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Dossier de M. Récamier Ensembles des pièces d'archives attachées à ce M. Récamier et dans lequel nous déposerons les articles le concernant.
Dans sa thèse,
Du massage de 1863
Estradère le cite page 19.
Archives générales de médecine, volume 1 de 1838 disponibles sur Google livres, page 384, "De l'extension du massage et de la percussion cadencée dans le traitement des contracture» musculaires.
Vers 1e « mois de juin 1833, le tribunal de police correctionnelle d'Orléans eut à s'occuper d'une affaire assez piquante et qui attira momentanément l'attention du public. Un charlatan, nommé Molteno, eut l'heureuse idée d'apporter du soulagement aux personnes trop nombreuses qui implorent vainement chaque jour l'assistance d'une thérapeutique rationnelle. Il eut recours au massage ; ce moyen n'est pas nouveau ; il est fort en usage dans l'Orient, mais chez nous on l'emploie rarement. Les pratiques qu'il employait étaient assez insolites pour qu'il s'attirât beaucoup de chalands. Il visita la fille d'un conseiller de préfecture ; elle était, disait-on, en butte à une gastrite aiguë : il la massa, et en trois jours elle passa de la mort à la vie. Une jeune personne, de quinze à seize ans, souffrait aussi d'une gastrite; Moltenot, sur le rapport de la mère, employa le massage avec beaucoup de réserve et de convenance, la demoiselle guérit parfaitement. La femme d'un notaire, également atteinte d'une gastrite, fut traitée par le sieur Moltenot ; il la massa, il élargissait les parois de l'estomac et suivait le» nerfs dans foules leurs correspondances, tout en usant de la plus grande décence, le mari était présent; la dame fut débarrassée de ses maux. Un avoué à la cour royale, après avoir passé toute une nuit dans un cataplasme gigantesque, fut massé et guéri de malaises qu'il ne put définir. Les cures de Moltenot se multiplièrent, sa fortune s'en accrut sans doute ; les médecins d'Orléans songèrent cependant à l'arrêter dans l'exploitation de son industrie, et le tribunal, après quelque hésitation, le condamna à 30 fr. d'amende et aux dépens, attendu l'exercice illégal de la médecine. Qu'on n'aille pas croire que le massage ait été condamné ; le masseur eut seul à se plaindre de la sévérité du tribunal. Le massage est permis comme l'homœopathie, comme le magnétisme animal et tant d'autres pratiques, dont nous avons à enregistrer chaque jour les merveilles sans pouvoir convaincre nos lecteurs ni nous convaincre nous-mêmes. La Revue médicale du mois de janvier dernier contient une note, signée d'un médecin célèbre, d'un professeur distingué, d'un praticien répandu, de M. Récamier, toute en faveur de l'extension, du massage et de la percussion cadencée. Il y est question de 13 cas, peu détaillés il est vrai, dans lesquels cette pratique aurait eu plein succès. Un juge de paix est guéri d'une douleur atroce par le massage cadencé ; chez une jeune fille, affectée de constipation opiniâtre, de rétention d'urine et de contractures des membres thoraciques et pelviens du côté gauche, le massage cadencé par le doigt introduit dans le rectum dissipe la constipation et la rétention d'urine ; la liberté des mouvements est rendue par le massage des membres. Les torticolis ne savent point résister à ce mode de traitement ; les coliques nerveuses d'une dame se calment dès que sa femme de chambre consent à s'asseoir doucement sur son ventre.... De ces faits et de plusieurs autres, au moins aussi curieux que ceux que nous venons de mentionner, M. Récamier conclut que :
1° on doit distinguer pour le traitement les spasmes ou contractures musculaires qui ne partent pas du système nerveux, mais constituent une lésion directe des fonctions contractiles des organes musculaires soumis ou non soumis à la volonté, c'est-à-dire sous la dépendance du système nerveux cérébro-spinal ou ganglionnaire ;
2° Dans les contractures musculaires idiopathiques, dans les torticolis, dans les dyspnées, dans les coliques spasmodiques, dans les spasmes permanents des sphincters, etc..., l'extension, la compression, les ventouses et le massage, surtout cadencé, semblent devoir suffire au traitement, comme à celui des crampes ordinaires ;
3° La section des muscles dans les torticolis «t les contractures anales doit être rarement nécessaire, hors les cas de dégénérescence fibreuse ou de défaut congénital de longueur convenable de ces organes ;
4° II ne faut rien préjuger sur les applications que l'on pourrait . vouloir faire de ce mode de traitement aux affections tétaniques ; ici les mouvements sont très fâcheux, et on n'a pu constater encore si la simple compression, par ligature ou autrement., .pouvait être utile dans ce cas, comme dans les crampes cholériques, Le rédacteur de la Revue medicale s'est senti comme frappé d'un Irait de lumière en considérant avec attention les faits rapportés par M. Récamier ; il entreprend déjà des expériences sur le massage cadencé, et a guéri une contraction de l'anus et une gastralgie opiniâtre. , Le trait de lumière qui a frappé le rédacteur de la Revue médicale n'est pas venu encore jusqu'à nous. Le merveilleux nous effraie; i nous craignons de tomber dans l'illuminisme, nous n'avons pas la .• foi nécessaire pour profiter de ces émanations du génie, nous marchons terre à terre, comptant les observations bien complètes, groupant les faits qui semblent entourés de toutes les conditions possibles d'authenticité. Si, en agissant ainsi, nous ne sommes pas admis à faire des pas de géant dans la thérapeutique des névroses, nous nous mettons à l'abri de ces fausses démarches, de ces audacieuses professions de foi sur lesquelles il est nécessaire de revenir bien souvent, et qui jettent en déconsidération l'homme de l'art qui les émet à tout propos. Nous voulons encore mettre nos lecteurs en garde contre ces pratiques singulières dont la morale pourrait s'effrayer, et dont le génie de quelques médecins peut seul saisir convenablement l'indication. Si dans quelque temps de nouvelles expériences viennent à prouver l'efficacité du massage en cadence, nous réunirons les faits mis en évidence par l'instruction de l'affoire Moltenot, ceux de M. Récamier, et des observateurs qui se proposent d'entrer dans cette nouvelle voie de recherches. En attendant, nous suspendrons notre jugement, que l'on considérerait peut-être comme désobligeant ; mais nous craignons que le caractère si généralement apprécié de M. Récamier ne mette pas cette pratique déshonnéte au dessus de tout reproche.
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