Prostitution,
ma douce amie
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : samedi 6 décembre 2014
Prostitution,
ma douce amie
Eléments
de réflexions :
Implacable
réalité : massage
+ finition
= prostitution. Les masseurs
qui terminent leurs clients
deviennent de fait des professionnels
du sexe par choix ou par glissement.
Être gay
ou dans la sélection de ce client ne change rien
au paradigme de l'essentialisation
prévôtale 1.
J'entends par là l'établissement formel
d'un équilibre actif/passif dans la dialectique
de la prédation
alors consentie par les deux parties, qui se posent
comme l'activateur de l'autre devenu l'outil interchangeable
de sa propre démesure.
Mais
la prostitution, doit-elle devenir pour autant l'enfant
battu de nos mœurs
?
La
putain
désignée l'est à la fois par le
terme et par un acte de sexualité
non pas récurrent par l'action de ses nécessités
biologiques mais par la pléthore de sa distribution
échappant au dictat du choix
qui s'impose aux autres.
La
putain m'interroge comme la dernière des philosophes.
Elle est celle qu'il faut rencontrer pour tenter de
ne pas être.
Je
suis par le verbe, je suis par le sexe, je suis celui
qui échappe à la violence des mots, celui
qui prend et celui qui jette, je suis l'homme,
le Tout Puissant de nos Nations. Mais, ma profession
et mes orientations sexuelles sont les génuflexions
posturales du changements. Mon masculinisme
est le knout de ma passivité
que je flagelle comme l'on tape sur ces professionnel(l)es
qui me fascinent par leurs capacités d'enfant
à se laisser martyriser par tous sans jamais
ne rien dire à personne. Leurs petites chaussures
sont les SDF de nos moeurs.
Est-ce
que former des droits aux professionnel(l)es
du sexe serait trop demander à la
législature des machos impotents et corrompus
que constituent les Assemblées de nos démocraties
? Manque-t-on à ce points d'outils
et d'imaginations pour que l'on ne puisse pas faire
la part des choses ? Faut-il battre la prostitution
en publique pour montrer une rigueur commune ? Quelle
jouissance sexuelle éprouve-t-on alors à
parler de sexualité tout en se posant comme un
père ou mère-la-vertu faisant de l'enfant,
de la morale puis enfin de Dieu,
la raison suffisante pour l'interdire, quitte à
ne rien faire pour ceux et celles déjà
engagés dans l'enfer de Bosch que constitue notre
intolérance ? N'y a-t-il pas ici une forme
de lapidation occidentale autorisée par cette
part de déchéance de moi-même que
je tente de dissimuler tant bien que mal derrière
la dénonciation du comportement des autres ?
L'inavouable sexualité qui se choque à
la seule évocation de la pornographie
peine à voir dans l'expression de la sexualité
des autres une réponse que l'esprit mesure.
La dénonciation de la prostitution devient
le netsuke d'une violence faite
aux femmes
au mépris de celle des hommes empêchant
tout recule nécessaire pour penser sans juger.
Tous le monde connaît et s'amuse du netsuke japonais
mais personne ne sait vraiment à quoi il sert...
C'est une sorte de bouton de kimono glissé dans
la ceinture enfin retenir la petite boite qui fait office
de poche inexistante sur ce vêtement traditionnel.
Et bien, lorsque tout le monde regarde le netsuke, personne
ne veut voir qui qu'il y a dans le inro .
La prostitution
n'existe pas, seules des prostitutions
n'existent La désigner dans son unité
est déjà une forme de corruption de l'esprit.
La prostitution est une parabole de l'abandon
que chacun rejoue et condamne pour éviter que
cela ne lui arrive ou n'afflige les personnes auxquelles
on tient. Elle n'est rien d'autre que le générique
de ce que l'on peut mettre dans la condamnation d'autrui
au détriment de soi puisque l'index renvoie toujours
à celui qui le pointe. Si l'homme
pensait ces sujets avec assez de recule, il renoncerait
dans l'instant au manichéisme
de Janus présentant un
visage Pour ou Contre et abandonnerait
la part de ses arguments que l'esprit des autres lui
aurait démontré comme viciés. Il
existe de nombreuses formes de prostitutions et toutes
ne sont pas défendables, mais bien d'autres oui.
Toute la partie inclusive formant contrainte par
voie de menace, de chantage, l'enlèvement, l'exploitation
des personnes vues comme des biens matériels,
ascendances psychologiques, manipulations diverses ne
doit faire l'objet que d'un traitement médical,
psychiatrique et enfin judiciaire qui échappe
ici à mes compétences. Mais une toute
autre partie concerne la résultante d'un choix
découlant des mécanismes déductifs
de chacun, qui, au regard de sa situation, de ses attentes,
voit dans la prostitution et ses corollaires mitoyens
une réponse possible que lui-seul peut vouloir
comme alternative. Le résultat de sa déduction
ne doit pas lui être reproché ou faire
l'objet de violences psychologiques, sociales, administratives,
judiciaires comme c'est encore souvent le cas. Les
automatismes de la condamnation répondent aux
exigence des comportements-clés associés
à des situations-types dont on retrouve les prérequis dans l'éducation, la
culture. Le traitement morale
aujourd'hui consenti à la sexualité est
amené comme nous pouvons déjà l'observer,
à une indifférence de plus en plus forte
de ces comportements associés et cette propension
toute contemporaine tendant à la requalification
systématique des professions mal notées.
Escortes,
masseur(se)s,
hôtesses accompagnent le pécheur comme
le péché vers des tentures linguistiques
plus présentables et légitimes.
Il faut savoir distinguer la prostitution masculine
de la féminine
; la prostitution hétéro-fréquencée
de celle homo-fréquencée
; si elle est vitale, nécessaire ou juste complémentaire
; intentionnelle ou circonstancielle ; étudiante,
rurale ou citadine. Dans la dissection de la prostitution,
encore faut-il être capable de trouver les mécanismes
du sexe, du jeu, de la curiosité, du contexte.
En étant parfois certain d'y trouver les ressorts
habituels de la sexualité se révèle
parfois juste un art du massage qu'une simple
finition
termine sans impliquer plus que cela la coporalité
de l'autre. La prostitution par glissement,
pratiquée de temps-à-autres, reste de
la prostitution mais perd en force. En massage,
ce qui est mon domaine d'exercice la masturbation peut
n'être que le résultat d'un feeling
régulièrement répété
alors où commence-elle et finit-elle quelque
part ? Quels en sont les ingrédients, le
sexe, le désir, l'argent, la facilité,
devient-elle exprimable au regarde de sa récurrence,
son systématisme, la présence d'une rémunération
? J'ai déjà écris là-dessus,
le feeling
en massage est un faux ami et la masturbation
est toujours une prostitution même si elle ne
passe pas par une rémunération spécifique
puisqu'elle peut impliquer une volonté inconsciente
de fidélisation
du client ou l'expression d'un jugement
de valeur passant par l'intégration
de critères physiques associés à
une pratique dévoyant d'ailleurs parfois une
méthode ancestrale.
______
1
Paradigme de l'essentialisation prévôtale
: ce
que j'ai souhaité exprimer ici c'est l'idée
d'enfermement que contient toute tentative de réduction
au sens commun. L'essentialisation de la prostitution
en tant que condamnation de son exercice ne peut que
conduire à la déchéance sociale
qui lui est associée en compliquant l'accès
à ses résultantes possibles puisqu'on
en est réduit, non seulement à tenter
de circonscrire l'objet de sa recherche mais aussi de
défricher les opinions adventices et opportunistes
que ne manque pas de nous restituer l'avis général.
C'est le même problème, sous d'autres angles
qui touche le masculinisme
lorsqu'il devient l'otage malgré-lui de ceux
qui lui contestent jusqu'à ses droits légitimes
à l'expression.
Alain
Cabello samedi 6 décembre 2014 |