Le
courant alternatif de la prostitution en massage
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : dimanche 08 février 2015
Le
courant alternatif de la prostitution
en massage
Le
problème qui se passe dans la prostitution en
massage c'est que chez les hommes, elle se confond
avec le désir
de sexualité
et de légitimité biologique.
La
vie a deux valeurs que la prostitution rend négatives
:
- "la sexualité" que le judéo-christianisme
rend nécessairement amoureuse alors qu'on
la réduit ici à du "sexe"
prosaïque et la transforme en un simple consommable
- le "travail", comme force créatrice
ramené par la prostitution à un attrait
pour "l'argent" qui se sert du corps.
Lorsque
ces deux valeurs masculines
par appropriation sont revendiquées par des femmes,
c'est de la prostitution. La prostituée est valorisée
dans un premier temps parce qu'elle se met au niveau
des exigences masculines toujours bon public en terme
de sexualité, mais elles ne bénéficient
plus de cette même tolérance sur le champs
social. C'est ce qui me fait me demander si la prostitution
hétéro-fréquencée
ne serait pas une forme embryonnaire d'homosexualité
puisqu'elle exige une configuration masculine de la
femme rêvée, c'est-à-dire toujours
sexuelle, disponible, jouissante, et bien sûr
sans menstrues ni naissances, elles baisent comme ils
éjaculent.
Par
contre, lorsqu'elle est pratiquée par des hommes,
sa toxicité s’annule au nom de la toute-puissance
d'un patriarcat générateur de pouvoir.
Le prostitué masculin reste un homme détenteur
des pouvoirs de son sexe
et lorsqu'il l'associe au massage il en atténue
la disgrâce arpentrice des trottoirs
pour l'exercer dans un art à la fois conforme
par ses aprioris sensuels
et conforme au sexe qu'il détient et celui qui
le sollicite. Mais mieux encore, lorsque ce masseur
s'affiche comme masseur-gay,
il s’approprie non seulement les proximités de
son métier
avec le sexe pour toute technique, mais le coule dans
sa nature masculine transcendée par l'efficience
des communs. Je l'avais déjà écris,
là où l'hétérosexualité
est mystique, (la vierge et la licorne), l'homosexualité
est mythique, proche de tout un imaginaire de dieux
Pans perpétuellement priapiques
et sans tabou qui se confondent avec leur nature.
Comment reprocher à des hommes qui s'affichent
ouvertement comme des faunes, c'est-à-dire mi
masseur (homme), mi gay
(bouc) d'être ces fantastiques Sylvain de notre imaginaire,
et de s'activer comme le mythe l'exige tout en parvenant
à y isoler la prostitution des origines quand
le sexe se mélange à ce point avec le
désir
?
La
jonction de ces deux pouvoirs que sont l'argent et le
sexe sont les attribues d'un mythe fondateur à
la fois consumériste et révélé
dans ses attendus sexuels. Satisfaire de façon
assumée l'autre par l'orgasme
démonte les nécessités de l'éthique
dans un parjure de principe pour revendiquer une des
dernières formes de révolte germinative
dans la prostitution.
La
prostitution
est la guerre des sexes non plus entre hommes et femmes
mais entre le sexe et l'argent vu comme produit
de la génitalité
que l'homosexualité synthétise. Avoir
des partenaires multiples reste une incommodité
sociale que les femmes résolvent par la constance
de leurs comportements sélectifs. Mais dans la
prostitution, ça reste le domaine des hommes.
Ce qu'elles semblent gagner en indépendance elle
le rendent en ré-assujettissement au sexe qui
les disqualifie. Elles satisfont ceux qui les blâment.
La putain
est un langage masculin, les femmes qui l'emploient
sont celles qui se conforment à l'hégémonie
du sexe cadet. Il
s'agit de satisfaire l'autre sexe en devenant une Lilith
passagère.
Par
contre, pour ce qui est des hommes qui s'y livrent,
ils ne sont pas vilipendés pour la multiplication
de leurs partenaires mais pour la rétribution
qu'ils en retirent là où les autres payent
pour s'assouvir.
Ce
n'est plus que l'âge supposé de leurs clientes
qui destitue leur puissance en consentant à la
gaspiller avec des personnes déclassées.
La différence avec le péripatéticien
gay c'est que sa contestation reste compliquée
puisqu'il cumule les statuts de mi-homme, mi-femme et
mi-faune restant conforme à sa nature subversive.
On ne peut pas lui reprocher l'utilisation du sexe qu'il
détient en tant qu'homme, pas plus que l'argent
qu'il en reçoit puisque son mode de rémunération
ne peut entrer en concurrence avec la jalousie de ceux
qui ne partagent pas cette sexualité, et même
l'âge de ses clients échappe partiellement
à la consternation puisqu'ils rejoignent eux
aussi le monde mythique des métamorphes.
L'argent
et le sexe sont des armes masculines dont l'exercice
même à des fins professionnelles restent
positives parce que les hommes rechignent à se
contester eux-mêmes.
Alain
Cabello dimanche 08 février 2015 |