ARCHIVES GÉNÉRALES
DE MÉDECINE
Janvier 1892
Mémoires originaux
Etude clinique et expérimentale
sur le massage,
Par A. Castex
Deuxième article
Partie
expérimentale.
Nous
avons vu dans la première partie de cette étude,
les résultats thérapeutiques du massage.
Après les avoir constaté, il y a lieu
de se demander comment, par quels mécanismes
intimes le massage produit ses résultats,
quelle est, en d'autres termes, sa physiologie ?
Diverses
explications ont été proposées
jusqu'à présent. On a dit : les passes
du masseur ramènent les organes à
l'états normale :
1°
En y accélérant le cours du sang ;
2°
En agissant de même sur la lymphe ;
3°
En faisant résorber les produits pathologiques
;
4°
En propulsant les déchets organiques ;
5°
Elles calment les douleurs en épuisant la sensibilité
des terminaisons nerveuses par élongation ;
6°
Elles agissent par action thermique et électrique,
etc.
Ces
explications sont de simples hypothèses et j'ai
cherché, pour ma part, la physiologie du massage
dans une voie qui, n'a pas que je sache, été
tentée jusqu'ici.
Grâce
à l'obligeance de M. le professeur Ch.
Richet, j'ai pu faire, l'été
dernier, dans son laboratoire de physiologie, des
(Page 6)
expériences variées sur des chiens. J'ai
choisi cet animal, parce que, en raison de sa taille,
il est ceux que l'on utilise dans les laboratoires,
celui qui se rapproche le plus de l'homme.
Le
plan que j'ai suivi pour ces expériences et le
suivant :
J'ai
pratiqué des contusions simples, des contusions
aux articulations, des entorses, des luxations
et des fractures juxta-articulaires, toujours doubles
et symétriques, actionnant dans la même
séances l'épaule gauche et l'épaule
droite ou la cuisse gauche et la cuisse droite. Un des
côtés était massé
par un spécialiste, sur mes indications, l'autre
abandonné sans massage à l'évolution
naturelle des lésions. Les effets immédiats,
consécutifs et éloignés été
soigneusement notés jour par jour.
J'ai
tenu ces chiens en observation pendant six mois au plus
et c'est à la fin ou dans le cours de cette période,
suivant les cas, que je les ai sacrifiés pour
examiner au microscope : muscles, vaisseaux, nerfs,
squelette des parties traumatisées, avec ou sans
massage, ainsi que les parties correspondante
de la moelle épinière.
J'ai
de la sorte transporté le massage de la
pratique professionnelle courante au laboratoire de
physiologie dans le bu d'évaluer le degré
de son action, en me dégageant des conditions
de nervosisme, de suggestion qui peuvent, chez l'homme,
dénaturer ses résultats. On m'accordera
bien, en effet, que lorsqu'un chien traumatisé
aux deux fesses, massé à droite
et non à gauche, boite de la jambe gauche exclusivement,
il traduit, sans erreur d'interprétation possible,
le soulagement que le massage a procuré
dans sa fesse droite. C'est en outre l'étude
histologique du muscle massé
que contient ce travail et ce-sont ces derniers documents
qui en constituent la partie nouvelle.
Dans
mes premières expériences, je choisissais
toujours pour le massage
le côté droit de l'animal, dans le but
d'éviter une confusion dans l'appréciation
des résultats, mais sur une juste objection du
professeur Ch.
Richet, j'ai renoncé à ce choix
exclusif. On aurait pu m'objecter en effet, que, connais-
(Page 7) sant à l'avance
celle des deux épaules, des deux hanches ou des
deux cuisses qui serait massée, le traumatisme
que je produisais était intentionnellement, ou
si l'on veut inconsciemment moins intense pour le côté
où les passes devaient intervenir.
Bien
plus, l'animal une fois traumatisé, je cherchais
celle des ses deux régions homologues qui semblait
la plus endommagée dans son fonctionnement et
c'est justement celle qui semblait l'être davantage
que je faisais masser. Les résultats que
j'expose seront ainsi, j'espère, du moins par
ce côté spécial, à l'abri
de la critique. J'ai renoncé encore, dans
mes dernières expériences, à l'anesthésie
chloralique que je pratiquais dans les premières.
Elle a l'avantage de rendre moins pénibles ces
heurts forcément brutaux, mais l'animal n'indique
plus par ses plaintes et ses mouvements le degré
du traumatisme. Or il importe qu'il soit de valeur égale
pour les deux côtés. L'anesthésie
supprime encore les énergiques contractions musculaires
défensives que nous savons compliquer les accidents.
_ un homme ivre qui fait une chute en état de
relâchement musculaire aura plus de chance de
ne pas se fracturer la jambe que s'il avait conservé
son sens musculaire. Je voulais ne pas enlever à
l'observation la part d'effet qui revient à cette
catégorie de contractions. C'est pourquoi j'ai
renoncé à l'anesthésie. On sait
d'ailleurs le caractère du chien qui vient lécher
la main de celui qui, le matin même, s'est exercé
à coups redoublés de lourd maillet sur
une partie de son corps.
En
quelques ligne voici comment j'ai généralement
procédé :
J'exerçais
les contusions au moyen d'un gros maillet de bois ou
avec une bouteille de grès. Mon bras s'abattait
de toute sa hauteur, jusqu'à trente cinq fois
de chaque côté, de manière à
produire des effets intenses et sensiblement égaux.
Le
massage qui, au début de mes expériences,
duraient un quart d'heure, a été réduit
à dix minutes, cette durée m'ayant paru
proportionné à la vigueur du chien. Un
quart
(Page 8) d'heure, c'était
lassant pour lui, cinq minutes suffisaient même
quelques fois.
Les
passes consistaient en frictions : friction
avec les pouces ou avec le talon de la main, friction
avec toute la main, pétrissages,
etc.
Avant
de masser l'animal, je le faisais marcher ou
courir pour apprécier ensuite l'effet immédiat
de la séance.
Dès
qu'il sortait du chenil, je l'examinais, marchant, au
pas, courant, et promenant sur ses jambes de derrière
dans la déambulation bipède pour mieux
comparer l'état fonctionnel des deux hanches.
Deux
observateurs se plaçaient à chaque extrémité
du laboratoire examinant simultanément les allures
du chien et contrôlant le résultat distinct
de leurs observations.
L'animal
était anesthésié avec la solution
généralement employée dans le laboratoire
du professeur Ch.
Richet.
Hydrate
de chloral ............. 100
grammes
Chlorhydrate
de morphine.. 0
gr. 50
Eau
distillée ....................... 1
litre
On
injecte en moyenne sous la peau ou dans la cavité
péritonéale, dix seringues de 5 centimètres
cubes, chaque, pour un chien qui pèse à
peu près 18 kilos.
Expérience
I. Contusions simples.
Chien
de garde de haute taille.
Le
chien est étendu sur la table de vivisection,
reposant sur le ventre, les quatre membres et la tête
attachées, mais non trop serrés, afin
que l'animal puisse exécuter quelques mouvements
de défense et se retrouver dans les conditions
d'un individus qui reçoit une contusion accidentelle.
Le gras de la cuisse est rasé à la tondeuse.
Je profite du moment où le chien est un peu dressé
sur ses pattes de derrière pour faire la contusion.
Avec
une grande bouteille vide en grès (une de ces
bouteilles dans lesquelles on met du mercure), je frappe
douze coup violents et consécutifs sur les faces
externe et antérieure de la cuisse. Mon bras
droit s'abattant sur la partie désignée.
L'animal, par ses cris de plus en plus violents, indique
que la contusion est forte et
(Page 9) vraiment ressentie.
Elle s'arrête pourtant à ce degré
où j'ai l'impression qu'une plus grande force
fracturerait les os.
Immédiatement
après ces coups redoublés, on voit un
gonflement bleuâtre modéré se dessiner
sur les parties contusionnées. L'animal se calme
peu à peu. On le laisse ainsi reposer pendant
environ 1/2 heure, puis le massage
commence et est continué sans interruption pendant
dix minutes exactement.
Il
consiste en friction centripètes avec les pouces,
puis avec le talon de la main, par écrasement,
enfin en pétrissages
avec toute la main.
L'animal
ne manifeste aucune douleur. Le massage terminé,
la mensuration montre un cent. de moins de circonférence
à droite qu'à gauche.
L'animal
est détaché de la table à vivisection,
puis promené dans le laboratoire, tenue en laisse
au moyen d'un collier. Tout d'abord la marche paraît
naturelle, mais en y regardant de plus près on
voit manifestement que l'animal a le membre inférieur
gauche raide ; il ne boite pas à proprement parler,
mais la jambe traîne un peu est présente
beaucoup moins de souplesse que le membre inférieur
droit, dont les fonctions semblent absolument intactes.
10
juillet. 2e massage. Il résulte de l'examen
attentif du chien qu'il y a une raideur dans le membre
gauche, tandis que le droit fonctionne librement. Massage
de dix minutes supporté très docilement.
Après le massage, le membre droit fonctionne
librement sans apparence de douleur. Le gauche paraît
toujours un peut raide.
Le
11. 3e massage. Deux observateurs se placent
en face l'un de l'autre, à une trentaine de mètres,
pendant que le chien est promené au collier de
l'un à l'autre, pour mieux observer l'expérience.
Le chien traîne un peu la patte postérieure
gauche et glisse de cette jambe lorsqu'il gambade. _
Massage pendant cinq minutes, parce qu'on remarque
que pour les chiens la séance de dix minutes
est vraiment excessive. Massage non douloureux.
On renouvelle l'observation après le massage,
elle n'apprend rien de plus. En somme, on voit dès
à présent que le membre massé
ne se ressent plus de l'accident.
Le
12. 4e massage. Même observation qu'au
troisième massage.
Le
15. L'animal traîne toujours un peu la jambe gauche.
Elle reste en arrière est semble plus difficile
à mettre en mouvement. Il ne peut y avoir d'erreur,
car le Dr Spehl, professeur à
l'université de Bruxelles, qui est de passage
au laboratoire, constate le fait sans savoir quel
(Page 10) côté
a été massé. En examinant
comparativement les deux cuisses, on voit que la cuisse
gauche reste un peu plus gonflée que la droite
(1cent. 1/2). On suspend la massage,
puisque les bons effets qu'il a produit sont acquis.
Le
30 septembre 1890, deux mois après ces expériences,
l'examine attentivement ce grand chien noir. D'abord
au point de vue des contusions de cuisse : en le faisant
aller d'un bout à l'autre du laboratoire, je
ne constate rien de particulier dans la marche. Peut-être
la cuisse gauche est-elle un peu paresseuse quand l'animal
court, mais c'est très peu sensible. Les différences
dans les deux côtés se montrent au contraire
très manifestes quand on fait la palpation et
surtout à la mensuration des deux cuisses.
La
cuisse gauche, en effet, celle qui n'a pas été
massée, présente à quatre
travers de doigt au-dessus du genou un circonférence
de 24 cent. La cuisse droite au contraire en mesure
26 ; du reste la palpation montre que cette cuisse
est plus ferme et plus peine que la gauche.
Remarque.
_ Cette première expérience nous montre
:
1°
Que l'effet immédiat du massage, loin
d'aggraver la contusion violente de la cuisse, a sur
le-champ réduit les extravations
et diminué le gonflement traumatique ;
2°
Que les fonctions musculaires fortement contusionnée
sont sauvegardées si le massage intervient
après l'accident ;
3°
Que les manoeuvres
du massage ont encore
pour effets de prévenir l'amyotrophie
qui survient à la longue dans la partie contusionnée.
La
comparaison des deux cuisses de ce premier chien, deux
mois et demi après l'expérience, et surtout
leur mensuration, l'établit péremptoirement.
Expérience
II Contusions d'articulations.
Chien
de chasse de haute taille.
L'animal
est fixé identiquement comme le premier sur la
table à vivisection. Les deux régions
de l'épaule sont rasées à la tondeuse.
Faisant renverser l'animal un peu sur le flanc, de manière
à ce que mon maillet puisse successivement aborder
les diverses masses
(Page 11)
musculaires
qui enveloppe la tête humérale,
et me plaçant moi-même à une certaine
hauteur pour que mon mallet s'abatte avec force sur
la partie en expérience, je donne de toute la
force de mon bras droit douze coups successifs avec
un gros maillet en bois, tantôt sur le deltoïde
même, tantôt sur le haut de l'épaule,
tantôt en arrière, tantôt en avant.
J'en fais de même pour les deux épaules,
donnant à la contusion toute la force possible,
mais évitant dans la mesure du possible de fracturer
le squelette.
Comme
le premier, ce chien indique par ses cris que la contusion
est douloureusement ressentie, puis il tombe dans une
sorte de sommeil entre-coupé de plaintes, pendant
environ dix minute après lesquelles il se réveille,
s'agite, se plaint et semble souffrir beaucoup plus
que le premier, qui a été seulement contusionné
au gras des cuisses.
Un
quart d'heure après, on pratique le massage
de tous les muscles de l'épaule droite : frictions
avec les pouces, refoulements centripètes avec
le talon de la main, pétrissages
circulaires est centripètes. L'animal ne manifeste
aucune douleur. Il semble même éprouver
du soulagement de ces manoeuvres.
La séance du massage est continuée
pendant dix minutes exactement, après lesquelles
l'animal détaché est promené de
long en large dans le laboratoire. Rien non plus au
premier abord ; mais lorsqu'on se place en face de lui
à une certaine distance et qu'on le fait
venir à soi, on voit que la patte antérieure
gauche, qui n'a pas été massée,
a peu de souplesse. Ses diverses articulations s'abstiennent
de jouer et le membre s'appuie obliquement en dehors,
en s'écartant de l'axe du corps, rappelant ainsi
l'attitude de l'homme qui a reçu une forte contusion
de l'épaule et qui maintient le membre atteint
dans une certaine abduction.
Très
nettement, la patte droite fonctionne sans la moindre
irrégularité.
10
juillet. 2e massage. Raideur sensible du membre
gauche. Massage de dix minutes supporté
docilement. Après le massage, le membre droit
fonctionne très librement. Le gauche est dans
le même étant que précédemment.
Le
11 juillet. 3e massage.
On examine le chien au sortir du chenil, dans les même
conditions que le premier. L'animal boite manifestement
de l'épaule non massée ; en outre,
quand on presse légèrement sur cette région,
qui est restée gonflée, il pousse des
cris de souffrance, et cette constatation est réitérée
plusieurs fois. Massage du côté
droit, qui n'est ni gonflé ni douloureux, pendant
dix minutes.
(Page 12)
Avant
le massage, on a remarqué que la boiterie
de l'épaule non massée était encore
plus accentuée que la veille.
Le
12 juillet. 4e massage. Mêmes observations
qu'au 3e massage.
Le
15. On se contente d'examiner le chien en le faisant
marcher d'un observateur à l'autre, comme précédemment.
On évite de le faire courir, car lorsque les
animaux
courent, la boiterie est moins évidente. On remarque
que l'épaule droite ne boite aucunement. Au contraire,
l'animal boite de l'épaule gauche ; mais il faut
dire qu'une ulcération de la dimension d'une
pièce de 2 francs s'est produite sur le moignon
de cette épaule. En autre, non seulement
l'épaule massé ne présente pas
d'ulcération, mais elle reste absolument indolore
aux manipulations. Le chien est ramené au chenil
pour attendre la cicatrisation. On cesse la massage,
puisque, malgré une interruption de quarante
huit heures, reste guérie, au contact comme à
la marche.
Remarques.
_ L'influence favorable du massage se montre
ici de toute évidence. Des deux épaules,
celle qui a subi les manipulations se trouve préservée
de toutes les fâcheuses conséquences de
la contusion. L'autre, au contraire, gonfle, devient
douloureuse au toucher et le membre correspondant ne
peut porter l'animal.
Expérience
III. Contusion de la hanche.
8
novembre 1890 . Grande chienne de chasse
L'animal
étant fixé sur la table à vivisection,
on le couche successivement sur son côté
droit et sur son côté gauche. On fléchit
le membre inférieur en expérience dans
toutes ses articulations. Dans cette attitude les parties
molles font saillie et on a plus de chance de les atteindre
dans les contusions en évitant le squelette et,
par suite, en se mettant à l'abri des fractures.
Avec
une de ces grosses bouteilles en grès qui nous
avait déjà servi nous faisons des contusions
violentes sur les faces antérieure et latérale
de la hanche. trente sept fois successives, mon bras
s'abat de toute sa force, tantôt sur les muscles
de la cuisse, tantôt sur les muscles pelvi-trochantériens,
quelques fois sur le grand trochanter, mais toujours
en évitant la région du nerf sciatique.
L'animal indique par des cris et par ses mouvements
de défense que la contusion l'atteint douloureusement.
(Page 13)
Il
est immédiatement détaché et mis
sur ses quatre pattes. Il s'affaisse sur son train postérieur
sans se coucher cependant et glisse quand on l'oblige
à marcher. Il semble que ce soit le membre intérieur
gauche qui est le plus gêné, aussi après
avoir laissé l'animal se reposer pendant vingt
minutes on commence le massage
de cette région (hanche gauche).
Massage
pendant dix minutes de toutes la région de la
hanche gauche. L'animal ne pousse aucun cri pendant
ces manoeuvres.
On pourrait même dire que par le calme où
il se trouve il en éprouve plutôt du soulagement.
Immédiatement après il est remis sur ses
quatre pattes et l'on constate comme résultat
immédiat qu'il y a moins de raideur et moins
de gêne dans cette hanche. En effet, tandis que
tout à l'heure, avant le massage, cette
hanche gauche était plus atteinte que la droite,
à présent elles sont atteintes au même
degré qui consiste en un peu de paresse à
la marche, un peu d'affaissement sur le train postérieur
et un peu d'incertitude dans les mouvements de ces hanches.
9
novembre 1890. 2e massage de dix minutes.
L'état
du chien que l'on examine avant le massage est
sensiblement le même qu'après la première
séance. le deuxième massage semble avoir
assoupli un peu l'articulation de la hanche et l'animal
boite moins du côté gauche.
Le
10. 3e massage. Même état du chien.
Massage de dix min. La boiterie est de moins
en moins accentués à gauche et paraît
au contraire plus accentuée à droite.
Le
11. 4e massage. L'animal soutenu sur le devant
et marchant sur le train de derrière on constate
qu'il boite plus de la jambe droite que de la gauche.
Le
13. 5e séance, dix min. De la même expérience
faite sur le chien, quant à l'observation de
sa marche, on constate que la boiterie à gauche
n'existe plus et que l'attitude de ce membre est normal.
L'animal
est reconduit à sa niche.
Le
14. 6e séance. Après la séance
on constat que l'animal ne boite plus du tout de la
jambe postérieur gauche, mais qu'il reste de
l'enflure à la cuisse, tandis que la boiterie
s'est reportée sur le membre droit opposé.
Le
15. 7e séance. Avant d'être massé
l'animal est promené dans le laboratoire. Qu'il
marche sur ses quatre pattes ou sur les deux de derrière,
on ne peut pas saisir de différence appréciable
dans le fonctionnement des deux postérieurs.
(Page 14)
Massage
pendant dix min. Principalement sur les muscles pelvi-trochantériens.
L'animal
est ensuite promené tantôt à quatre
pattes, tantôt à deux et on croit pouvoir
affirmer qu'il boite, légèrement il est
vrai de son membre inférieur droit, celui qui
n'a jamais été massé. M.
le Pr Ch.
Richet, fait lui-même la remarque,
ignorant absolument quel côté a été
massé.
La
mensuration pratiquée aussi haut que possible
à la racine du membre établit une différence
en moins de 3 cent sur le côté massé.
Donc, les résultats se montrent favorables, puisque
le côté massé est plus gonflé
et plus valide.
Le
17. 8e massage, dix min. Même conclusion
qu'à la 7e séance, la boiterie à
droite est bien plus accentuée.
Le
19. 9e massage. Même observation qu'au
massage précédent.
Le
21. 10e massage, huit min. Quand on promène
l'animal sur ses deux pattes de derrière, on
constate qu'il boite encore de la jambe droite.
Le
26. 11e massage. L'animal semble ne plus boiter
de la jambe droite.
Le
29. 12e massage. L'animal se porte bien, ne boite
plus d'aucun membre. Le massage est interrompu.
7
janvier 1891; On fait un examen tardif de l'animal et
on constate que si on le fait marcher sur ses deux pattes
de derrière, il se laisse tomber sur la droite
(non massée). Le temps d'appui est plus
long qu'à gauche.
La
mensuration donne pour circonférence des cuisses,
à leurs parties supérieure et inférieure
:
à
gauche 34 cent. et 21 cent.
à
droite 36 cent. et 27 cent.
La
cuisse droite non massée est donc resté
plus gonflée. Les poils sont plus rudes à
gauche.
En
dégageant ce que cette observation présente
de particulier, on voit que : 1°
Malgré l'intensité particulière
du traumatisme, le massage
n'était pas douloureux et faisait au contraire
disparaître l'élément douleur résultant
des contusions fortes ; 2° L'amélioration
est rapide, puisque après quarante huit heures
et trois séances de massage, le membre
gauche, plus atteint
(Page 15)
par
le traumatisme, n'est pas moins valide que le droit,
et après la 5e séance il ne boite plus
; 3° Les mensurations en circonférence,
prise en haut et en bas des cuisses, sept jours et soixante
jours après le début de l'expérience,
concordent pour indiquer que le massage a fait
disparaître le gonflement de la cuisse gauche
; 4° Cette observation est particulièrement
intéressante parce qu'elle tend à prouver
que les traumatismes de la hanche (sans fracture
ni luxation),
qui, bénin d'apparence, laissent si souvent après
eux des importances fonctionnelles et boiteries rebelles
d'origine musculaire, un massage précoce
et persistant conjurer le danger.
C'est
dans le but de m'éclairer sur ce point spécial
que, dans mes expériences, j'ai compris des contusions
sur les hanches.
Autopsie
complète le 6 février 1891
1°
J'enlève toute la moelle.
2°
J'enlève les téguments de tout le train
postérieur ; les masses musculaires gauches (massées)
sont plus rouge que celle du côté droit.
Divers fragments de muscles, vaisseaux et nerfs, sont
mis à la part dans des liquides conservateurs.
Rien au trochanter ni à l'articulation. Rien
aux viscères, mais les plèvres sont tuberculeuses.
Expérience IV.
Contusion de la hanche.
17
octobre 1890. Chien mouton.
L'animal
est favorable à cette expérience car il
a les cuisses bien musclées. On l'attache sur
la table à expérience.
Avec
une bouteille de grès analogues aux flacons de
curaçao je frappe quinze forts coups répétés
de toute la force de mon bras. J'assène douze
coups sur la face externe de la cuisse et trois fois
sur la face antérieure, évitant
ainsi le nerf sciatique. L'animal pousse des cris,
expulse urine et matières fécales. Il
est pris immédiatement après d'un tremblement
général qui est encore plus accusé
dans les muscles de la cuisse.
Il
est détaché, promené, et bien que
les parties contusionnées soient très
sensibles au toucher. Il marche comme si de rien n'était.
On
le reconduit au chenil.
(Page 16)
18
octobre. Rien d'apparent dans la marche. Il n'est pas
fait de massage.
Remarques.
_ Voici un résultat négatif, d'autant
plus négatif que l'autopsie à montré,
comme sur l'examen sur le vivant, les massages
musculaires indemnes. Le consigne ici cependant, non
seulement pour donner le résultat exact de mes
recherches, mais encore pour montrer à quel point
quelques chien (et j'ai fais cette remarque nombre de
fois) supportent sans suites les plus violent traumatismes
et se montrent par là réfractaires aux
investigations expérimentales.
Expérience
V. Entorses.
18
octobre 1890. Chien de chasse de haute taille pesant
28 kilos 500 gramme. On lui injecte dans la cavité
abdominale dix seringue de la solution anesthésique
utilisée dans le laboratoire.
Dès
que l'animal est à moitié endormi, je
commence à faire subir successivement à
ses deux poignets des mouvements faux et forcés
dans tous les sens, en adduction et en abduction et
surtout des mouvements d'horizontalité dans les
deux sens après avoir mis l'extrémité
du membre à angle droit sur l'avant-bras, ce
qu me paraît le moyen le plus efficace pour entorser
l'articulation. Je pousse ce mouvement jusqu'à
ce degré où je comprends que la fracture
est proche. L'animal indique par ses plaintes qu'il
ressent une douleur intense. Je prolonge les mouvements
pendant environ trois minutes pour chaque articulation.
Un
quart d'heure environ après commence le massage
d'une des articulation du poignet.
Le
choix se porte sur l'articulation droite, celle qui,
par son gonflement, paraît avoir le plus vivement
réagit. La séance dure à peu près
dix minutes.
Elle
consiste en pressions ascendantes et circulaires de
toute la main. L'animal qui est plus éveillé
que tout à l'heure ne semble pas souffrir du
massage.
La
séance terminée, je prends la circonférence
des deux articulations à trois travers de doigts
au-dessus de l'implantation de l'ergot que les chiens
porte à la partie interne de la région
et je vois, pour le côté gauche non massé,
13 cent. 1/2, pour le côté droit massé
12 cent. 1/4.
(Page 17)
L'animal
est reconduit à sa niche et tenu au repos le
plus possible. On ne met pas d'appareil d'autant que
dans leur niche cette espèce de chiens restent
presque toujours immobiles.
2
octobre. L'animal tenu en laisse est examiné.
On constate qu'il marche sans difficulté aussi
bien du membre qui a été massé
que de celui qui ne l'a pas été. On fait
le massage et il est ramené à ça
niche.
Le
3. Au sortir du chenil l'animal ne paraît se ressentir
aucunement des expériences qu'il a subies. Pensant
que l'anesthésie chloralique peut expliquer ce
manque de douleur, je remets l'animal sur la table à
expérience sans l'endormir cette fois et je pratique
à trois reprises sur l'une et l'autre articulation
du poignet des mouvements de torsion forcée.
L'animal paraît surtout souffrir des mouvements
de torsion en dedans. Je m'applique à exercer
ces mouvements de préférence dans une
flexion légère pour avoir ainsi plus de
prise sur les ligaments latéraux. L'animal pousse
des cris de douleur pendant ces manoeuvres
qui durent environ dix minutes pour chaque articulation.
Je ne m'arrête que lorsque j'éprouve moi-même
une réelle fatigue à pratiquer ces mouvements
forcés. On détache l'animal qui se met
à marcher comme si de rien n'était.
4
octobre. L'animal paraît ne se ressentir en rien
des mouvements de torsion qu'il a subis. Il ne lui est
pas fait de massage.
5
octobre. Même état constaté. Pas
de massage.
Remarques
_ Cette remarque établie seulement la facilité
avec laquelle l'animal se remet d'une entorse forcée
sans s'en ressentir et le dégonflement immédiat
obtenu par le massage.
Expérience
VI. Luxations.
18
juillet 1890. Un grand chien de garde est endormi avec
30 gr. de la solution chloral et morphine en injection
intra-abdominale.
J'essaie
d'abord inutilement de luxer l'épaule par la
torsion de l'humérus en dehors. Je n'arrive qu'à
luxer le coud droit en dehors et à fracturer
le carpe droit par torsion. Je réussis au contraire
à luxer très facilement les deux épaules
par la torsion en dedans sans même faire fixer
l'omoplate, ce que j'avais fait inutilement pour la
torsion en dehors. La tête de l'humérus
devient très visible sous les téguments,
c'est une luxation
en avant et en dedans qui
(Page 18) me paraît
intra-coracoïdienne, toujours est-il que la moindre
traction sur le membre luxé la réduit
instantanément.
Un
appareil mobilisateur est appliqué sur les diverses
parties du membre droit qui a été lésé
à plusieurs endroits pendant les manoeuvres et
on fait pendant cinq minutes le massage
de l'épaule droite. On respecte complètement
la région de l'épaule gauche. On met un
bandage en huit de chiffre sur les deux épaules
et l'animal est rapporté dans son chenil sans
y être immobilisé. On sait, en effet, que
moins l'animal est attaché à sa niche,
moins il remue.
Les
19, 20 et 21. L'animal se meut difficilement sur ses
quatre pattes. L'épaule droite est moins douloureuse
au toucher. Le chien semble plus solide sur sa patte
antérieure droite. Massage pendant cinq
minutes chaque fois.
Le
22. L'animal est fatigué, il a de la diarrhée,
de l'amaigrissement, les yeux chassieux.
En
le faisant marcher, il s'appuie sur la patte de devant
droite, modérément il est vrai : tandis
qu'il relève la patte de devant gauche qui n'a
pas été massée et quand
on le pousse pour qu'il fasse quelques pas, on remarque
qu'il tient toujours relevée et fléchie
dans ses articulations cette même patte qui n'a
pas été massée. On le couche
sur la table de vivisection et on voit que toutes sortes
de pressions exercées sur l'articulation massée
ne sont aucunement douloureuses. Au contraire quand
on manipule l'articulation qui n'a pas été
massée, l'animal s'agite et cherche à
mordre.
Massage
de cinq minutes, on reporte l'animal dans sa niche et
on le met au régime de lait et du bismuth. Il
est d'autant plus intéressant de regarder l'animal
se servir de sa patte antérieure droite massée
à l'épaule, qu'il a eu à cette
patte luxation du coud et fracture du carpe.
Le
24. L'animal a été laissé au repos
jusqu'à aujourd'hui, il est mieux comme état
général. Il s'appuie bien sur la patte
massée et tient toujours l'autre relevée
et fléchie.
Les
pressions sur la première articulation sont indolores,
il n'y a pas d'arthrite mais peut-être un peu
d'atrophie musculaire, il est vrai que le chien est
émacié de partout.
L'articulation
non massée est très gonflée,
très douloureuse, le chien pousse des cris quand
on la comprime, on y sent des craquements.
Les
deux articulations restent réduites malgré
quelques mouvements passifs qu'on leur imprime.
(Page 19)
Le
26. L'animal marche sur sa patte massée,
très bien, mais tient l'autre relevée.
Le gonflement persiste à gauche, massage
de cinq minutes.
Le
28. L'animal se présente toujours dans les mêmes
conditions, c'est-à-dire marche très facilement
sur sa patte massée et fléchissant
dans toutes ses articulations celle qui ne l'a pas été.
L'articulation de l'épaule massée
est absolument indolore aux pressions, pas de craquements
articulaires.
L'articulation
non massée est très tuméfiée,
la luxation
qui semblait se faire et se défaire jusqu'à
ce jour ne se reproduit plus. J'ai même soin de
reporter l'animal par terre à deux reprises après
m'être assuré que la tête humérale
est bien en place et cependant l'animal reste avec son
membre non massé fléchie.
D'instinct
il évite de s'en servir et le tient replié
sous sa poitrine
3
août. Le massage de cinq minute de l'épaule
droite, l'animal, avant comme après le massage
se sert très bien du membre droit. Le membre
gauche n'est pas encore rétabli, le chien s'en
sert de temps à autre seulement.
30
septembre 1890. L'état de l'animal, quant à
ses membres inférieurs n'a guère varié.
1°
Quand on le fait aller d'un bout à l'autre du
laboratoire, un observateur se tenant à chaque
extrémité du parcourt, on constate qu'il
se sert très bien de son membre antérieur
droit et dans la marche et dans la course, tandis que
son membre antérieur gauche reste la plupart
du temps fléchi sous ses jointures et n'appuie
que très légèrement sur le sol,
surtout dans la course.
2°
La palpation montre que les luxations sont bien réduites,
qu'aucune n'est plus douloureuse, mais qu'il existe
une atrophie non douteuse des masses musculaires
autour de l'épaule gauche. C'est ainsi que l'épine
de l'omoplate est très sensible à gauche,
tandis qu'à droite il faut la chercher avec plus
d'attention.
3°
La mensuration établit de façon encore
plus certaine les résultats acquit. Ainsi, la
circonférence de l'épaule droite mesurée
à la racine du membre, celui-là étant
fléchi à 90 degrés du tronc, mesure
:
Pour
le côté droit................................
30 centimètres
Pour
le côté gauche.............................
28 __
De-même
la circonférence du bras mesure :
Pour
le côté droit................................
19 centimètres 5
Pour
le côté gauche.............................
18 __
(Page 20)
Donc,
l'atrophie autour de l'articulation massée
et certaine et si le chien ne se sert pas de son membre
antérieur gauche, c'est parce que ses muscles
n'ont plus la force, et non pas parce qu'il en souffre,
puisque les manipulations exercées aujourd'hui
sur les deux épaules ne sont douloureuses ni
à droite, ni à gauche.
L'autopsie
qui sera faite complétera encore ces résultats.
22
octobre 1890. On examine l'animal au point de vue de
ses luxations.
On
remarque que le membre antérieur gauche reste
fléchi, l'animal ne s'en sert que très
exceptionnellement. L'articulation de l'épaule
reste un peu gonflée, douloureuse au toucher
; quand on lui fait exécuter des mouvements,
on perçoit des frottements qui semblent bien
être dans l'articulation. Le membre entier et
surtout la région de l'épaule sont frappées
d'atrophie manifeste. Quand on mesure comparativement
le membre gauche et le membre droit, on voit qu'il y
a 4 cent. en moins de circonférence et à
l'avant-bras 2 cent. en moins.
Remarques
__ L'heureuse influence du massage
se montre encore avec évidence dans cette expérience
comme résultat immédiat et comme résultat
tardif. Tandis que l'épaule massée
ne conserve aucun traumatisme, celle qui n'a pas été
massée reste gonflée, devient douloureuse
et a des craquements. L'animal évite de s'en
servir. J'insiste particulièrement que, grâce
au massage hâtif, l'épaule et le
membre droit n'ont pas subi d'atrophie, les chiffres
le prouvent. Les résultats sont d'autant plus
probants que j'ai choisi pour le massage le côté
le plus endommagé par les manoeuvres
de luxation.
Expérience
VII. Luxations de l'épaule.
17
octobre 1890. Chienne de chasse. Les dernières
expériences faites après anesthésies,
n'ayant donné aucun résultat en ce sens
que les animaux n'ont pas éprouvé les
suites ordinaires du traumatisme artificiel, nous utilisons
ces deux derniers animaux pour d'autres recherches.
Nous procédons cette fois sans anesthésie,
dans la pensée qu'elle a rendu vains les efforts
produits.
L'animal
attaché à la table de vivisection, je
lui luxe successivement les deux épaules, ce
qui se fait avec peu de facilité et des résultats
différents.
(Page 21)
Epaule
droite : avant que la tête humérale sorte
de sa loge, il se fait une luxation
en dehors du coude, je la réduis aussitôt
et la tête humérale se luxe.
Epaule
gauche : luxation difficile à produire. Je l'obtiens
cependant sans luxer le coude. Ces deux luxations de
l'épaules sont manifestes non seulement par la
saillie que vient faire la tête humérale
sous les parties molles, mais encore par l'épanchement
que produit la tête lorsqu'elle réintègre
sa cavité.
L'animal
qui semble beaucoup souffrir est maintenu en état
de luxation scapulo-humérale pendant une demie-heure
environ. Il se débat vivement malgré ses
liens.
Au
bout d'une demie-heure on lève l'animal. Il se
tient bien et marche sur sa patte droite, celle qui
a été luxée au coude et à
l'épaule.
au
contraire la patte gauche traîne, il ne s'en sert
pas ; il faut dire que la luxation se reproduit d'elle-même;
Du reste l'épaule droite est indolore au toucher
et la gauche très douloureuse. L'animal est reconduit
au chenil et le massage remis au lendemain pour
donner à la capsule le temps de se refermer.
18
octobre. L'animal étant dans le même état
qu'hier, la luxation se reproduisant d'elle-même,
il n'est pas fait de massage.
L'autopsie
a montré que pour l'épaule gauche il s'était
produit un arrachement de la petite tubérosité,
et de tout le squelette avoisinant, avec épanchement
séro-sanguinolent abondant ; à droite,
au contraire il n'y avait qu'arrachement de la petite
tubérosité sans épanchement.
Remarques.
Je n'ai pas cru devoir entreprendre le massage
sur cette chienne puisque la luxation était incoercible
à gauche ; nous n'aurions pu en déterminer
la comparaison. J'ajoute sou observation aux autres
pour les détails techniques qu'elle contient
et en raison des constatations d'autopsie.
Expérience
VIII. Luxations de l'épaule.
1
juillet 1890. Chien mouton, taille moyenne,
bien musclé, pesant 16 kil. 500, que l'on endort
avec 9 seringues avec la solution connue de chloral
et morphine.
Le
sommeil arrive rapidement, et je pratique la luxation
de chaque épaule, l'animal reposant sur le côté
opposé du corps et moi
(Page 22)
prenant
à deux mains le membre demi-fléchi dans
toutes ses articulations et forçant la rotation
en dedans de l'humérus sans fixation de l'homoplate
jusqu'à ce que je sente la tête de l'humérale
sortir de sa place ordinaire. Ces luxations se font
très facilement, elles ne sont pas contestables
:
1°
Parce qu'on sent la tête humérale déplacée
sous les muscles en avant et en dedans ;
2°
Parce qu'en tirant sur le membre on produit l'échappement
caractéristique de la tête rentrant dans
sa loge et cela à plusieurs reprise, toutes les
personnes de l'entourage voyant en entendant se mouvement
de rentrée.
Les
luxations réduites, l'animal est laissé
un quart d'heure immobile, puis commence le massage
de l'épaule gauche choisie parce que la luxation
a été plus difficile et que par suite,
on doit supposer le traumatisme plus intense, les effets
du massage plus probants.
La
séance dure sept minutes environ.
Pressions
centripète sur le dehors de l'articulation puis
sur le dedans et tout particulièrement sur le
deltoïde.
L'animal
et reporté dans sa niche mais auparavant je mesure
la circonférence de l'une et l'autre épaule
sans trouver une différence digne d'être
notée.
2
août 1890. Deuxième massage. L'animale
semble boiter plus de la partie qui a été
massé, mais cette boiterie est moins apparente
après le deuxième massage
qui dure sept minutes.
Le
3; Au sortir du chenil l'animal marche normalement.
Je le replace sur la table à expérience
et sans lui donner de chloral, je luxe ses deux épaules
comme l'avant-veille à cinq ou six reprises,
en exagérant et en forçant sur l'attitude
normale. L'animal pousse des cris de souffrances, je
le maintiens ensuite pendant vingt minutes, ses deux
épaules luxée et les coudes attachés
ensemble derrière le dos. Après quoi je
réduis la luxation,
ce qui ne se fait pas spontanément mais très
facilement d'ailleurs, en tirant sur le bras. On fait
marcher l'animal et on voit qu'il boite des deux épaules
; quand on lui demande de donner la patte il se tient
sur les trois autres, mais en fléchissant et
s'affaissant un peu. Massage de cinq minutes
autour de l'articulation gauche. Immédiatement
après l'animal marche plus aisément, surtout
de l'épaule massée.
Le
4. L'animal ne boite que très légèrement
de la jambe droite.
(Page 23)
Il
lui est faut un massage de cinq minutes après
lequel rien ne reste plus d'anormal dans la marche.
Le
6. L'animal était tout à fait remis.
On
cesse la massage (4 massages en tout).
Remarques.
Ici encore le traumatisme, quoique très violent,
n'a que fort peu endommager les deux épaules.
Le massage favorise cependant l'état fonctionnel
de l'articulation massée dans une mesure
proportionnelle.
Autopsie
du chien mouton.
On
commence par découvrir tout le groupe musculaire
qui enveloppe l'épaule.
Sans
se rappeler quel est le côté massé,
on remarque que le côté droit (et les quatre
personnes présentes font la même constatation)
est moins rouge et surtout atrophié.
Les
divers départements musculaires, au lie de se
présenter en saillie comme à gauche, se
présentent en creux. Or c'est le côté
gauche qui a été massé 4
fois. L'ouverture des articulation montrent d'abord
ont été bien réduites, ensuite
que la déchirure capsulaire, à peu près
cicatrisée aujourd'hui, c'est faite en avant
et près du col anatomique de l'humérus.
On sent en effet là des rugosités et on
voit des éraillures. Pas d'arthrite. On prend
un fragment des deux muscles déltoïdes pour
le microscope.
L'examen
des muscles de la hanche n'indiquent rien. On prend
aussi la moelle et on ne garde que le renflement cervico-branchial.
En
préconisant le massage hâtif dans
le traitement des luxations, je me trouve tout à
fait d'accord avec le Dr. Fège,
très versé dans cette pratique. Il a inséré
dans la Revue d'hygiène thérapeutique,
au mois de janvier 1891, une étude sur le massage
précoce des luxations(1), où il recommande
de commencer les passes dès le premier jour
de la luxation. Il est nécessaire, dit-il,
d'agir énergiquement pour éviter et combattre
l'atrophie. Comme durée du traitement, il assigne
une période de quinze à vingt jours. Je
suis heureux de constater qu'avec des éléments
d'étude différents, nous arrivons à
des conclusions analogues.
____________________________________________________________________________
(1)
J.
Fège. Massage précoce
dans les luxations après réduction.
Revue
d'hyg. thérap., janvier 1891
(Page 24)
En
récapitulant mes expériences, je trouve
que sur les huit, six sont probantes. Deux seulement
restent sans conclusion, l'une parce que le chien c'est
montré réfractaire aux effets du traumatisme,
l'autre parce que le massage était inapplicable.
Aucune
n'est contradictoire.
(A
suivre.) |