Ce
petit cas d'école sur la douche accompagnée
afin de réfléchir ensemble nos métiers
du massage.
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : mercredi 5 octobre 2011
Ce mercredi 5 octobre 2001, dans mon institut,
un monsieur d'un certain âge, pratiquant beaucoup
le Réiki
me dit, alors qu'il se reposait à la fin de son
massage, rhabillé, prêt à
partir, que ce qui lui plaisait particulièrement
dans la douche
accompagnée que propose le massage français
c'est qu'il ressentait l'influence de la douche au fond
de son corps, comme si je l'avais lavé de l'intérieur.
Bien sûr il n'était pas sûr que le
jeune homme de quarante trois ans que j'étais,
(au vu de son âge à lui) saisirait
ce qu'il entendait ; alors je suis entré
avec lui dans une tentative de compréhension
qui me vaut ce texte. Qu'est-ce qui fait, que nu,
lavé par autrui, on puisse, à cet âge,
ressentir le besoin de poser ce sentiment ? Je lui
ai alors expliqué, c'est ce qui a généré
ce texte tant mon observation étayant son sentiment
m'a paru intéressante, c'est que si la douche
est toujours plus ou moins perçue comme un act
d'hygiène, même si la notion de repos n'est
jamais loin, faire la démarche de venir dans
un institut de massage français,
se laisser déshabiller
en acceptant d'écouter son déshabillage
comme un petit massage en soi ; se laisser doucher
dans la même veine de l'échange impliquait
un dialogue. En fait, si le massage est un retour
aux origines, laisser l'autre vous accompagner dans
cette décente c'est lui permettre d'entrer le
temps d'une séance, dans l'expression de ces
mécanismes profonds et continus qui font appel
à des mémoires anciennes telles que l'eau
qui coule, insaisissable, amniotique, permanente, chaude
; la posture, allongé, nu ; la présence
d'un tiers, ses mouvements qui sont à vous seul
destinés, déroulés pour vous faire
plaisir, empathique, solidaires. C'est par lui que vous
obtenez ce résultat et c'est cela qui donne l'impression
que l'autre comprend ce sentiment de bien-être
puisqu'il en fait sincèrement son métier.
Je suis lavé de l'intérieur parce qu'il
est entré avec moi, par les vêtement que
j'ai laissé glisser au sol comme si le textile
se faisait doigts, comme si j'acceptais qu'être
nu c'est aussi parler autrement, je renonce à
mes vêtement qui ne sont plus des utilitaires
obligatoires mais deviennent le symbole du partage.
A
l'extérieur, dehors, le corps n'est toujours
que masque, l'image d'un dynamisme nécessaire,
donner l'impression d'être toujours ok, alors
qu'en massage vous venez vers l'autre, vous lui
confiez votre corps et lors de cette douche accompagnée,
il fait plus que de vous laver, ça ce n'est en
vérité que de la saleté de surface,
c'est l'incidence naturelle de la douche alors qu'en
massage français
on vise à faire fondre dans les eaux pseudo-nettoyantes
les verrous que l'on ferme pour mieux se protéger
de l'extérieur, famille compris, même si
ici il y en a moins. Parfois on a la désagréable
impression qu'un poids subsiste, malgré tout,
comme si à force de les ouvrir et de les fermer
en fonction des personnes, de l'environnement, de sa
vie, et bien qu'un certain nombre restaient désormais
fermés définitivement et parfois, on finit
même par oublier leur emplacement. Selon l'importance
stratégique de ces verrous, une psychanalyse
peu être utile mais souvent, une simple douche
accompagnée, un massage dans
lequel peu s'abandonner peut suffire à leur réactivation.
Alors oui, se laisser laver par un professionnel du
massage peu vous laver au-delà de toute
imagination sans qu'il n'y ait rien de magique, de thérapeutique,
pas de gouroutisation derrière, juste une remise
à jour naturelle des sens, par quelqu'un qui
les comprends et qui les aime.
Paris
le : 5 octobre 2011 Par Alain Cabello |