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Livre non acquis TITRE
: Le
Tour du Monde AUTEUR : Édouard Charton ÉDITEUR : Date d'édition : 1868, 1er semestre, 1ère édition. Régime politique du contexte de l'ouvrage (en France) : Second Empire (1852 – 1870), avec l'empereur Louis-Napoléon Bonaparte (20 avril 1808 – 9 janvier 1873) mort à 65 ans. Lieu d'impression : France LANGUE : français FORMAT : Un volume. ISBN : aucun Droits : libres Identifiant : http://www.cfdrm.fr RELIURE : ILLUSTRATIONS : oui, un massage page 87. ETAT : |
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BIOGRAPHIE & THEME : voyage POIDS : Commentaires : massage page 87, page 426 la table des matière nous indique le chapitre : Massage page 87. Livre en ligne sur : Google-livre : tome 9. Fiche de repérage (mots clef) : à compléter TDM : Traite ou emploie des termes liés au massage. Oui Provenance : Incorporation : Accès à l'emprunt : non acquis Statut de l'ouvrage : Reconnaissance associative : |
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Restitution de texte. Le Tour du Monde : Voyage dans le soudan occidental Page
83 Le Tour du Monde : Japon par Édouard Charton Page
86 Les médecins des classes opulentes de la société sont toujours sûrs de se mettre dans les bonnes grâces :1e leurs patients en leur recommandant de faire, pendant la belle saison, une cure prolongée dans quelqu'un des endroits de montagnes réputés pour la vertu de leurs eaux. Il en est de particulièrement célèbres dans l'île de Kiousiou,au pied des volcans d'Aso et de Wounsentaké. Les sources thermales que l'on y trouve sont, pour la plupart, sulfureuses et d'une température très-élevée. On les utilise surtout dans les cas d'affections rhumatismales et de maladies de la peau. Il n'est pas encore venu à l'esprit des Japonais de rehausser les charmes de la saison des bains par l'appât de la roulette et du trente et quarante. Tout ce qu'il y a parmi eux, de gens de bonne compagnie, dédaigne les jeux de hasard. On abandonne les cartes aux laquais et aux palefreniers, et encore ne leur permet-on pas même de jouer pour de l'argent. Le petit bourgeois ne se dérange pas volontiers de ses habitudes pour augmenter la clientèle, des eaux thermales en renom. Dans un cas d'insuffisance bien constatée de la Faculté, il entreprendrait plutôt un pèlerinage qu'une cure de bains. Au reste, il n'est pas sans avoir ses idées sur la médecine. A son avis, la cause latente de toutes les perturbations de la machine humaine, réside dans l'action plus ou moins déréglée des vapeurs intestines, lesquelles apparemment ne sont autre chose que celles dont parle Sganarelle, c'est-à-dire « ces vapeurs formées par les exhalaisons des influences qui s'élèvent dans la région des maladies. Les bains quotidiens contribuent, sans aucun doute, à les dégager et à les dissoudre. Toutefois, lorsqu'il survient que'que dérangement inopiné, quelque malaise subit, pendant les heures de travail ou de récréation, il est bon d'avoir sous la main la petite boîte à médicaments, et c'est pourquoi l'on a soin de la suspendre à la ceinture, au même jeu de cordons que la pipe et le sac à tabac. Mais si le gaz morbifique résiste aux poudres et aux pilules de la petite boite, il faudra, selon les circonstances, recourir soit au remède caustique, soit à l'acuponcture. Le premier n'exige pas absolument l'intervention du chirurgien. Chaque ménage bien monté possède sa provision de petits cônes en feuille d'armoise, avec lesquels se fait l'application des moxàs ; et toute bonne ménagère doit savoir quels sont, d'après les symptômes ou les effets du mal, les endroits du corps qu'il convient de soumettre à la brûlure, comme, par exemple, les épaules dans l'indigestion, les maux d'estomac et la perte de l'appétit; les vertèbres du dos dans les atteintes de pleurésie ; le muscle adducteur du pouce dans Page
87 L'acuponcture, que l'on envisage comme le remède souverain contre la colique, consiste à pratiquer, au moyen de fines aiguilles en or ou en argent, six ou neuf profondes piqûres dans la région abdominale où est le siège de la douleur. Gomme il existe dans certaines contrées de l'Europe, une classe d'empiriques qui joignent à la profession de barbier l'art d'arracher les dents, de poser des sangsues et d'appliquer des ventouses, le Japon possède toute une catégorie de chirurgiens subalternes, qui se vouent spécialement à l'exercice de la méthode caustique et surtout de la ponction par aiguilles. On les désigne sous le nom de Tensasi « les gens qui palpent, » et cela en raison des préliminaires obligés de leurs opérations. Quelque talent qu'ils puissent déployer dans leurs diverses fonctions, il ne leur est jamais permis d'y joindre le massage, genre de traitement fort usité au Japon dans les cas d'irritation nerveuse ou d'affections rhumatismales. Le motif de cette exclusion me fut révélé par un marchand de laque , chez lequel j'eus l'occasion d'assister à un spectacle qui me parut, au premier abord, d'une interprétation difficile. Une femme couchée sur le flanc gauche et gisant tout de son long sur les nattes de l'arrière-boutique, supportait patiemment en croupe le poids d'un grand gaillard, qui, des deux mains, lui pétrissait les épaules. « Et c'est votre femme? • demandai-je au bon bourgeois. Celui-ci, pour toute réponse, me fit un signe affirmatif, puis étendant l'index et le médium de la main gauche sur ses deux paupières, il me signifia de la sorte que l'inconnu était un aveugle. Je compris alors que chez les Japonais les lois de la décence exigent que le massage ait pour agents des hommes privés du sens de la vue, ce qui n'est point le cas dans nos établissements hydrothérapeuliques, et je protestai une fois de plus en moi-même contre les allégations malveillantes que l'on se plaît à répandre, touchant la pudeur des fils et des filles du grand Nippon. Je me souvins aussi d'avoir fréquemment rencontré dans les rues, des aveugles suivant avec précaution le trottoir, tenant de la main droite un bâton de montagne, et de la gauche un bout de roseau taillé en sifflet, dont ils tiraient par intervalles un son plaintif et prolongé. C'est ainsi qu'ils signalent leur passage aux familles bourgeoises où il peut y avoir quelque sujet à masser. Tous ont la tête rasée et portent une robe d'étoffe unie, grise ou bleue. J'appris qu'ils forment dans l'Empire une grande confrérie, qui se divise en deux ordres. Le plus ancien, celui des Bou-Setzous, a un caractère religieux et relève du Daïri. Il fut institué et doté par le fils d'un Mikado, le prince Sen-Mimar, qui était devenu aveugle à force d'avoir pleuré la mort de sa maîtresse. Je me demande si, dans toute l'Europe, on a jamais vu, je ne dirai pas un prince de l'Église, mais un simple fils de roi ou d'empereur, dont les yeux se soient fondus pour un chagrin si poétique ? L'ordre rival des Bou-Setzous, qui est celui des Fékis, a une origine plus récente, mais non moins chevaleresque. La grande victoire remportée à Simonoséki par le Siogoun Yoritomo, avait mis fin aux guerres civiles qui déchiraient l'Empire. Féki, le chef du parti rebelle, était resté sur le champ de bataille. Son valeureux général , nommé Kakékigo, ne tarda pas à tomber au pouvoir du vainqueur. Celui-ci fit traiter son prisonnier avec toutes sortes d'égards. Lorsqu'il crut l'avoir gagné par ses bons procédés, il l'appela en sa présence et le pressa de se rallier à la cause impériale : » J'ai été le fidèle serviteur d'un bon maître, répondit le général; et puisque j'ai dû le perdre, nul autre au monde ne lui succédera dans mon estime. Quant à vous, auteur de sa mort, je ne saurais vous regarder sans souhaiter de pouvoir faire tomber votre tête à mes pieds. Mais vous me confondez par votre magnanimité: acceptez donc le seul sacrifice par lequel je puisse lui rendre hommage! » Et en achevant ces paroles, l'infortuné s'arracha les deux yeux, comme pour les offrir à son nouveau maître. Yoritomo le mit en liberté et lui fit une donation dans la province de Fiougo. Le général, de son côté, fonda pour les aveugles, avec l'autorisation du Mikado, l'ordre des Fékis, lequel l'emporta bientôt en nombre et en richesse sur celui des Bou-Setzous. Tous les membres de la société doivent exercer une profession: il en est qui se font musiciens, spécialement joueurs de biwâ; la plupart cependant s'adonnent à la pratique du massage. Les gains recueillis de ville en ville par les uns et par les autres sont versés dans la caisse centrale, qui pourvoit, au moyen d'une solde fixe, à la subsistance de tous les sociétaires indistinctement, jusqu'à la fin de leurs jours. Le gouverneur de l'ordre réside à Kioto. L'on assure qu'il exerce sur ses administrés le droit de vie et de mort, sous la seule réserve de la suprématie impériale. Le massage. — Fac simile d'une caricature # japonaise. Page 88 S'il n'est pas difficile à l'étranger qui séjourne au Japon d'entrer en relation avec les gens du peuple et de pénétrer même dans l'intimité de la vie bourgeoise, je doute que jamais il trouve l'occasion de se faire ad mettre à des fêtes de famille chez quelque personne que ce soit de la société indigène. Dans toutes les contrées de l'extrême Orient, le mariage d'une fille ne se célèbre et ne donne lieu à des réjouissances plus ou moins prolongées, que dans la maison de l'époux. Mais tandis que le Chinois est fier d'inviter aux noces de son fils quelques hôtes étrangers pour faire parade à leurs yeux de la pompe qu'il sait déployer dans les grandes circonstances, le Japonais, de son côté, entoure de la plus discrète réserve les formalités et les cérémonies relatives à cet acte solennel. Il l'envisage comme une affaire trop sérieuse, pour qu'il puisse se permettre d'y appeler personne d'autre que les proches parents et les confidents des deux principaux intéressés La plupart des mariages japonais sont le résultat d'arrangements de famille, préparés de longue date sous la seule inspiration de ce bon sens pratique qui est l'un des traits du caractère national. La fiancée n'apporte pas de dot, mais on lui fait un trousseau dont mainte dame d'un rang supérieur pourrait s'accommoder. L'on exige d'ailleurs de sa part une réputation sans tache, un caractère doux et paisible, une instruction appropriée à son sexe et toutes les dispositions d'une bonne ménagère. |
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