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de 1764
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Les lettres turques
de Milady Montagute de 1764* Connaissez-vous
cette femme du 18ème siècle ? Connaissez-vous cette
histoire qui, par la formation même de ces lignes ne peut
que nous laisser certains qu'elle libère un lien nouveau
avec le massage
? A genoux dans mes livres, je suis comme un paléontologue
à la recherche de fossiles qui pourraient me révéler
plus encore que ce que nous savons de la diversité secrète
de l'art d'être soi-même par le toucher. En fait non, mon absence de talent narratif a suffisamment conscience de ses carences pour vous épargner l'ennui de se laisser lire, en réalité, je vais juste me borner à vous parler de l'histoire des traces de massage qui sont sensées se trouver dans ces lettres et que je n'ai pas pu encore isoler malgré tout mes soins. Fille aînée du Duc de Kingston, cette femme brillante, parlant latin et le grec ancien dès son plus jeune âge mit son aptitude à retenir les langues au service de celles qu'elles apprendra lors de ses voyages. C'est une moderne, une précoce et une originale qui, ayant du mal à se remettre de son premier accouchement, oeuvre naturelle mais souvent mortelle pour les femmes d'alors, n'en décida pas moins de suivre son mari, nommé Ambassadeur d'Angleterre, en Turquie. Voilà qui est normal aujourd'hui, voilà qui ne l'était pas hier et de nature plus qu'inconvenante à cette époque. Jamais aucune femme de ce rang et dans cet état de santé n'avait souhaité ou pu entreprendre un voyage aussi long, voir périlleux. Malgré les fins les plus atroces les unes que les autres qui lui furent promises, elle traversa l'Europe jusqu'à Constantinople, aller-retour telle que nous la restitue la correspondance qu'elle entretient avec sa soeur et quelques amies triées sur le volet. Elle écrira d'ailleurs qu'elle n'a pas entrepris un pareil voyage pour passer son temps à écrire et sa première lettre donne le ton de sa personnalité, entre défiance toute juvénile, une pointe d'arrogance et souvent beaucoup d'humour : Page 9 "Vous apprendrez
avec plaisir, sans doute, ma chère soeur, que j'ai passé
la mer sans accident, quoique nous ayons essuyé une tempête.
Le Capitaine du Yacht nous fit partir dans un tems calme, croyant
qu'il étoit facile de faire le trajet à la faveur
de la marée ; mais deux jours étoient à peine
écoulés qu'il s'éleva un vent si violent, qu'aucun
matelot ne pouvoit se tenir debout ; & nous fumes cruellement
agités toute la nuit du Dimanche au Lundi. Je n'ai jamais
vu un homme aussi effrayé que le Capitaine. Pour moi, je
n'ai eu ni crainte, ni maladie de mer."
La lettre suivante renvoie d'un revers de phrase ses conseilleurs
à leur cher point de croix "Je
me hâte de vous apprendre, ma chere Dame, que je n'ai point
encore essuyé les fatigues insupportables dont vous m'aviez
menacé." et hop, on reste copine bien sûr
! Voilà un aperçu du tempérament de la Lady
qui ne se démentira pas tout le long du livre entre ironie,
humour et culot pour une femme de sa condition et de son époque.
Son trait se fait très souvent acide pour asseoir la complaisance
qu'elle développe en faveur de la Turquie dont elle
apprend la langue et cela participera peut-être à lui
ouvrir les portes que seules des femmes sont en situation de pousser
et de racompter. Milady Montague est citée dans Rêve
d'orient, Les Occidentales et les voyages en Orient XVIIIe,
début du XXe siècle
par Barbara Hodgson mais aussi dans Abcdaire
du bain par Françoise
de Bonneville Ed. Flammarion 2008 dans
lequel il est spécifié qu'elle parle de massage, page 62. Un travail d'enquête pour le CFDRM. Bon, d'accord, je vous ai un peu arnaqué à la fin en vous laissant sur votre faim alors que vous pensiez que j'étais parvenu à percer le secret des lettres turques de Milady Montagute. Mais, mon enquête se poursuit. |
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