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Type : eau-forte
Nom : L'Ouï, vers 1638 par Abraham
Bosse dans la suite des
: Les Cinq Sens.
Scène : L'Ouï
Origine :
Dimensions : 21,2 x 30cm.
Propriété : CFDRM
N°inv. : Commentaire du peintre
(Texte de la BNF) « Cette assemblée
musicale s'apparente aux nombreuses représentations de ce
genre réalisées par des artistes de l'école
du Nord, tels Duyster, Olis, Palamedesz... Deux musiciens, une jeune
femme au luth et un homme à la viole de gambe, accompagnent
les chants de leurs compagnons. L'homme assis à gauche dirige
le groupe tout en suivant sur son livret. On peut lire sur un
second livret, ouvert sur la table devant le joueur de viole :
"Cloris de quoi te sert... de me voulloir..." Le thème
des amours de Cloris et Tyrcis est fréquent dans les airs
de cour joués au XVIIe siècle ;
François Richard, Étienne Moulinié et Antoine
Boësset, pour ne citer qu'eux, ont composé, en particulier
en 1637, date possible de la réalisation de cette estampe,
de nombreux airs contant cette histoire. Malgré les recherches
effectuées, notamment parmi le catalogue des incipit du Centre
de musique baroque de Versailles, l'auteur de ce livret n'a pu être
identifié. Il est possible cependant que Bosse ait simplement
voulu évoquer un sujet à la mode. Il a repris ce thème
pour deux estampes en pendant : Tyrcis qui te plains nuit
et jour et Jeune Seigneur jouant du luth. Scène
d'harmonie, puisqu'ici l'accord prime avant tout afin de donner
une cohérence à l'ensemble, qui contraste avec le
sujet des tapisseries tendues sur le mur et sur lesquelles sont
reproduites des scènes de batailles, symbole absolu du désaccord
poussé à son paroxysme. Il est facilement imaginable
qu'un bruit assourdissant règne alors, cacophonie où
se mêlent également les sons des trompettes qui accompagnent
les guerriers. Le luth et la viole de gambe sont deux instruments
particulièrement prisés au XVIIe
siècle, le luth est notamment très souvent joué
pour accompagner les "airs de cour", dont ceux pour lesquels
Gabriel Bataille fit de nombreux arrangements (G. Bataille, Airs
de différents auteurs mis en tablature de luth, 6 vol.,
Paris, 1608-1615). Marin Mersenne publie en 1636 un livre d'Harmonie
Universelle dans lequel il écrit : "Le plus
doux de tous les sons est celui qui se fait par le mouvement de
la corde après qu'elle a été touchée
ou frappée, comme il se voit au luth, à la harpe...
et plus qu'en tout autre à la viole". Une partition
a été éditée en 1642 à Nuremberg
avec, en page de titre, une reprise de cette estampe, inscrite dans
un cartouche (Opitianischer Orpheus, composé par Johann
Erasmus Kindermann - Nuremberg, 1616-1655 -, maître de chapelle
de l'église Saint-Égidien de Nuremberg ; un exemplaire
de cette partition est conservé à la British Library
de Londres) et un tableau attribué à Gonzales Coques
(Anvers, 1614-1684), Concert de Société, s'inspire
directement de cette estampe. La série Les Cinq Sens
compte véritablement parmi les plus célèbres
gravées par Bosse. Dès le XVIIe
siècle, elle fut manifestement très populaire, si
l'on en croit le nombre important d'ouvres gravées ou peintes,
dès le milieu du siècle, d'après ces estampes.
Les Cinq Sens sont un thème iconographique courant
depuis l'Antiquité, mais, si les artistes ont généralement
représenté ce sujet dans des compositions allégoriques
ou mythologiques, Bosse ne suit pas cette tradition. Dans des scènes
de la vie quotidienne, il semble nous offrir une sorte de palette
des plaisirs terrestres que l'on sait inévitablement fugitifs.
Leur savoureuse représentation appelle de façon criante
à se laisser aller sans remords au carpe diem.
Le sujet de chacune des cinq estampes est annoncé dans un
cartel anthropomorphe.
Dans des espaces réservés au bas, à
gauche 4 vers latins : Pulsa placet digitis mirè mihi
Lyra peritis, / Cantibus et miris me philomela rapit ; / At
mihi concentus numquam jucondior vllus, / Qu'am laudes docta qui
canit arte meas. ; au-dessous : ABosse jn et fe. F.L.D.
Ciartres excudit Cum Privilegio Regis ; et à droite
4 vers français : A Bien considerer la douceur jnfinie
/ Des tons de la Musique et leurs accords diuers, / Ce n'est pas
sans raison quon dict que l'Harmonie / Du mouuement des Cieux entretient
l'Vnivers ; au-dessous : A Paris, Chez Mel. or Tauernier,
demeurant en l'Isle du Palalais, à la Sphere. Au centre,
dans un cartouche auriculaire : LES PLAISIRS / DE LA MUSIQUE
Dans une bordure de rinceaux et cornes d'abondance »
Source : BNF http://expositions.bnf.fr/bosse/grand/163.htm
Voir aussi Hans
Makart. |
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