Page entièrement dédiée à
la tablette hiéroglyphique (MMA 55.144.1) et à son masso-contenu
Tablette
funéraire de Horpaa, prêtre à Hermopolis et
fils de Djehutyhor
 Fig. 1
Photo dans le domaine public du recto de la tablette MMA 55.144.1.
MMA
55.144.1 c'est l'abréviation de Metropolitan
Museum Art de New York (département d'égyptologie)
et du numéro de collection correspondant à
cette tablette de calcite. Elle mesure 24cm de long, 2,5 de large
et 0,8 avec un large trou sur le côté à des
fins de suspension. Son sens de lecture va de gauche à droite
sur neuf lignes gravées, niellées noir et séparées
à l'ocre rouge de chaque côté. Son sujet est
une suite de formules funéraires qui, au premier abord ne
semble pas directement en lien avec le massage.
Elle fut rédigée pour le scribe Horpaa "Hor-p(a)-âa
( r-p( )- ) (Harpôs) fils de Djehouty-her
(D wty-hr) présenté
avec ses titres sacerdotaux associés à Thoth d'Hermpolis
. Il était le fils de Djehutyhor qui avait également
d'importants offices sacerdotaux à Hermopolis . Le texte
montre une séquence de courtes phrases religieuses, dont
certaines sont extraites du Livre de Traversing
Eternity.
Drioton
en avait proposé une traduction semble-t-il avérée
sommaire et assez largement erronée à l’antiquaire
Abemayor en 1939 avant qu'elle ne gagne le MET
en 1955 par le biais de la fondation Rogers. La provenance déclarée
est inconnue, mais les titres qu’on y lit rendent très probable
une origine hermopolitaine. Quant à la date possible de sa
rédaction, les indices paléographiques que l'on trouve
permettent de la situer à l’époque ptolémaïque,
voire à l’époque romaine, entre le Ier
siècle av. È.-C.. et le IIe ap. È.-C. (332–30),
sans qu’on puisse, en l’absence de tout autre critère, fournir
plus de précision.
François
René Herbin, auteur de Le livre de vivre tout au long
de l'éternité - transcription, traduction et commentaire
du pap. Leyde t 32 et des versions parallèles
(thèse de 1991), chargé de recherche au CNRS (en 2002),
rédige l'ouvrage suivant qui nous servira de support La
tablette hiéroglyphique MMA 55.144
en 2012. Nous y trouvons mention d'onguent
ou plus précisément de pierre d'onguent...
Masso-contenu
du verso

Fig. 2 Photo dans le domaine public du verso de la tablette
MMA
55.144.1.
Le
travail rapide que je vous propose est tiré de la lecture
et des traductions que François René Herbin nous donne
du verso de cette tablette hiéroglyphique MMA 55.144
présentée ci-dessus. Avant de commencer il faut
savoir que c'est la seule tablette que le CFDRM ait pu marquer du
sceau du massage, fut-il funeste, en effet, si l'artéfact
nous intéresse ce n'est que parce que son dos dispose
d'un masso-contenu thanato-morbide
d'intérêt. Commençons par
le sujet de ce côté-ci de l'objet, au verso. Il s'agit
d'une scène funéraire où, le recto semble plutôt
dédié au mort pris comme un Osiris et le verso aux différentes intervention des dieux
nécessaire pour que le défunt retrouve vie dans l'au-delà
par divers procédés dont la friction ou tout du moins, par le passage d'une préparation
sur le corps décédé.
Nous sommes donc dans une dynamique funéraire où
le mort se voit placé dans sa nature osirienne recevant les
attributs et visites de différents dieux et déesses.
C’est d’abord le don de Routy (divinité léonine du panthéon
égyptien associée au lion), le « double lion
», du souffle de vie, ayant pour conséquence de rendre
au mort une énergie sous la forme d'un taureau
rajeuni. Vient ensuite l’évocation du réveil du dieu
sur son lit et sa vision des déesses-Chepeset ; les «
belles Renenet » l’adorent en jouant du sistre. Puisqu'elles
participent du réveil d’Osiris, elles ne peuvent être
que convoquées pour celui du défunt supposé
suivre le même chemin.
Horpaa est allongé
sur son lit d’apparat (nm t) et là les détails du rite
nous sont communiqués. Il s'agit de protéger le corps
de l'homme t mais aussi celui de sa momie "le
mouvement et la parole lui sont dès lors acquises par le
recouvrement de ses facultés physiques (l.2-3), et rajeuni
par la restitution de ces fonctions fondamentales, sa vie est «
renouvelée »" Parmi les innombrables actes
apotropaïques distribués par incantations, amulettes,
textes, prières indispensables, nous avons l'intervention
des dieux et c'est celles de la déesse-vache
dite Ahet-ouret,
mère du soleil, qui retiendra notre attention.
Plus
factuellement l'inscription du verso de la tablette que nous étudions
dit : « Ihet-ouret, mère de Rê, elle te
pare de son vêtement et nourrit ton corps ; elle te place
sur ses cuisses, et ton corps est pourvu de l’onguent
de pierre divine. ».
Elle
s'approche du mort traité à la manière d'un
véritable Osiris, le pare (smn ), le nourrit
(rr), le place sur ses cuisses
et pourvoit son corps de l’onguent-' t-n r destiné à le régénérer.
Donc déjà là on ne peut s'empêcher de
retenir l'aspect maternel du soin. Déesse-vache, primordiale,
à mamelles, qui prend le mort sur les genoux, le répare, le réveille,
le nourrit et surtout, le masse.
Je vous
propose de retrouver l'article afférent sur La
tablette MMA 55.144.1, exemple de massage dans un contexte funéraire
par Alain Cabello-Mosnier
28 janvier 2021.
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