Mais les terroristes sont aussi des enfants.
                          
                        Par 
                        Alain 
                        Cabello-Mosnier.  P/O le CFDRM  
                        Libre de droits non commerciaux. 
                          
                        Rédigé 
                        à Paris le : vendredi 09 janvier 2015 
                          
                        Introduction 
                        « 
                        Suis-je seul athées parmi les nonnes et les 
                        bouddhistes, les imams à ressentir l'échec 
                        de ces morts dont on se réjouit du sort au nom 
                        de la douleur qu'ils ont répandu ?  Je ne 
                        parviens pas à dissocier les victimes des bourreaux, 
                        je suis incapable de me satisfaire de l'évidence 
                        de la peines des autres.  J'essaye, je tente de toute 
                        mes forces d'ordonner à mon empathie d'abandonner 
                        ces morts aux charognes de leurs actes, de les comparer 
                        à ces joues toutes douces qui se sont refroidies 
                        à cause de leur aveuglement mais elle ne parvient 
                        pas à atteindre le pouvoir de cécité 
                        de l'amour. Je vois clair dans le sang et je regrette 
                        ces petits garçons partis à la guerre 
                        contre leur propre hérésie qu'ils n'ont 
                        pas su vaincre.  Et l'on crache, l'on pleure et l'on 
                        crache sur ces fous qu'on assimilent ici à l'étranger, 
                        là à une religion, là-bas à 
                        l'esprit de la réserve que l'occident rend palpable.  
                        Ah la France, en ce jour tu m'as pris mes espoirs pour 
                        les froisser à l'ardeur de la presse, hystérique 
                        comme une ruche que l'actualité fameuse rend 
                        ivre d'avoir à restituer ce qu'elle ne comprend 
                        pas.  Si chacune de ses inanités valait une 
                        piqûre, je serais mort aujourd'hui d'un choc anaphylactique.  
                        C'était un studio de cinéma à ciel 
                        ouvert, de l'élevage en batterie d'auditeurs 
                        que l'on gave à l'image qui fascine.  J'aurais 
                        aimé qu'elles fussent américaines, qu'elles 
                        entrent comme l'on aime dans le stéréotype 
                        du texan bien caricatural que la France marge de haut 
                        au nom d'une culture millénaire, mais rien n'y 
                        a fait, c'était bien ici que ça se passait.  
                          Je ne veux pas me résoudre à piquer 
                        dans un illusoire islamisme la raison de ma douleur, 
                        je cherche ma part active de responsabilités. 
                        Je suis aussi sanguinaire que peut l'être le capitalisme 
                        qui ravage nos comportements au même titre que 
                        la chimie altère nos corps.  Leur extrémisme 
                        rejoint nécessairement le mien pour finir par 
                        constituer la chaîne de notre folie. L'écharpe 
                        de mon indifférence face aux migrants syriens 
                        se tisse à la laine des "grillages" 
                        tricotés avec soins autour d'une Europe qui veut 
                        rester honnête.  Je suis atone, ce que j'ai 
                        vu aujourd'hui n'était pas la résultante 
                        d'obscurantisme lointain mais l'échec de l'éducation 
                        Nationale, de l'intégration, de la République 
                        à ce moment de son histoire.    Nombres 
                        de chefs d'Etats et de gouvernements étrangers 
                        vont venir défiler en France ce dimanche 11 janvier 
                        2015 et je ne parviens pas à me convaincre d'y 
                        aller. Ils me paraissent comme des clowns grotesques 
                        venant partager avec mon pays le résultat de 
                        leur incapacité à être solidaire 
                        de ceux qui les ont élu. 
                        Etrange 
                        que cet animal politique qui fait front commun pour 
                        11 morts et ne parviennent pas à se mettre d'accord 
                        sur l'avenir de 65 millions de vivants. 
                        Où-sont-ils 
                        face à la violence carcérale où 
                        des enfants sont entassés ?  Où-sont-ils 
                        face au manque de moyens des prisons, de la justice, 
                        des écoles, de l'échec scolaire ?  
                        Si on a tué des gens avec des crayons c'est parce 
                        qu'on ne leur a pas apprit à tenir des stylos.  
                          Quoi, que peut-on attendre d'un pays qui donne 
                        à ses meurtriers de petits noms d'assassins ? 
                        De ces plaies ouvertes sur des prisons cannibales où 
                        l'on digère les gens qu'on ne veut plus voir 
                        dehors ? Mais où est le Victor Hugo des prisons 
                        ? Et encore, je ne parle pas des retraités que 
                        l'âge disqualifie, de ces mourants qu'on traites 
                        de "légumes" alors que l'on vient d'écrire 
                        il y a peu que "Tous les hommes vivent libres et 
                        égaux en droit". 
                        Certes 
                        les criminels partagent avec le noir la couleur du deuil 
                        mais je ne parviens pas à m'empêcher de 
                        voir en chacun d'eux aussi une victime. 
                        "Le 
                        manichéisme rassure l'esprit en supprimant l'angoisse 
                        du choix..." Simone de Beauvoir.    Ce soir 
                        je suis triste à l'ombre de ces ombres. 
                        Alain 
                        Cabello  vendredi 10 janvier 2015  |