Est-ce
que les caricatures du prophète sont islamophobes
?
...et Dieu aima
la femme mais pas seulement ! Alors si Dieu est
dans les étoiles, c'est normal qu'il nous montre
sa l'Une.
Par
Alain
Cabello-Mosnier. P/O le CFDRM
Libre de droits non commerciaux.
Rédigé
à Paris le : dimanche 18 janvier 2015
On
entend pas mal cette réflexion qui tend à
dire que si l'on caricature c'est qu'on aime pas, voir
qu'on est anti...
Moi
je pense que par nature, il faut être contre ce
que le consensus nous conduit à accepter au nom
du poids des autres, ne serait-ce que pour la survit
de son libre-arbitre.
La
pensée unique est la négation du nombre,
elle n'est qu'un arbre qui n'en tolère aucun
autre là où la liberté de pensée
fait de ses avis épiphytes un modèle de
résistance basé sur la biodiversité
de ses opinions. Un pays est un feuillage dont la
diversité des essences constitue la culture du
monde qui les accueille, et encore ne parlons-nous ici
que de l'homme. De la même façon qu'une
caricature gay dans cet esprit ne pourrait pas décemment
être qualifiée d'homophobe, il me semblerait
tout aussi irrecevable que celle d'un soi-disant prophète
devienne d'un coup d'un seul islamophobe et insultante
pour tous les musulmans de la planète. Si montrer
le prophète est un blasphème, si le caricaturer
est le summum de l'abjection, où placera-t-on
le curseur pour dénoncer les crimes qui sont
perpétrés en son nom ?
Lors
des événements qui ont suivit l'attentat
contre Charlie Hebdo 7 janvier 2015, j'ai trouvé
bien moins inconvenant la Une de cet hebdomadaire au
regard du prix qu'ils avaient payé en montrant
Mahomet, que France 2 arpentant les marchés à
la recherche de musulmans pour leur-là mettre
sous le nez afin d'avoir leur avis. Par ailleurs,
l'utilisation du suffixe "phobie" associé
à des minorités me paraît contestable
pour qualifier le rejet d'un groupe social. La peur,
voir la terreur irraisonnée que l'on peut ressentir
devant certains insectes, reptiles ou mammifères
ne sont pas celles que l'on voit poindre en présence
d'une minorité quelle qu'elle soit. On a jamais
vu quelqu'un hurler ou monter sur une table parce qu'il
venait de découvrir un pédé dans
son salon.
L'idée
de rejet ne me paraît pas suffisamment liée
à l'état défensif, réactionnel
que provoque la vue de ce qui nous dégoûte
comme un réflexe primitif et irrépressible
liée à la peur de la morsure, du venin,
de la mort. Charlie Hebdo est un journal de
gauche, dont l'ADN est la satire, notre République
est laïque et Marie Antoinette en a subie en son
temps les conséquences, ce n'est pas comme si
ce dessin avait été commandé par
l’Élysée ou produit par le journal d'extrême
droite Minute. La porté de ce que l'on
perçoit comme une atteinte doit s'estimer au
regard de la diversité des cibles, de la récurrence
des estocades et des sujets qu'elles illustrent.
Dès lors que tout le monde y passe, sans mauvais
jeu de mot, même Hollande ou Louis Philippe sous
Daumier, on ne peut pas les taxer de racisme et leur
demander de surveiller leurs plumes sans faire le jeu
de ces extrémistes qui ne sont, ni des politiques,
ni des religieux, si tant est que leurs éructations
ne soient pas devenues entre-temps l'esprit saint de
leur connerie.
Le
risque serait que Charlie devienne cette photos de Hara-Kiri
:
Le
principe de l'ironie, c'est savoir plaisanter de tous
même de soi.
Alain
Cabello Paris le : dimanche 18 janvier
2015 |