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Tout ce qu'à écrit Pétrone sur le massage
Thématique : massage, huilage du corps
Noms propres : Satiricon ; Pétrone ; M. Collignon ; Encolpe ; Trimalcion ; Pline, du Choul
Noms communs : onguents ; frotter ; masseurs ; huile
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Dans les fragments du Satiricon dont on prête à Pétrone d'en être l'auteur, nous trouvons une référence au massage. Dans le cas présent il s'agit du Pétrone supposé ami puis victime de Néron mais sur le sixième de l'oeuvre qui nous est parvenu selon M. Collignon, rien ne nous permet de savoir de quel Pétrone il s'agit. Satiricon racontent les aventures d'Encolpe et de ses amis mais cette histoire est divisée en deux par une troisième parties qui nous décrit un banquet donné par l'affranchi Trimalcion. En fait il est fort probable qu'il s'agisse de deux romans distincts comme certains le supposent. Quoi qu'il en soit, ce banquet reste lui aussi incomplet et il n'est pas impossible que ces deux livres aient abordé le massage à d'autres reprises mais à la fin de la première partie, un esclave d'Agamemnon vient chercher Encolpe et ses amis pour leur dire qu'ils allaient le soir-même chez Trimalcion "Oubliant
toutes nos misères, nous nous habillons donc à la
hâte et nous prions Giton, qui jusqu'alors avait eu la complaisance
de nous servir de valet, de nous suivre au bain." Dans le livre XXVIII où Trimalcion, s'étant baigné, rentre chez lui en grand cortège on peut lire : "Il nous aurait
fallu trop de temps pour tout noter : nous entrons donc aux thermes
et aussitôt bien en sueur, nous passons aux bains froids (1). Déjà
Trimalcion, inondé d'onguents, se faisait frotter, non pas avec du lin, mais avec du molleton fait
de la laine la plus douce
(2). Ainsi, Trimalcion est-il déjà "inondé d'onguents" c'est-à-dire qu'il avait déjà été généreusement massé et que lorsque qu'Encolpe et de ses amis arrivent, il se faisait frotter, non pas avec du lin, [comme tous le monde] mais avec du molleton fait de la laine la plus douce" Cet essuyage est en soit un massage comme le massage français plus tard le conceptualisera définitivement. La scène est parfaitement posée, huilage, massage et frottements ou friction avec un linge pour enlever les excès d'huiles. Le texte poursuit en disant que trois masseurs buvaient aux frais de Trimalcion... L'objectif de ce roman, vous l'aurez compris est de souligner la grossièreté de ce parvenu qui tente d'adopter les manières des familles les plus riches sans en avoir l'élégance naturelle.
Massage du menton Vers la fin de Trimalcion nous avons ce joli paragraphe : " Mais, comme j'avais commencé à le dire, c'est l'ordre et la bonne conduite qui m'ont mené jusqu'à ce degré de fortune. Quand j'arrivai d'Asie, je n'étais pas plus haut que ce chandelier, auquel je me mesurais chaque jour, et pour avoir plus vite du poil au menton je me frottais avec l'huile de la lampe. Cependant, joli comme une femme, j'ai fait quatorze ans les délices de mon maître. Il n'y a pas de honte : quand le maître ordonne, on doit obéir. Et cela ne m'empêchait pas de donner égale satisfaction à sa femme. A bon entendeur salut. Je me tais, parce que je n'aime pas me faire valoir." Trimalcion se massait-il ainsi le menton avec l'huile de la lampe afin de précipiter sa virilité.
1 Les Romains aimaient passer brusquement de l'eau très chaude à l'eau froide, au point que Sidoine Apollinaire avait inscrit sur ses bains : « Après un bain torride, entrez vite dans les flots gelés - Afin que l'eau, par le froid, resserre votre peau encore chaude. » 2 C'était une sorte de coton que l'on récoltait sur les feuilles de certains arbres, en Éthiopie et en Sérique, région voisine de la Chine (Pline, liv. VI, ch. 17). Pline, liv. XII, ch. 10 et 11, signale aussi, après Théophraste, un arbre poussant dans une île du golfe Persique et portant des sortes de courges qui s'ouvrent et donnent des pelotes d'une laine précieuse. C'est le véritable cotonnier (gossypium arboreum). Ici, il faut à Trimalcion, pour s'essuyer au sortir du bain, de coûteuses étoffes afin de marquer l'ampleur de sa réussite.
Sources : http://remacle.org/bloodwolf/roman/petrone/partie2.htm#06a
Paris le samedi 31 janvier 2009 |
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Toujours dans le Satiricon de Pétrone dans cette édition de 1688 tome 1, page 87 il est dit : "Ensuite nous vîmes paroître plusieurs courtisanes, qui nous froterent le corps d'une huile, qui retablit nos forces. Après nous être ainsi délassés, nous reprîmes les robes dont on se sert pour manger, & l'on nous conduit dans une chambre prochaine, où il y avoit trois lits dressés, et un repas magnifiquement servit" L'intérêt de ce passage tient non seulement au fait qu'il rapporte encore une fois la récurrence de ces massages aux huiles dans la vie quotidienne des romains mais aussi qu'ils se pratiquaient partout, à tout moment du jour et par tout le monde. Ici, avant de passer à table, on se fait frotter par des courtisanes. Nous sommes dans un banquet et le maître de maison fait offrir à ses hôtes un massage avant de passer dans la chambre où des lits étaient dressés puisque les romains affectionnaient de manger allongés. La présence des courtisane comme masseuse installe la proximité qu'entretenait le massage avec la prostitution et la sexualité.
A la page 88 c'est une note de bas de page qui nous rapporte "l'histoire de Romulus Pollio, qui, à l'age de cent ans étoit encore très-vigoureux, pour avoir souvent usé, disoit-il à l'Empereur Auguste, de ce breuvage [vin cuit avec du miel] au dedans, & d'huile corroborative au dehors, dont il se faisoit frotter : ce qui étoit ordinaire aux anciens." Ainsi, Pollio Romulus dit que c'est le massage qui est à l'origine de sa longévité. G. du Choul au recto f.16 de ses Bains cite Pline (voir aussi l'assertion 3 dans Témoignage : Pline), faisant état de cette conversation entre Auguste et Pollio se désolant de la qualité des huiles supposée meilleure dans sa jeunesse. Sur deux pages nous avons en transversale l'importance que les romains donnaient aux différentes variété d'olives, et donc, à celles des huiles qu'ils en tiraient pour leur alimentation comme pour le massage. Des préparations à base d'huiles et autres savants mélange de cette époque se retrouve chez Dioscoride.
Paris le jeudi 19 mars 2009 |
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