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Chez les Moba du nord Togo
Vie, mort et ancestralité chez les Moba du Nord Togo
Par Dominique Banléne Guigbile, Pierre Erny (2001)
TDM Fiche technique

"De temps en temps, les anciens invitent les hommes à entrer dans le vestibule pour (reourner le mort lebd kuum). Cela consiste à changer le cadavre de position, à le masser(nugl) surtout au niveau des articulations afin de maintenir celles-ci souples pour faciliter la mise du corps en position foetale dans la tombe au moment de l'inhumation.
Passage en ligne avec Google

Un des traits communs avec de nombreuses tribus d'Afrique comme chez les Dogon ou les Bamana est la prise en charge par le groupe du défunt et de pratiquer sur lui des massages articulaires visant à l'assouplissement du corps. Ce mode d'accompagnement n'est pas sans incidence sur leur perception de la mort. Qu'il s'agisse de laver le corps, de l'habiller, de le parer reste une forme d'attention, une ritualisation utile à la structuration de toute société mais le massage post mortem est l'organisation à même la peau d'un contact physique prolongé. Même si l'objectif est de lui faire prendre la position la plus proche de ce qui leurs semblent celle de la vie intra-utérine, le contact établit une communication non plus de vivant à vivant mais de vivant en groupe, aux ancêtres. Toute l'attention que peut générer une naissance reste du même ordre que cet autre passage participant de la vie. On sait combien voir le mort participe à phase de deuil mais intègre-t-on vraiment le sens que peut prendre le massage du défunt ? Le toucher est une communication qui s'établie spontanément avec le nouveau-né et les membres de la famille. Prendre l'enfant, l'embrasser prend une part primordiale à l'accomplissement des liens sociaux. Voir, porter, toucher l'enfant l'établit dans le groupe mais chez les Moba du nord du Togo, se lien se poursuit jusqu'au seuil de la mort. Si la perception de la mort occidentale diverge de celle de l'Afrique ou de l'Asie, c'est aussi parce que nous n'avons la même perception corporelle qui se double en Afrique d'un rapport à la terre que les contingences climatiques marquent durablement


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Jeudi 10 juillet 2008 Jeudi 10 juillet 2008