Interprétation et désinterprétation
en massage,
ou comment un corrélatif
peut venir préciser une fonction ?
En cours de rédaction, ne pas lire.
Fig. 1 Photo dans le domaine public du recto
de la tablette MMA 55.144.1.
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : jeudi 28 janvier 2021
-
-
-
-
-
-
-
Cabello-Alain_Interpretation
et desinterpretation en massage
Présentation
Il est difficile de vous donner une genèse
chronologique mais je travaillais sur l'idée
que tous massage est nécessairement une interprétation et que s'il avait un versant qui le remettait
entre les mains de son effectueur, il devrait avoir
un opposé et dans ce cas, à quoi ressemblerait
une désinterprétation du massage ?
Silence, absence de son parfois limité
à un état de non verbalisation ou de bruits
parasites dans un environnement qui peut néanmoins,
contenir ceux de son habitat (corps, maison, ville).
La campagne débarrassée des pollutions
sonores de la cité ne l'empêche pas d'avoir
les siens propres, plongez-vous dans le silence absolu
de la nuit et ce sont les-vôtre qui surgiront
(battements cardiaques, acouphènes, borborygmes,
remuements etc). Si notre sommeil est silencieux, nos
rêves ne le sont pas toujours et l'on se rend
compte que même le silence absolue n'est pas absolument
silencieux, donc le silence n'est pas nécessairement
l'absence de bruit mais la disparition d'un certain
type de perturbateurs considérés comme
indésirables (chuchotements, grincements etc).
En massage,
le silence se simplifie autant qu'il se complique. Il
se simplifie parce que l'on est que deux êtres
silencieux tout entiers dévolus à le faire
appliquer puisque c'est un pré-requit à
la détente,
nonobstant, il se complique, si on décide de
l'installer comme une fonction coordinatrice du massage ou que l'on convoque les non-dits, les signaux corporels. Pour commencer, il faudrait introduire
le « silence de
la parole » en
tant que désactivant sonore, des sons de nos
activités (humaines : déplacement
des corps en massage, les gémissements qui accompagnent
une passe énergique etc.), (technique :
reposer l'huile que
l'on vient de se verser dans la main, les déplacements
de son masseur
lorsqu'il s'active autour de nous etc.) et qui participent
de manière active aux principes de relaxation
dès lors que l'on veut bien les écouter
ou les interpréter comme tels. Néanmoins,
ce que la parole n'exprime
pas, l'esprit peut continuer à se le dire à
lui-même par la pensée,
et ce qui maintient en état d'éveil comme
l'attention par exemple, relève d'un bruit intérieur,
d'une permanence cérébrale qui n'est plus
tout-à-fait un silence narcotique mais un silence
interprétatif et collaboratif. Les pensées
agissent comme le « bruit cosmique » que
les astronomes ont isolés comme celui de l’Univers
ou du big bang, elles surgissent et repartent parfois
comme elles sont venues, fugaces, à la suite
de sensations, d'une manipulation troublante ou d'une
passe que l'on aimerait qu'elle ne se termine jamais ;
personne ne dit rien, mais tout le monde sait. Le
silence se sert de la pensée et vis-et-versa
mais la penser vient quelque part, rompre le silence
tout en étant nécessaire à ses
besoins de résultat, de concentration, d'inspiration
ou d'analyses. La sexualité ne doit pas être
une prétextualisation à son intégration
dans le massage ne serait-ce que parce qu'elle lui est antérieure
et que le massage est son parèdre
et de la même manière que l'on peut détourner
la sexualité pour la retourner, pour permettre
à ses courants d'activer d'autres mécanismes
en massage, comme ce que
j'appellerais l'hyper-désexualisation, il est fascinant de voir qu'il nous est
possible de faire la même chose avec le silence.
Ne pourrait-on pas établir une jonction entre
la systémique d'une sexualité décorrélée
de ses schémas habituels pour des ventilations
ponctuelles en massage et une systémique du silence dans
laquelle se taire ne serait pas la seule alternative
puisque l'on pourrait y adjoindre une pensée
libre ou accompagnatrice en l'incluant comme une dynamique
autonome et active de la séance dans un « masso-méta-système » ?
Donc, pourrait-il y avoir une dynamique spécifique
au silence que je puisse tenter de relayer à
ma propre pensée, elle-même déjà
engagée dans un mécanisme de compréhension
plus globale, puisque mon massage est porteur du sens que lui accorde la technique
affichée ? Penser ce n'est déjà
plus se taire, mais « dire »,
se le dire à soi, ce qui est une sorte de silence
rompu, annexe et lui aussi parèdre au massage.
Ainsi, le silence est aussi un des mécanisme
mental de l'interprétation et de la désinterprétation
tels que se conçoit la mise en pratique des instincts
et des techniques. De plus, le silence est une parole
en négatif au sein d'une espèce qui communique
par la parole. Parfois, ce qui ne doit as être
fait doit être fait, ne pas parler en massage
est un impératif, pourtant, les nota
bene verbaux vont venir préciser
une gestuelle sujette à caution, et donc, à
interprétation. Interprétation
et désinterprétation en massage, ou comment
un corrélatif peut venir préciser une fonction ?
Le massage est, en bout de ligne, toujours sujet à
l'interprétation, c'est-à-dire à une forme renoncement
subjectif aux fondamentaux techniques connus ou moins
maîtrisés, en une succession de réactivations
plus subliminales. En un mot, ok c'est du massage thaï,
mais ça reste une interprétation de ce
que je sais ou pense être du massage
thaï, si tant est que
les protagonistes en présence connaissent ce
que j'appelle les fondamentaux de ces corrélatifs
innées. L'interprétation est un a priori
fonctionnaliste, quelque chose qui, sans être
faux, ne peut jamais être tout-à-fait vrai
puisque ça vient de mes suppositions, de ce que
je sais ou pense savoir. Seulement l'interprétation,
malgré les chemins de campagne qu'elle emprunte,
reste profondément propriétaires, désignatives
et somme toute, prévisible. Donc, si le massage a nécessairement
une inévitable part d'interprétation,
il doit convenir de toute une série de désinterprétations, c'est-à-dire de déconstruction
des attendus, pour pouvoir matériellement aller
vers de nouveaux modèles, des masso-form-factor.
En philosophie, c'est ce que Jacques Derrida
appellera la déconstruction
ou Martin
Heidegger , la désobstruction
sans oublier la rupture d'évidence de Michel Foucault .
Lorsque
je parle de corrélatifs, je désigne
les accès privilégiés qui me permettent
une vision d'ensemble à partir d'un certain champs
d'observation et donc d'intervention (granulométrie
de notre massage thaï, récurrence
des émergences dans le champs social, connaissances
plus ou moins évoluées que l'on en a),
mais le verbe, qui vient en contre-pieds du silence,
(je parlais tout à l'heure de « nota
bene verbaux »), peut venir décontrarier un
attendu malmené (ou surpris mais aussi demandeur
d'expériences) pour le conduire vers un néo-narratif
relevant de l'activant. Dans ce cas de figure, le
silence c'est la base de départ, mais que deviendrait
ce silence si je demandais à mon massé de l'installer
consciemment dans son massage, de l'écouter comme une fonction active
et nécessaire à son bien-être, en faire une dynamo ? Si vous comme
moi, écoutons le corrélatif du silence
(ses implications) comme la conséquence native
du massage, c'est-à-dire une systématique
naturelle allant de soi et qu'il n'est pas nécessaire
d'interroger plus avant, cela n'a pas la même
puissance que si je l'active manuellement en disant à mon massé « écoutez-moi
ne pas parler, désinstallez votre massage et réinstallez-le
comme un mode de communication qui ne passe pas par
le verbe mais par les mains, et positionnez-le comme
un langage qui vient rompre le silence qu'il initie
pourtant en ne parlant pas. » Donnez, donnons
ensemble, de la tessiture à ce que nous taisons.
Ce serait donc savoir écouter ce qui n'est momentanément
plus dit, pour le recombiner en une composante active
et conscientisée par les deux parties. Le postulat
en cours ici est en fait de se demander si le silence
peut devenir un matériau, soit dans ses procédés
natifs (se taire par convention ou pour les besoins
du repos, ou dynamiquement en s'entendant pour écouter
ce silence commun), soit dans ses procédés
ruptifs (invoquer, expliquer ou suivre les déplacements
de son masseur comme une composante légitime du massage), et
en quoi ce même massage s'auto-active lorsque parlant, j'interprète
les vibrations de ma voie se propageant à mon
crâne, à mes mâchoires comme un automassage.
Dans le silence, il y a aussi de la timidité,
c'est aussi parfois le silence de l'inquiétude
qui sont des composantes du silence. La timidité
est un silence appréhensif et je qualifierai
l'inquiétude comme un silence mouvementé
et timidité et inquiétude sont une des
conséquences du silence. Donc, nous le voyons,
le silence n'est pas qu'un confort de séance,
mais aussi le résultat d'une mise en défense,
l'expression d'une gêne, d'un non-dit ou d'une
succession de mises en attente destinées à
voir comment cela va se dérouler. Seulement,
tout cela, non-dits,
timidité,
inquiétude
ou excès de paroles forme le corrélat
d'une nudité
que le silence tente de masquer. Ainsi, ne pas
parler c'est renoncer à expliquer et quelque
part, accepter l'état de nudité que suppose
l'art de ne rien dire. Faire silence est autant
un silence qui se fait que faire en silence ce que l'on
a à faire, sans le dire, ou en le disant autrement.
C'est l'application d'une règle suspensive d'abrogation
momentanée du verbe énoncé que
peut venir contrarier à tout moment la pensée
qui est la formulation d'une succession de phrases non
articulées. Le silence ne signifie pas forcément
absence de sonorité et ne pas parler n'empêche
pas de se comprendre par d'autres infra langage (le
subliminal, le toucher, mettre ou pas de la musique).
Le massage
est une oeuvre de silence, Alain Cabello-Mosnier.
Sources
Sites &
blog
Sites web : CFDRM de Paris : http://www.cfdrm.fr/ Cabello
Alain http://www.cfdrm.fr/CV_Cabello_Alain.htm
Alain
Cabello-Mosnier lundi 8 février
2021 |