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Livre ouvert à l'emprunt TITRE : Les Délices des cœurs. AUTEUR : Ahmad al-Tîtâchî ÉDITEUR : Phébus Date d'édition : 1981 dépôt légal 1998 Lieu d'impression : France LANGUE : français FORMAT : 352 pages Brochées ISBN-10 : 2-85940-554-2 Droits : réservé Identifiant : http://www.cfdrm.fr RELIURE : couverture cartonnée souple ; en bon état ILLUSTRATIONS : non ETAT : parfait et complet BIOGRAPHIE & THEME : Curiosa (érotique) POIDS : |
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Description : Quatrième
de couverture : Le sous-titre
de l'ouvrage précise : ce que l'on ne trouve en aucun livre. Commentaires : L'auteur vu par l'éditeur Ahmad al-TIFACHI (1184-1253). Le peu que nous sachions de son existence nous le montre sous les traits d'un personnage parfaitement respectable. Natif de Tunisie, il passe une bonne partie de sa vie en voyages et s'adonne avec passion aux sciences et aux belles lettres. Il fréquente les grands de ce monde, et ses contemporains - qui le connaissent sans doute pour un érotologue aussi malicieux que distingué - n'hésitent pas à l'honorer du titre de Charâf al-Dîne, « Honneur de la Religion ». Esprit peu conformiste pourtant. Il s'intéresse à la religion, certes, mais aussi bien aux sciences exactes (à la minéralogie entre autres), à la poésie où il excelle, et aux moeurs de la société de son temps - où il évolue avec une sorte de plaisir gourmand. Car la grande affaire de sa vie, à ce qu'il nous laisse entendre, ce sont les choses de l'amour. Vaste sujet qu'il traite à sa manière, sans fausse pudeur aucune : avec la précision d'un homme de science... et l'ardeur communicative d'un fin connaisseur de la volupté. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Provenance : France Incorporation : samedi 7 novembre 2009 Accès à l'emprunt : oui (Argus d'emprunt 25€) Statut de l'ouvrage : don Reconnaissance associative : Ce livre appartenait à la bibliothèque Alain Cabello. |
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Abou'l-Abbâs Ahmad est originaire de Tîfâche près de Gafsa dans le Sud Tunisien. Né en 1184, il étudia à Tunis, poursuivit ses études en Égypte et à Damas (en Syrie). Il écrivit de multiples ouvrages juridiques, scientifiques et littéraires. L'Encyclopédie de l'Islam (t. IV, p. 790) l'honore du titre de " Météore de la Religion " et cite un manuscrit sur des pierres précieuses. Dans "Les Délices des cœurs", manuscrit traduit en 1981 de l'arabe par René R. Khawam, le poète érotologue Ahmad al-Tîfâchî rapporte les anecdotes et les poèmes transmis oralement dans les pays d'Occident et d'Orient évoquant les mœurs en toute liberté. Page 249 LES RÈGLES DE
MASSAGE ET LES MANIÈRES
DES MASSEUSES. Les médecins assurent que cette maladie se déclare dès la naissance de la personne qui en est affectée. Mais ils ne sont pas d'accord sur les causes qui la provoquent. Certains ont mis l'accent sur la configuration de l'organe féminin. Celui-ci doit avoir à peu près la même forme que celui de l'homme, à ceci près que le sexe de l'homme se dresse au dehors et se trouve muni d'un canal étroit, tandis que celui de la femme est tourné vers l'intérieur et possède un conduit large. Quand le sexe de l'homme pénètre l'organe de la femme, il le bouche donc à la perfection, en long aussi bien qu'en large, et c'est précisément pourquoi la femme en éprouve du plaisir, ce plaisir découlant du contact étroit des deux muqueuses accolées lors de la conjonction. Nos médecins ont constaté par ailleurs que si la longueur du sexe de l'homme varie d'un individu à l'autre, il en va de même pour celui de la femme. Si par un heureux hasard les dimensions du sexe féminin coïncident avec celles du partenaire qui l'investit, la femme ne pourra s'empêcher d'aimer ledit partenaire. Dans le cas contraire elle se mettra à le détester. Il arrive ainsi que la distance entre l'ouverture et le fond de l'huis soit minime, tandis que le sexe de l'homme est exagérément long. La femme, du coup, ne pourra manquer de détester tous les hommes en général, leur préférant la douceur des jeunes masseuses - à moins de tomber ensuite sur un homme dont Page 250 " J'ai lu
dans les livres anciens, écrit Ibn Mâsawayh, que la
prédisposition au massage
vient à la femme de ce que sa mère, au moment de l'allaitement,
consommait en trop grandes quantités du céleri, de
la roquette ou du lotus avant de lui donner le sein : les éléments
qui contiennent ces plantes passent dans le lait et se fixent principalement
entre les jambes du nourrisson, provoquant en cet endroit de vives
démangeaisons. Il se passe alors pour les femmes ce qui se
passe chez les hommes de tempérament passif - dont la maladie
n'a d'autre origine qu'une démangeaison dans le fondement.
" Si l'on en croit un autre médecin, le massage obéit à une propension innée à ne recevoir d'excitation qu'en un point précis situé juste à l'endroit où se rejoignent les deux lèvres de l'huis, lieu que l'on pourrait comparer à une sorte de furoncle renversé. Les exhalaisons qui se condensent tout autour sont source de chaleur et provoquent de violentes démangeaisons à la racine des deux Page 251 Sache, ô
lecteur, que les femmes qui se trouvent dans ces dispositions se
considèrent comme des chefs-d'œuvre de grâce et se
classent entre elles suivant cette qualité, le titre de "
gracieuse " qu'elles se donnent les unes aux autres comportant
divers degrés plus ou moins élevés. Si nous
disons incidemment d'une femme qu'elle est gracieuse, elles subodoreront
aussitôt qu'elle s'adonne au massage.
Elles éprouvent les unes pour les autres les plus vives passions,
tout comme les hommes d'ailleurs, quoique avec plus d'intensité
encore. Chacun dépensera pour l'autre autant que l'homme
pour la femme dont il est le plus passionnément épris,
parfois, même le double, voire le quadruple, allant jusqu'à
prodiguer pièces d'argent et d'or par centaines et même
par milliers. J'ai connu en Occident l'une de ses femmes : après
avoir dépensé pour l'objet de ses désirs tout
ce qu'elle possédait en numéraire, et malgré
les reproches de son entourage qui finit par se lasser, elle fit
inscrire au nom de la personne aimée tout le bien-fonds dont
elle disposait - soit à peu près l'équivalent
de cinq mille dînârs. La règle entre elles veut que dans le jeu de l'amour, celle qui aime se place au-dessus et celle qui est aimée au-dessous - à moins que la première n'ait un corps trop frêle ou la seconde des formes plus développées : dans ce cas, c'est la plus légère qui se met au-dessous Page 252 Mais il est d'autres
conditions qui président aux activités amoureuses
entre femmes, conditions qui peuvent donner lieu à des considérations
infiniment détaillées, mais qui ne s'en révèlent
pas moins hautement nécessaires : d'abord une connaissance
parfaite des lois qui régissent la conduite lubrique des
femmes, mais aussi un art consommé de cette musique d'amour
que produit le souffle lorsqu'il sort de la gorge ou qu'il passe
par les narines, enfin une science tout aussi consommée des
phrases qui provoquent le transport passionnel et déchaînent
à volonté des tempêtes de désir. Autant
de vertus que ces femmes prisent plus que tout, dont elles s'entretiennent
sans se lasser à longueur de réunions, qu'elles enseignent
à leurs élèves, qui les couvrent de cadeaux
de haut prix pour être autorisés à se perfectionner
auprès d'elles.
Page 253 Voici à présent une aventure dont fut victime un juge égyptien que chacun dans son pays considérait comme une notabilité, personnage parfaitement digne à tout égard de tenir le premier rang parmi ses concitoyens. Il l'a lui-même confié à un lettré de Damas, de qui je la tiens. Elle a pour cadre le cimetière d'al-Qourâfâ, où les femmes se rassemblaient chaque semaine sous le prétexte d'honorer leurs morts. Personne ne venait les y déranger. On ne pouvait même pas critiquer leur assiduité à venir en ce lieu, ni même les blâmer d'y passer la nuit, puisque nombre de fondations pieuses mettaient à leur disposition des gîtes destinés à abriter tous ceux qui voulaient s'adonner à des prières nocturnes - J'étais sorti un jour de chez moi, raconte le juge en question, pour aller passer la nuit avec ma famille dans un gîte de ce cimetière - uniquement motivé, faut-il le dire, par les besoins de la piété. Les miens avaient pris les devants, précédés d'un porteur de torche, munis de tout ce qu'il fallait pour s'asseoir, manger et nourrir les bêtes. J'étais resté derrière car je tenais à fermer moi-même la maison et, quant j'atteignis le cimetière, le soleil venait de se coucher, la nuit déjà se mêlait au jour. Je cheminais le long des murs de clôture, en un endroit particulièrement désert, quand j'entendis, venant d'un mausolée parmi d'autres, une étonnante musique d'amour. C'était une modulation rauque, exhalée par une gorge haletante : une mélodie pneumatique qui faisait vibrer l'air lui-même, accompagnée par le sifflement subtil des narines. Cette musique arrachait l'esprit, pénétrait au plus profond du cœur. Je n'avais jamais rien entendu de semblable, je n'imaginais même pas que quelqu'un pût proférer, sur un rythme aussi régulier, un chant d'une telle intensité, des paroles aussi osées. Les instruments 1) Il régna de 644 à 656. Page 254 Je découvris
deux femmes, l'une juchée sur l'autre. Celle qui était
dessous, de race turque, présentait une si grande perfection
de corps que la pleine lune elle-même en eût été
jalouse, une harmonie de proportions si parfaite que le rameau feuillu
d'un jeune arbre en eût crevé de dépit. Blanche
de peau, elle rayonnait de fraîcheur et offrait aux regards
des seins arrondis et fermes. La chevauchait une femme plus corpulente,
fort belle aussi, propre, coquette, d'un genre tout différent.
Elle s'appliquait à masser consciencieusement sa compagne,
et c'était elle qui proférait toutes ces paroles lascives
que j'avais entendues. L'autre se bornait à lui répondre
en termes laconiques, comme un maître d'école qui se
serait adressé à l'un de ses élèves. -Malheur à toi, bête brute ! me cria celle qui était debout. Toi, Page 255 Je descendis de
ma monture. Dieu m'est témoin qu'en agissant de la sorte,
j'allais contre mon premier mouvement. Je confiai les rênes
du mulet ainsi que mon fouet à cette créature, et
pénétrai dans le mausolée. Je commençais
par dégager mes jambes des bandes qui les enveloppaient,
au risque de laisser celles-ci traîner par terre ; puis ce
fut le tour de mes pantalons bouffants, dont je dénouais
la cordelette ; je passais ensuite à mon manteau persan,
dont je dus vivement rejeter les pans par-dessus l'épaule
; enfin ma main put relever les franges de ma tunique, et je fus
en mesure de m'approcher de la femme étendue. Je me pendais
enfin sur elle, la tête de mon instrument venait tout juste
d'effleurer les lèvres de son huis, dont il commençait
à peine à éprouver la douceur moelleuse et
la rayonnante chaleur, quand j'entendis soudain un bruit de galop.
C'était mon mulet qui prenait la clé des champs, rendu
tout à coup aussi fringuant qu'à sa promenade matinale.
L'autre femme cependant ne cessait de crier : Je me redressai aussitôt, l'esprit troublé, et sortis du mausolée. J'eus tout juste le temps d'apercevoir l'animal qui filait dans l'obscurité au milieu des tombes, fuyant Dieu sait où. Je m'élançais à sa poursuite dans l'état où j'étais : le sexe haut dressé, les pantalons flottants, les bandes déroulées autour des mes jambes et traînant par terre , le manteau persan toujours relevé . Je courrai à perdre haleine, m'étalant parfois de tout mon long et me relevant tant bien que mal. Et le mulet de vagabonder mieux que jamais, et moi de m'acharner à sa suite. C'était évident : cette maudite femelle, avant de laisser Page 256 Les gens que je
croisais, me voyant dans l'état où j'étais,
m'adressaient des réflexions, mais j'étais incapable
de comprendre ce qu'ils disaient. Je me bornais simplement à
répéter en guise de réponse : Sans doute était-ce
là un moyen de me consoler de ce qui m'était arrivé,
et peut-être d'oublier la ruse où m'avait fait trébucher
cette femelle débauchée. Un souvenir m'obsédait
: j'entendais encore le rire de cette femme qui résonnait
dans mon dos comme je me lançais à la poursuite du
mulet, tandis qu'elle m'appelait en hurlant : Finalement le
mulet ne s'arrêta qu'une fois de retour à la maison.
Il appuya tout simplement son museau contre la porte et demeura
immobile. Mais à ce moment là, je ne songeais qu'à
ces gens que je n'avais cessé de croiser en chemin dans la
tenue que l'on sait, et dont beaucoup me connaissait fort bien...
même si quelques-uns pouvaient ignorer qui j'étais. Page 257 L'on a tantôt
blâmé la pratique du massage, tantôt l'on a avancé
des raisons qui pouvaient la justifier. On prétend ainsi
que les femmes s'y livrent surtout par crainte des pièges
et du déshonneur de l'adultère. Ismâ'îl,
fils de Mouhammad, rapporte quant à lui une réplique
qu'il tenait de " Fromage aigrelet ", la célèbre
entremetteuse. Celle-ci, ayant transmis un jour à une femme
le message d'amour d'un homme, reçut cette réponse
: Citons enfin cette
déclaration de Rose la Grande Masseuse : "Telles sont les femmes avec lesquelles nous nous isolons, nous Page 258 Passons maintenant aux vers qui ont été composés sur ce sujet : Parmi les choses les plus étonnantes
qui se puissent voir Page 259 Et ces autres vers : Seule à seule, je me suis
étendue Si mon massage
agit sur elle Que de massages nous avons
menés, Je décevais mes amants Je craignais bien sûr d'être
enceinte Page 260 Et cet autre poème : Je ne veux plus me contenter
que de celle que j'aime, S l'on dit : « Elle
est enceinte ! Ma seule excuse serait
de faire citer à comparaître ce fruit. Mais l'adultère Certains auteurs se sont complu à dénigrer les plaisirs du massage. Ainsi Hachîma rapporte qu'une femme envoya un jour cette lettre à sa soeur nouvelle mariée qui la délaissait : « Ma soeur, Page 261 La réponse fut la suivant : « Ma soeur, Une autre femme, qui avait vu elle aussi sa soeur l'abandonner pour goûter aux caresses d'un homme et s'y attacher, écrivit un jour cette lettre : « Ma soeur, Elle reçu cette réponse : « Ma soeur, Page 262 On demanda un jour à
une masseuse : Quelques vers sur ce thème, pour finir... Que Dieu maudisse les masseuses Elles ont inventé un tournoi Un autre poète enchérit : Par Dieu ! si mon instrument Page 263 D'un autre : Ô vous, Dames du Massage, Réveillez-vous, car le
pain n'est bon S'il est d'usage de raccommoder
un tissu déchiré Page 264 Toujours dans le même sens : Laisse là le massage
qui ne te retient Prends plutôt pour ton bonheur
une tête dénudée Quand donc as-tu vu, malheureuse, Et pour conclure dignement : A celle qui désire avec
ardeur Tu te trompes, |
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