Les films traitant du massage
Nous avons dans le cinéma des scènes d'anthologies absolument superbes ayant pour thème le massage selon le prisme le plus complet que puisse nous donner cet art.

Dans les massages les plus amusants, on ne peut ne pas citer Oscar, réalisé par Edouard Molinaro en 1967 et dans lequel notre Louis de Funes national se fait masser par son kinésithérapeute à qui il veut faire épouser sa fille. Nous avons aussi une scène dans les Bronzés III comme dans les Bronzés I où l'on voit un Michel Blanc se fait masser plus qu'énergiquement par un noir sans tendresse excessive, sous l'oeil hilare de Thierry Lhermitte et de Christian Clavier. Dans le registre du rigolo, nous avons Sexes faibles lorsque Valérie Lemercier se prend à vouloir masser François, l'envoyé du ministère sur lequel elle compte beaucoup pour sauver son château.

Le massage peu prendre des formes plus violentes aussi comme dans OSS 117 avec un Jean Dujardin agent secret et sexy que nous propose Michel Hazanavicius en 2006, aux prises avec deux masseurs patibulaires qui vont plutôt mal finir. Dans Pulp fiction, le sort du praticien n'est guère plus enviable avec une conversation qui constitue un morceau d'anthologie entre John Travolta et Samuel L. Jackson sous l'objectif de Quentin Tarantino. Si au cinéma, le massage passe parfois par la grande porte, dans le cas présent c'est le masseur qui va passer par la fenêtre pour avoir voulu masser les pieds de la femme du patron... Belmondo en massé charmeur s'en sortira nettement mieux dans Flic ou voyou de Georges Lautner en 1978. Toujours dans les massage violent nous avons un des plus beaux films qu'il m'est été donné de voir avec Mysterious Skin, réalisé par Gregg Araki, avec Brady Corbet et le magnifique Joseph Gordon-Levitt, ou comment pédophilie et prostitution rejoignent le massage. Cette scène est saisissante d'humanité et de détresse absolue, entre déchéance et lumière avec au centre, un massage vraiment sans nom.

Dans Premier regard on monte carrément d'un niveau avec un premier rôle de masseur, aveugle, en la personne d'un Val Kilmer tout-à-fait superbe, sous la direction de Irwin Winkler en 1998. C'est vraiment un des plus beau film sur la cécité compagne de ce métier depuis les origines et dont les mains sont le symbole. Autre premier rôle avec La légende de Zatoichi, joué par l'atypique Shintaro Katsu, masseur aveugle mais pas sourd que Kenji Misumi met en scène.

Pour ce qui est des scènes d'amour on ne peut éviter Matrix réalisé en 1999 par Larry Wachowski, Andy Wachowski avec Keanu Reeves dans le rôle de Néo qui sauve Laurence Fishburne, alias Trinity en lui faisant un massage cardiaque... Benigno aussi masse par amour lorsqu'il s'occupe d'Alicia alors dans le coma dans Parle avec elle et que filme avec maestria Pedro Almodóvar en 2002.

C'est Charlie Chaplin qui a pour l'heure la palme du film le plus ancien, muet, avec La Cure de 1917 que Charlot entreprend avec un jeu extraordinaire pour échapper à son masseur... Il remettra ça en 1923 avec l'Opinon publique. Nous noterons aussi L'Air de Paris réalisé en 1954 par Marcel Carné, avec Jean Gabin dans le rôle du coach qui masse superbement André, son boxeur.

Nous ne pouvons manquer ce qui nous semble être un des deux incontournables avec _Mysterious Skin étant le deuxième_ le magnifique Epouses et Concubines que nous a fait Zhang Yimou avec Gong Li en 1991. C'est le film de massage par excellence et le seul dont le massage ait le rôle principal. Premier regard dont nous avons parlé plus haut est un film mettant un masseur en avant mais comme le stipule son titre c'est davantage la cécité en liaison avec le massage qui est la trame de l'histoire. Dans Epouses et Concubines ce ne sont pas tant les masseuses qui sont filmées que les femmes "massantes" avec l'act de soumission par le massage que cela suggère. Quand Songlian, la quatrième épouse demande au Maître que Zhuoyun, la deuxième épouse, vienne la masser, c'est bien pour se venger en inversant momentanément les rôles de hiérarchie, et lorsqu'il s'agit de la vieille servante qui masse ou qu'on entend masser avec les grelots des petites massettes utilisées, nous sommes toujours dans le registre de la servitude. Ainsi, nous voyons bien que c'est le massage qui est le dénominateur commun à l'ensemble du film.

Epouses et Concubines n'existe plus sans ses scènes affolantes de massages des pieds, d'autant plus affolantes d'ailleurs que lorsqu'elles sont simulées.

Le massage n'intervient par toujours de la même façon dans un scénario biensur, d'ailleurs, ce serait intéressant de travailler sur cet aspect du cinéma et comment le massage est amené à prendre une place première, secondaire ou marginale dans un film. Dans Fenêtre sur cour réalisé en 1955 par Alfred Hitchcock, le massage est, par exemple, un simple élément du décor, alors que dans l'épisode 2 de Six Feet Under de Alan Ball, le court dialogue entre Nat et Brenda sur le massage à leur décente d'avion, donne une indication essentiel sur la place que prendra le massage et leur relation tout au long de la série. Au début de Bons baisers de Russie de la Saga James Bond, Bernard Lee se fait masser de façon tout-à-fait anecdotique sans donner d'informations autres que les services mis à la disposition d'un tueur qu'on engage alors que dans D'une vie à l'autre, de Richard La Gravenese, avec Holly Hunter, et Eddie Cibrian, dans le rôle du masseur-prostitué, la scène, sans être décisive pour le film, donne une indication plus percutante sur le malaise de Judith.

Lorsqu'on regarde La légende de Zatoichi, dans le masseur aveugle, c'est plus le métier de masseur amplifié par la cécité qu'on utilise pour marquer davantage l'antinomie de caractère et de philosophie qu'il y a avec le guerrier que le massage en tant que tel. Il n'en est pas de-même pour l'ensemble des autres épisodes que Kenji Misumi donne à cette légende où le massage prend une place plus centrale, voir stratégique, lorsque Zatoichi utilise le massage comme mode d'espionnage.

Quid du sexe la-dedans ? Nous l'avons dit, Valérie Lemercier dans Sexes faibles est dans tout ses états et le massage, comme le bain et bien d'autres encore sont autant de stratagèmes pour la faire, siffler... De nombreuse scènes de massages montrent ou suggèrent le sexe, comme dans Emmanuelle 2 avec Sylvia Kristel mais aussi dans le Libertin. Alors le sexe est partout dans le massage parce qu'il est une intention à l'autre, une récompense, un accès différent mais similaire au corps. Il reste un colossal travail à faire notamment dans les domaines vraiment passionnants et largement sous-exploité de la pornographie. Le mépris qu'on entretient vis-à-vis de ces productions est dommageable car il recèle de vrais trésors. Dans le Libertin, Madame de Jerfeuil (Arielle Dombasle) se fait faire un cunnilingus par Monsieur Diderot (Vincent Perez) et ce, dans une église. Est-ce que ce que l'on fait avec sa bouche, son menton ferait perdre son sens à ce que l'on fait avec ses mains ? Dans Polissons Et Galipettes, constitué de petites scènettes pornographiques vers 1930, la dernière est titrée Massage. Est-ce que le passage sur le sexe de cet homme en mal d'érection avec un masseur rotatif électrique est a différencier de la masturbation qui s'en suit ? Certainement pas. Le geste que vous faites autour du poignet ne change pas automatique de nature lorsque vous le reproduisez sur un pénis turgescent. Cela nous conduit à considérer dans cette petite analyse un autre aspect du massage, la place du corps massé au cinéma. Ainsi, nous voyons que selon la façon que le ciné amène le massage, le ou la massée, le ou la masseuse, la technique, le dialogue, le focus corporel qu'il souhaite montrer ou l'environnement, et bien, le sens ne se modifie pas seulement pour le film ou le court-métrage mais aussi pour le massage lui-même. Cela amorce la question qui suit, quelle est la place que le cinéma donne au massage dans la société en fonction des périodes et des cinéastes.

Pour terminer, nous ne pouvons pas parler de massage sans faire une place aux cours-métrages qui sont au cinéma ce que la poésie est à la littérature, de petites production qu'on l'adore, que peu de gens lisent et que personne ne cite. Donc nommons quand même Le masseur par Vincent Ravalec, où un garçon se lance dans un jeux de rôle avec sa compagne qui est "la clientes" rien que pour vivre un bout de sexualité autrement.
Pour les bandes-annonces, idem, nous manquons à cette heure de matériaux mais notons celle D'une vie à l'autre qui à le mérite de placer une séquence du massage qu'il contient dans son film de présentation ce qui en dit long sur l'intérêt de la scène pour le producteur. Dans le dessin animé, c'est pareil, nous disposons de peu d'information.

Voilà, en quelques mots maladroits, une façon de présenter le massage au cinéma, et comme le cinéma s'en est emparé il est important que nous nous en saisissions à notre tour, à la fois pour le CFDRM mais aussi tous ceux qui ne souhaitent pas forcement laisser le massage dans les cuisines de la seule relaxation.

Alain Cabello
Décembre 2008