remarquons que le nerf trifacial n'est point cite', bien que des expériences de M. le professeur Maçcndic ( dont les résultats sont consigne's dans son précis de physiologie), il résulte, 1° que le clignement dépend en partie du nerf facial, en partie du nerf de la cinquième paire, qu'il cesse ou se montre très-rarement après la section de ce dernier , et cesse toujours quand le nerf facial est coupé; 2° que la section des nerfs optiques abolit complètement la vue; que celle de la cinquième paire ne détruit pas toute la sensibilité de la rétine , mais qu'il n'eu reste qu'une faible partie.

De ces données physiologiques ne peut-on pas inférer que ce sont les nerfs de la cinquième paire qui sont affectés dans les amauroses incomplètes, sinon toujours, du moins dans celles compliquées de paralysie des paupières , telles enfin qu'ils étaient dans les observations qu'on vient de lire ?

Enfin, et comme dernières conséquences de tout ce qui précède , ne peut-on en appeler de la proscription trop absolue dans laquelle quelques médecins ont prétendu envelopper une substance trop vantée jadis, mais dont l'inefficacité n'est parfois aussi que la conséquence de contresens dans son emploi? et à ce propos insister sur la difficulté et l'importance de la science des indications ; science qui fait consister l'art Je guérir en autre chose que dans la lecture et la possession d'un formulaire, et qui la mettra toujours au-delà de la portée de ceux que l'rtudc n'aura pas initiés aux sciences dont il est le complément et l'application ?

Lettre sur L'emploi des éméto-cathartiques dans le traitement des fièvres intermittentes par M. Joussemet, médecin à Longville ( Vendée ).

Monsieur et honoré confrère,

M. le docteur Piorry, dans son mémoire sur l'état de la raie dans les fièvres intermittentes, dit : "II faut avoir un bien grand désir de purger pour administrer a des éméto-catharliques avant de faire prendre le quinquina dans les fièvres » d'accès. »

Permettez-moi, monsieur le rédacteur, de protester de toutes mes forces contre une semblable opinion. Le pays où j'exerce la médecine me permet d'apporter un avis dans cette importante question. Ce pays et marécageux, et fort loin des routes de l'Océan. Je pensais comme M. Piorry au début de ma pratique dans ces contrées, et, guidé par les mêmes principes,"j'administrai dans l'espace de quatre résolus alors de débuter par une dose d'émétique et d'ipéca. Depuis deux ans , plus de deux cents malades ont été soumis à ce genre de médication , et je n'ai pas eu au plus dix récidives.

Je laisse à M. Piorry, homme de talent et de bonne foi, le soin de tirer de ces faits les conclusions qu'ils renferment.

Agréez , etc., Joussemet, D.-M. M.

 

IV. du R. La réclamation de notre honorable correspondant, nous paraît très-fondée. Il n'est pas le seul qui ait remarqué combien sont sujets à récidives les individus qu'on n'a pas purgés «avant l'administration du quinquina. Il est même des fièvres intermittentes qui n'ont cédé qu'à la méthode évacuante. C'est encore là un effet des constitutions médicales qui impriment aux maladies analogues des différences de nature, différences si essentielles pour leur traitement. Nous publierons dans notre prochain numéro un mémoire qui ne laissera aucun doute sur cette vérité, si bien reconnue par nos prédécesseurs «t si mal comprise de nos jours.

 

POLICE MÉDICALE.

COMPTE RENDU DE TROIS AFFAIRES CONCERNANT L'EXERCICE ILLÉGAL DE LA MÉDECINE ET LA VENTE DES REMÈDES SECRETS.

Affaire Moltenot au tribunal correctionnel d'Orléans. — le massage. — Pourvoi de dix-neuf pharmaciens de Paris contre les débilans de remèdes secrets.— Condamnation de vingt-neuf pharmaciens pour annonces et pour débit de remèdes secrets.

Malgré l'impuissance de la législation actuelle pour la répression du charlatanisme, on voit encore de loin à loin quelques procès et quelques condamnations qui opposent une dernière digue aux envahissement effrontés des charlatans. Nous allons rapporter, d'après la Gazette Des Tribunaux , les débats d'une affaire qui a fort occupé nos confrères d'Orléans, et qui renferme plus d'un incident capable de piquer la curiosité de Dos lecteurs. Nous ferons connaître ensuite le résultat de deux autres affaires qui concernent la vente de remèdes secrets.

AFFAIRE -.T n.l I vil . EXERCICE ILLÉGAL DE LA MÉDECINE. — LE M i-Sl'.

 

( Tribunal correctionnel d'Orléans. )

Le sieur Eugène Molienol jouït d'une célébrité orléanaise, et depuis trois semaines les salons retentissent de la mesure que la justice a cru devoir prendre contre lui. On est prévenu que l'auditoire sera nombreux ; la cour prête la salle des assises. De» le matin les avenues du Palais sont envahies par un grand nombre de dames élégamment parées. On a peine à trouver place dans la vaste enceinte où siège le tribunal.

On dit que 80 témoins sont assignés : hommes de tous les âges, de toutes les conditions ; femmes jeunes, fraîches, pâles, convalescentes ou en bonne santé , de malades qu'elles pouvaient être. . .

A l'ouverture de l'audience, on fait l'appel des témoins ; on voit en première ligne les médecins les plus distingués de la ville.

Après le premier tumulte, l'audience prend son caractère solennel. et M. le président donne la parole à M. le substitut Frémont qui s'exprime en ces termes : « Messieurs, si vous ne connaissiez à l'avance le prévenu que nous avons fait citer aujourd'hui à votre barre, l'aspect inaccoutumé de cette salle d'audience vous révélerait assez que des débats musilés vont s'ouvrir. » Un homme s'est imaginé avoir conquis, à la suite de nos armées, la science du médecin, et, rentré dans sa patrie, il s'est fait tour à tour masseur, officier de santé, docteur en chirurgie , ou plutôt il a intrépidement appelé le charlatanisme à son secours pour se créer des moyens d'existence.» Eugène Moltenot, nous le savons, s'est acquis à Orléans une certaine célébrité ; il a des partisans zélés, qui le regardent comme un génie bienfaisant envoyé tout exprès pour faire des cures merveilleuses ; mais cette célébrité éphémère, contre laquelle nous avions à lutter, est venue se briser aux portes de cette enceinte ; car vous, messieurs, vous serez préoccupés par des idées d'un ordre plus élevé.» Vous penserez comme nous que la capacité chez le médecin , acquise par tant de veilles studieuses cl par tant de savantes recherches, ne peut tire illusoire; vous pensez comme nous que si l'on exige du magistral le diplôme de capacité pour prononcer sur l'honneur et la fortune de ses semblables, on doit également exiger du médecin le diplôme de capacité pour résoudre des questions de vie et de mort.

Naguère, dans un département voisin, le prévenu Moltenot s'est acquis une triste renommée dans l'art de guérir. Errant de ferme en ferme, il médicamentait les habitants de la campagne, à la condition qu'on lui donnerait un lit pour se coucher et du pain pour se nourrir; car alors il n'avait pas, comme aujourd'hui, un brillant équipage roulant avec fracas sur le pavé des rues.» Cependant la justice, la même dans tons les pays, mit fin à cette vie aventureuse par un jugement de police correctionnelle ; l'illusion fut détruite; Moltenot a déserté le pays témoin de sa condamnation ; il a choisi un p!us vaste théâtre ; il a pensé sans doute que dans la ville d'Oléans, perdu dans la foule, il pourrait faire la médecine en secret et surprendre la vigilance des magistrats ; mais Use trompait, ou plutôt le hasard l'a trop bien servi. Quelques jeunes femmes atlaqaécs de maux de nerfs....quelques jeunes filles languissantes, se sont fait masser par lui; il n'en a pas fallu davantage pour le rendre célèbre. Moltenot est devenu le médecin à la mode, el l'on « mis a l'écart les ver tables médecins arec leur talent et leur expérience. Ah ! disons-le, messieurs, les femmes ont une bien grande puissance sur la destinée des hommes! Quoi ! • Moltenot sans éducation, Moltenot n'ayant que le diplôme du charlatan, Moltenot frappé d'un jugement correctionnel, inspire tout à coup assez de confiance pour qu'on lui abandonne une femme, une fille, une sœur !... Les souffrances de ceux qu'on aime ont cela de terrible, qu'elles égarent notre raison. Ah ! préservez, préservez, messieurs, des paréo* égarés des malheurs irréparables où l'ignorance du prévenu pourrait les plonger.» Mai: n'anticipons pas sur les débats ; avant que nous puissions vous raconter la vie de Moltenot, avant que nous puissions le frapper de nos réquisitoires , il faut que de nombreux témoins soient entendus. »

Ici M. le substitut pose les questions à décider par le tribunal.

Après cet exposé, on fait l'appel des témoins.

M. Jallon, docteur-médecin, est introduit le premier. Avant de répondre aux interpellations de M. le président, il fait observer au tribunal qu'il n'entend point déposer sur les faits parvenus à sa connaissance comme médecin dans Tesercicf de ses fonctions ; sa délicatesse s'y refuse; il ne rapportera que ce qu'il a entendu dire dans le monde. Il prête serment sous cette restriction.

Le témoin dit connaître à peine de vue le sieur Moltenot. Il a entendu dire qu'il traite les maladies externes et internes, qu'il se présente comme masseur. Le témoin fait des observations de thérapeutique ; il se demande ce qu'est l'art de guérir : ce sont tous les moyens physiques et moraux qu'on peut employer pour une cure; c'est tout ce qui complète la science et l'exercice de la médecine. Masser, frictionner, donner des cataplasmes, des bains, ce n'est pas exercer l'art de guérir ; mais ordonner le massage et le pratiquer soi-même, c'est faire de une médecine. Ces définitions sont exactes et servent de point de départ ; il faudrait fer mer les écoles s'il n'exislail des restrictions utiles, car tout malotru pourrait exercer la médecine. Pour sa part, il a cru que le sieur Moltenot exerçait légalement en voyant le procureur du roi, le juge d'instruction, un conseiller de préfecture lui accorder leur confiance, et encore il n'est pas autorisé à penser le contraire Aidé d'une protection semblable, la célébrité est venue trouver le sieur Moltenot et c'est chu lui que le public est allé chercher des secours. Mais un département voisin s'est élevé contre cette célébrité honteuse, et aujourd'hui celle même cvjcbrilé retombe sur celui qui la possède. Le témoin s'élève contre le charlatanisme que tout favorise, ignorance, scnlimrns bas, langage ignoble. Quand il a compris que tous ces succès causa cul un scandale réel, il a cru devoir se réunir à sis collègues pour lu faire cesser.

Le témoin arrive au massage. « Peu importe, dit-il, que le mot masser soit grec ou arabe ; les voyageurs ont tait l'historique de cette opération. Le capitaine Wallis, visitant ici l'île de la mer du Sud, aborde à Otaiti ; une foule de jeunes filles, fraîches et gracieuses, le déshabillent lui et tous ses officiers ; elles leur frottent sans exception toutes les parties du corps, qui s'en trouvent très-bien. Aux grandes Indes, ce sont encore les femmes qui massent. Le sujet nu au sortir du bain est mis à terre ; deux esclaves le frottent d'abord sur les parties postérieures du corps, ensuite sur parties antérieures.

M. Le Président. Docteur, abrégez ces détails ; ce n'est pas l'histoire du massage qu'il s'agit de savoir, mais si le massage peut être considéré comme l'exercice de médecine.

Le Docteur J Illos. Je veux dire que je ne puis croire que le sieur Moltenot ait jamais pu masser a Orléans; car par tout le glo'jc ce sont des femmes qui le font, et Orléans est trop remarquable par la pureté de ses mœurs pour que jamais une mère sage ail pu soumettre sa fille à un semblable traitement.—!).

M. Le Président. Le massage est-il un exercice de la médecine ? — II. Je crois que oui. — D. Avez-vous entendu dire que Multenot se soil l'ail donner de l'argent sous le prétexte d'un traitement? — Jl. Je ne puis répondre là-dessus.

M. Le Substitut. Vous avez connaissance que le'sieur Moltenot ait traité le nommé Venot d'un rancir au rectum ; comment l'a-t-il traite? --Jt. Je crois qu il n'a employé que des moyens adoucissons.

Le témoin, sur d'autres interpellation!! qui lui sont faites, entre dans des explications savantes sur la nature des moyens et sur leurs résultats, qui font souri e une partie de l'auditoire et mordre les lèvres aux jolies femmes de l'assemblée.

M. Raxque, docteur-médecin. Il a dénoncé à l'autorité l'exercice illégal de la médecine fait par le sieur Moltenot. Il n'a rien à-dire de plus comme médecin M. Le Président. Vous devez dire tout ce que vous savez. Le témoin. Comme membre du jury médical, j'ai cru devoir dénoncer l'p.xerc.ce illégal du sieur Moltenot, j'ai rempli mon devoir : au-delà je n'ai rien à dire. Les médecins ne sont pas des dénonciateurs ; ils sont seulement chargés de surveiller les intin'ts sanitaires de la société.

Le Président. Le massage est-il l'exercice de la médecine ? — R. Oui monsieur.

M. Vallet, docteur-médecin. Il a fort peu de renseignements à donner sur le sieur Moltenot ; il n'a point assisté 1 ses traitements ; le bruit public seul l'en a instruit. Il répond au surplus à des interpellations à peu près semblables à celles qui ont été fait s à ses collègues.

M. Salle, pharmacien, autre témoin. Il déclare avoir fourni les médicamens employés par le sieur Moltenot. H a exécuté, d'après ses ordres, un sirop mucilagineux, qu'il vendait 3 fr. la bouteille. Moltenot s'était présenté chez lui, et lui avait demandé s'il voulait cire son pharmacien : comme il traitait alors la nièce du procureur du roi, il n'avait pas cru devoir refuser.

M. Lakoix père, docteur-médecin, dépose qu'il ne sait rien de Moltenot que par oui-dire; il considère le massage comme un exercice de la médecine.

M. Le Président. Pensez-vous que le massage puisse produire de bons effets ? ~~ •"• Le massage peut influer sur l'imagination et produire d'excellents résultats. Le témoin entre à cet égard dans des explications de thérapeutique que la nature clé cet article ne nous permettent pas de rapporter.

On introduit alors madame Marchand, femme du conseiller de préfecture, dont la fille a été soignée par le sieur Moltenot. (Mouvement marqué de curiosité dans 1 auditoire.) Ce témoin déclare que sa fille était excessivement malade d'une gastrite aiguë; que sa position donnait de grandes inquiétudes, et que fi on avait pu la transporter sans danger, elle a été conduite à Paris pour consulter des médecins célèbres. Sur ces'entrefaites elle avait entendu parler de M. Moltenot, qui avait guéri la femme de chambre de M. de Villevcque ; on l'envoya chercher ; il visita sa fille, la massa ; le même jour elle allait mieux, et le lendemain elle a pris un potage. En trois jours elle a passé de la mort à la vie, et depuis elle est bien portante.

M. Le rnfcinETr. Moltenot vous a-t-il demandé de l'argent ? — R. Jamais, monsieur; il disait que quoi que nous lui donnassions, il serait toujours content.

On appelle M* Albin-Oignon. (Nouveau mouvement de curiosité). Elle dit que sa fille jeune personne de 5 ou 16 ans, était atteinte d'une gastrite. Lorsque. Moltenot l'a soignée, elle était mourante ; depuis six mois elle ne vivait que de lait. Après quelques jours de traitement, elle a pu prendre des aliments plus substantiels, et aujourd'hui elle est infiniment mieux. Le médecin qui visitait sa fille ne lui prescrivait jamais rien ; elle la voyait mourir : c'est ce qui l'a décidée à faire venir M. Moltenot.

M- Le Président. Quel était votre médecin ?—X. M. Jallon.—D. A-t-on nias*'- mademoiselle votre fille ? — R. Oui, monsieur, j'ai assisté à l'opération. VI- Mollcnol y a toujours apporté beaucoup de réserve et de convenance ; je n'ai que des éloges à lui donner.

Moltenot ne lui a demandé d'argent ; si elle a cru devoir reconnaître ses soins, c'est d'après les seules impulsions de sa reconnaissance.

Un nouveau témoin qu'on introduit est une femme de charge de M. de Villévéque. Elle a un embonpoint remarquable ; son visage, parfaitement coloré, respire la santé la plus parfaite. C'est le premier malade du sieur Moltenot, celui dont la guérison a commencé sa célébrité. Elle entre dans des explications sur sa position «Je santé et sur le traitement qu'elle a subi. Ca a consisté dans le massage, dans les émolliens, dans des adoucissons pris de toute manière. Elle dit que «on médecin l'avait abandonnée.

M. Courtois, notaire, autre témoin, explique que depuis dix-huit mois sa femme était atteinte d'une gastrite ; qu'on lui pris inutilement des consultations de médecins distingués de la capitale, qui prescrivaient un régime qu'on trouvait sans succès. Le sieur Moltenot a été appelé. Il a massé Madame Courtois, et immédiatement après, celle-ci s'en est trouvée bien.

M. Le Président. Votre femme est-elle complètement rétablie ? —R. Complètement.

 

M. Eugène Dimbcnet, avoué à la Cour royale, dépose que depuis trois ans sa santé clai: chancelante. 11 ne ressentait qu'un simple malaise. Au commencement de l'hiver, il fut cependant obligé d'avoir recours à un médecin. Il appela M. Vallel, qui lui donna des soins empressés, dont il lui témoigna sa reconnaissance. Néanmoins il ne se trouvait pas mieux. M. Vallet lui conseil d'aller à Paris prendre une consultation. Il fait le voyage. Il s'adressa à trois médecins célèbres ; ce fut peut-être un tort. (Un rit.) Il reçut trois consultations "qui semblaient se contredire. (On rit.) Dans la première on lui prescrivait de ne rien faire ; c'était facile. (Nouveaux rires) ; dans la seconde, de se mettre de l'eau froide sur la tête pendant que ses pieds baigneraient dans l'eau chaude ; dans la troisième, de se faire poser des vésicatoires. (Rires prolongés.) Il a fait appeler le sieur Moltenot, qui, par son traitement, lui a procuré en peu de jours un mieux sensible. Ce traitement consistait dans des frictions à l'huile d'olive sur l'estomac, les reins, les bras, les cuisses. Pendant toute une nuit, il a été enveloppé tout entier dans un cataplasme gigantesque. (On rit.) C'était une préparation pour le massage du lendemain.

Mlle Eslher Caron, autre témoin, est appelée.

M. Le :•! i1 mi •- '. Qu'aviez-vous ? R. Monsieur, j'avais mal à la langue ; je souffrais beaucoup. — f). Vous n'aviez pas d'autre affection que celle-là ?—R. Non, monsieur. — D. Que disait Moltenot ? — A. Il disait que c'était un ulcère.

M. Le Substitut. Moltenot vous a-t-il proposé de vous masser pour vous guérir de votre ulcère ? — /f. Non, monsieur. (On rit.)

A l'audience du 20 juin, l'audition des témoins continue.

Beaucoup ont eu à se louer des soins du prévenu. Presque tous déclarent qu'il ne leur a point demandé d'argent. Ils rendent le meilleur témoignage de la décence parfaite de ses procédés.

Une famille, parait moins bien disposée pour M. Moltenot. Il a promis, suivant ces témoins, de guérir le malade, et s'est fait donner 30 fr. sans avoir obtenu la guérison.

Une demoiselle, poitrinaire, lui a donné 35 fr., sur ses promesses, et n'a pas laissé que de mourir.

Il résulte de toutes ces dépositions, que le prévenu ordonnait des cataplasmes, des lavemens purgatifs, et force bouteilles de sirop qu'il faisait payer 2 fr.

Un témoin dépose ainsi : « Ma femme élait désespérée, elle me dit : « Mon bon ami, on assure qu'il y a un charlatan, nommé Eugène Moltenot, qui guérit tout le inonde ; si on l'appelait ? » Je lui répondis : « Ma bonne amie, puisqu il y a ici un charlalan nommé Eugène Moltenot, il faut l'appeler. » Eh bien ! M. le président, il a commencé ma femme et n'a pas voulu la finir... et se tournant vers le prévenu, le témoin lui dit vivcnu'nl : « Oui, puisque vous aviez commencé ma femme, pourquoi n'avez-vous pas voulu la finir ? » ( On rit. )

Presque tous 1rs témoins déclarent que le prévenu n'a pas pris le litre de médecin, quoiqu'on le désignât par ce titre. Plusieurs fois il a dit que la maladie n'était pas de sa compétence, et qu'il fallait appeler un médecin.

M. Le Président, à un témoin. Comment le considériez-vous donc, puisque vous ne le regardiez pas comme médecin ?

Le •> I'mi.i\. Comme charlatan.

On passe à l'interrogatoire du prévenu. Par un usage particulier à ce magistrat, M. le président n'interroge jamais le prévenu qu'après l'audition des témoins.

Le sieur Moltenot déclare n'avoir aucune connaissance en médecin?, î! a éi,T aux armées, a fait la guerre en Espagne, et il a eu dans ce temps-là quelques idées de massage. Revenu en France, if a pris l'état de son pèrc.boissclier. Il a rencontré à Lyon un officier russe qui l'a perfectionné dans le massage. Depuis ce tempslà il a massé à Chartres, à Châteaudiin. Il a subi une condamnation par défaut pour exercice illégal de la médecine. Il avoue que ses ordonnances pour les cataplasmes, les sirops et les lavemens constituent la pratique de la médecin •. Cependant les cataplasmes étaient des préparations pour le ma sage. Aux tempérammens forts, il appliquait le cataplasme de son; aux faibles, I. cataplasme de •iMinr de lin, pour disposer la peau et les muscles. Le prévenu se redresse et élève la voix avec une certaine fierté pour dire nue tout son talent est au bout d« ses doigts , et que ces doigts-là savent produire des commotions électriques. L'audience est remise au lendemain pour entendre 1rs plaidoiries.

 

Audience du 2l juin. Dans un réquisitoire fort étendu , M. le substitut Fré

i'Mit soutient tous 1rs chefs de la prévention ; il reproche surtout au prévenu d'avoir soigné ind stinctement tontes les maladies, et d'avoir reçu de l'argent alors qu'.l était convaincu de l'inut lité de ses soins. Il conclut à 500 fr. d'amende et à 45 mois d'emprisonnement.

 

Avant que l'avocat prenne la parole, on entend un officier d'artillerie qui i'lm- dan. l'auditoire ; il a été massé dans l'Orient et l'a été par M. Moltenot : il explique que ce sont des procédés différans ; que le massage de Moltenot, loin de ,in -fi des sensations voluptueuses, en produit de pénibles et souvent de très-dou011 mise*.

M* Auguste Jolunnet.avor.it du prévenu, s'étonne d'abord que les médecin», et ion pas le ministère public, aient déféré une plainte à la justice contre M. Eugène Moltenot.

ci Je n'aurai pas de peine, dit-il, a Tous intéresser en sa faveur, car déjà vous voyez la foule qui se presse en cette enceinte et attend votre décision avec anxiété, que je n'exagère pas en vous disant que YL Moltenot représente ici le bienfait et tout cet auditoire la reconnaissance. »

L'avocat trace ensuite l'historique de son client, qu'il représente tour a tour soldat, marchand, pifs masseur, talent qu'il a commencé à connaître à l'armée . et qu'il a cultivé auprès d'un médecin russe; il raconte ses cures merveilleuses dans les environs d'Etampes, puis il répond aune lettre d'un juge-de-paix du canton de Bonneval, qui appelle Moltenot un bon r'ii'ànt et unfiicoteur,

« Je suis convaincu, dit le défenseur, que ces épilbcles ne vous feront rien conclure contre mon client. Ce serait d'ailleurs une de ces imperfections dont, sous une dénonf nation plus noble, bon nombre de docteurs ne se cachent pas, et j'en sais quelques-uns, pour ma part, qui honorent Comas presqu'aiilanl qu'Escu- j Mardi dernier (le 28 mai), cette application a été faite en présence du docteur lape, et qui ne se reprochent pas de faire marcher de front U médecine et la gas- , Elliotson et d'un grand nombre d'élèves, avec les circonstances suivantes, tronomic. » . | L'instrument a la forme d'un fer à cheval. Il a environ 10 pouces dans son plus. L'avocat réfute ce qu'avait dit M. le docteur Jallon, que M. Moltenot avait des i grand diamètre et S dans le plus étroit ; il est composé de S plaques de métal. manières gr: client, en ef bonnement : masser : i paroles,] tre, pas initié à tant de nombreuses cl bizarres définitions. Aussi bien , il y a dans complètement qu'il put avec facilité et sans douleur faire claquer ses doigts dans lici'S expressions techniques quelque chose de si dur, de si discordant, que je n'hé-'; paume de la main . et se déclara entièrement délivré de ses douleurs. Cependant site pas à penser qu'en certains cas, elles peuvent augmenter les maux du malade. [' je pouvoir de l'ins'romenl allait plus loin encore , car l'opérateur montra qu'il i malade, et à la troisième passe : fermer les yeux, tant était i. Quelques passes de plus, et rai pas de voire bienveillance en leu:' reprochant davantage de se servir de noms son menton se trouva involontairement caché dans sa poitrine, et l'expression dt si mal sonnans. » || ses traits indiquait h souffrance la plus .Vigne. L'opérateur laissa cet état durer M* Johanet Trace l'historique du massage dans les Indes ; puis il explique celui pendant quelques secondes, et alors fit disparaître avec une égale rapidité la douirticulier à M. Moltenot, et délaillc les cures qu'il a faites dans des cas de gas- ;' irur en présentant le pôle nord au doigt malade. Alors les spectateurs laissèrent ites, de maladies de nerfs, d'aiTce'ions de poitrine, de paralysies, de douleurs le patient dans un état de calme et de Ininquillitc parfaits. •: !„ _i n.. i». , A 1 1.1—:_, „..; ~..i Ai,: „...:,:. —' '

 

A l'extrémité de la même salle est une vieille femme, martyre d'un tic douloureux de la mâchoire inférieure, qui s'étend jusqu'à l'oreille et envahit une grande portion de la tête. Elle a rapporté que celle maladie la tient depuis neuf ans, et tenu que ce n'était pas un exercice illégal de la médecine, par cette raison qu'un que depuis cette époque , elle n'a pas été un seul jour sans en souffrir , jusqu'au masseur expérimenté pouvait seul juger les cas où le massage était utile, et que les moments où elle est entrée à l'hôpital. Son extérieur annonce qu'elle a beaucoup, médecins, ne connaissant pas le massage, ne pouvaient le prescrire, il discute les souffert. On a appliqué aussi sur elle l'aimant et avec le même succès; mais au faits relatifs au délit d'escroquerie, et s'efforce de démontrer que jamais Moltenot moment où avait lieu la visite dont nous rendons compte ici, elle n'en souffrait n'a lente d'escroquer la plus lég'TC somme, pas, et conséquemment on ne pouvait en ce moment essayer 1 effet de l'aimant n Je termine, messieurs ; jamais eau e n'a excité un plus vif intérêt. Noiisde- pour la calmer ; mais un des assislans ayant demandé qu'on constatât son pouvoir vons à M. Moltenot la vie ; M. Moltenot a sauvé la vie à noire mère , à notre Clic j à produire la douleur, le pôle sud fut passé depuis le milieu du menton jusqu'à ou à nni:r sœur. Tel est le cri qui relenlirj toujours dans cette ville, et qui de-ij l'oreille, le long de la mâchoire inférieure ; à la troisième passe, la pauvre femme terminera une décision favorable de votre part. » I ressentit déjà le commencement de l'accès douloureux, et au bout de quelques bravos se font entendre dans la salle et sont avec Jpeinc comprimés par le secondes , il avait acquis toute son intensité. Tout le monde était alors convaincu Président de la réalité du (hit. La présentation du pôle nord délivra entièrement la malade.

Le tribunal se relire pour délibérer; deux heures s'écoulent et se passent dans .j de sa douleur. L'opérateur dit ensuite qu'après avoir continué les passes, il aura plus grande anxiété de la part de tous les clients du prévenu, qui redoutent de rail pu élever la douleur jusqu'à produire le délire.

le voir placé, par la prison , il.ins l'impossibilité de leur continuer ses soins. Enfin | II y a dans une autre salle une femme qui avait souffert d'un violent mal de le tribunal vient prononcer son jugement, par lequel Moltenot est condamné dents depuis trois mois, quand il y a quinze jours elle en fut complètement deliseulement en 30 fr. d'amende. | vrée, au moins d'après son rapport , par «ne seule application, et depuis elh Des bravos éclatent, et l'heureux masseur est aussitôt accablé des plus vives n'en avait pas ressenti la moindre, trac,-, félicitations des dames qui remplissent l'auditoire.

_ . . — On nous écrit de Montpellier :

( La suite au prochain numéro.) ....