Réflexions
sur le court-métrage Polissons
Et Galipettes, réalisé
et produit par Michel Reilhac et Mélange Production. |
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Nous constatons que dès qu'un art possède une entrée sur la sexualité il lui est immédiatement asservit sous le vocable d'érotisme encore pardonnable ou carrément du sans appel, pornographique. Si tenté que l'art ne soit pas en lui-même déjà la façon de se distinguer du groupe pour être reconnu et donc de séduire. Qu'il s'agisse de la littérature au travers du
Kama Sutra (VIème siècle), de la poésie érotique
pour laquelle les écrivains les plus honorables comme Alfred
de Musset finirent par s'égarer un bref instant, en passant
par les chansons de geste du moyen-âge parfois paillardes,
les caricatures, les peintures suggestives, les sculptures colossale
grecs comme les plus petites avec netsukés japonais, la photo,
à l'instar de celles, très inattendues de notre Zola
national qui photographia sa femme, le cinéma ne pouvait
échapper à cette forme d'expression scoptophile dont
le massage est une forme active.
Primo il est une compilation
de scènes pornographiques datant du début du XXème
siècle avant même l'apparition du son que les frères
Warner inaugureront en 1926 avec Don Juan. Quarto La gestuelle technique de massage par percussion est non seulement très actuelle mais préférée aux aplats beaucoup plus en rapport avec l'intention érotique auxquels on aurait pu s'attendre dans ce type de scénario. Le massage prend son essore en France au XIXème siècle et nous nous trouvons en présence de manoeuvres dorsales très spécifiques et dénuées de tout érotisme. Bien sûr on peut penser que l'objectif était de débuter cette scène contrastée de deux nonnes en présence d'un homme nu, par une technique froide et maîtrisée, avant redistribuer la scénographie sur des registres plus habituels mais rien ne nous le prouve. Il peut s'agir des influences naturelles du massage devenu à la mode dans ces années là. Rappelons-nous que nous nous situons après la seconde guerre mondiale, que les moeurs, les exigences de vie se font plus fortes et que le XIXème a drainé tout un courant de révélateurs corporels. Massages, électrothérapie, hygiénisme, naturisme forment un pointilisme thérapeutique qui, avec le recul, révèle le corps autant dans ses exigences de soins que dans ses exigences de liberté. Quinto, très vite apparaît dans cette scène un masseur électrique en fonctionnement qui devient l'illustration, à la fin, d'un vibro-massage génital masculin (voir photos II et III). Encore un autre détournement de ce pourquoi cet appareil ne fut sans doute jamais conçu, en tout cas ouvertement... Ce masseur électrique appartient à ce pointilisme thérapeutique dont je parlais plus tôt. L'électricité est à la mode, on teste ses effets partout, le massage l'est aussi et le mariage n'était que trop tentant à cette époque d'expérimentation. "Si vous n'avez pas les moyens ou êtes trop timide pour aller voir un masseur, prenez un électrique". Seulement dans cette séquence judicieusement sélectionnée par le CFDRM, nous avons un condensé de l'expression du massage qui se prêt naturellement à l'absence de verbe. Nous disposons d'une liaison directe entre massage et thérapie par les effets promis d'une publicité qui procède de sa technique pour lutter contre l'impuissance, d'une scène de massage clinique pratiquée avec propreté, de l'utilisation filmée d'un vibro-masseur d'abord employé de façon usuelle puis sexuelle sur un pénis masculin en vu de le faire bander, pour terminer enfin sur ce qu'il fut tout à fait nécessaire de conserver sans montage aucun, avec cette masturbation, autre façon de masser. L'électricité fut utilisée dans le massage à des fins de soins jusque dans les effets qu'elle pouvait avoir sur les arrêts cardiaques, il fut essayé à toutes les pathologies dont l'impuissance que se proposera de traiter mécaniquement le Pulsocoon du docteur Macaura. Ce court-métrage contient presque dans sa séquence toute l'histoire du massage, l'accès au corps qu'il permet sous prétexte de thérapie, les effets connus sur la santé comme sur l'esprit par la relaxation qu'il induit, les débordements auquel il se prête et l'expression machiste de la sexualité vu par les hommes par l'ojétisation du corps féminin et cléricale par la transgression des interdits les plus formels. |
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