La frise du trésor de Siphnos n'est pas un massage

Par Alain Cabello-Mosnier.
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Rédigé à Paris le : samedi 21 novembre 2015

Une nouvelle fois les articles de massage se trouvent bien en peine pour trouver des illustrations antiques montant le déroulé de nos métiers et comme à l'accoutumé ils s'emparent de scènes historiques qui semblent les supposer afin d'étourdir les lectrices et lecteurs.

Pour le profane, cela passe bien sûr inaperçu et s'explique d'autant plus par la nécessité d'avoir un visuel pour égayer nos textes et en justifier la rédaction mais intellectuellement c'est une autre histoire. La première question interroge la place de l'honnêteté à laisser penser aux gens que l'image proposée est en lien direct avec le sujet.

La seconde pose la problématique de la source, en parlant d'antiquité, je relais l'idée mille fois soutenue que le massage est ancien mais sans autres précisions, ça s'arrête ordinairement là. Rares sont les ouvrages de massage voulant s'approprier les lettres de noblesses du massage à ne pas se sentir obligé de se fendre d'un paragraphe, parfois d'un chapitre entier à son sujet et parvenant au stupéfiant tour de force de n'en jamais rien dire. Ca reste vague, sans citer de réelles sources ou toujours les mêmes, de notes bibliographiques mais, dès lors qu'on a mentionné le mot Antiquité toute la culture supposée vient avec.

La jeunesse du massage en France au regard de la place que la loi à bien voulu lui laisser fait que leurs auteurs autant que leurs praticien(ne)s méconnaissent l'art qu'ils ou elles prétendent pratiquer.

L'ancienneté du massage en France au regard de ses racines, fait que leurs auteurs autant que leurs praticien(ne)s comprennent intuitivement que cela ne peut durer éternellement et que leurs pratiques expriment inconsciemment cette inculture.

Le trésor de Siphnos

Siphnos est petite île Grecque des cyclades dans laquelle on découvrit des filons aurifères à la fin du VIe siècle av. J.-C. Selon Hérodote , la cité offrit à Apollon de Delphes, comme ça en était l'usage dans les cités grecques une dîme en remerciement de cette découverte. On édifia ainsi un de ces petits édifices appelés "trésors" parce que souvent destinés à abriter de précieux ex-voto. Un des éléments de la frise parmi les plus remarquable sur ce fronton semblait montrer des grecs assis et se massant les uns les autres probablement les épaules lors de quelques banquets.

En réalité il n'en est rien. Il s'agit juste d'une assemblée non pas en état de massage mais de guerre, non pas de grecs mais d'Olympiens en train de décider du sort de Troie , assis, bavardant, gesticulant, tandis que, les Grecs et leurs ennemis se battent de l'autre côté.
Ce monument fut mentionné par Hérodote puis par Pausanias dans sa Périégèse, il fut redécouvert lors des fouilles de l'École française d'Athènes en 1893.

Ces hommes et ces femmes sur le détail du fronton de gauche qui nous intéresse sont Ares , Aphrodite , Artémis , Apollon et Zeus et jamais, là encore, le massage ne fut immortalisé.

L'antiquité à la fois historique et mythologique n'est pourtant pas sans massages, dans cette scène, Apollon, en possession du trépied sacré sur lequel était assise Xénoclée dans la fosse oraculaire lui est disputé par Hercule et justement, ce dernier dispose d'une scène de massage mythologique mais rarement rappelée, voir Hercule massé par une Nymphe, par Alain Cabello, 25 mai 2009.

Hippocrate a écrit un Traité du massage aujourd'hui perdu certifié par Émile Littré dans ses Oeuvres complètes d'Hippocrate de 1839-1861, Céphisodore, Ctésias, Herodicus de Selymbria, Prodius de Céos, Philostrate, Pindare, Plutarque, Strabon, Thucydide pour lesquels nous avons listé chaque entrée en traitant. Même si c'est de façon succincte, anecdotique, dès lors qu'il ne nous reste que cela, délaisser ces traces serait de la négligence et rappelons qu'aucun auteur de l'antiquité grecque mais aussi romaine ne nous est parvenu dans son intégralité.

A la façon des musées, c'est avec les connaissances que nous avons de ces périodes que nous pouvons rajouter les enduits de nos thèses pour assembler les fragments véritables et scrupuleusement vérifiés dont nous disposons en un tout cohérent.

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Alain Cabello
samedi 21 novembre 2015